• il y a 8 mois
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00:00 Il s'appelle Bruno Derrien. Son nom résonne aux oreilles des passionnés de football car il fut un arbitre international français.
00:09 Il a à son actif pas moins de 350 matchs au niveau professionnel dans le championnat français et une quarantaine de rencontres internationales.
00:18 Il est à Abidjan pour la Coupe d'Afrique des Nations et il a accepté de partager avec nous son regard sur la compétition en cours
00:26 et sur ce difficile rôle qu'est celui d'arbitre sur le terrain. Vous êtes d'endroit dans les yeux.
00:33 Monsieur Derrien, bonjour. Bonjour.
00:50 Merci beaucoup d'avoir accepté l'invitation de cette info. Je l'ai dit, vous êtes à Abidjan pour la Cannes et vous travaillez comme consultant pour une chaîne togolaise.
00:59 Alors cette Cannes, j'allais dire habillée aux couleurs ivoiriennes, comment la trouvez-vous, l'ambiance, l'engouement qu'elle suscite ?
01:07 Alors je suis arrivé il y a une semaine aujourd'hui. J'ai donc vu les huitièmes de finale.
01:14 Alors d'abord, un premier sentiment, c'est que je trouve que les matchs sont de qualité.
01:20 J'en ai pour preuve que parmi les huit équipes qui seront en quart de finale, il n'y a que trois d'entre elles qui figurent dans le top 10 des meilleures équipes africaines.
01:31 C'est vous dire donc que le football africain progresse, qu'il y a une émergence des pays dits petits de football,
01:39 que peut-être les grandes équipes se reposent un peu sur leur laurier ou sur leur histoire et il y a de très beaux matchs.
01:46 Effectivement, on voit qu'il y a un niveau relevé et puis tous les matchs sont intéressants à voir. Il se passe des choses.
01:53 Bien sûr, le dernier match que j'ai vu par exemple, c'est le Maroc contre l'Afrique du Sud.
01:58 Les Marocains, quand même, demi-finalistes de la Coupe du Monde contre la France,
02:02 donc meilleure nation africaine de football actuellement, se faire sortir à la loyale normalement par les Sud-Africains.
02:11 En ayant dominé quand même une partie du match, c'était assez...
02:15 Oui, mais les Sud-Africains ont vraiment super bien joué, ont déjoué, je dirais, les attaques marocaines.
02:20 Au final, la qualif' sud-africaine est tout à fait logique.
02:24 On peut parler aussi de la Guinée-Conakry, de la Caba-Diawara, de la RDC, de toutes ces équipes du Cap-Vert.
02:33 Vous voyez, toutes ces équipes qui progressent et c'est tant mieux.
02:37 Donc aujourd'hui, il n'y a plus de petites équipes.
02:40 C'est-à-dire que tout le monde ne peut pas être tout le monde.
02:42 Tout le monde ne peut pas être tout le monde et c'est ce qui fait qu'on est...
02:44 C'est l'enseignement qu'on en sort.
02:45 C'est ça et c'est ce qui fait qu'on vit plein de rebondissements dans cette compétition.
02:49 Tout à fait, regardez toutes les grosses équipes, les équipes favorites avant le début de la compétition sont sorties.
02:53 Le Maroc, le Sénégal, l'Égypte qui a gagné je crois 7 fois ou 8 fois la Canne.
03:00 L'Algérie est sortie.
03:02 Bon, la Côte d'Ivoire, ça faillit.
03:05 Elle est encore là et c'est tant mieux.
03:07 Mais on a eu chaud pour le pays parce que ça a été un premier tour compliqué.
03:10 Donc justement, on va dire qu'au vu de cette compétition où il se passe des choses, des surprises, des favoris qui se font sortir.
03:22 Aujourd'hui, vous diriez que selon vous, les équipes qui sont à même d'arriver au bout, on ne peut plus faire de pronostic ou vous avez quand même des favoris avec ce que vous avez vu ?
03:32 Alors hier, j'ai livré un pronostic avant-hier.
03:34 Je ne suis pas très bon pronostiqueur.
03:36 Je dis que je voyais une finale entre la Côte d'Ivoire et l'Angola.
03:40 Ah, et pourquoi ?
03:43 Parce que je pense que maintenant, la Côte d'Ivoire, il y a tout le peuple ivoirien qui est derrière son équipe.
03:48 Voilà, Carotte prit de la confiance, le nouveau coach a su trouver les mots pour mobiliser ses troupes.
03:56 Ce n'est plus la même équipe.
03:57 Vous voyez, ils se sont battus, il a opéré quelques changements, il a fait appel aux vieux greniards comme Gradel qui jouait à Toulouse, Serge Aurier.
04:07 Voilà, on sent une équipe soudée, unie.
04:10 Donc, ils sont repartis.
04:11 Avec le soutien de leur peuple, je pense qu'ils peuvent... alors, d'abord, il faut battre le Mali, quand même, grosse équipe aussi.
04:18 Ça en quarte.
04:19 Puis après, on enregistre cette émission, il faut le dire, deux jours avant le match du Mali.
04:25 Tout à fait.
04:26 Donc, d'abord, il faut pas... avant d'arriver en finale, il y a encore deux étapes à franchir.
04:30 Mais bon, voilà, l'appétit venant en mangeant, ce n'est plus la même équipe.
04:34 Et l'Angola ?
04:35 Et l'Angola, c'est une des équipes aussi qui me plaît, qui pratiquent un très beau jeu.
04:39 D'accord.
04:40 À votre avis, je ne sais pas, qu'est-ce qui s'est passé avec cette équipe des éléphants,
04:46 pour laquelle on a vécu presque un effondrement technique et moral dans la phase de poule,
04:53 et une espèce de sursaut extraordinaire en 8e ?
04:56 C'était un drame absolu, en Côte d'Ivoire.
04:58 Ah, mais complètement.
04:59 Je me souviens de voir des images depuis Paris, les supporters en pleurent, un pays effondré, quoi.
05:05 Comme la canne se joue ici, en Côte d'Ivoire.
05:08 Alors, après, je ne connaissais pas les choix tactiques qui ont été opérés par l'entraîneur Jean-Louis Gasset.
05:13 Je n'ai pas vu les premiers matchs.
05:15 Est-ce que c'est la pression d'accueillir la canne ?
05:19 Oui, il y a un peu de ça.
05:20 Est-ce que c'est la jeunesse de l'équipe ?
05:22 Parce que même Gasset, il faut reconnaître, il n'a pas eu beaucoup de temps pour constituer un groupe.
05:26 Oui. En tout cas, force est de constater que son successeur a trouvé la clé.
05:30 Parce qu'en face, il y avait le Sénégal.
05:32 Mais elle est morale ou elle est technique ?
05:34 Elle est un peu des deux.
05:35 On avait même vu des faillances techniques de Gasset.
05:38 Non, mais je pense qu'elle est un peu des deux.
05:39 Ils ont trouvé une force morale, un esprit de groupe.
05:43 Ils se sont dit, voilà, on est chez nous, on ne peut pas se laisser humilier, comme ça.
05:48 C'est dramatique pour le peuple qui nous soutient.
05:50 Voilà, ils y sont allés.
05:52 Le nouveau coach, qui était un jeune coach, qui était prévu, je crois, pour remplacer Gasset,
05:56 encore une fois, a trouvé les mots, a changé la tactique, a fait appel à d'autres joueurs.
06:01 Et voilà, la mayonnaise a prise, et c'est tant mieux.
06:04 Le Sénégal a été un peu moins sûr de lui aussi, moins dans un grand jour.
06:11 Donc tout ça réuni a fait que la Côte d'Inoir est passée.
06:15 Au terme d'un match, on en reviendra peut-être quelques points tout à l'heure,
06:18 il y a eu quelques situations de jeu assez conflictuelles.
06:22 On va y revenir.
06:23 Le départ de l'entraîneur Jean-Louis Gasset, on sent que ça a agi comme un électrochoc.
06:31 Comme un électrochoc dans cette équipe.
06:33 Il fallait sans doute en faire un, il fallait sans doute prendre des décisions.
06:37 Jean-Louis Gasset, moi je l'ai bien connu en France, il a été longtemps l'entraîneur adjoint
06:42 de Laurent Blanc à la tête de l'équipe de France, au P.E.G., à Bordeaux,
06:47 avec qui il avait obtenu un résultat.
06:49 Il a une très belle carrière.
06:51 C'est un coach qui est reconnu pour ses qualités d'entraîneur, ses choix.
06:55 Il a pas réussi, il a pas réussi, ce sont des choses qui peuvent arriver.
06:59 La Fédération Ivorienne a acté, ils ont compris qu'il fallait prendre une décision au choc
07:04 pour libérer les énergies.
07:07 Déjà, ils se sont qualifiés parce que vous savez, quand votre sort dépend des autres, c'est compliqué.
07:12 C'était le cas.
07:13 Il fallait finir parmi les meilleurs 3e.
07:15 Donc voilà, on s'est joué à peu de choses.
07:18 Et là, maintenant c'est reparti.
07:19 Je crois que c'est une nouvelle compétition qui redémarre.
07:21 Et tout est possible.
07:23 À ce propos des entraîneurs, on constate quand même qu'il y a une présence toujours assez importante
07:29 d'entraîneurs occidentaux dans les équipes africaines.
07:32 Bon, ça ne semble plus forcément l'apanacer.
07:35 Vous avez un point de vue là-dessus ?
07:37 C'est vrai que très souvent, il y avait des entraîneurs français qui réussissaient en Afrique
07:41 et qui étaient moins connus en France, moins cotés.
07:44 Et qui ont commencé à faire de grandes carrières en remportant des titres avec des sélections africaines.
07:49 Je pense à Hervé Renard.
07:50 Hervé Renard, c'est maintenant qu'il est reconnu en France.
07:52 Après avoir très bien réussi.
07:54 Je vous pose une colle.
07:55 En 2006-2007, il est entraîneur d'une équipe nationale en France.
07:59 Il est méconnu de tout le monde, vous savez où ?
08:01 J'arbitre le match.
08:02 Ah bon ?
08:03 Non, à Cherbourg.
08:04 Ça alors.
08:05 Entraîneur de Cherbourg.
08:06 Il était entraîneur de Cherbourg qui jouait en nationale.
08:08 Et j'arbitrais, c'était une de mes dernières saisons, Cherbourg-Clairmont-Ferrand.
08:12 Personne ne le connaissait.
08:13 Et puis il est parti en Afrique comme l'adjoint de Claude Leroy, le sorcier blanc,
08:20 bien connu sur le continent africain.
08:22 Qui a fait une grande carrière d'entraîneur aussi.
08:24 Et là, vous voyez le parcours qui a été le sien.
08:27 Magnifique.
08:28 Il a gagné deux Cannes.
08:30 Il a Zambie et la Côte d'Ivoire.
08:33 C'est pour ça qu'il y a eu un épisode avant.
08:36 Les gens auraient bien voulu qu'il y ait...
08:38 Lui-même était d'accord.
08:39 Il avait l'air d'accord.
08:40 Et je crois que manifestement ça ne s'est pas fait entre la Fédération Française de Football
08:43 et la Fédération Ivoirienne.
08:45 Mais finalement, on se dit que ce n'est pas plus mal parce que
08:47 on a un jeune entraîneur ivoirien qui est profilé pour ça.
08:52 Et ça fonctionne.
08:53 Et c'est tant mieux.
08:55 Oui.
08:56 On constate qu'il y a un bon esprit général dans cette compétition,
09:00 sur les terrains, dans les tribunes.
09:02 Il n'y a pas tellement de contestation pendant et après les matchs.
09:06 Est-ce qu'on peut dire que c'est lié à la qualité de l'arbitrage
09:10 que tout le monde, quand même, a relevé dans cette Canne ?
09:13 D'abord, il faut mettre avant de parler de l'arbitrage,
09:15 évoquer la qualité de l'organisation de la Canne par elle-même.
09:20 D'après les échos que j'ai, je trouve qu'on m'a dit que c'était très bien organisé.
09:23 Les stades sont sympas, les pelouses sont de qualité.
09:26 Ce n'est pas toujours été le cas dans certaines Cannes précédentes.
09:29 C'est bien de le relever parce qu'on a entendu tout avant le début de la compétition.
09:33 Vous l'avez évoqué, c'est vrai.
09:35 Il n'y a pas de violence dans les stades, entre supporters.
09:39 Moi, je me souviens de cette belle image après Sénégal-Côte d'Ivoire
09:44 où un supporter ivoirien prend son mouchoir pour essuyer les larmes
09:49 de son voisin qui était un supporter sénégalais.
09:51 Et c'est beau.
09:52 Vous voyez, il n'y a pas d'animosité, il y a de la couleur, il y a l'ambiance,
09:57 il y a l'émotion dans les stades.
09:59 Et moi, je trouve ça… c'est ça le sport, c'est ça le football.
10:02 En tout cas, les images qui sont véhiculées par cette Canne, elles sont magnifiques.
10:06 Alors ensuite, vous m'interrogez sur l'arbitrage.
10:10 On a très souvent fait le procès de l'arbitrage africain.
10:14 Ce sont clairement les choses.
10:16 Des arbitres qui n'étaient pas au niveau.
10:18 On ne les voyait jamais sur la scène internationale faire des grands matchs.
10:23 Bon, ce qui est faux parce que, petite parenthèse, en 1998,
10:27 lors de la finale de la Coupe du Monde en France à Paris,
10:30 l'arbitre était un marocain, il s'appelait Saïd Belkola.
10:33 Il avait d'ailleurs fait honneur.
10:35 Donc France-Brésil, 1998, finale de la Coupe du Monde, c'est un marocain qui a…
10:39 C'est le premier et le dernier arbitre africain à avoir dirigé une finale de la Coupe du Monde.
10:43 Il avait été remarquable.
10:45 Il avait même expulsé deux saïds.
10:48 Et c'était l'honneur du peuple africain et marocain.
10:52 D'ailleurs, il avait été décoré par le roi Hassan II à son retour au Maroc.
10:56 Ça, c'est une parenthèse que j'ouvre.
10:58 Aujourd'hui, force est de constater, et d'ailleurs j'ai lu dans la presse,
11:01 j'ai écouté un peu les émissions ici ou là,
11:04 que l'arbitrage est reconnu comme étant de qualité pour cette Canne.
11:08 Bien sûr, il y a eu une trentaine de matchs disputés depuis le premier tour.
11:13 Forcément, la polémique est inhérente à la compétition.
11:16 Mais vous, en tant que pro de l'arbitrage, vous reconnaissez que franchement…
11:20 Voilà, je reconnais, j'ai regardé beaucoup de matchs.
11:22 J'ai regardé toutes les huitièmes de finale.
11:24 À part le match entre le Sénégal et la Côte d'Ivoire,
11:27 où l'arbitre gabonais a eu quelques décisions malheureuses,
11:30 pour le reste, j'ai vu des arbitres haut niveau.
11:32 Et pourvu que ça dure.
11:33 Bien sûr, quand c'est là, c'est que ça ne peut que continuer.
11:36 Ça veut dire que l'Afrique prépare mieux ses arbitres,
11:39 forme mieux ses arbitres, prennent de l'assurance.
11:42 Ils seront dans toutes les compétitions.
11:44 Ils le sont.
11:45 Ils le sont.
11:46 Ils le sont déjà dans la Coupe du Monde.
11:47 Je pense que ce serait bien aussi de mettre en place des échanges,
11:50 avec par exemple l'UEFA et ici, à la CAF,
11:54 faire venir des arbitres africains sur des compétitions internationales en Europe.
11:57 Et pareil, faire venir des arbitres européens ici.
12:00 Ça, c'est fait pour que chacun puisse acquérir une expérience.
12:03 Alors, pour revenir justement sur ce match Côte d'Ivoire-Sénégal,
12:07 pas facile quand même pour l'arbitre d'exclure un Sadio Mané,
12:13 au bout de 5 minutes de jeu.
12:15 Ça doit être une décision quand même compliquée à prendre.
12:17 Bien sûr que c'est une décision qui peut être lourde de conséquences,
12:19 parce que vous mettez une équipe à 10 contre 11 pendant plus de 90 minutes.
12:23 Mais en même temps, vous n'arbitrez pas un joueur en fonction de son statut.
12:27 C'est ça.
12:28 Normalement.
12:30 Donc il aurait dû, il faut dire clairement...
12:32 Il aurait dû prendre le carton rouge.
12:34 Voilà, quand on voit les images, d'abord il aurait dû être interpellé par Lavard.
12:39 S'il était allé au bord de la touche visionner l'image,
12:42 sans doute aurait-il changé la couleur de son carton.
12:45 J'en suis sûr.
12:46 Et personne n'aurait rien dit, parce que c'est à la vision des images.
12:49 Les images auraient conforté sa décision.
12:51 Donc il n'aurait pas été contesté.
12:53 Bon, il a pris la décision de mettre un carton jaune.
12:56 Lavard a pris la décision de ne pas l'interpeller,
12:58 manifestement il était d'accord avec lui, et il a traîné ça.
13:00 Ensuite, en second demi-temps, il y a une action litigieuse,
13:03 où le Sénégalais, ça rentre dans la surface.
13:06 Il a pris l'ascendance sur son défenseur, et il est bousculé dans le dos.
13:10 Là aussi, je pense qu'il y avait pénalty.
13:12 Et ensuite, la troisième situation de jeu, c'est le pénalty ivoirien.
13:16 Voilà, où l'ivoirien est sanctionné dans un premier temps d'une simulation.
13:20 Parce que l'arbitre Sif, il estime qu'il y a une simulation.
13:23 Et pourtant il y a un contact, on le voit, entre le gardien et l'attaquant ivoirien.
13:27 Et là, Lavard joue pleinement son rôle.
13:30 Appel l'arbitre, fait annuler le carton jaune,
13:32 et donc, pénalty pour la Côte d'Ivoire.
13:34 Est-ce que vous diriez que Lavard, qui avait ses partisans,
13:38 dont vous d'ailleurs au moment où on en parlait,
13:40 et ses détracteurs, fait preuve, là dans cette compétition, de son utilité ?
13:45 Alors oui et non. Sur le Sénégal-Côte d'Ivoire, non.
13:49 Dans deux actions, et oui sur la troisième.
13:51 Donc c'est pas la panacée non plus ?
13:53 Alors, bien sûr.
13:54 Tout ceux qui pensaient que l'instauration de Lavard allait réduire toutes les polémiques d'arbitrage,
13:58 se sont trompés. Moi je le savais.
14:01 Il y a des situations de jeu, c'est-à-dire que les grosses erreurs,
14:04 je pense dans le passé, pour les footballeurs qui...
14:07 La main de Maradona, elle serait vue.
14:10 La main de Thierry Henry, elle serait vue.
14:13 Le but de la finale de la Coupe du Monde en 1966,
14:16 entre l'Angleterre et l'Allemagne, on ne saura jamais si le deuxième but anglais a franchi ou pas la ligne,
14:21 on le saurait aujourd'hui, avec Lavard ou la "Gold Line" technologie.
14:25 En passant, je crois que la "Gold Line" technologie n'est pas utilisée pour la Cade.
14:29 C'est uniquement Lavard. C'est vrai que c'est des investissements qui sont assez lourds.
14:33 Là aujourd'hui, toutes ces grosses erreurs seraient donc vues et rectifiées.
14:39 On est bien d'accord.
14:40 Mais dans beaucoup de situations de jeu, c'est ni noir ni blanc, c'est gris.
14:47 Il faut bien prendre une décision. Et arbitrer, par définition, c'est interpréter.
14:54 A mon époque, on interprétait en direct une action de jeu,
14:58 avec un peu de recul, c'est-à-dire une ou deux secondes pour prendre une décision,
15:02 et elle était irrémédiable. C'est ça.
15:04 Aujourd'hui, l'arbitre a un parachute, c'est-à-dire qu'il a Lavard qui vient en aide,
15:10 donc il peut prendre son temps, mais en même temps il y a des situations...
15:13 Quand vous montrez des images, elles restent un peu litigieuses.
15:18 Interprétables. Et chacun... Moi je vais me souvenir, par exemple, quand j'étais arbitre,
15:22 on avait des stages régulièrement à Clairefontaine, le centre d'entraînement du football français.
15:26 On travaillait donc avec la direction technique de l'arbitrage sur des scènes de matchs
15:32 qui se passaient dans notre chemin de Ligue 1.
15:34 Et là, Bata ou Vautreau, qui était le patron, nous montrait des images,
15:39 et nous disait "Quelle est votre décision dans pareilles circonstances ?"
15:42 Il n'y avait jamais l'unanimité.
15:44 On n'était pas 10, 10, 20, à lever la main en disant "Penalty".
15:47 Mais non, c'était 50-50.
15:49 Ah oui. Ça veut dire que l'arbitrage...
15:52 On va venir dans la deuxième partie de l'émission sur l'arbitrage,
15:55 mais vous, vous êtes pour un arbitrage humain.
15:57 Et je vous ai même entendu dire que l'erreur fait partie du jeu
16:01 et même qu'elle contribue à la légende du sport.
16:03 Oui.
16:04 C'est quand même surprenant.
16:06 Ben oui. Pourquoi voulez-vous qu'il y ait plus de justice dans le sport qu'ailleurs ?
16:10 Est-ce que vous pensez que cette époque-là, qui cherche une forme de perfection qui n'existe pas,
16:16 on arrive un peu à dénaturer le jeu du football ?
16:18 Complètement. Complètement.
16:20 Moi, je suis attaché à un arbitrage, au foot, à visage humain.
16:26 Il faut laisser de l'humanité.
16:28 Parce que ça crée de l'émotion.
16:30 Vous voyez ? C'est quoi la prochaine étape ?
16:32 On va supprimer l'arbitre ?
16:33 Oui, c'est ça.
16:34 Parce qu'aujourd'hui...
16:35 On met des caméras partout et on enlève rien.
16:37 Tout le monde veut voir tout, tout le monde veut entendre tout ce qui se dit.
16:41 Tout est sous contrôle.
16:42 Aujourd'hui, le premier reproche que je peux faire à la barre,
16:46 c'est que l'arbitre aujourd'hui est totalement déresponsabilisé.
16:50 Vous ne voyez pratiquement plus un arbitre en direct, ou très peu souvent, siffler un pénalty.
16:54 Mais vous pensez vraiment que les arbitres disent "non, je ne vais pas siffler,
16:58 et puis s'il y a quelque chose, on va m'avertir ?"
17:00 Dans certaines situations, je pense que c'est...
17:02 Moi, c'est ce que j'aurais fait aussi.
17:04 Quand je ne suis pas sûr de moi, il y a un contact,
17:07 mais c'est vraiment "il y a faute ou pas, j'ai un doute, laissons jouer,
17:10 ils vont regarder, et ils vont m'appeler quand ils auront bien regardé
17:14 pour me dire s'il y a faute ou pas, et j'irai voir."
17:16 Et tout le monde sera d'accord.
17:18 C'est comme ça que ça se passe.
17:19 Regardez les assistants aujourd'hui.
17:20 Ils ne lèvent plus leur drapeau pour signaler un joueur hors-jeu.
17:24 Ils attendent le terme de l'action, très souvent,
17:26 sauf si le joueur est hors-jeu de 10 mètres,
17:28 "oui, là, c'est trop visible."
17:29 Mais quand c'est Eric Rac, et très souvent, le hors-jeu, c'est Eric Rac,
17:32 est-il sur la même ligne, est-il un peu devant ?
17:36 Aujourd'hui, avec la vidéo, pour juger l'hors-jeu,
17:39 si vous chaussez du 43, vous avez plus de chances d'être hors-jeu
17:43 que si vous chaussiez du 41.
17:45 Vous voyez ? Ça se joue à 1 ou 2 cm.
17:49 Donc ça, ça pose un problème, vous voyez ?
17:51 Donc moi, je pense que, oui, il faut laisser de l'humanité.
17:56 Les plus belles histoires, vous savez, les grosses polémiques
17:59 font partie de la légende du sport.
18:01 Et l'incertitude du sport.
18:03 L'injustice fait partie du sport, et écrivent les grandes histoires.
18:09 Juste pour terminer sur l'avare, et pour les béhossiens comme moi,
18:15 2-3 questions pour comprendre comment on l'utilise.
18:18 Qui la déclenche ? À quel moment elle est utilisée ?
18:21 Alors d'abord, il faut rappeler qu'elle peut être utilisée dans 4 cas.
18:24 Voilà.
18:25 But valable ou non.
18:27 Penalty ou non.
18:31 L'arbitre a un doute, il hésite entre un carton rouge et un carton jaune.
18:35 Donc là, c'est lui qui peut le demander.
18:37 Voilà. Et 4e cas, l'arbitre se trompe sur l'identité d'un joueur.
18:40 C'est-à-dire qu'il a averti ou il a exclu le 5,
18:42 alors que c'est le 4 qui a fait la faute.
18:44 Donc on modifie.
18:45 Penalty, carton rouge, but valable ou non.
18:49 But valable ou pas.
18:50 Et 4e cas, questionnement sur l'identification d'un joueur.
18:54 C'est l'arbitre... Alors à mon avis, ça se passe dans les deux sens.
18:58 Je prends un exemple.
19:00 Ce qui s'est produit lors de Sénégal-Côte d'Ivoire,
19:05 sur la simulation que siffle au départ l'arbitre M. Hachaud-Legabonnet.
19:09 Là, il siffle, il est sûr de son fait.
19:12 Voyez ? Il estime que le joueur a simulé.
19:15 Coup front indirect, carton jaune à l'attaquant.
19:17 Qu'est-ce qui s'est passé derrière ?
19:19 Lui était sûr de lui.
19:20 Il a dû être interpellé par la VAR avant la reprise du jeu,
19:24 en disant "là t'as tout faux,
19:26 je t'invite à aller revoir les images,
19:29 c'est pas ça du tout, il y a faute du gardien".
19:32 Moi j'ai pas vu les échanges, mais à mon avis c'est ce qu'ils ont dû se dire.
19:35 Qu'est-ce qu'a fait l'arbitre ?
19:36 Il est allé voir les images,
19:38 il a annulé le carton jaune à l'attaquant,
19:40 mis un carton jaune au défenseur et siffle les pénaltys.
19:43 Donc ça marche dans les deux sens.
19:45 Un arbitre qui prend une décision, en direct,
19:48 mais face à la réaction des joueurs, il est pris d'un doute.
19:51 Qu'est-ce qu'il fait ?
19:53 Il parle avec son arbitre VAR,
19:55 parce que c'est un dialogue permanent tout le match.
19:58 Il doit lui dire "écoute là j'ai pris cette décision".
20:00 Et que vous, vous n'avez pas, officier, la VAR n'existait pas.
20:03 Nous on arbitrait avec notre père Dieu.
20:06 On avait même pas de quatrième arbitre au départ,
20:09 on était trois, avec notre père Dieu, et puis c'était tout.
20:12 Donc c'est des décisions instantanées.
20:14 Dernière précision, est-ce qu'une des deux équipes peut demander la VAR ?
20:17 Non. Et surtout pas.
20:20 Demander à l'arbitre d'aller voir la VAR,
20:22 réclamer à l'arbitre d'aller voir la VAR,
20:24 est pas cible d'un avertissement.
20:26 C'est seul l'arbitre qui décide.
20:28 Et au final, la décision finale revient toujours à l'arbitre.
20:32 Voilà qui est clair.
20:33 M. Derrien, arbitre, vous l'avez été pendant 17 années,
20:36 de 1991 à 2008.
20:39 Ça vous est venu comment cette envie d'arbitrer ?
20:42 Alors j'ai commencé ma carrière,
20:44 ça c'est la carrière professionnelle que vous évoquez,
20:46 j'ai commencé ma carrière en 1979,
20:48 chez moi en Bretagne, j'habitais Brest.
20:51 Mon frère jouait au football, mon père aussi.
20:54 A l'époque on n'avait pas l'école le jeudi après-midi.
20:57 Et mon frère m'avait demandé d'aller dans les quartiers voisinants
21:00 pour monter des équipes et organiser des tournois interquartiers.
21:03 Et dans le quartier où j'habitais, il y avait un petit terrain de handball
21:05 qu'on avait transformé en terrain de foot.
21:07 Et c'était en 1978, pendant la Coupe du Monde en Argentine.
21:11 Et donc je faisais comme à la télé,
21:13 donc j'organisais et j'arbitrais, il n'y avait pas d'arbitre.
21:16 Donc je mettais les équipes en ligne, je m'étais habillé en noir.
21:19 Et dans mon quartier habitait un arbitre de football officiel.
21:24 Il voyait ça des fenêtres de son appartement, il est descendu.
21:28 Et il m'a dit "C'est bien ce que tu fais,
21:30 tu devrais te présenter à l'examen de jeune arbitre,
21:33 la Ligue de Bretagne de football,
21:35 lancer l'arbitrage des jeunes par les jeunes."
21:37 Et voilà, je suis allé au district de football à Brest,
21:39 j'ai retiré un dossier de candidature.
21:41 J'ai passé mon examen sur les 17 lois du jeu.
21:44 J'ai potassé, vous voyez.
21:46 Et ensuite j'ai été reçu à l'examen théorique.
21:48 Et ensuite j'ai été supervisé, comme on disait à l'époque,
21:51 sur deux matchs de jeunes notés par deux anciens arbitres.
21:55 Et j'ai été nommé jeune arbitre de football officiel.
21:58 Et puis après j'ai commencé à gravir les échelons.
22:01 J'ai arbitré en division d'honneur,
22:03 le plus haut niveau en ligue régionale à 22 ans.
22:06 Et à 25 ans je suis passé arbitre interrégional.
22:10 J'ai arbitré à l'époque les matchs de division 3, division 4,
22:13 donc CFA, CFA2 en France.
22:15 Ligue 2, professionnelle à 26 ans.
22:17 Et Ligue 1 à 31 ans et internationale à 33 ans.
22:21 Voilà, j'ai arbitré au total 28 ans.
22:23 J'ai mis un terme à ma carrière en 2008.
22:27 J'ai commis un livre à la fin de ma carrière
22:31 qui a fait couler un peu d'encre.
22:34 Et depuis maintenant je donne mon avis
22:36 et je réponds aux questions qu'on me pose sur les plateaux.
22:39 Justement, j'en ai une pour vous encore.
22:41 Comment est-ce qu'on devient un bon arbitre ?
22:43 Quelle qualité il faut ?
22:44 Alors, deux ou trois qualités.
22:46 La première, des qualités physiques.
22:48 C'est-à-dire qu'un arbitre est un sportif.
22:51 C'est celui qui court le plus sur le terrain.
22:53 Donc c'est entre 10, 12, 13 km par match.
22:56 C'est-à-dire que ça sous-entend qu'il y a un entraînement intensif tous les jours.
22:59 Nous à Paris, on s'entraînait à Paris tous les jours.
23:01 On avait un préparateur physique.
23:03 Donc du fractionné, du long, voilà.
23:05 Donc, aimer courir.
23:08 Avoir un certain sens du relationnel.
23:12 Voyez ?
23:13 Avoir une forme d'autorité.
23:15 Enfin, avoir un bon arbitre, c'est celui qui exprime aussi son libre arbitre.
23:23 C'est-à-dire doté d'une autorité naturelle pour imposer ses décisions.
23:27 Avoir du courage.
23:29 Ne pas abdiquer aux premiers échecs, aux premières difficultés.
23:34 Moi, j'ai été agressé deux fois dans ma carrière d'arbitre.
23:37 Jeune arbitre en Bretagne.
23:39 Une fois à Guingamp par le père d'un joueur que j'avais expulsé.
23:43 J'avais asséné un coup de tête après le match.
23:45 Et une fois à Brest dans mon club où j'étais arbitre assistant bénévole.
23:48 Et un joueur mécontent du fait que je n'avais pas signalé une faute avec mon drapeau.
23:52 Il m'avait donné un coup de genou dans le ventre.
23:54 Donc voilà.
23:55 Je me souviens quand je suis rentré de Guingamp après ce match.
23:58 - Vous vous reculez, vous avez dit "j'arrête".
24:00 - J'avais 18 ans, ma mère m'a dit "tu arrêtes".
24:02 J'ai dit à un moment "non, je vais continuer parce que si j'arrête, je leur donne raison".
24:05 "Excusez-moi, c'est con".
24:07 - Et j'ai envie de vous poser une question un peu évidente même.
24:12 Mais pour vous, quel est le rôle de l'arbitre sur le terrain ?
24:15 - Le rôle de l'arbitre c'est bien sûr au premier chef de faire respecter la règle.
24:20 - Oui, bien sûr.
24:22 - De sanctionner les comportements.
24:24 Mais aussi d'être un facilitateur de jeu.
24:27 Voyez ?
24:28 De faire en sorte que par ses décisions, l'arbitre participe au spectacle et à la beauté d'un match.
24:35 - A la fluidité.
24:36 - Qu'il s'efface.
24:37 Et qu'il s'efface, qu'on ne le voit pas.
24:39 Qu'il soit là quand il doit être vu.
24:41 Quand le ton monte, quand il y a des conflits.
24:43 Mais qu'il s'efface du spectacle.
24:45 Que par ses décisions, il participe au fait que le jeu puisse se développer.
24:51 - Il y a quelques arbitres qui ne s'effaçaient pas beaucoup, qui étaient même un peu spectaculaires.
24:56 Vous voyez avec qui je veux parler ?
24:57 - Robert Wurz ?
24:58 - Oui.
24:59 - Vous savez ?
25:00 - Lui-même c'était un spectacle.
25:01 - Ah, lui seul ?
25:02 Je vais vous raconter une anecdote.
25:03 Il était arbitre dans les années 70-80.
25:06 Son surnom c'était le Nijinsky du sifflet.
25:09 Et quand il venait, moi j'étais tout jeune, quand il venait arbitrer à Brest,
25:13 qu'il jouait à l'époque en seconde division,
25:15 quand le Télégramme de Brest, le journal local titrait "Arbite M. Wurz",
25:20 je suis certain qu'il y avait des spectateurs au match.
25:24 - Spectateurs qui venaient spécialement ?
25:25 - Rien parce que c'était Wurz.
25:26 Moi une anecdote, je le vois un match à Brest.
25:29 A l'époque, vous savez, le public était proche du terrain, il y avait un grillage.
25:33 Il y a un corner sur la gauche.
25:35 Et là, il voit un gamin qui a un gros sandwich qui dépasse du grillage.
25:39 Vous savez, ce gamin.
25:40 Et là, il fait retarder le corner, il va vers le grillage,
25:43 et il croque dans le sandwich et il repart.
25:46 Vous voyez, et puis ça aujourd'hui...
25:47 - C'est pas possible.
25:48 - Mais il était aimé des joueurs.
25:50 - Ouais.
25:51 - Parce qu'il avait un bon relationnel.
25:52 Vous voyez, c'était un type qui était sympa,
25:55 qui n'était pas dans l'arrogance,
25:57 qui arrivait à faire accepter ses decisions.
25:59 - Mais sa gestuelle, sa présence, c'était...
26:01 - Et voilà, il faisait partie, c'était un spectacle, il faisait un show.
26:04 - C'est ça.
26:05 - Et les médias l'aimaient.
26:06 - Qu'est-ce qui se passe dans la tête d'un arbitre
26:09 quand il a pris sa décision ?
26:11 Vous, Lavar, n'existez pas.
26:13 Comme vous l'avez dit, c'est instantané.
26:15 On prend la décision avec ce qu'on a vu.
26:17 Et puis, c'est pas bon.
26:18 Ou bien vous êtes contesté.
26:20 Qu'est-ce qui se passe à ce moment-là ?
26:21 Il y a un conflit intérieur ?
26:23 - Bien sûr. Dans une carrière d'arbitre, vous avez toujours...
26:25 Moi, pour ce qui me concerne, j'ai deux ou trois casseroles,
26:28 même si je n'ai pas toute la cuisine derrière moi.
26:30 Mais une de mes grosses polémiques...
26:32 - Un match Bordeaux ?
26:34 - J'en suis planté avec deux grosses équipes.
26:35 - Un Bordeaux-Lyon ?
26:36 - Un avant. L'Anse-Marseille.
26:38 - Un L'Anse-Marseille ?
26:39 - Je vais vous raconter l'anecdote.
26:40 C'était un match qui devait se jouer à Marseille.
26:42 Le terrain du Vélodrome était suspendu.
26:44 L'entraîneur de Marseille à l'époque, c'était Roland Courbis.
26:47 Janvier 1999, c'était 16e de finale de la Coupe de l'Elle.
26:50 La Ligue décide de faire jouer le match à l'Anse.
26:53 Et Courbis dit "non, on ne va pas jouer à l'Anse en janvier.
26:56 C'est une terre de pingouins, il fait trop froid."
26:59 En fin de compte, on jouait à Caen, en Normandie.
27:02 Donc, match un peu tendu, par les déclarations des uns et des autres.
27:07 Le match se termine un par tous.
27:09 Donc il fallait un vainqueur, c'est un match de coupe.
27:11 Donc épreuve de tir au but.
27:13 Et là, je choisis le but par le tirage au sort.
27:18 Où il y avait tous les supporters l'Anse d'un côté,
27:21 tous les supporters marseillais côté droit.
27:23 On commence la séance.
27:24 Un à un, deux à deux, trois à trois, quatre à quatre.
27:28 Le cinquième lançois rate.
27:31 Arrive le cinquième marseillais, Eric Roy,
27:34 qui est aujourd'hui l'entraîneur actuel de Brest.
27:36 Le ballon frappe la barre, rebondit,
27:40 intérieur ou extérieur, je ne sais pas, et ressort.
27:44 Je regarde mon assistant,
27:46 parce que sa mission c'est de contrôler la ligne de but.
27:49 Il reste sans réaction, comme ça.
27:51 Varmus qui jouait dans les buts à l'Anse.
27:53 Je lui dis "non, il n'est pas rentré."
27:55 Mon assistant dit "il faut qu'il me le dise,
27:58 il n'y a pas de Var, il n'y a pas de Göttingen."
28:00 On ne valide pas le but.
28:02 Donc vous refusez le but.
28:03 On refuse le but.
28:04 Donc on reste à quatre à quatre.
28:06 Le sixième lançois arrive, il marque.
28:09 Et là, je vois une effervescence près des bancs,
28:11 loin, avec Orbis, les bras au ciel.
28:13 Dans mon fort intérieur, je suis pris d'un doute.
28:15 Je sais que je suis pris d'un doute.
28:17 J'espère que le Marseillais va marquer.
28:20 Que derrière, ils vont se qualifier.
28:22 Parce que si j'ai refusé le but d'Henri Grouin, on est mal.
28:25 Et comme on n'avait pas de chance, jusqu'au bout,
28:27 Camara qui joue à Marseille frappe.
28:29 Un mètre au-dessus.
28:30 L'Anse gagne 5 mètres.
28:32 Mais est-ce que le but que vous avez refusé était valable ?
28:34 Le ballon est franchi la ligne d'un mètre.
28:36 Et vous ne l'avez pas vu ?
28:37 Je ne l'ai pas vu.
28:38 Donc vous avez fait caler Marseille.
28:42 Par notre décision, on a éliminé le Web.
28:45 On rentre en vestiaire.
28:46 Je me souviens, je croise Dugarry, Laurent Blanc, très correct.
28:49 Et Dugarry me dit "vous allez voir les images, c'est un scandale".
28:52 Je rentre en vestiaire, je prends mon portable.
28:54 Le premier portable à l'époque.
28:55 Je m'isole, j'appelle mon père.
28:57 Je lui dis "alors papa, bon courage, tu verras les images, le ballon est franchi la ligne".
29:03 Bon, début des emmerdes, excusez-moi.
29:05 Donc médiatisation, les médias reparlaient de la vidéo.
29:10 Et puis derrière, j'ai même été suspendu un mois.
29:12 Ah, on vous a suspendu, il y a des conséquences.
29:14 Bien sûr, il y a des conséquences sportives.
29:16 Et tenez-vous bien, ça c'était un match de dimanche soir.
29:18 Le lundi matin, je prends ma voiture pour aller en Bretagne, à Quiberon.
29:23 Je rejoins tous mes collègues arbitres qui étaient en stage en janvier, toujours en Thalasso.
29:28 Et devinez sur qui je tombe dans le hall de l'hôtel ?
29:31 Le président du club.
29:33 Bernard Tapie.
29:34 Bernard Tapie.
29:35 Qui n'était plus président, qui n'avait plus de fonction à l'époque.
29:37 Qui était à titre personnel là-bas en Thalasso.
29:39 Quand il me voit, il avait vu le match hier, il vient vers moi, il me tape dans le dos gentiment.
29:43 Et il me dit "derrière, c'est pas un stage de Thalasso dont tu as besoin".
29:47 C'est un stage d'Oftelmo qu'il dit.
29:49 [Rires]
29:51 Effectivement.
29:52 On s'est revus dans la semaine et il m'a refait l'analyse de mon match.
29:56 Il avait raison.
29:58 Quand on est arbitre, il doit y avoir des décisions qui sont difficiles à prendre quand on connaît leurs conséquences aussi.
30:07 Est-ce qu'il peut y avoir une hésitation là-dessus ?
30:09 Oui, mais on n'a pas hésité.
30:11 Voilà, c'est ça le problème.
30:12 C'est là où il y a la force de caractère.
30:14 C'est-à-dire qu'un arbitre doit être doté d'une forte personnalité.
30:17 Vous voyez, quand vous arbitrez des stars, d'ailleurs je le rappelais, on n'arbitre pas un joueur en fonction de son statut.
30:23 Mais ça peut faire hésiter.
30:25 Mais ça reste des hommes les arbitres.
30:27 C'est ça.
30:28 Nous sommes des hommes.
30:29 Voilà.
30:30 Mais par contre, il faut avoir une certaine force morale, mentale, pour prendre ses décisions.
30:35 Et résister à la pression, à la fois des joueurs, des médias et du public.
30:41 C'est ça la force d'un arbitre.
30:42 Sa résistance morale à tous ces phénomènes.
30:45 À prendre ses décisions en son âme et conscience.
30:48 Alors vous avez aussi plein de beaux souvenirs dont un quand même que j'aimerais évoquer, c'est...
30:53 Vous n'étiez plus en activité, mais on vous a demandé d'arbitrer un match de gala en 2018.
30:58 Oui.
30:59 Un match entre l'équipe de France qui avait gagné la Coupe du Monde 20 ans avant en 1998, et une sélection de stars mondiales.
31:08 Ça, ça devait être un drôle de kiff, non ?
31:10 Pour tout vous dire, je n'ai pas eu la chance d'avoir un dernier match quand j'ai fini ma carrière d'arbitre.
31:15 Parce que ce n'est pas très bien terminé.
31:17 Et très souvent, l'arbitre choisit son dernier match où il invite sa famille, ses amis.
31:21 Bon là, moi j'ai arbitré mon dernier match à Gueugnon contre Bastia, sans savoir que c'était mon dernier match.
31:27 Et j'avais vu ce match se profiler.
31:30 Et je m'étais dit que je serais tellement heureux et ravi de pouvoir arbitrer 10 ans après la fin de ma carrière ce match.
31:36 Et par mes connaissances et mes contacts, j'ai réussi à faire en sorte que je sois l'arbitre.
31:42 Mais je n'étais pas désigné par la Fédération Française de Football, c'est par mes contacts personnels.
31:48 Et j'ai failli ne pas le faire parce qu'au dernier moment, il y avait trois femmes qui arbitraient avec moi ce match-là.
31:55 Il avait été évoqué, parce que les organisateurs avaient un contrat avec une marque,
32:00 qu'à un moment donné, trois femmes fassent 10 minutes du match.
32:03 Et la Fédération ne voyant pas de demande d'arbitre arrivée, avait dit "mais qui arbitre ce match-là ?"
32:09 parce que nous n'avons pas été sollicités pour désigner les arbitres.
32:11 Et comme mon nom a été évoqué, ça a un peu grincé.
32:14 Mais bref, j'ai fait le match, j'avais trois femmes arbitres à mes côtés,
32:19 et ça restera un souvenir impérissable.
32:22 Retrouver ces anciens qui nous ont fait rêver, moi j'ai adoré.
32:26 En 1998, j'ai eu la chance de participer à beaucoup de matchs, parce que j'ai travaillé entreprise qui parrainait la Coupe du Monde.
32:33 On peut dire que c'est la poste.
32:35 C'est la poste, bien sûr.
32:36 Et en face, il y avait donc une sélection de grands joueurs.
32:40 Ce n'était pas France-Brésil, parce qu'en 2008, il y avait eu déjà le 10e anniversaire,
32:44 et en 2018, vous l'avez rappelé, il y avait le 20e.
32:48 Et en face, il y avait aussi Usain Bolt qui jouait dans la sélection.
32:52 Usain Bolt, pour ceux qui ne connaissent pas, c'était le champion du monde du 100 mètres.
32:56 Voilà, le Jamaïcain.
32:57 Le Jamaïcain, l'homme le plus rapide du monde.
32:59 Et qui a voulu se reconvertir dans le foot.
33:01 Je crois qu'il a joué même en Australie un petit peu.
33:04 Il était dans cette équipe internationale.
33:06 J'avais repris, parce que depuis que j'ai arrêté ma carrière d'arbitre, je cours un peu moins,
33:11 je fais un peu moins de sport et je mange un peu plus.
33:13 Je m'étais dit, trois, quatre mois avant, je vais reprendre le chemin d'entraînement,
33:17 comme je savais que c'était un match qui était retransmis sur TF1,
33:19 il faut essayer de donner une image un peu digne et sportive de soi.
33:23 Et voir Usain Bolt, j'ai encore une anecdote, je le vois, il était élu droit,
33:28 déborder, courir, je me suis mis à courir derrière lui.
33:31 Il m'a mis sur 50 mètres, il m'en a mis 20.
33:34 J'ai cette image extraordinaire que j'ai couru derrière Usain Bolt.
33:38 Et ça, il n'y en a pas beaucoup.
33:39 Et ça, ça restera un souvenir impérissable.
33:41 C'était un match à Nanterre, c'était plein, plein d'émotions.
33:45 Je me souviens de la causerie d'avant-match de Jemmé Jacquet,
33:48 qui avait participé 20 ans après.
33:50 Il savait retrouver les mots pour motiver son équipe.
33:53 Il savait, les joueurs, que peut-être c'était le dernier match,
33:55 qu'ils allaient jouer tous ensemble, dans un stade plein.
33:58 Il y avait tellement d'émotions à les voir se retrouver.
34:00 C'est ça.
34:01 Qu'est-ce qu'il faut instaurer comme type de relation avec les joueurs,
34:05 avec les staffs, pour se faire respecter sur le terrain ?
34:08 La politesse ?
34:10 Bien sûr.
34:11 D'abord, malheureusement, on a beaucoup moins de contact avec les équipes,
34:15 les joueurs, qu'avant.
34:17 Il y a 20 ans, on pouvait se retrouver dans les mêmes avions, les mêmes trains,
34:20 dans les déplacements.
34:21 Donc il y avait des relations qui s'instauraient, sympas.
34:25 Aujourd'hui, les rapports sont limités avec les équipes.
34:28 Vous les voyez avant le match, encore vous voyez le camionnage.
34:32 Mais sur le terrain, qu'est-ce qu'il faut faire pour imposer son autorité ?
34:36 C'est naturel ?
34:37 Alors, sur le terrain, ce qu'il faut faire d'abord,
34:40 l'arbitre doit toujours avoir un discours respectueux.
34:44 Donc vous voyez les joueurs et aussi imposer le vouvoiement.
34:48 Trouver les mots, le regard.
34:51 On a souvent fait le reproche aux arbitres français d'être un peu arrogant.
34:55 Vous voyez ?
34:56 Le regard des troupes.
34:57 Cassant, circuler.
35:00 Nous sommes arbitres, donc par définition, nous avons raison, c'est nous les patrons.
35:03 Non, moi, ce n'est pas ma conception de l'arbitrage.
35:07 Voilà, il faut être détendu, un petit geste, un sourire.
35:12 Je me souviens d'une anecdote.
35:15 Un joueur qui s'appelait Cyril Roll, qui jouait en France,
35:18 qui était un joueur qui était très hargneux sur le terrain.
35:22 Et très souvent, il y avait des stratégies élaborées par les équipes adverses
35:26 pour le faire déraper.
35:27 Sortir de ses gonds.
35:28 Sortir de ses gonds pour qu'il arbitre et expulse.
35:30 Et c'est à Nice-Sedan que j'arbitre.
35:33 Et pareil, c'est un match de Coupe de la Ligue,
35:35 et là, pareil, les Sedanais, on sent qu'ils font tout pour qu'il disjoncte.
35:39 Et j'ai instauré avec lui, avec Roll, tout le match.
35:42 Je lui ai dit, écoutez, Monsieur Roll, je suis là, ne disjonctez pas, ne répondez pas.
35:47 Vous êtes bien dans votre match, vous êtes assez bon, vous êtes bon ce soir.
35:51 Votre équipe a besoin de vous.
35:53 Voilà, ne répondez pas.
35:54 Vous l'avez réconforté, déjà.
35:56 Quand je le vois arriver, je ne lui dis pas de fautes, calmez-vous, attention.
36:00 Voilà, j'ai réussi à nouer avec lui une relation pendant tout le match.
36:04 Nice a gagné, logiquement.
36:06 Et à la fin du match, il vient vers moi, il me tend la main, il me dit,
36:09 merci Monsieur l'arbitre, grâce à vous j'ai fini le match.
36:11 Non pas que j'avais été laxiste, il enlève son maillot et me le remet.
36:14 Ah oui.
36:15 Mais ça c'est un bon souvenir, vous voyez.
36:17 Bien sûr.
36:18 Parce que j'avais réussi à instaurer avec lui une relation de confiance,
36:20 et j'avais dit aux Sedanais, attention, je ne rentrerai pas dans votre jeu.
36:23 J'ai bien compris.
36:24 C'est ça.
36:25 Donc, vivre un grand match, parce que peut-être l'enjeu est d'importance,
36:30 ou bien le cours du jeu est spectaculaire,
36:32 ou bien il n'y a que des stars qui sont sur le terrain,
36:35 c'est forcément un moment particulier pour l'arbitre de terrain.
36:39 Ah oui.
36:40 Il y a un slogan, un partenaire des arbitres avant la pause,
36:43 qui disait, nous n'avons pas le même maillot, mais nous avons la même passion.
36:46 C'est ça.
36:47 Ça veut tout dire.
36:48 Et ça veut tout dire.
36:49 Moi j'ai vécu, d'abord j'étais un piètre footballeur,
36:51 j'étais un basketteur, jeune basketteur, avant d'avenir arbitre de foot,
36:55 et j'ai vécu des émotions par le football.
36:58 La preuve, regardez, je suis avec vous aujourd'hui en Côte d'Ivoire,
37:01 je découvre un pays, c'est le football qui m'amène ici.
37:04 C'est ça.
37:05 Le football m'a fait découvrir le monde entier,
37:08 je n'y serais jamais allé.
37:10 Il m'a fait vivre des émotions exceptionnelles.
37:13 Et d'ailleurs, la fin d'une carrière d'arbitre de football de haut niveau,
37:17 comme la fin d'une carrière de sportif, c'est aussi des fois une petite mort en soi.
37:21 Bien sûr.
37:22 Parce qu'il y a une forme d'addiction, à la foule, au stress,
37:26 vous existez, vous voyagez, vous faites des rencontres,
37:31 vous êtes au cœur d'émotions.
37:33 Bien sûr.
37:34 C'est des moments humainement difficiles.
37:37 Alors, certes, j'ai passé le seul quart d'heure sur les terrains, mais au final...
37:40 Est-ce qu'il y a des gens que vous avez craint d'arbitrer,
37:44 des joueurs que vous dites "mon Dieu, celui-là".
37:46 Non, il y avait des joueurs qui avaient de forts tempéraments,
37:49 de fortes personnalités, on les connaissait,
37:52 donc on se préparait en fonction.
37:55 Mais j'avais jamais eu peur, j'ai jamais ressenti de la crainte, de la peur,
37:59 avant d'aller sur un terrain.
38:00 Parce que le jour où vous avez peur, il faut arrêter.
38:03 Ça doit rester avant tout un plaisir, une passion.
38:06 Quelles sont les phases de jeu les plus difficiles à juger ?
38:09 Hors-jeu.
38:10 Alors, le hors-jeu, pour les assistants.
38:12 Le hors-jeu, c'est...
38:13 Moi j'ai des assistants.
38:14 Non, mais même pour l'arbitre.
38:15 Oui, mais l'arbitre ne juge pas.
38:16 Le hors-jeu, c'est l'assistant.
38:17 Vraiment ?
38:18 Ah ben oui.
38:19 Il se repose sur son assistant.
38:20 Ah ben oui, c'est lui qui a le mieux placé.
38:21 L'assistant est toujours...
38:22 Sur la ligne.
38:23 ...aligné à hauteur de l'avant-dernier défenseur.
38:25 Le dernier défenseur étant le gardien.
38:27 Donc il doit être toujours aligné sur l'avant-dernier défenseur.
38:30 Donc il est toujours en mouvement l'arbitre d'assistant.
38:32 Donc vous vous reposez entièrement sur lui.
38:34 Ah ben oui, parce que nous dans l'axe, on ne peut pas savoir.
38:36 Déjà quand vous êtes sur la ligne, c'est difficile à voir.
38:39 Imaginez dans l'axe, vous n'êtes pas du tout...
38:41 Votre placement n'est pas du tout adapté pour juger le hors-jeu.
38:45 Maintenant, la vare vient au secours des assistants.
38:48 Donc juger le hors-jeu...
38:49 D'ailleurs, je me souviens très bien, tous les deux ans,
38:52 quand j'étais arbitre, on avait une visite obligatoire
38:54 chez l'Oftalbo.
38:58 Et il me disait, mon Oftalbo, qui met le foot, il me dit
39:02 "Je ne sais pas comment ils font vos collègues pour juger le hors-jeu,
39:04 parce que c'est injugéable.
39:05 Médicalement, c'est injugéable.
39:06 Il faut avoir, vous savez, un strabisme divergent.
39:09 Il faut avoir à la fois un oeil, l'oeil gauche sur le ballon,
39:12 et l'oeil droit à hauteur de l'avant-dernier défenseur.
39:16 Donc c'est-à-dire que vous devez regarder comme ça.
39:18 C'est impossible.
39:19 Médicalement, il me dit c'est impossible.
39:20 Ou alors vous devez avoir un superbe strabisme.
39:22 Est-ce qu'il peut arriver de rire sur le terrain ?
39:24 Ah oui.
39:25 Vous vous êtes piqué des fous rires ou bien des échanges ?
39:29 On peut un peu aussi chambrer.
39:31 Des fois on se fait chambrer, on peut chambrer, avoir des joueurs.
39:33 Moi j'ai une anecdote par exemple avec un joueur à Auxerre.
39:37 Le ballon sort en corner et il part dans la tribune.
39:42 Et il y a un joueur d'Auxerre qui m'emmerdait un peu pendant le match,
39:45 qui était un peu nerveux.
39:46 Il arrive vers moi avec un grand sourire.
39:48 C'est mon frère qui partit avec le ballon.
39:51 Parce que le ballon était parti dans la tribune et le ballon ne revenait pas.
39:53 C'est mon frère qui partit avec le ballon.
39:55 Je le regarde et devant tout le monde je me dis
39:57 "Il y en aura moins dans la famille qui l'aura touché ce soir."
40:00 Il m'a regardé, ça fait rire tout le monde, les adversaires.
40:04 Hop, il s'est calmé.
40:06 Tu vois, une touche d'humour comme ça.
40:08 Diriez-vous depuis que vous avez raccroché votre sifflet en 1998
40:13 que l'image des arbitres s'est plutôt améliorée ou plutôt détériorée ?
40:19 En France, on a eu une période difficile.
40:22 Je ne sais pas si vous parlez de la France.
40:24 Non, en général.
40:26 Non, l'image de l'arbitre a toujours été la même.
40:29 Vous savez, l'arbitre, et c'est propre sur tous les continents, dans tous les pays,
40:36 on perd toujours par la faute des autres et on gagne toujours sur ses propres mérites.
40:42 Donc, quand on perd, on l'a vu ici encore sur la canne,
40:47 il y a toujours l'arbitre qui est mis en avant.
40:50 On a perdu parce que l'arbitre a chevalié son camp.
40:52 On a perdu parce qu'on voulait qu'on nous fasse perdre.
40:55 Ça, ça a toujours été comme ça, oui.
40:57 Et dans 10 ans, dans 15 ans, ça sera toujours la même chose.
41:00 Toujours trouver un coupable, ça évite des propres autocratiques.
41:05 Votre dernier sifflet, vous l'avez gardé ?
41:08 Oui, je l'ai gardé parce qu'il m'arrive encore d'arbitrer quelques matchs caritatifs,
41:14 quelques matchs amicaux.
41:15 Je suis l'arbitre des Black Stars en France.
41:17 Ils ont fait des tournées, on joue des matchs pour des oeuvres caritatives.
41:21 Donc, j'arbitre encore avec, je fais 3 ou 4 matchs par saison.
41:25 Et on a des tournées ici ou là, et c'est sympa de retrouver des anciens pros
41:30 avec qui j'ai arbitré il y a 10 ans, 15 ans, 20 ans, et on se retrouve des années après.
41:36 Même si des fois, il y a 10, 15 ans, on n'a plus pu s'engueuler sur un terrain,
41:39 et bien là, on est heureux de se retrouver et on vit des bons moments.
41:43 Merci à vous, merci Bruno Derien d'être venu dans ce studio pour partager votre passion du foot
41:49 qui vous a emmené en Côte d'Ivoire.
41:51 Et quelque chose me dit à la couleur de votre veste que vous avez fait votre choix.
41:55 Oui, pour tout vous dire, j'ai des attaches aussi avec la Côte d'Ivoire personnelle,
42:01 et j'aime bien l'orange, et voilà.
42:03 Donc, je souhaite le meilleur aux éléphants.
42:07 Merci beaucoup, merci de votre attention, à la prochaine fois.
42:10 [Musique]
42:22 [Sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org]

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