Géopolitique des séries : les 2 Corées du sud avec squid game et the penthouse [Virginie Martin]

  • il y a 8 mois
Xerfi Canal a reçu Virginie Martin, professeure et Directrice du Media Lab à Kedge Business School, pour parler des deux Corées du sud avec squid game et the penthouse.
Une interview menée par Jean-Philippe Denis.

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Transcription
00:00 [Musique]
00:08 Bonjour Virginie Martin.
00:10 Bonjour Jean-Philippe Denis.
00:11 Virginie Martin, professeure Kedge Business School,
00:13 directrice du Media Lab.
00:15 Le charme discret des séries, humaine science.
00:19 J'assure en géopolitique grâce aux séries
00:22 de Bocs Supérieurs avec Annelies Melchion.
00:25 Les séries.
00:26 Les séries qui nous apprennent donc
00:28 qu'il y a deux Corées du Sud.
00:30 Il y a la Corée du Sud Squid Game,
00:32 il y a la Corée du Sud Penthouse.
00:33 Ou je devrais dire Vue Par.
00:35 C'est ça, Vue Par.
00:36 On savait qu'il y avait deux Corées,
00:37 Nord et Sud, mais il y a aussi deux Corées Sud-Sud.
00:40 En effet, oui, c'est vrai que les séries
00:42 nous montrent des visages très différents
00:46 et très diversifiés de la Corée du Sud.
00:49 Il faut savoir aussi que la Corée du Sud
00:50 met beaucoup d'argent dans les séries
00:52 et veut absolument raconter son histoire
00:55 à travers les séries.
00:56 Et là, le gouvernement sud-coréen
00:58 n'hésite pas à demander à Samsung
01:00 de mettre beaucoup d'argent
01:01 dans les productions en séries.
01:04 Donc ça, c'est très important à comprendre.
01:06 Mais c'est vrai qu'on voit une Corée du Sud.
01:10 Il peut y avoir aussi des séries un peu romanesques,
01:13 toujours un peu avec la famille traditionnelle,
01:15 mais on s'aime quand même et c'est cool
01:17 et on chante, etc.
01:18 Un peu cette pop culture aussi sud-coréenne.
01:21 Mais il y a aussi The Penthouse,
01:24 qui est vraiment la Corée qui veut raconter
01:27 à quel point elle a son soft power,
01:30 tout simplement, c'est-à-dire sa gastronomie,
01:33 sa mode, son design,
01:35 son architecture absolument délirante.
01:38 The Penthouse se passe dans un énorme building,
01:40 justement, et là, tout d'un coup,
01:43 c'est une Corée du Sud un peu américanisée,
01:47 on va dire.
01:48 Et puis, à côté de ça,
01:50 on a quand même un visage beaucoup plus sombre
01:54 d'une autre Corée du Sud,
01:55 qui est celui typiquement de Squid Game,
01:57 où là, on voit ce que j'avais appelé plusieurs fois
02:01 la banalité du mal, finalement, avec Squid Game,
02:04 comme l'aurait dit Anna Arendt,
02:06 c'est-à-dire que sous des aspects
02:08 où on est un peu solidaires
02:10 et puis finalement, on est un peu moins,
02:12 et puis on joue à des jeux d'enfants,
02:14 et puis les couleurs sont très édulcorées,
02:17 et puis il y a un petit peu de rose,
02:18 un petit peu de vert,
02:19 et puis boum, on se tue et on s'entretue.
02:22 Et il y a une puissance invisible
02:25 qui gère tout ce petit monde,
02:27 tout ce petit peuple qui vient ici
02:28 parce que de toute façon, il n'a pas d'argent
02:30 et il serait prêt à n'importe quoi,
02:32 à tuer père et mère, c'est le cas de le dire,
02:34 pour survivre et essayer d'avoir le jackpot.
02:38 Donc, Squid Game est une allégorie
02:39 quand même très dure, évidemment,
02:42 des inégalités sociales,
02:44 des problèmes pécuniaires
02:46 qu'il peut y avoir ici ou là,
02:47 en Corée du Sud, dans certains quartiers.
02:49 Ça rappelle un film terrible
02:50 qui était "Le prix du danger"
02:52 avec Gérard Lovin et Michel Piccoli,
02:53 qui était exactement sur cette logique de Squid Game.
02:56 Exactement.
02:57 Squid Game, peut-être ce qu'ils font de mieux,
02:59 c'est normal parce que l'époque a évolué aussi,
03:02 mais c'est l'esthétique.
03:03 Je crois qu'on a atteint une esthétique
03:07 encore plus décalée avec l'horreur de ce qui se passe.
03:11 Et c'est ça qui est encore plus fabuleux
03:14 dans Squid Game, qui est une grande réussite,
03:16 avec cette petite musique enfantine aussi.
03:18 Et tout d'un coup, c'est le sang qui gicle.
03:20 Alors, dans "The Penthouse",
03:22 il y a du sang qui gicle aussi,
03:24 mais c'est plus, de toute façon, un peu dynastie.
03:27 Même le dynastie d'aujourd'hui repris et corrigé,
03:31 un petit peu mis à la sauce 2020.
03:34 "J'assure un géopolitique grâce aux séries",
03:36 le charme discret des séries,
03:37 j'ai envie de dire deux ouvrages
03:39 qui forment un appel vibrant
03:41 pour une grande alliance entre
03:42 le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche,
03:45 le ministère de l'Europe et des Affaires étrangères,
03:47 ministère des Armées,
03:48 ministère de la Culture, évidemment.
03:51 Et de la Communication,
03:53 comme à un moment donné,
03:54 ça a existé de manière assez importante.
03:58 Et oui, évidemment, parce que les séries
04:01 tricotent tout ça en même temps.
04:04 Et font du soft power, et créent le fameux soft power.
04:06 Et créent du soft power,
04:08 et sont en plein milieu de ce que Gramsci appelait
04:11 cette bataille culturelle.
04:13 Et là, vraiment, typiquement avec la Corée du Sud,
04:15 on est exactement là.
04:17 On l'est aussi avec Israël, avec les États-Unis, évidemment.
04:19 Ou avec le bureau des légendes.
04:21 Bien sûr, oui, voilà.
04:22 En France, c'est toujours un petit peu moins quand même,
04:24 mais les autres pays sont très en avance
04:29 et très éveillés sur toute cette affaire.
04:31 Comme on l'est un peu moins,
04:32 c'est pour ça qu'il est peut-être aussi temps de changer de braquet.
04:34 Merci Virginie Martin.
04:35 Bien sûr, merci.
04:36 Merci à vous.
04:38 [Musique]

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