• il y a 9 mois
L'ancien ministre de la Justice Robert Badinter, qui a porté l'abolition de la peine de mort en France, est décédé dans la nuit de jeudi à vendredi à l'âge de 95 ans

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Transcription
00:00 Écoutez, j'ai retrouvé une citation de lui que je trouve très belle.
00:05 "Les amis qui s'éloignent emmènent avec eux une part de nos souvenirs, c'est-à-dire de nous-mêmes."
00:13 En somme, ça résume, je crois, assez bien le sentiment que tous les Français éprouvent ce soir à l'annonce de la mort de Robert Badinter,
00:23 quelle que soit leur conviction. C'était un juste parmi les justes, c'était l'honneur de la République, mais tous ces grands mots
00:31 ne correspondent pas véritablement aux témoignages intimes que l'on peut porter sur cet homme, et puis aussi sur la manière dont il disait les choses.
00:44 Parce que ce qu'il a dit et ce qu'il a fait, c'est considérable, mais la manière dont il l'a dit, dont il l'a écrit, dont il l'a proféré,
00:53 avec son sens évidemment très grand et très aigu des plaidoiries de l'avocat, tout ça, c'est aussi très beau à voir et à entendre.
01:03 Et puis, si l'on veut essayer d'en savoir un peu plus, il faut se reporter à sa carrière littéraire, et notamment au livre qu'il a écrit sur sa grand-mère
01:16 qui s'appelle "Idis", et où il revient sur la vie et sur le sort de sa grand-mère, de sa mère, de sa famille juive en France, arrivée pendant l'entre-deux-guerres.
01:28 Alors tout ça, ça fait un ensemble de sentiments extrêmement forts qui font qu'au-delà des grands mots nécessaires, on éprouve en pensant à Robert Padinter
01:41 quelque chose d'intime et de véritablement profond.
01:45 – Vous l'avez, j'imagine, côtoyé à plusieurs reprises ?
01:52 – Je l'ai côtoyé à plusieurs reprises et il m'a fait le grand bonheur de m'inviter à déjeuner à deux reprises, il n'y a pas longtemps, il y a un an ou un an et demi.
02:02 Et nous avons pu parler vraiment tranquillement dans son appartement de toutes sortes de choses, et aussi bien sûr de l'état angoissant
02:13 d'une partie de l'opinion publique en France, et cet état angoissant, on le voit encore plus terrible, plus tragique depuis les événements qui sont survenus en Israël.
02:28 Et donc il y avait chez Robert Padinter un véritable sentiment à la fois de révolte et d'angoisse devant ce qui se passait et devant la montée des crimes antisémites.
02:41 – On a appris aujourd'hui qu'un hommage national lui serait rendu, est-ce que vous souhaitez qu'il entre au Panthéon ?
02:51 – Ecoutez, je ne sais pas, chaque fois que quelqu'un de très remarquable disparaît, le réflexe pavlovien c'est de dire Panthéon.
03:01 Je ne sais pas si Robert Padinter tenait tant que ça à ce genre de choses, si c'est décidé ce sera très bien,
03:08 mais je vous dis que pour moi l'exemple et le témoignage de Robert Padinter et pour chaque Français qui sont, je crois, sur ce plan-là à peu près comme moi,
03:20 c'est une expérience intime aussi, c'est une manière de réfléchir à la place que nous avons dans la société française d'aujourd'hui
03:28 et à l'action que nous devons mener pour qu'elle s'améliore et non pas qu'elle aille vers le pire.

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