Au bonheur des livres - « Le peintre et l’écrivain »

  • il y a 8 mois
Ce sont deux invités exceptionnels qu’accueillera cette semaine « Au bonheur des livres » pour parler de la création artistique. Guillaume Durand recevra en effet le grand peintre catalan Miquel Barcelo et l’écrivain multiprimé Yannick Haenel.

Le premier vient de publier une sorte d’essai autobiographique illustré, « De la vida mia », dans la magnifique collection « Traits et portraits » du Mercure de France : c’est l’occasion d’évoquer de façon poétique et inspirée le parcours d’une œuvre considérable, aujourd’hui internationalement reconnue.
Le second fait son entrée dans la collection « Une nuit au musée », Ed. Stock, qui invite un écrivain à raconter son expérience personnelle et nocturne dans un musée de son choix : Yannick Haenel a opté pour celui d’Art moderne au centre Pompidou de Paris, et plus particulièrement pour les tableaux de Francis Bacon, à l’occasion d’une exposition qu’il évoque dans un récit enflammé, « Bleu Bacon ».

Les deux hommes ont en commun une passion vive et communicative pour l’expérience artistique dans ce qu’elle a de plus profond : nul doute que leurs échanges seront passionnants.
Année de Production : 2023

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Transcription
00:00 Retrouvez "Au bonheur des livres" avec le Centre national du livre.
00:05 -Bonjour "Au bonheur des livres" avec Yannick Henel,
00:25 un des meilleurs écrivains français qui publie un livre
00:28 dans une collection qui maintenant fait parler d'elle.
00:31 "Ma nuit au musée" chez Stock, un bleu Bacon.
00:33 Donc, il s'agit d'une nuit passée par Yannick,
00:37 justement, au Centre Pompidou, au cœur d'une transpective
00:40 consacrée à Francis Bacon, le grand peintre anglais,
00:43 qu'il est pratiquement inutile de présenter.
00:45 Miguel Barcello est, lui, tout simplement,
00:47 un des plus grands peintres européens.
00:50 Il est aussi un acteur, justement, de ce qu'a été la vie
00:53 au fond des arts plastiques ces 40 dernières années,
00:56 et c'est un livre familial, puisque vous avez été
00:58 le contemporain de Basquiat quand il était vivant,
01:01 rencontré Andy Warhol, vécu avec vos amis espagnols.
01:04 Et puis, pour échapper à cette vie dangereuse,
01:07 vous allez vous réfugier en Afrique.
01:09 Vous travaillez, évidemment, à Paris,
01:11 vous travaillez à Mayork, votre ville de naissance,
01:14 et le livre s'appelle "De la vida mía",
01:16 c'est "Trait et portrait", Mercure de France.
01:19 Alors, ça se présente comme une sorte de carnet de bord d'une vie
01:24 avec à la fois des tableaux, en voici un,
01:27 on va demander à la réalisation, donc assez récent,
01:30 des croquis, des textes, une histoire que vous racontez,
01:35 celle d'une mère que vous adorez et qui est encore là,
01:38 d'un papa avec qui les rapports ont été difficiles,
01:41 et des débuts dans la peinture qui ont été quasi immédiats.
01:44 – Oui, mais je suis né dans une maison où il y avait de la peinture,
01:47 comme il y a des gens qui sont nés dans une maison
01:50 où il y a des jeux d'échecs ou des questions de temps proposte.
01:54 Et à la fois, il y avait des tubes à l'huile,
01:56 des livres de peinture et des tableaux.
01:58 Mon grand-père avait des amis peintres entre guerres,
02:02 et j'étais comme un petit singe, j'ai appris à peindre très vite,
02:07 et je partais peindre avec ma mère ou avec des amis de ma mère
02:10 à la campagne de peinture au plein air.
02:13 Moi, j'ai appelé ça "paste impressionnisme"
02:16 parce que c'était une variété de pâtisserie,
02:18 c'était comme de grotesques,
02:21 et beaucoup de ces peintres peignaient avec plein de tubes,
02:24 ça faisait comme des majors,
02:26 que c'était une île pleine de grottes, des grottes sous-marines.
02:29 Alors ces tableaux ressemblaient beaucoup à ça.
02:32 Alors bon, mon éducation était un peu paradoxe,
02:34 parce qu'ensuite, à l'école de Beaux-Arts...
02:37 – Il y a eu l'école de Beaux-Arts de Maillol,
02:39 qu'après il y a eu celle de Barcelone, mais ça vous a barbé très vite.
02:42 – Non, j'ai fait une semaine à Barcelone.
02:44 – Oui, c'est carrément très très vite alors.
02:46 – Oui, c'était rapide.
02:48 Le directeur de mon école disait que j'avais été son meilleur élève,
02:51 et je disais "mais j'étais qu'une semaine",
02:53 et il m'a dit "oui, mais vous avez bien profité du temps",
02:56 c'était probablement vrai.
02:57 – Et puis après, des expositions à Toulouse pour commencer,
03:00 des expositions en Espagne, après une visite à Miro,
03:04 donc les grands peintres espagnols,
03:06 après donc une carrière, Yannick vous connaît très bien,
03:11 il faut le dire, qui explose dans le monde entier,
03:13 il a exposé chez Castelli,
03:14 il a exposé dans les plus grands musées du monde,
03:16 il a exposé chez Yvon Lambert à Paris,
03:18 il a exposé chez Bruno Bichon-Werger en Suisse,
03:22 une vie donc aujourd'hui qui est à Paris et à Mallorque essentiellement,
03:26 mais une vie un peu tumultueuse à New York,
03:28 vous avez donc côtoyé Jean-Michel Basquiat, Andy Warhol et les autres,
03:31 Warhol a même fait votre portrait,
03:33 et c'est ça qui vous a poussé vers l'Afrique, au fond,
03:37 pour échapper à la mort d'une certaine manière.
03:38 – Oui, cette année, à l'époque, j'aimerais comme… de mouche.
03:44 – Vous dites dans le livre d'ailleurs que tous vos amis peintres, artistes,
03:48 par les mêmes Dervais-Guibert qui vous photographient en Goya,
03:52 ils sont tous morts entre 27 et 33 ans.
03:54 – Entre les sida et les drogues, cette génération,
03:58 c'est un peu comme si on avait fait la guerre de 14-18,
04:01 c'était un peu cet effet-là, c'était terrible.
04:05 – Est-ce que c'est ça qui vous a poussé vers le Mali ?
04:08 – Je ne sais pas, peut-être, instinctivement,
04:10 mais je pense qu'on a un instant de survie,
04:14 et puis je suis allé à Mali pour un peu me guérir de la bêtise aussi,
04:18 parce que finalement, pour savoir pourquoi, je ne sais pas.
04:21 Je suis allé au Mali parce que j'aimais bien,
04:23 au début je ne savais même pas où j'allais,
04:25 et finalement après j'aimais tellement
04:26 que j'ai commencé à apprendre, à lire des choses sur les Dogones,
04:31 et puis c'est plus tard que je suis devenu vraiment…
04:36 je savais où j'étais, au début j'allais au désert, je ne savais même pas.
04:39 – Vous êtes parti au début avec des amis espagnols ?
04:41 – Je suis parti avec des amis au désert sans savoir très bien où j'allais,
04:44 j'étais entre l'Algérie et le Mali,
04:46 mais c'est une semaine après que j'ai compris
04:48 à quel point c'est une culture profonde,
04:51 et puis je voyais que tous mes objets venaient vieillir au Mali,
04:57 les livres sont termites de mange, tout est couvert de…
05:02 même les soins plastiques, c'est des agrèges,
05:04 et moi je réagenisais, c'est l'effet contraire, non ?
05:08 Et puis je me disais, bon, je vais mieux quand je rentre que quand j'arrive,
05:12 j'arrivais en mauvais état et je repartais tout…
05:16 – Alors que la vie est quand même dangereuse là-bas,
05:17 parce qu'au fond, sur le plan médical, si vous avez le moindre pépin,
05:21 je crois que vous avez été piqué par un scorpion à l'œil,
05:25 donc évidemment être piqué par un scorpion à l'œil au Mali…
05:28 – Ça fait très mal.
05:28 – Ça fait très mal, mais c'est très dangereux.
05:30 – J'avais les garrons, et j'avais une autre chose,
05:34 on coupe et on sort le poison,
05:36 mais aucune de ces techniques marchait avec une pécureuse,
05:38 alors j'ai dû supporter une demande de deux heures.
05:43 – Comment vous avez construit le livre, Miguel Martello,
05:46 parce que, évidemment, votre œuvre est froisonnante,
05:48 là, il y a à la fois des aquarelles, des dessins, un portrait de Meléndez,
05:52 qui est un grand peintre espagnol, donc de nature morte,
05:56 dont vous dites qu'il peint comme Osu filme,
05:59 c'est-à-dire avec la caméra très bas et très proche des objets.
06:03 – Oui, oui, oui, et puis Meléndez voulait être un peintre de roi,
06:08 un peintre de figure, et il a dû peindre des objets toute sa vie,
06:11 alors avec une grande frustration, mais c'est…
06:14 – Il se réveille en Vélasquez, et en fait,
06:15 il s'est occupé de pommes, de poires, d'abricots…
06:18 – Mais si vous regardez chaque pomme comme si c'était une figure,
06:21 on comprend qu'en bas, souvent, sous ce tableau,
06:26 souvent, il faisait un portrait du roi pour présenter la cour,
06:31 et comme on lui disait non, sur ce tableau,
06:33 il peignait ses natures mortes, alors quand on fait des rayonnées,
06:36 on voit apparaître des figures en bas de ces pommes et de ces poires,
06:41 oui, c'est une histoire curieuse.
06:42 J'ai écrit ici que chaque fois, tous les tableaux de Meléndez,
06:45 il y a un bord de table tout droit comme ça,
06:48 et plus la vie avance, plus ce bord de table est cassé,
06:51 et je pense que chaque fois qu'il y avait un refus,
06:54 ou qu'il y avait une frustration, une misère dans sa vie,
06:56 il faisait une entaille dans ce bord de table,
06:58 comme on dit que Billy the Kid faisait dans sa pistolet
07:01 chaque fois qu'il tuait quelqu'un, non, il faisait un marqueur,
07:04 et je pense que Meléndez fait la même chose,
07:06 et à la fin, c'est un vrai zig-zag.
07:09 – Et une chose qui est aussi passionnante dans ce livre,
07:12 qui est très bien accueillie par la critique,
07:14 c'est qu'une grande partie de ceux qui font de la peinture,
07:17 je ne parle pas de l'art conceptuel, je ne parle pas de l'art minimal, etc.,
07:20 ont l'impression, par exemple, c'est ce qu'avaient exprimé
07:22 John Mitchell et plein d'autres, qu'au fond,
07:24 ils font de la peinture pour échapper aux mots,
07:26 pour échapper à la littérature, pour échapper aux explications.
07:30 Alors vous vous dites que vous détestez les mémorialistes,
07:33 mais est-ce qu'il y a là une sorte de réconciliation,
07:36 parce qu'en fait, c'est un livre, il y a des textes,
07:39 il y a toutes les formes possibles d'expression artistique ?
07:42 – Oui, moi j'aime beaucoup les mots, je passe beaucoup de temps…
07:44 – Vous lisez beaucoup ?
07:45 – Les livres m'ont accompagné toute ma vie,
07:48 au Mali, j'avais que des livres et des peintures,
07:50 je veux dire, je ne peux pas vivre sans livres,
07:53 et puis je ne déteste pas les mémorialistes,
07:55 je déteste les mauvais mémorialistes.
07:57 – Ah, vous l'avez écrit ?
07:58 – Oui, non mais Chateaubriand, j'aime beaucoup, par exemple.
08:01 – C'est tout le monde.
08:03 – Oui, non mais c'est pas que je déteste les gens,
08:06 mais je ne voulais pas me mettre à faire mes mémoires à la con.
08:09 – Ce n'est pas encore l'heure.
08:11 – J'aime beaucoup les journaux, les journaux de La Croix,
08:13 par exemple, c'est excellent,
08:15 ce n'est pas prétentieux, c'est écrit d'une manière très…
08:18 – Qu'est-ce que vous retenez de cette période, justement,
08:21 puisque maintenant que cette carrière se développe,
08:24 et que vous êtes d'une certaine manière,
08:26 enfin tout le monde le sait, reconnu en moment entier,
08:28 mais de cette période un peu dingue, justement,
08:31 fin Warhol, début Basquiat, la fin…
08:34 Vous en retenez quoi aujourd'hui ?
08:35 Parce que cette période est devenue un peu mythique pour tout le monde.
08:37 – C'est-à-dire, moi je pense qu'on vivait un moment de post-modernisme,
08:42 et le post-modernisme c'était un peu la conséquence de Popart,
08:48 et puis de la… on ne croyait plus… comment dire,
08:51 moi je n'ai jamais été communiste, par exemple, loin de là,
08:55 j'avais une grande méfiance de tous ces…
08:58 mais les gens plus âgés que moi, ils venaient,
09:00 ils étaient des gens de partis,
09:01 ils parlaient avec des termes marxistes ou militaires,
09:04 les avant-gardes c'était des termes militaires,
09:06 et puis le post-modernisme, on a refusé tout ça,
09:11 on pillait l'histoire de l'art comme des pirates
09:14 qui arrivent dans une ville, ils prennent tout.
09:15 – Et puis sans foutre, envie de peindre.
09:17 – Oui, oui, bien sûr, envie de peindre,
09:19 et on disait que c'était interdit la perspective,
09:21 comment c'est interdit la perspective ?
09:23 J'ai foutu la perspective trois ou quatre dans chaque tableau,
09:27 et puis ce post-modernisme,
09:29 c'était un grand souffle de liberté en peinture.
09:33 – En tout cas, le livre en est la trace,
09:35 il y a aussi la trace des parents,
09:37 avec un père avec qui vous vous entendez,
09:39 vous le dites vous-même pas très bien,
09:41 et puis de très nombreux textes,
09:43 alors le charme du livre c'est justement qu'il y ait,
09:45 on va parler maintenant d'Yannick Hénel de Bacon,
09:47 et on se retrouve ensemble,
09:48 par exemple là, vous avez une photo par exemple…
09:50 – Ça c'est à Paris.
09:51 – Oui, de l'atelier dans le marais de Miguel Barcillo,
09:55 vous voyez à quel point justement la peinture
09:58 non seulement est envahissante,
10:00 mais est présente partout dans le bon sens du terme,
10:02 Miguel peint plusieurs tableaux,
10:04 repeint, revient sur des tableaux qu'il a oubliés,
10:06 passe au dessin, passe à la gravure,
10:09 illustre des livres d'écrivains célèbres,
10:11 et donc maintenant sort ce livre,
10:13 "De la vie d'un mignac" que vous allez lire,
10:15 qui est sorti donc au Mercure de France,
10:18 vous restez avec nous mon cher Miguel,
10:20 parce que nous allons parler aussi d'un livre que vous avez lu,
10:22 qui est celui d'Yannick Hénel, "Bleu Bacon".
10:25 Alors Yannick, donc grand écrivain, je le disais,
10:28 passionné par la peinture,
10:30 comme un peu celui qui a été pendant longtemps son compagnon
10:34 et une sorte de père spirituel qui est Philippe Solers,
10:37 et voici qu'arrive donc Bacon.
10:39 C'est une rétrospective Bacon qui a lieu en Angleterre,
10:41 qui est passée un peu partout, qui arrive au centre Pompidou,
10:43 et on vous propose, avec le conservateur,
10:45 de passer une nuit au musée, au milieu de ces tableaux.
10:50 Deux ou trois tableaux vont retenir votre attention
10:52 plus particulièrement,
10:55 le fameux "Oedipe et le sphinx" qu'on va parler dans un instant,
10:57 des triptyches qui vous font peur.
11:00 Au départ, c'est ça où c'est très romancé, d'une certaine manière,
11:04 c'est qu'au moment où il entre dans ces huit salles, je crois,
11:07 vous êtes pris par une espèce de migraine épouvantable
11:10 qui vous oblige à vous scotcher sur le lit de camp qu'on vous a promis,
11:13 de prendre du tramadol comme un malade,
11:16 plutôt que de faire un travail de réflexion
11:18 sur les œuvres qu'on vous présente.
11:19 – C'est-à-dire que je ne les voyais plus, les œuvres,
11:22 avec à la fois les néons, les vitres,
11:25 derrière lesquels Bacon enferme sa peinture.
11:27 Il y avait des reflets cassants qui m'ont cisaillé les yeux,
11:30 ça m'a fait monter une migraine ophthalmique tout de suite,
11:32 je ne voyais plus rien.
11:33 – Et 30 secondes avant, avec le patron de Beaubourg,
11:35 vous étiez tout à fait tranquille, vous rentrez, boum !
11:38 – Mais c'est l'impact, c'est la sorcellerie blanche,
11:41 je crois que Miguel aussi, c'est un poète et un sorcier,
11:44 la sorcellerie blanche ou parfois noire de Bacon, ça agit tout de suite.
11:48 Moi, j'étais très content d'avoir un mal de chien à la tête
11:51 parce que je me disais, ça y est, ça agit tout de suite, la peinture,
11:53 j'étais venu chercher ça, me rendre disponible.
11:56 – Et ça durait toute la nuit, c'était cuit ?
11:57 – J'étais foutu parce qu'en plus, déjà c'est une grande douleur,
12:01 je ne voyais plus très bien, et puis j'ai pris double dose de tramadol.
12:06 – Ah le tramadol, c'est un antidouleur, pas très loin de la morphine.
12:10 – Voilà, et j'ai eu une espèce d'extase.
12:13 – Vous vous êtes réveillé très bien.
12:15 – Je me suis réveillé parfaitement parce que j'étais sous un tableau de Bacon
12:17 que j'adore, que j'ai mis en ouverture.
12:19 – Alors le voiture, on va le montrer.
12:20 – C'est "Water from a running tap"
12:23 et en fait c'est une dimension de Bacon que j'ignorais,
12:26 enfin que je connaissais moins, c'est la jouvence, le jaillissement, le bleu.
12:30 – Un tableau à moitié peint sur une toile qui est à moitié vierge.
12:34 – Exactement, puisqu'il retourne ses toiles.
12:35 – Voilà, avec quelque chose qui est d'abord peint à l'aérosol
12:39 et qui est à peu près complété et qui n'est pas du tout
12:42 la mise en scène de la souffrance habituelle.
12:44 – Exactement, il n'y a pas de corps qui se contorsionnent,
12:47 il n'y a pas de cage, il n'y a pas de pape,
12:49 donc les trois grandes choses qu'on retient.
12:50 – Il n'y a pas d'amant.
12:52 – Il n'y a pas d'amant et il y a de l'eau crémeuse
12:56 avec différents bleus qui s'entrelacent et du rose.
13:00 Le rose et le bleu, quasi couleur de laïette, couleur de bébé presque.
13:06 Et d'avoir passé deux heures à peu près sous ce tableau
13:11 sans bien m'en rendre compte, je pense que ça m'a fait du bien,
13:15 il a veillé sur moi ce tableau.
13:16 Après m'avoir fait tomber, Bacon m'a pris dans ses bras
13:20 et je suis allé comme un personnage du Caravage,
13:23 comme un Jean-Baptiste.
13:24 – Dans lequel vous avez écrit ?
13:25 – J'ai écrit un livre il y a longtemps sur le Caravage
13:27 et je suis allé vers le robinet, mais je vous assure,
13:30 comme si c'était une fontaine, je suis allé boire la peinture
13:33 et durant les dix heures que j'ai passées tout seul,
13:37 j'ai eu une chance inouïe d'être tout seul à Beaubourg comme ça.
13:40 – Vous allez plus loin, parce que je ne sais pas si Miguel Partage,
13:43 on en parlera tout à l'heure,
13:44 cette année au fond vous dites, il y a une sorte de…
13:47 non pas d'escroquerie muséale,
13:49 mais au fond les tableaux ne sont faits que pour être vus seul.
13:53 – Oui, ce n'est pas l'escroquerie, je pense que tout le monde pense qu'ils peuvent,
13:55 mais le rapport initiatique, ça dépend de ce qu'on cherche.
13:59 Moi je cherche avec les tableaux quelque chose d'un peu d'oromachique,
14:01 justement d'initiation.
14:03 – Oromachique, c'est la grande spécialité de…
14:05 – Oui, de Bacon, moi j'aime dans le livre de Miguel aussi…
14:08 – Et de Miguel comme pince.
14:09 – Que ce soit une initiation, on s'initie au fait même de vivre.
14:13 Et là je voulais en fait, j'ai traversé ma propre nuit,
14:17 toute mon existence s'est revécue grâce aux couleurs.
14:20 Alors parfois de la souffrance, de l'angoisse,
14:22 parfois une jubilation folle, de l'euphorie,
14:24 c'est ce truc-là, cette ambivalence qui est très belle avec la peinture.
14:28 – Alors Bacon, il faut donner deux ou trois mots,
14:30 tenez-vous un fils qui est né en Irlande, il est homosexuel,
14:34 son père qui est un militaire comme vous, votre père a été militaire,
14:38 le confie à une sorte de protecteur à Londres
14:41 en considérant qu'il va le ramener dans le droit chemin.
14:45 En fait le type est un serial fucker, c'est pire que tout,
14:47 il l'emmènera à Berlin, à la grande époque, il va à Monaco.
14:51 Là où c'est une des grandes caractéristiques par rapport à Picasso,
14:55 par rapport à Matisse, et même si les études ont été très brèves,
14:58 de Miguel à Barcelone, c'est un autodidacte total,
15:02 il n'a jamais rien appris, il rentre à Londres
15:04 et il s'est mis à peindre Francis Bacon.
15:07 Et vous tombez, deuxième tableau,
15:09 on imagine Yannick Hénel sortant de son lit avec le tramadol,
15:13 en regardant le premier tableau, sur Oedipe et le sphinx,
15:17 qui n'est pas un tableau à priori comique,
15:19 puisque Oedipe souffre, tout le monde connaît ce mythe,
15:23 sauf que vous, vous pouvez faire un éclairir phénoménal.
15:26 – J'étais dans un état…
15:27 – C'est le tramadol ou c'est le tableau Bacon ?
15:29 – Oui, les deux, mais je pense qu'il y a quelque chose de comique
15:33 dans ce tableau, secrètement peut-être,
15:35 parce que Oedipe sur fond rose, et Oedipe qui est sur la gauche,
15:40 face à la sphinx, Oedipe lève son pied bandé,
15:44 et donc un grand bandage blanc, glissant, avec un petit prisme bleu,
15:50 et il est surtout en short et marcel,
15:52 il a l'air d'une espèce de sportif un peu nullard,
15:55 et ça me fait rire d'ailleurs,
15:56 parce que le tableau appartient à Sylvester Stallone,
15:59 donc je riais aussi en me disant,
16:01 Rocky tous les matins voit ce tableau chez lui, c'est merveilleux.
16:05 Et bon, il se trouve que…
16:08 j'ai l'impression que Bacon règle son compte avec Oedipe,
16:11 en disant "pauvre Oedipe, t'es vraiment rien",
16:14 la sphinx elle, c'est quelqu'un.
16:16 – Alors le sphinx, il est un peu masqué comme ça,
16:20 tendu, comme si c'était justement quelqu'un qui arrivait à un braqueur
16:24 dans une nuit au musée.
16:26 Un dernier point avant qu'on converse ensemble,
16:28 parce qu'il y a beaucoup de choses à raconter sur la carrière de Michael
16:30 et sur Bacon et sur les rapports entre les grands peintres,
16:34 parce qu'au fond c'est un dialogue permanent,
16:36 il y a quand même une partie de l'œuvre de Bacon
16:39 qui est une œuvre qui, au départ, vous terrorisait un peu,
16:41 notamment le fameux triptyque,
16:44 où on voit cette espèce de long coup d'animal préhistorique
16:47 qui se termine par une mâchoire terrible.
16:49 – Oui, les trois monstres, moi je les appelais les serpents.
16:53 La première fois que j'ai vu un tableau de Bacon,
16:54 je crois que c'était à la Tate Britain,
16:56 adolescent, j'ai été épouvanté.
17:00 Je suis sorti en courant du… – Ça c'est normal.
17:02 – Ça agit vraiment fort. – Ça fait peur.
17:03 – Et cette nuit-là, j'avais donné rendez-vous mentalement
17:07 avec ce tableau, dont il y avait une Bacon parfois repeignée,
17:10 enfin une deuxième version, et ça a été une épreuve aussi
17:15 que d'arriver à le regarder et à vaincre mes peurs.
17:19 Et puis j'avais demandé aux pompiers à ce qu'ils éteignent les lumières aussi,
17:22 parce que j'ai l'obsession, comme Miguel, des grottes,
17:26 et j'avais acheté une lampe torche,
17:28 et donc la dernière partie de la nuit, j'étais tout seul
17:30 en train d'envoyer de la lumière sur les tableaux,
17:33 c'était absolument merveilleux.
17:35 – Voilà deux livres au programme de "Bonheur des livres",
17:38 celui de Miquel Barcello, dont "Grand peintre" de Lavida Milla,
17:41 qui est publié au Mercure de France, d'ores déjà grand succès,
17:44 comme celui d'Yannick Hennel, "Bleu Bacon",
17:45 c'est la collection "Ma nuit au musée",
17:48 Yannick vous a raconté tout à l'heure dans quels circonstances
17:50 il s'est retrouvé pendant toute une nuit au musée,
17:52 alors d'une rétrospective Bacon.
17:54 Question Miguel, quel rapport, on parlait tout à l'heure de Mélendez,
17:57 donc des peintres historiques,
17:59 quel rapport vous entretenez avec vos grands aînés ?
18:01 S'il y a par exemple avec Francis Bacon, David Hockney,
18:04 Gerhard Strichter, Lallemond…
18:07 – Bacon, d'admiration, et je l'ai croisé,
18:10 je n'ai jamais parlé avec lui,
18:12 mais je l'ai croisé deux ou trois fois ici et là,
18:15 et je sais qu'il est allé voir mes tableaux,
18:16 alors j'étais toujours très content,
18:18 mais avec la peinture, toute peinture est toujours contemporaine,
18:22 c'est-à-dire, j'ai le même rapport avec les tableaux de Bacon
18:25 qu'avec l'artiste de la Grotte Chauvet.
18:28 – Il n'y a pas de progrès en fait ?
18:29 – Il n'y a pas de progrès, tout est contemporain,
18:31 et on fait l'art pour la même raison,
18:32 et puis quand tu vas à la Grotte Chauvet,
18:35 tu reconnais la main, tu reconnais, c'est mon frère, cet homme.
18:40 – Yannick, il y a une chose que les gens qui connaissent l'histoire de l'art savent,
18:44 mais que vous reprécisez, c'est que dans le cas de Bacon,
18:47 la vision des autres qu'évoquait tout à l'heure Emiliel Barcello
18:51 est très importante, notamment la vision de Picasso,
18:54 parce que, évidemment, quand il voit Picasso chez Paul Rosenberg,
18:56 le marchand, ou quand il le voit au musée,
18:59 il voit comme une autorisation de détruire les visages
19:02 qu'il lui est donné par quelqu'un d'autre,
19:04 qui n'avait peut-être pas envisagé.
19:05 – Absolument, mais je crois que Bacon n'a jamais caché
19:09 qu'effectivement c'est Picasso qui lui a donné la clé.
19:12 D'ailleurs c'était des petites peintures à Dinard,
19:15 aux années 20, où Picasso se cachait dans les cabines de bain
19:20 avec sa très jeune amante, et donc il y a ces histoires de clés comme ça,
19:24 et Bacon va mettre un pied, il ouvre les clés,
19:26 c'est très mystérieux en fait,
19:28 il s'est inséminé…
19:30 – Ce sont des tableaux très précis de Picasso,
19:32 des tableaux avec grandeur, c'est ça qui fait son…
19:36 – Les baigneuses, les fameuses baigneuses.
19:38 – Et des tableaux de voyeurs.
19:40 – Comment se fait-il que l'Espagne soit peut-être le plus grand pays ?
19:43 Alors c'est le point de vue de Picasso,
19:45 parce que Picasso a quand même… il a écrit sur le caravage,
19:48 je parle de Yannick, Picasso détestait le caravage,
19:52 Yannick adore Bonnard, Picasso disait,
19:56 "Bonnard est un con, il montre le soleil, il fait un jour, c'est vrai."
19:59 – Mais Picasso allait voir l'espoir de Bonnard deux ou trois fois,
20:02 en cachette, il faut pas toujours croire ce qu'on dit, les peintres,
20:06 il faut croire ce qu'on fait.
20:07 – Le voileuil malicieux.
20:08 – Non mais parce que Picasso disait que Bonnard était incrétable,
20:10 mais après il allait voir son espoir plusieurs fois,
20:13 et puis il disait que Tintoretto c'était…
20:17 – Mais il aimait pas la Renaissance.
20:18 – Oui, mais il disait que les peintres sont espagnols,
20:22 mais c'est pas vrai, les peintres ils ont pas de pays,
20:24 tous peintres sont de partout,
20:25 moi je suis autant italien que français, que tout ça c'est…
20:29 après bien sûr on veut voir l'Irlande dans Bacon,
20:34 ou l'Espagne noire dans… pourquoi pas,
20:38 mais ça marcherait bien si on changeait toutes ces figures
20:42 de la crèche de place, ce serait pareil,
20:44 tu vois Goya comme un peintre français,
20:47 ça marcherait parfaitement bien.
20:48 – Goya d'ailleurs il faut le rappeler,
20:52 parce qu'il y a une histoire de la postérité,
20:55 et toujours une histoire importante,
20:56 Goya qui a été ignoré pendant pratiquement deux siècles
20:58 avant de revenir au centre…
21:00 – Oui, oui, comme El Greco,
21:01 El Greco a été ignoré plus que ça,
21:03 quatre siècles, et puis il est devenu une évidence,
21:08 et ça ça arrive tout le temps ça.
21:09 – J'ai une grande question pour vous,
21:11 donc Miguel, Mayurk, Paris,
21:14 et malheureusement à cause de l'actualité terroriste
21:18 est obligé d'abandonner son atelier du côté de Gao au Mali,
21:22 je sais que vous avez beaucoup vécu en Afrique,
21:24 ça vous rapproche,
21:25 vous avez écrit un article dans "Sarjebdo"
21:28 et "Le jeu" sur le livre de Miguel,
21:29 mais il y a cette question aussi de la violence chez Bacon,
21:32 parce qu'on a beaucoup expliqué que Bacon c'était l'alcool, les bars,
21:39 un rapport qu'on retrouve d'ailleurs chez pas mal de peintres anglais
21:42 avec en gros les dockers, les ouvriers,
21:44 c'est pas la sexualité banale d'une homosexualité mondaine,
21:47 il y a quelque chose de violent qu'on retrouve dans les tableaux,
21:50 et quand il y a eu sa première grande rétrospective à Paris,
21:53 son amant George Dyer meurt, et silence, il dit pas un mot,
21:58 la souffrance est considérable, mais l'apparence est respectée
22:04 et il accepte justement cette rétrospective.
22:08 Comment on peut expliquer ça ?
22:10 Cette violence dominée ou cette souffrance dominée
22:14 qu'on voit sur les tableaux partout.
22:15 – C'est exactement, c'est le point secret,
22:18 c'est le point incandescent de Bacon,
22:20 c'est de parvenir à contrôler sa violence,
22:23 enfin d'après ce qu'on sait, il buvait énormément la nuit,
22:26 mais de manière athlétique,
22:28 il allait directement à son atelier à 6h du matin,
22:31 il peignait dans un état qui n'était sans doute pas un état de rage,
22:35 c'était un état où enfin quelque chose se refroidissait,
22:37 et quand son amant meurt deux jours avant le vernissage en 71,
22:43 ça aurait dû être le plus beau jour de la vie artistique de Bacon,
22:47 être célébré au Grand Palais en grande pompe
22:50 avec les gardes républicains, avec George Pompidou,
22:53 il n'y a que Picasso qui avait eu ça de son vivant,
22:55 c'est aussi son plus grand malheur,
22:57 son amant qui l'a peint 80 fois, et dans cette exposition…
23:02 – 500 tableaux en tout, il a fait 500 tableaux en sept.
23:04 – 500 tableaux de Bacon, 80 portraits de George Dyer,
23:07 et dans cette exposition, il y avait George Dyer partout,
23:09 et il entre avec Pompidou,
23:11 et il voit partout le corps de son amant
23:13 qui est seul dans une chambre, tout nu, sur les toilettes, mort.
23:18 – Comment faites-vous, Miguel,
23:20 qu'est-ce qui vous pousse à faire soit de la gravure,
23:23 soit de la sculpture, parce que vous sculptez aussi,
23:26 soit de la peinture, soit toutes les techniques
23:28 qu'on retrouve dans les différents ateliers,
23:29 avec des pigments qui sont des pigments originels,
23:31 et pas des couleurs construites ?
23:34 – Moi ce que j'aime le plus, c'est de ne pas savoir
23:35 ce que je vais faire dans la journée.
23:37 Quand je me lève, j'aime beaucoup vaguer,
23:40 et attraper quelque chose,
23:41 que ça peut être une céramique, ou une gravure,
23:43 ou une lithographie, ou un carnet,
23:46 j'ai toujours des carnets où,
23:48 quelquefois j'écris, mais la plupart du temps,
23:49 je fais des aquarelles,
23:51 quelquefois c'est des aquarelles pour un projet de livre,
23:53 comme j'ai fait la métamorphose de Kafka,
23:55 ou je fais maintenant un bolre d'êtres imaginaires,
23:58 que je finirai un jour, ou un tableau,
24:01 mais après quand je commence, je continue,
24:04 mais j'aime beaucoup ne pas avoir un projet,
24:06 j'aime bien de…
24:08 – Et vous reprenez beaucoup ?
24:09 – C'est un peu mon privilège, ça.
24:11 – Oui, j'aime bien effacer, effacer et recommencer,
24:16 un peu aussi, tout tableau est une espèce de palimpseste,
24:19 d'autres choses, c'est rare que ça marche d'un premier coup,
24:22 je pensais à Bacon, et je pensais à Jackson Pollock,
24:24 Jackson Pollock travaillait comme ça,
24:26 il se préparait longtemps,
24:28 et puis il entrait en peinture quand il était prêt,
24:32 souvent après deux semaines de souderie,
24:34 après il ne bouvait pas quand il peignait,
24:35 mais il avait bu beaucoup avant,
24:37 mais moi je ne fais pas ça,
24:39 je vis dans la céramique, ou la peinture,
24:43 pendant des périodes, je me soude après, mais pas pendant.
24:49 – C'est la question que je vous pose à tous les autres,
24:50 c'est le rapport qui existe entre le cinéma et la peinture,
24:52 au fond, beaucoup de cinéastes ont le complexe de la peinture,
24:56 où on voit par exemple qu'en Kubrick, dans "Marilyn Donne",
24:59 le début c'est un "Gamesboro",
25:01 comment vous avez l'un et l'autre réfléchi à ça,
25:03 c'est-à-dire le cinéma et la peinture ?
25:05 – Dans le cinéma il y a Godard aussi,
25:07 qu'on voit quasiment peindre à la fin de sa vie,
25:09 dans les derniers films expérimentaux,
25:11 c'est très beau, il essaye de trouver des choses,
25:13 moi je dirais même cinéma, peinture, littérature,
25:15 moi j'adorerais savoir peindre,
25:17 c'est évidemment parce que je ne sais pas peindre.
25:18 – Vous avez essayé avec la torche.
25:19 – J'ai essayé dans la nuit, mais il ne restait rien,
25:21 une fois qu'on allume la lumière.
25:23 Il y a une passion physique que j'admire chez les peintres,
25:27 la représentation pour moi, elle a lieu sur tous les plans,
25:31 et j'aime que dans le livre de Miguel, il y ait les mots,
25:33 il y a des listes merveilleuses, des listes de poètes,
25:36 et quand j'écris, je vois en couleur, je vois tout en couleur,
25:40 je vois les phrases qui flamboient,
25:42 j'essaye de faire de la peinture en écrivant des romans.
25:45 – Bacon parlait justement de l'influence de Buñuel
25:47 qui était pour lui beaucoup plus importante
25:49 que celle de l'histoire de la peinture sur son propre travail.
25:53 Quel est le rapport que vous avez avec le cinéma ?
25:57 – Moi je pense que le cinéma c'est une forme de peinture,
25:59 tu sais le cinéma c'était un art indépendant au XXe siècle,
26:03 au XIXe et XXe siècle,
26:05 c'était un art nouveau, un art qui avait une technique nouvelle,
26:09 mais je pense que cinématographie, lithographie, scéligraphie,
26:13 tout ça c'est des techniques pictorales,
26:14 mais c'est une forme de fabriquer des images qui bougent ou pas.
26:17 – Donc Scorsese-Bartiello c'est la même vie.
26:19 – C'est la même chose, avec un peu de perspective c'est pareil,
26:21 c'est la même chose, surtout après le digital,
26:24 ce n'est plus des documents du réel,
26:26 parce qu'on pouvait croire que ça c'est…
26:28 maintenant c'est un fruit de l'esprit, alors c'est pareil.
26:32 – Voilà, Miguel Bartiello, donc c'est de la vida mia,
26:36 c'est un livre extraordinairement riche,
26:38 vous le voyez, des carnets, des textes, des photos de l'atelier,
26:43 des photos Mali, du côté de Gao, des photos des tableaux d'aujourd'hui,
26:48 et donc cette nuit au musée,
26:50 mais la carrière de Yannick ne s'arrête pas à cette nuit au musée,
26:52 vous pouvez retrouver tous ses livres, "Trésorier payeur",
26:56 le dernier si ma mémoire est bonne.
26:57 Je vous suggère de lire ainsi parler Alain Tolfranc,
27:00 d'abord parce qu'il a été prix Nobel de littérature,
27:04 après tout c'est une chose qui n'est pas négligeable,
27:09 dit, et Maxime Devis, choisi et présenté par Guillaume Mettayer,
27:12 c'est dans un éditorial qui s'appelle Artfuyen,
27:14 Alain Tolfranc qui a travaillé pour le Sénat,
27:17 Alain Tolfranc, vous y couvrirez là,
27:20 les aphorismes qui restent particulièrement actuels.
27:24 Merci à tous les deux, on sent qu'il y a quand même une sorte d'amitié
27:27 qui vous lie, même si vous ne vous voyez pas très souvent,
27:29 donc tant mieux, grâce à cette émission,
27:31 vous allez vous voir plus souvent.
27:33 Merci, Yannick, et à bientôt surtout.
27:38 – Merci.
27:39 [Musique]
27:51 – C'était Au bonheur des livres, avec le Centre national du livre.
27:55 [Musique]

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