• il y a 8 mois
Le chanteur Julien Clerc, auteur de la chanson "L'assassin assassiné", qui traite de la peine de mort, était l'invité de Week-End 3D ce samedi sur BFMTV. Il s'est exprimé sur la mort de Robert Badinter.

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Transcription
00:00 - On a entendu il y a un instant l'extrait de votre chanson sortie en 1980, "L'assassin assassiné".
00:07 Chanson que vous avez composée, chanson intimement liée à cette rencontre.
00:12 - Oui, parce que j'avais été... - Vous avez fait un proverbe à l'intérieur, est-ce que vous pouvez nous expliquer, nous raconter cette rencontre marquante ?
00:17 - Oui, j'avais été le voir pour inviter par un journal,
00:21 le journal de France 2, pour ne rien vous cacher à l'époque,
00:27 et pour aller donc assister à un procès de peine de mort.
00:32 Et donc avec la fameuse plaidoirie de Robert Badinter,
00:37 c'était un procès tout à fait exemplaire, car c'était le procès d'un récidiviste.
00:44 - Norbert Garceau. - Norbert Garceau.
00:46 - Condamné une première fois à mort avant que sa sentence ne soit finalement révisée en 1980.
00:50 - C'est-à-dire qu'il avait fait de la prison,
00:53 il avait fait un certain temps de prison, il était sorti,
00:57 il avait été libéré par le juge de l'application des peines, et puis il avait reteué,
01:03 et le juge de l'application des peines était ce jour-là président des débats
01:09 dans le palais de justice de Toulouse, où il était jugé une troisième fois, parce qu'il avait été
01:16 jugé quelques semaines avant ailleurs, et puis on estimait qu'il y avait une faute...
01:22 Enfin, il était rejugé une troisième fois, et là c'était ce monsieur,
01:27 qui était son juge de l'application des peines, qu'il avait donc libéré, qui l'a présidé les débats.
01:32 - Et grâce à Robert Badinter, son avocat, l'avocat de Norbert Garceau, a évité une nouvelle condamnation à mort,
01:38 il s'est transformé en perpétuité...
01:40 - Il avait deux avocats, et le premier avait plaidé très longtemps, je me souviens,
01:45 et on m'avait dit après, Badinter m'avait dit,
01:48 quand il s'était, avant que Badinter ne plaide, quand il s'était rassis à côté de lui, il avait dit,
01:53 il était un monsieur du sud-ouest, il avait dit "pour l'exécution, c'est vous qui irez, vous êtes plus près,
01:58 vous serez plus près que moi",
02:00 donc, parce que c'était à Paris, donc là il avait fait cette fameuse plaidoirie,
02:08 dont on avait eu l'idée déjà, si on avait lu...
02:11 - Vous étiez là, vous étiez là, au moment de cette plaidoirie.
02:14 - Ah ben oui, oui, c'est pour ça que je vous dis, il y avait une très très grande...
02:18 il y avait une très grande tension dans cette salle, parce que,
02:21 il y avait non seulement le cas de ce type-là, de Norbert Garceau,
02:25 mais il y avait aussi, d'abord la famille de cette pauvre jeune femme,
02:29 c'était épouvantable, parce qu'ils étaient abattus par le chagrin, ces gens,
02:34 et elle était grande, cette jeune femme qu'il avait tuée, alors les parents étaient grands aussi,
02:38 c'était terrible, et puis vous aviez aussi, à cette époque,
02:43 il y avait eu une affaire très célèbre qui s'appelait "Les caissières de Béziers",
02:47 qui avait été tuée par un type qui était un espèce de tueur en série,
02:51 vous aviez les maris des caissières de Béziers,
02:54 qui faisaient le tour de tous les prétoires où il y avait un procès de peine de mort,
02:58 pour venir faire pression sur les jurés, enfin pour assister au débat.
03:04 - Il y avait une ambiance survoltée, y compris dans la salle d'audience et autour.
03:09 - Et même, il y avait des gens, qui s'étaient, le président avait laissé faire, à mon avis, exprès,
03:15 quand il y avait trop de monde dans la salle, il y avait des gens qui étaient assis sur le banc,
03:19 des accusés aussi, à quelques mètres de garçons,
03:23 donc c'était une ambiance survoltée et très violente,
03:26 moi je n'avais jamais assisté à un procès de ma vie,
03:29 et là, je peux te dire, j'étais plongé vraiment...
03:34 - 40 ans plus tard, vous restez marqué par ce...
03:36 - Ah oui, ça a été un souvenir qui m'a marqué toute ma vie,
03:40 et puis surtout, alors c'est une chance pour moi de l'avoir vu plaider,
03:44 parce que c'était, quand même avant d'être un grand ministre, ça a été un grand avocat,
03:49 et il se mettait dans un état, d'ailleurs, c'était très étonnant à le voir,
03:54 parce qu'on sentait que là, il y avait une question vraiment de vie ou de mort, c'est le cas de le dire,
03:58 et je me souviens, la barre des témoins,
04:03 il avait dû remarquer ça pendant, ou en s'appuyant dessus,
04:07 la barre des témoins était un peu décelée,
04:09 ce qui fait que quand on la secouait, ça faisait ça,
04:13 et il y avait un moment de la plaidoirie, où il parlait justement de l'exécution,
04:19 à laquelle il avait assisté à l'exécution de bon temps,
04:22 où là, il n'avait pas pu sauver sa tête,
04:25 et quand il parlait de l'exécution et de la guillotine qui tombait,
04:29 il s'accrochait à la barre des témoins, et je me souviens, ça m'avait marqué.

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