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00:00 On a appris la mort de Robert Badinter, il avait 95 ans, homme politique, français,
00:06 juriste, essayiste, ancien président du Conseil constitutionnel et ancien garde des Sceaux.
00:11 Il s'est fait connaître pour son combat pour l'abolition de la peine de mort, un discours
00:16 entré dans l'histoire en 1981, né de parents juifs, rescapé de pogroms russes.
00:22 La vision intangible, universelle des droits de l'homme que portait le garde des Sceaux
00:25 de François Mitterrand a imprégné jusqu'au bout ses écrits et prise de position.
00:30 Son dernier ouvrage portait sur sa grand-mère, Idice, née dans l'Yedichland en 1963 et morte
00:36 dans le Paris de l'occupation.
00:38 Portrait de Robert Badinter, signé Julien Chahidar.
00:42 La peine de mort, c'est la justice qui tue. Je n'accepte pas une justice qui tue.
00:49 Ce 17 septembre 1981, Robert Badinter entre dans l'histoire.
00:54 J'ai l'honneur, au nom du gouvernement de la République, de demander à l'Assemblée
01:01 nationale l'abolition de la peine de mort en France.
01:06 Robert Badinter est né à Paris en 1928, au sein d'une famille juive d'origine moldave.
01:11 Son adolescence est marquée par la mort de son père, déporté au camp de concentration
01:15 de Sobibor en Pologne en 1943.
01:18 Après des études de lettres et de droits, il devient avocat au barreau de Paris.
01:23 C'est en 1972 que survient le premier tournant de sa vie.
01:27 Il est chaud à sauver de la guillotine l'un de ses clients, Roger Bontemps, un criminel
01:32 jugé pour complicité lors d'une prise d'otage meurtrière.
01:36 La France a peur.
01:41 Cinq ans plus tard, surgit l'affaire Patrick Henry.
01:44 À trois, le corps de Philippe Bertrand, sept ans, est retrouvé sous le lit de Patrick Henry.
01:49 L'homme finit par avouer le meurtre.
01:51 L'affaire provoque l'émoi dans tout le pays.
01:54 Robert Badinter assure la défense du présumé coupable.
01:57 Aux abords du tribunal, la foule réclame la peine de mort.
02:00 L'avocat, lui, dresse un réquisitoire resté dans les mémoires contre la peine capitale.
02:08 Contre toute attente, les jurés condamnent Patrick Henry à la réclusion à perpétuité.
02:13 Par la suite, l'avocat déchaîne les passions.
02:16 On le surnomme l'avocat des assassins.
02:18 Mais à l'aube de l'élection présidentielle de 1981,
02:21 François Mitterrand affiche sa position sur la peine capitale.
02:25 Dans ma conscience, dans le fort de ma conscience,
02:29 je suis contre la peine de mort.
02:31 Le 17 septembre, contre l'opinion et face à une partie des députés opposés au texte,
02:36 Robert Badinter, alors nouveau garde des Sceaux,
02:39 présente le projet de loi d'abolition de la peine de mort.
02:42 Lorsque j'étais garde des Sceaux, j'avais des vues très claires.
02:47 Très claires.
02:49 S'agissant de l'humanisation de la justice française.
02:52 Et c'était très impopulaire.
02:54 A commencer par l'abolition de la peine de mort.
02:56 Mais pas seulement toutes les mesures que j'ai prises à propos de l'amélioration de la condition carcérale.
03:00 Toutes étaient impopulaires.
03:02 Bon, c'est ainsi.
03:03 Durant ses cinq années passées à la chancellerie,
03:06 il fait voter la suppression des quartiers de haute sécurité dans les prisons,
03:09 la dépénalisation de l'homosexualité
03:12 ou encore l'accès des justiciables français à la Cour européenne des droits de l'homme.
03:16 Il obtient aussi de la Bolivie l'extradition de Klaus Barbie,
03:19 ancien chef de la Gestapo à Lyon et reconnu coupable de crimes contre l'humanité.
03:23 Après son départ du gouvernement en 1986,
03:26 sa carrière prend une autre envergure.
03:28 François Mitterrand le nomme président du Conseil constitutionnel.
03:31 A ce titre, il participera à la création de tribunaux spéciaux
03:35 pour juger les crimes de guerre en ex-Yougoslavie.
03:38 L'ancien sénateur socialiste a pu voir de son vivant l'abolition de la peine de mort
03:42 inscrite de manière irréversible dans la Constitution.
03:45 Un combat pour lequel il s'était investi jusqu'à son dernier souffle.