Tous les jours dans Culture Médias, Thomas Isle dresse le portrait sonore de l'invité. Ce mardi, c’est Kev Adams et Jean Reno, comédiens, pour le film "Maison de retraite 2", au cinéma le 14 février.
Retrouvez "Le portrait sonore de l'invité" sur : http://www.europe1.fr/emissions/le-portrait-inattendu
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00:00 Alors je vous présente deux acteurs, je sais pas si vous les connaissez d'ailleurs,
00:04 deux acteurs réunis pour le film Maison de Retraite 2.
00:07 Jean Reno, c'est la personne à droite.
00:09 Bonjour, c'est moi.
00:10 C'est mon premier film.
00:13 Jean Reno, c'est celui qui a les lunettes.
00:15 C'est mon metteur en scène qui est là.
00:16 Vous avez une gueule de cinéma, si c'est votre premier film, vous avez vraiment une gueule de cinéma.
00:20 Merci beaucoup, ça m'encourage.
00:22 Merci d'être là tous les deux, c'est un bonheur de vous recevoir pour parler de ce film.
00:27 Ravi d'être chez vous.
00:30 Maison de Retraite 2, on va en parler dans un instant, mais d'abord vous le savez, la tradition ici,
00:33 c'est de commencer par des petits sons pour mieux vous connaître.
00:36 Voici le premier, vous allez reconnaître la voix d'un certain Luc Besson.
00:40 Une conversation avec ce grand bavard qui est Jean Reno, ça ressemble à quoi ?
00:45 - Il est où ? - Quoi Jean ? Qu'est-ce qu'il y a ?
00:51 Non, je l'ai vu là, je le mange là.
00:55 - T'as bu Jean ou pas ? - Pas du tout, je bois pas du tout.
01:00 Ça ressemble à ça.
01:02 Imitation de Jean Reno par Luc Besson, c'est pas mal, franchement.
01:05 Est-ce que vous validez Kéradas ?
01:07 Je ne te prends pas comme imitateur Luc.
01:09 Si tu nous écoutes, je vais te dire que t'es mauvais comme imitateur Luc.
01:14 C'est pas ça du tout.
01:16 Est-ce qu'il a ce côté un petit peu bougon comme ça, Jean Reno ?
01:19 Non, vraiment pas.
01:21 En tout cas pas avec moi, je sais pas, peut-être qu'avec Luc il a une relation différente.
01:25 Mais moi j'ai toujours trouvé très, au contraire, très concis, très direct.
01:29 J'adore les gens qui ne passent pas par quatre chemins, c'est vraiment le cas de Jean.
01:32 Et moi sur le plateau de tournage, parfois il me disait, tu vois ça c'est étrange, je pense qu'il faut plutôt faire ça.
01:39 Et je lui disais, ouais mais laisse-le dire sa réplique, de toute façon on fera ce qu'il faut au montage.
01:42 Et il me dit, ouais mais note-le quand même, tu sais, parce que ça c'est bizarre pour le rythme.
01:45 Fin de la phrase, fin de la démonstration.
01:47 Il n'y a pas de négociation possible.
01:49 Mais si, il ne te l'impose pas.
01:52 Mais c'est quand même quelqu'un qui a un peu de cinéma, qui connaît un peu le rythme des films.
01:57 Et comme c'est un film choral, c'est-à-dire qu'il y a beaucoup de comédiens qui prennent la parole dans différentes scènes,
02:01 je pense qu'il sentait parfois des trucs de rythme.
02:03 Et comme il est le patriarche de cette nouvelle maison de retraite dont on va parler,
02:09 forcément c'est lui qui guide souvent les débats avec les différents comédiens.
02:14 Donc quand il y en a un qui se sent pousser des ailes et qui rajoute un truc,
02:17 plutôt que lui dire frontal ce qui pourrait vexer, rajoute pas ce truc-là.
02:20 Il venait me voir moi avec le réalisateur Claudie Dijunior,
02:23 il nous disait "ce truc-là c'est un peu étrange, on est d'accord".
02:25 Je disais "oui tu as raison Jean, c'est étrange, on l'enlèvera, c'est bon".
02:28 Et il repart.
02:30 - Et pour reparler de Luc Besson, votre aventure avec lui a commencé il y a plus de 40 ans Jean Reno,
02:35 avec un premier court-métrage en 1981, l'avant-dernier.
02:39 Et puis le premier long-métrage de Luc Besson aussi, "Le Dernier Combat", sorti en 83.
02:44 Comment vous vous êtes rencontrés tous les deux, ça a été quoi la rencontre ?
02:47 - Sur un casting, je faisais un casting avec un copain à moi,
02:51 comédien aussi, enfin prétendument, tout petit.
02:56 Et on jouait sur la différence, on allait au casting ensemble.
02:59 Et d'ailleurs c'est celui qui est caché dans le coffre,
03:02 qui va chercher de l'eau dans "Le Dernier Combat".
03:05 - D'accord. - Que l'on libère pour aller chercher de l'eau.
03:08 - C'est ça, Bidas au Grande Manœuvre ? - C'est ça, Bidas au Grande Manœuvre,
03:10 il est premier assistant.
03:12 - Donc Luc Besson vous voit, c'est ça, il était premier assistant ?
03:15 - Plus tard, il m'a dit quand il est rentré, j'ai vu Enzo.
03:18 - Du Grand Bleu ? Il a tout de suite su que c'était vous.
03:21 - Ah en 81, le Grand Bleu était déjà écrit ?
03:23 - Il avait déjà beaucoup dans sa tête de ce qu'il voulait faire.
03:28 Et moi j'étais un peu fatigué de ça,
03:32 de ces rencontres casting qui ne mènent nulle part,
03:35 parce que je m'étais pris des porcs dans la gueule.
03:37 - Vous avez beaucoup galéré, on ne s'en rend pas compte aujourd'hui,
03:40 mais Jean Reno a beaucoup galéré.
03:42 - C'est difficile à croire et à imaginer, mais oui, forcément.
03:45 - Mais si tu veux, avant de rencontrer quelqu'un qui te regarde,
03:48 avec une possibilité de faire quelque chose avec toi,
03:51 je faisais la remarque, c'est le signe des poissons.
03:55 Didier Flamand, avec qui j'ai commencé au théâtre,
03:58 est un poisson, pour moi d'eau douce.
04:02 Et Luc est un poisson, aussi, d'eau de mer.
04:06 Et les deux ont été les deux boosts,
04:08 les deux qui se sont dit "Tiens, celui-là, ça devrait aller".
04:11 - Et Thomas-Yves est poisson, c'est un poisson pané.
04:14 - Je vais réfléchir à quel type de poisson.
04:17 - T'as entendu ? Tu ressembles à un poisson pané.
04:19 - Allez, extrait suivant, écoutez ça.
04:21 - Kevin, interrogation d'histoire, je prise.
04:26 Que pouvez-vous me dire sur Trotski ?
04:29 - Trotski, tu le skis, je sais pas.
04:34 - Kev Adams, qui était encore au lycée à cette époque,
04:38 quand vous faisiez ce sketch à l'ado,
04:40 on peut pas dire que vous avez vraiment galéré, pour le coup ?
04:43 - Non, c'est une autre forme.
04:45 J'ai rêvé de faire ce métier depuis très très jeune,
04:48 aussi longtemps que je me rappelle, je rêve de faire ce métier.
04:51 Je pense que j'ai commencé les castings aux alentours de 6-7 ans,
04:54 et c'est vers l'âge de 17 ans que je me suis dit
04:57 "Ce métier est une nécessité, je pourrais rien faire d'autre",
04:59 contrairement à ce que mes parents voulaient,
05:01 car ils considéraient que ce n'était pas un métier.
05:03 Et donc j'ai commencé à écrire mes propres sketchs,
05:05 mais c'est vrai que j'écoute toujours ça avec beaucoup de nostalgie,
05:07 parce que c'est un sketch que j'ai dû écrire
05:09 entre deux cahiers d'histoire, vraiment.
05:12 - Et qui vous a vraiment fait connaître.
05:15 Un sketch dans lequel vous parliez de MSN Messenger,
05:17 c'est dire comme c'est vieux maintenant.
05:19 - Avec les Ouïses.
05:21 - Merci pour ce sacre coup de peine que je prends dans la tronche.
05:23 Non mais c'est vrai, c'est vrai.
05:25 - Allez, un dernier petit extrait.
05:27 - Léon, tu fais quoi comme métier ?
05:30 - Nettoyeur.
05:32 - Tu veux dire t'es tueur ?
05:34 - Ouais.
05:36 - Cool.
05:38 - Cool.
05:40 Léon, c'est le rôle de votre vie, Jean Renoir ?
05:42 - Non, on ne peut pas dire ça.
05:44 - Non ? - Non.
05:46 - Vous diriez quoi ?
05:48 - C'est un placard, il n'y en a pas ici,
05:50 mais c'est un placard dans lequel tu mets les vêtements du personnage,
05:52 mais il faut les enlever.
05:54 - Ouais.
05:56 - Et remettre après le suivant.
05:58 - Hum.
06:00 - Tu fiches quelque chose que tu penses extraordinaire dans ta tête,
06:02 et tu perds,
06:04 tu perds un peu plus.
06:06 Le meilleur moment pour un acteur,
06:08 c'est quand il sort du conservatoire,
06:10 ou quand il a envie de commencer,
06:12 quand il commence à chercher du travail.
06:14 Il est prêt à tout, il est ouvert à tout.
06:16 Tu lui donnerais un comptable,
06:18 il veut faire un comptable, un amoureux,
06:20 il saute par la fenêtre, tu vois ce que je veux dire ?
06:22 - Ouais, bien sûr.
06:24 - Ce moment-là, c'est le plus précieux,
06:26 parce qu'il n'est pas vicié par les autres,
06:28 par son expérience,
06:30 et par lui-même, il n'est pas vicié encore.
06:32 Parce qu'après, tu commences à savoir,
06:34 tu sais que la caméra tourne par là,
06:36 donc tu vas te pencher la tête,
06:38 alors que le personnage est de l'autre côté,
06:40 pour que la caméra te voit mieux, etc.
06:42 Des petites choses qui te,
06:44 tu vois, qui vont te faire
06:46 perdre de ton honnêteté.
06:48 Et ça, si tu me dis ça, c'est comme si
06:50 tu me coupes un pied.
06:52 Je ne suis pas là, tu me coupes un pied.
06:54 - D'accord, donc il faut rester avec une certaine fraîcheur,
06:56 c'est ce que vous nous dites. - Complètement, et même candeur,
06:58 et même ce que tu veux. - Moi, j'ai été très étonné
07:00 de à quel point ce film a traversé
07:02 les frontières. - Aux Etats-Unis,
07:04 ça passe tous les semaines à la télé.
07:06 - Je ne savais pas, vraiment, j'ai passé du temps à Los Angeles
07:08 il y a quelques années, et j'adorais demander aux Américains
07:10 "Est-ce que vous connaissez un film français ?"
07:12 - Ils sentent Amélie aussi.
07:14 - Amélie Poulain beaucoup, et Léon, quoi.
07:16 Je trouve ça dingue. - C'est énorme. Et d'ailleurs, il y a un petit clin d'œil
07:18 à Léon dans Maisons de retraite 2. On va parler de ce film dans un instant.
07:24 On se retrouve dans deux minutes sur Orpah, à tout de suite.