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00:00 Avocat d'affaires, il est un acteur des stratégies internationales d'investissement sur le continent africain.
00:07 Il organise le premier forum repas à Abidjan ce mois de juin 2023.
00:12 Maître Pierre Djemis est l'invité de droit dans les yeux.
00:15 Maître Djemis, bonjour.
00:29 Bonjour.
00:30 Merci beaucoup d'avoir accepté l'invitation de cette info.
00:34 Vous êtes juriste spécialisé dans le droit des affaires internationales.
00:38 Vous organisez du 15 au 17 juin prochain le forum repas, dont cette info est le partenaire Média.
00:46 D'abord, d'où vient ce drôle de nom forum repas ?
00:49 Écoutez, le terme forum repas vient d'un retour à la patrie.
00:54 C'est le contraire de l'expatriation.
00:57 Donc, repas, un retour à la patrie et retour à la mère patrie, l'Afrique et en particulier la Côte d'Ivoire.
01:03 Donc, ça évoque les Africains et en particulier les Ivoiriens.
01:07 Tout à fait.
01:08 Qui ont fait une partie de leur vie à l'extérieur du pays et qui ont tendance à revenir.
01:14 C'est exactement ça.
01:15 Ça va même au-delà des Ivoiriens.
01:17 C'est la diaspora africaine de toutes ces personnes qui ont quitté l'Afrique
01:22 ou même d'ailleurs les afro-descendants qui ont un lien avec l'Afrique et qui se disent
01:27 que c'est le moment de profiter de collager l'Afrique et de retourner à la patrie pour contribuer au développement
01:33 de la mère patrie, de l'Afrique et en particulier de la Côte d'Ivoire.
01:36 Cette initiative part d'un constat qui semble pourtant évident, mais on ne sait pas trop quoi en faire.
01:43 C'est que les flux financiers en Afrique, en provenance des expatriés africains, sont très importants
01:50 mais pas toujours orientés vers le développement du continent.
01:53 Vous avez entièrement raison.
01:54 Les flux financiers sont à hauteur de 48 milliards de dollars chaque année faits par la diaspora africaine vers l'Afrique.
02:01 Et ces flux financiers sont orientés en général vers la consommation familiale,
02:06 l'aide à la famille, la santé ou parfois l'accès à propriété.
02:11 C'est-à-dire pour des besoins privés, familiaux.
02:13 Des besoins privés, familiaux.
02:14 Et très peu pour un investissement direct dans les communes réelles d'un pays.
02:18 Donc nous avons décidé avec ce Forum RIPA de dire comment orienter ces flux financiers vers une économie réelle.
02:24 Parce qu'il y a un vrai besoin d'avoir cette captation de ces flux financiers
02:29 qui reprendent quatre fois l'aide au développement.
02:31 Qui représentent quatre fois l'aide au développement.
02:33 En Afrique, quatre fois l'aide au développement.
02:35 Donc c'est de l'argent d'Africains pour les Africains que vous voulez essayer de capter et d'orienter vers ?
02:41 L'économie réelle.
02:42 L'économie.
02:43 C'est un vrai besoin.
02:44 Et en plus vous savez 10% du PIB au Sénégal vient de ce transfert d'argent des esporades sénégalaises.
02:54 Nous avons vu aussi au Mali.
02:56 Vous voyez au Mali comment cette espora malienne arrive à construire des dispensaires,
03:02 à construire des hôpitaux, des écoles.
03:04 Et même remodifier la vision d'un village, d'une cité.
03:13 Et c'est grâce à l'espora malienne.
03:15 Qu'est-ce qui vous fait penser qu'une stratégie d'investissement en Côte d'Ivoire basée sur la diaspora
03:20 peut être une stratégie gagnante ?
03:22 Écoutez, nous ne sommes pas des rêveurs.
03:25 Nous sommes juste des pragmatiques.
03:26 Nous regardons un petit peu comment a pu se réaliser cet un pays.
03:31 Prenons l'Inde.
03:32 Vous dites que l'Inde et l'Israël ont réussi ce pari.
03:35 Tout à fait, l'Inde et l'Israël ont réussi ce pari.
03:37 Entre 1951 et 2017, nous avons eu quand même 57 milliards de dollars
03:45 que l'Israël a réussi à capter par sa diaspora.
03:49 Nous avons 12 milliards de dollars que l'Inde a réussi entre 1951 et 2017
03:54 à capter par cette diaspora indienne.
03:56 Donc il y a un vrai pari, il y a un vrai enjeu sur la captation des flux financiers de la diaspora africaine
04:03 en Afrique, malorientant et en plus en sécurisant l'investissement.
04:07 Je vous donne un cas concret.
04:09 Le Nigeria, en 2017, a réussi à lever 300 millions de dollars indonés par une diaspora bonhomme.
04:17 Donc vous voyez, diaspora bonhomme.
04:19 C'est-à-dire une levée de fonds destinée à sa diaspora.
04:25 Une levée de fonds destinée à sa diaspora par un emprunt obligataire.
04:28 Donc ce qui veut dire que l'État, qui a des besoins financiers d'investissement dans les routes, dans les écoles, etc.,
04:34 a décidé à un moment donné de lever un emprunt obligataire auprès des diasporas.
04:39 Et cette diaspora l'a fait non pas uniquement pour des raisons économiques ou financières, de rentabilité,
04:45 mais elle l'a fait aussi sur le côté patriotique.
04:47 Donc il y a aussi cette volonté de la diaspora africaine de se sentir acteur du développement de leur continent et de leur péri.
04:53 On va voir tout à l'heure comment vous pensez vous y prendre pour essayer de réaliser ce routage ou cette captation de ces flux financiers.
05:02 Mais est-ce que vous espérez, à travers ce forum, profiter du mouvement de retour au pays d'un nombre de plus importants membres de la diaspora ivoirienne ?
05:12 Tout à fait.
05:13 En ce moment, ce mouvement a été aussi, je dirais, lancé par l'appel du président de la République.
05:21 Rappelez-vous l'appel du président de la République, je crois que c'était le 16 mai 2011 à Paris.
05:28 Au tout début de son premier mandat.
05:30 Qui disait, un appel fort, solennel, revenez en Afrique, profitez de la Côte d'Ivoire, tout y est,
05:36 pour que vous puissiez apporter votre savoir, votre expertise pour le décollage de la Côte d'Ivoire.
05:42 Un appel solennel.
05:43 Donc je pense que derrière cet appel solennel du président, bien qu'il se rende compte que la diaspora est aussi une source, je dirais, de développement,
05:52 un acteur de développement de la Côte d'Ivoire, nous avons décidé de répondre à cet appel et d'être pragmatiques,
05:58 de dire, écoutez, il nous faut une plateforme, un événement qui accueille ces diasporas,
06:03 qui les accompagne et qui les montre où il faut investir et avec qui il faut investir.
06:09 En dehors de leur capacité financière, quels atouts, à votre avis, ont les expatriés pour un pays comme le nôtre ?
06:17 Alors moi je ne vous dirais pas expatrié, je reviens tout sur le thème, je dirais, les ripates ou la diaspora.
06:23 Quels atouts ?
06:24 Alors la première chose, c'est que nous avons des PME.
06:27 80% du circuit économique de la Côte d'Ivoire est représenté par les PME.
06:35 Les PME sont confrontés à des obstacles, axés à des financements, axés à des débouchés commerciaux,
06:40 axés aussi parfois à des ressources humaines de qualité et axés aussi à de l'information.
06:45 Cette diaspora, en toute humilité, parce que je ne veux pas que nous puissions penser que cette diaspora vient avec un terrain conquis,
06:52 qui sont les savoirs-faire, les savoirs-être, mais il faut avant tout une diaspora humble,
06:56 une diaspora qui doit venir aussi apporter son savoir, mais qui doit aussi profiter du savoir local de ces deux personnes.
07:03 Je dirais que c'est un mariage de compétences.
07:05 Alors l'atout, avant tout, de la diaspora, c'est l'ouverture vers le monde.
07:09 Donc une ouverture vers le monde que nous n'aurons pas.
07:11 C'est aussi accès à des financements que nous n'aurons pas, moins chers, peu coûteux.
07:17 Et cette diaspora peut apporter de l'argent, nous savoir-faire, des débouchés commerciaux, des PME locales,
07:22 pour en faire ce qu'on appelle des capitaines, des grands capitaines d'esprit,
07:26 des grands capitaines, je dirais, des CPME qui vont devenir les champions nationaux,
07:32 selon, je dirais, la politique du gouvernement du président Ouattara.
07:35 D'ailleurs, la Côte d'Ivoire et notamment le CPCI, le ministère des Affaires étrangères,
07:40 ont mis en place des mesures concrètes pour accompagner ces membres de la diaspora
07:45 qui veulent rentrer pour entreprendre.
07:47 Ecoutez, Madame la ministre d'État, Madame Kandjakamara, a eu à décider, avec le président,
07:54 suite au président, a décidé de faire quand même une direction générale de la diaspora.
07:58 Donc nous avons un ministère, un ministère des Affaires étrangères,
08:01 une intégration africaine et la diaspora, avec une direction générale.
08:05 Ce que je veux dire, c'est que cette volonté du président Ouattara et du gouvernement,
08:08 c'est d'une part de répondre et de mettre sur place des dispositifs pour la diaspora,
08:13 y compris pour le CPCI.
08:14 Donc cette diaspora, je dirais, est importante pour ce gouvernement.
08:18 Nous, acteurs privés, nous pensons aussi que cette diaspora peut être importante
08:21 pour les opérateurs économiques ivoiriens en Côte d'Ivoire pour développer leurs économies.
08:28 Le forum Repat est organisé sous l'égide du ministère des Affaires étrangères
08:33 et en partenariat avec la Chambre de commerce et d'industrie de Côte d'Ivoire.
08:37 Que vont apporter ces appuis institutionnels, à votre avis ?
08:43 Ecoutez, ces appuis institutionnels, d'une part, pour moi, c'est avant tout une reconnaissance.
08:49 Une reconnaissance du fait que nous avons la même vision.
08:52 J'aime beaucoup ce projet de partenariat public-privé,
08:56 où la vision des acteurs publics, c'est de nous encadrer,
09:01 de donner la vision générale, de permettre d'une part qu'il y ait des règles
09:04 et que l'acteur privé profite de cette vision du gouvernement et du président Ouattara
09:08 pour pouvoir, je dirais, accompagner cette vision de manière pragmatique.
09:12 Donc cet appui institutionnel, c'est uniquement, je dirais, de nous accompagner,
09:18 nous, acteurs privés, sous l'édoulement, je dirais, de la Côte d'Ivoire
09:24 et surtout de permettre à ces explorateurs, ceux-ci, bah tiens,
09:27 c'est sécurisé, c'est un appui institutionnel,
09:31 ils partagent, je dirais, un cadre juridique institutionnel, une institution,
09:34 et ils partagent cette vision du président et voilà.
09:37 Alors, pour le ministère des Affaires étrangères, on voit bien,
09:39 parce que c'est lui qui est en charge de la politique de la Côte d'Ivoire
09:42 à l'égard de sa diaspora, la Chambre de Commerce et de l'Industrie est votre partenaire.
09:46 Tout à fait.
09:47 Qu'est-ce qu'elle fait dans le dispositif ?
09:49 La Chambre de Commerce et de l'Industrie a pour rôle, d'une part, de nous identifier des PME,
09:54 des PME qui ont des besoins, des besoins d'accès à des financements,
09:57 des besoins d'accès à des débouchés commerciaux, des besoins aussi à des ressources humaines,
10:01 et ces PME aussi ont se dit, bah tiens, on pourrait bénéficier
10:06 de ce qu'on appelle des financements athénatifs.
10:09 Comment, je dirais, avoir accès à des crédits, avoir accès, je dirais, à des investissements,
10:16 avoir accès peut-être à des crédits fournisseurs, avoir accès à de l'argent peu cher,
10:20 et cette diaspora peut être des sources de solutions pragmatiques.
10:23 Ce forum s'appelle le Forum Repat et on a parlé largement de la diaspora,
10:29 mais il ne concerne pas uniquement la diaspora.
10:31 Vous voulez attirer à travers cette organisation de nouveaux types d'investisseurs,
10:36 notamment internationaux, notamment des nouveaux pays qui pourraient s'intéresser à la Côte d'Ivoire.
10:41 Lesquels en particulier ?
10:43 Écoutez, si vous me permettez de vous rappeler, je dirais, mon petit passé professionnel, c'est que…
10:53 On y viendra, on y viendra.
10:55 Vous êtes quelqu'un qui s'est intéressé très tôt à l'Asie.
11:02 Tout à fait.
11:03 On va y revenir.
11:04 Et là, vous, vous voyez l'arrivée de nouveaux investisseurs asiatiques.
11:09 Tout à fait. Écoutez, je persévère sur l'Asie et j'ai voulu, avec le ministère de l'Intérieur étranger
11:16 et l'ambassade de Côte d'Ivoire au Japon, je profite pour remercier l'ambassade de la Roya,
11:20 de prendre la tâche avec des pays, des pays asiatiques tels que l'Indonésie.
11:25 200 millions d'habitants, 16e puissance économique mondiale, premier pays musulman.
11:33 Et cette coopération…
11:34 Le plus grand pays musulman au monde.
11:36 Le plus grand pays musulman au monde.
11:37 Et cette coopération que nous voulons lancer, selon la vision du président Ouattara,
11:40 car le président Ouattara a vraiment cette vision de relancer, de lancer,
11:45 de construire une coopération Indonésie-Côte d'Ivoire.
11:47 Nous avons commencé à prendre des attaches avec le ministère de l'Intérieur étranger de l'Indonésie,
11:51 pas le biais du ministère de l'Intérieur étranger de Côte d'Ivoire,
11:53 pour consolider une coopération économique, privée avec les acteurs.
11:57 Donc des attaches d'État à État pour attirer des investisseurs.
12:01 Et ça, c'est dès cette année ou ce sera…
12:03 Ce sera la prochaine édition, je dirais 2024, où nous sommes en train de travailler
12:09 pour que ces grands investisseurs indonésiens puissent venir à la prochaine édition du Forum RIPAD en Côte d'Ivoire.
12:15 Ça veut dire que dans ce cas, vous prenez le terme de RIPAD dans une acception un peu plus large
12:21 que purement les individus nationaux travaillant à l'étranger.
12:26 Tout à fait. Nous considérons que…
12:27 RIPAD, c'est…
12:28 RIPAD, c'est en tout l'Afrique, c'est la terre de l'humanité,
12:31 que nous revenons tous à l'Afrique, parce que l'Afrique sera forcément le continent d'avenir
12:35 et ce sera le continent du décollage économique, comme l'Asie a eu son tour,
12:39 et ce sera c'est-à-dire le tour de l'Afrique.
12:41 La Côte d'Ivoire, dès ce premier Forum, aura l'occasion de présenter son plan national de développement.
12:47 À qui et à quelle fin ?
12:49 Alors, le PND, le plan national de développement sera présenté d'une part au PME,
12:55 certains investisseurs étrangers qui viennent, et puis surtout, je dirais, aux membres de l'Espora.
13:00 Parce que j'aime beaucoup, je dirais, penser que les membres de l'Espora sont aussi avant tout les ambassadeurs
13:06 de nos beaux pays partout où ils sont.
13:09 Rappelez-vous aussi, je ne suis pas en train de me référer uniquement au président Okotara,
13:15 mais j'ai beaucoup aimé les phrases symboliques que le président Okotara nous laisse à chaque moment donné dans ses passages,
13:20 il dit "les membres de l'Espora, vous, Ivoiriens, vous êtes les premiers ambassadeurs partout où nous sommes".
13:26 Donc je pense que ces membres de l'Espora, partout où ils sont, sont les ambassadeurs, je dirais, du PND,
13:30 et de pouvoir eux-mêmes attirer des investisseurs par leur connaissance, par leur réseau,
13:35 au niveau de, je dirais, de ce PND qui peut être présenté au moment de l'Espora.
13:38 Le PND prend attention au PME, parce que, n'oublions pas que le PND, c'est aussi un secteur public, un secteur privé.
13:44 Nous avons des projets dirigés vers le secteur privé.
13:49 Et nous avons aussi cette volonté, nous, acteurs privés, de nous approprier le PND
13:54 et de voir comment nous pouvons contribuer aussi au plan de son développement en tant qu'acteurs privés.
13:59 Donc si on résumait, durant ce forum, vous allez mettre en présence, au même endroit, au même moment,
14:06 divers acteurs publics, privés, qui n'ont pas forcément toujours l'habitude de se voir en même temps.
14:13 Quels sont ces différents acteurs qui se retrouveront là, et qu'est-ce que vous espérez de cette idée,
14:19 de les mettre en présence les uns avec les autres ?
14:22 Ils n'ont pas l'habitude. Il y a multiples forums qui sont tous nécessaires les uns les autres.
14:27 Il y a des forums pour les très grands dirigeants, il y a des forums pour les PME, il y a des forums pour l'Espora.
14:34 Je me suis dit, pourquoi ne pas mettre des acteurs qui n'ont pas l'habitude de se rencontrer sur la même plateforme
14:39 et qui ont une même synergie ?
14:42 Nous avons l'Espora, nous avons les PME, nous avons l'État,
14:46 ça dit l'État de Côte d'Ivoire avec certaines entreprises étatiques, le PND qui vient de présenter,
14:52 nous avons aussi un État investisseur, l'État, nous avons Févenines, Indolésies et d'autres pays asiatiques.
14:58 Alors on s'est dit, si on les met tous ensemble, ces acteurs qui n'ont pas l'habitude de se rencontrer,
15:01 ils retrouveront des synergies.
15:04 Plus des institutions financières.
15:05 Des institutions financières, des banques qui se représentent.
15:07 Nous remercions d'ailleurs l'Association des banques de Côte d'Ivoire,
15:10 l'Association d'établissement financier des banques de Côte d'Ivoire,
15:12 qui est partenaire aussi à ce forum, qui nous accompagne pour pouvoir proposer des produits atypiques
15:19 et dispositifs adressés à l'Espora.
15:21 Nous avons des banques, je dirais, pour l'Espora,
15:26 nous avons des banques qui ont décidé d'avoir des produits financiers destinés typiquement à l'Espora
15:31 pour des services et produits financiers adaptés au monde de l'Espora.
15:35 Alors sur le plan très concret, comment va se dérouler le forum et qu'est-ce qu'on va y trouver ?
15:41 Il va y avoir des panels, des discussions, des rencontres entre acteurs B2B ?
15:46 Tout à fait.
15:47 C'est tout ça ?
15:48 Oui, c'est ça, je dirais, mais c'est avant tout un travail préliminaire.
15:53 J'aime beaucoup cette phrase de Confucius qui disait
15:57 « La préparation est plus importante que l'action, que l'exécution. »
16:02 Exactement, ce qui veut dire qu'il y a un travail de deux ans qui a été préparé pour que lors de ce forum,
16:07 nos membres de l'Espora, qui ont déjà des projets concrets,
16:10 viennent finaliser, conquer ou apporter la vision de leur projet.
16:14 Donc nous avons des membres de l'Espora qui auront des projets de création d'usines en Côte d'Ivoire,
16:18 nous aurons des membres de l'Espora qui vont financer des dispensaires,
16:23 qui vont même faire des écoles multimédia.
16:26 Donc voilà, on a lors de ce forum, 5 temps forts.
16:31 Un premier temps fort qui est réellement la petite cérémonie d'ouverture
16:35 qui permet du pas à donner la vision de ce forum,
16:38 qui sera un forum chaque année, une édition qui va se répéter.
16:41 Nous aurons un deuxième temps fort qui sera des petites conférences
16:46 qui sont ces vrais acteurs de l'Espora, ces PME,
16:49 qui vont entrer ensemble pour réaliser des projets concrets.
16:53 C'est un forum concret, pragmatique.
16:55 Troisième temps fort, c'est des rencontres business to business
16:59 qui sont préparées déjà d'avant,
17:01 et qui vont permettre de continuer un travail à moyen terme et à long terme
17:07 suite à des réalisations de projets concrets.
17:10 L'autre temps fort, c'est un dîner gala.
17:13 Un dîner gala qui aura lieu le samedi au Noum Othel.
17:19 Nous sommes en train de regarder l'Onu Othel ou ailleurs,
17:23 parce qu'on veut être atypique.
17:25 Donc ce sera la petite surprise que nous allons faire à nos invités.
17:29 C'est un forum qui aura comme particularité, comme saveur,
17:34 d'avoir 12 primaires.
17:38 Vous allez donner des prix ?
17:41 Des prix aux membres de l'Espora qui sont rentrés il y a 10 ans, 15 ans, 20 ans.
17:46 Et qui ont réalisé des choses concrètes en Côte d'Ivoire ou en Afrique,
17:50 et qui ont été des modèles.
17:52 Nous voulons montrer que nous sommes capables de pouvoir être membre de l'Espora,
17:57 aider le co, et puis en faire 15.
18:01 Je voudrais juste revenir en deux mots sur ce qu'on disait il y a quelques instants.
18:08 L'Asie c'est un peu votre dada.
18:10 Vous êtes un pionnier de la relation économique entre la Côte d'Ivoire et la Chine en particulier.
18:15 Comment ça s'est passé et qu'est-ce que vous avez pu réaliser
18:19 à travers des forats que vous avez réalisés là-bas en Chine ?
18:23 J'ai eu à rêver cette phrase de Mao Tse-tung qui était de dire
18:29 "Un long voyage ne commence toujours pas à un premier pas".
18:33 Cette belle phrase de Mao Tse-tung était de faire le premier pas en Asie,
18:37 le premier pas en Chine.
18:39 En 2007, j'ouvre mon premier cabinet de consultants.
18:43 Je suis un juriste, avocat de formation,
18:46 maintenant pas inscrit au barreau, mais de Côte d'Ivoire.
18:49 Et je précise parce que je ne voulais pas avoir de malentendus.
18:53 J'ai décidé de devenir un cabinet de conseils spécifique
18:59 en ouvrant des cabinets de conseils A et de consultances à Shanghai.
19:03 Je me suis dit "C'est dommage, je vois des cabinets d'avocats,
19:06 des cabinets de conseils importants qui sont implantés en Asie
19:10 et je vois très peu ou même pas un cabinet de conseils implanté en Chine".
19:15 Alors je ne décide pas audace, pas folie.
19:18 Je me dis "Tiens, j'ouvre un cabinet de conseils à Shanghai
19:21 pour contribuer à cette relation Chine-Afrique".
19:24 Parce que c'était les Africains qui pouvaient parler de la relation Chine-Afrique
19:27 et non pas les autres Américains, Français, Londoniens, ce que vous voulez.
19:31 Et vous avez entraîné un certain nombre d'investisseurs chinois
19:36 à venir s'intéresser à la Chine pour réaliser quelques projets de structurant quand même.
19:42 Oui, humblement j'ai contribué, je n'ai pas été le seul.
19:46 Mais lors de nos forums que nous avons pu faire en 2007, 2008, 2009, 2010,
19:51 même en 2012, 2014, avec les 10 francs ambassadeurs de Côte d'Ivoire en Chine,
19:55 nous avons pu faire des forums qui ont permis aux grandes entreprises étatiques ivoiriennes
19:59 d'y participer et de nouer des contacts fructueux
20:03 qui ont réalisé des grands projets, tel que l'autoroute à Béjambassab,
20:07 qui était réalisée par SEMEC, où nous avons mis SEMEC à l'époque avec la géoroute,
20:12 où nous avons aussi pu voir et contribuer avec l'entreprise chinoise Sinuidro,
20:19 qui était venue à nos forums, pour regarder avec soupieux Côte d'Ivoire NRG
20:23 pour finir ce grand projet.
20:26 D'autres projets d'ailleurs ont compté, le quatrième pont qu'on est en train de faire,
20:29 c'est Chana Bridgen Road, qui était dans nos forums et qui, avec la géoroute, a été mis en relation.
20:35 Je n'étais pas l'acteur principal, mais j'étais un des acteurs, par ce forum,
20:39 qui ont pu mettre ces entreprises en état, et le président Ouattara a pu consolider, valider,
20:46 et ces coopérations, je dirais, Chine-Côte d'Ivoire.
20:50 Maître, vous avez publié un livre en 2021, "Le cavalier infatigable",
20:55 dont les premières phrases sont les suivantes, je cite,
20:59 "Je suis noir, je suis blanc, je suis humain, je me sens appartenir au monde".
21:05 Est-ce une manière un peu incisive de revendiquer le fait d'être un métis ?
21:10 Écoutez, oui et non. Je me sens métis, je me sens avant tout humain, je me sens ivorien.
21:17 Je me sens appartenir au monde qui, je dirais, qui demande une seule chose, c'est l'amour.
21:22 Je dirais, ce n'est pas un appel ou un hymne à l'amour, mais c'est en revendicant un hymne à la paix,
21:27 à cette paix qui nous permet d'ouvrir d'esprit, qui nous permet de dire partout où nous devons être.
21:33 Parce que vous avez une double, voire une triple culture.
21:35 Oui, j'ai une triple culture. Je suis fier de dire que je suis nzima, de Bassam,
21:42 fier de dire que je suis ivorien, et fier de dire d'ailleurs, que je suis...
21:45 Ça, c'est votre papa.
21:46 C'est mon papa. Fier de dire aussi que je suis antillien, de pas ma mère,
21:50 en guadupéen, en kitchi créole, kitchi caribéenne.
21:54 Et puis fier de dire que je suis aussi, je dirais, français, rémois, shanghaien.
21:59 Voilà, je me sens shanghaien comme je me sens bêté, comme je me sens didarme.
22:03 Votre maman antillaise est ce qu'on appelle mulâtre. Vous pouvez dire ce que c'est ?
22:10 Écoutez, les mulâtres, c'est un peu gênant, mais ce sont les métis antillais
22:16 qui ont des parents blancs. Nous sommes dans un...
22:21 Mais c'est pas gênant, c'est un fait.
22:23 C'est un fait aussi qui existe, mais qui est historique, qui est aussi une douleur.
22:28 Qui est issue de l'histoire. Et vous racontez dans votre livre la douleur que ça représente
22:32 chez les femmes de votre famille.
22:36 Tout à fait. Qui rappelle vraiment tout, que ce soit des esclavages,
22:42 des colonisations avec, je dirais, les colons, les...
22:50 C'est une histoire, c'est vrai, qui est douloureuse.
22:53 C'est une histoire qui peut être familiale,
22:56 mais qui représente un peu toute l'histoire caribéenne.
22:59 De ces mulâtres, de ces métis, de ces béquilles.
23:02 Je pense que c'est pour ça que vous l'avez écrite aussi.
23:05 C'est pour ça que j'ai écrit, pour que chacun puisse, je dirais,
23:08 comprendre que notre complexité de cette appartenance à l'Afrique,
23:12 de ce retour de l'ripat, de ce retour à la même patrie, est important.
23:16 C'est important parce que nous avons, non pas nous en tant qu'Africains,
23:19 là je vous parle d'ivoirien, à faire une repatence vis-à-vis de nos frères et soeurs
23:24 afro-descendants entiers, non pas une repatence aussi de ces ripats
23:28 diasporas qui viennent, qui font un terrain conquis en pensant qu'ils sont les meilleurs,
23:33 mais c'est aussi une manière de dire, d'avoir l'ouverture d'esprit,
23:36 l'ouverture du pardon, l'ouverture, je dirais, de penser que nous sommes tous
23:40 de la même patrie, l'Afrique.
23:43 Ce métissage est évidemment une richesse, mais qui ne va pas sans difficulté,
23:49 quel que soit l'endroit où vous vous trouvez, c'est le propre d'ailleurs de tous les métis,
23:53 vous écrivez "Je suis l'étranger au regard des autres".
23:56 Mais on a le sentiment, en vous lisant, que vous avez surmonté cela
24:01 en assumant une forme de citoyen du monde, au confluent de plusieurs cultures.
24:08 C'est en assumant ça que vous avez...
24:10 Tout à fait. C'est très bien dit, oui.
24:13 Je l'assume et je l'assume.
24:15 Mais en l'assumant, c'est vrai que je suis souvent incompris.
24:20 D'ailleurs, je le dis, je dis "Est-ce que ce monde m'aime-t-il ?"
24:24 Je suis souvent incompris parce que ça peut être perçu comme de l'arrogance,
24:28 ça peut être perçu comme de l'insuffisance,
24:30 mais c'est perçu qu'au contraire, je veux être au service des autres.
24:34 Au service de ce que la vie m'a donné, de ce que mes parents m'ont donné,
24:37 pour être utile à mon pays et être utile aux autres.
24:40 Je me sens shanghaien quand je vais en Chine.
24:42 Je lis, j'apprends, j'écoute, je suis avec le peuple, les Chinois, je vois des villages.
24:47 Je me sens ivoirien quand je suis en Côte d'Ivoire.
24:50 Je me sens bêté, je l'ai dit tout à l'heure, je me sens didin, je me sens gourou, je me sens bêté.
24:54 Je me sens apollo, je me sens… voilà.
24:57 J'aime un gourou, j'aime Man.
24:59 Donc je savoue la vie et je savoue les peuples
25:03 parce que je me sens avant tout issu d'un peuple et qui est le peuple des hommes.
25:07 Et voilà.
25:08 Est-ce que c'est du fait de cette histoire personnelle,
25:12 qui a des influences très diverses,
25:16 que très tôt vous vous êtes intéressé justement aux investissements internationaux,
25:21 à l'Asie, à la Chine et aujourd'hui aux repas ?
25:24 Oui, tout est lié.
25:26 Je me suis posé la question, comment on peut modifier,
25:30 on peut redonner un regard sur soi-même ?
25:33 Vous et moi, nous regardions tous Tintin.
25:36 Tintin au Tibet, Tintin au Congo, etc.
25:39 Et c'est vrai qu'en lisant Tintin, écrit par, je crois, c'est Berger, etc.
25:46 on avait une image de la Chine.
25:49 On avait une image de l'Afrique quand on regarde Tintin.
25:51 D'ailleurs, c'est même péjoratif quand on appelle maintenant quelqu'un qui s'appelle,
25:55 on l'appelle Tintin, c'est qu'il regarde toujours ce côté colonialiste.
25:59 Et j'ai beaucoup aimé, je dirais, l'approche chinoise.
26:04 Un pays colonisé, des histoires douloureuses,
26:08 colonisés par les Français, colonisés par les Anglais,
26:11 colonisés par les Hollandais, par les Allemands,
26:13 colonisés et brutalisés par les Japonais,
26:15 une histoire, il faut le dire, douloureuse.
26:17 Cette volonté patriotique de dire, nous allons redécoller,
26:20 nous allons redévelopper notre pays.
26:23 En 1981, c'est donc l'ouverture de la Chine au monde.
26:27 Donc je me suis dit, comment cette diaspora chinoise, comme indienne,
26:32 ont pris cet appel de manière patriotique pour développer leur continent ?
26:36 Et c'est ça que vous saisissez ?
26:37 C'est ça que je saisis.
26:38 Comment nous pouvons prendre notre appel du président Ouattara pour saisir notre continent ?
26:42 En dehors de toute préoccupation ethnique, politique, religieuse,
26:46 nous sommes avant tout africains, ivroyens,
26:49 et nous devons tous retrouver ce socle d'unité et d'unification
26:52 pour aller tous au seul moment,
26:54 c'est le développement économique de notre continent et de la Côte d'Ivoire.
26:58 Vous avez grandi évidemment en Côte d'Ivoire,
27:01 et à l'âge de 8 ans, vos parents prennent une décision qui est assez radicale pour un enfant.
27:07 Ils décident de vous envoyer en France dans un pensionnat religieux,
27:12 et même plus que religieux, jésuite.
27:15 C'est une formation particulière à Reims,
27:17 là où on fait le champagne, dans une belle province française.
27:22 Et vous dites que c'est à ce moment-là que vous prenez conscience que vous êtes noir.
27:29 Exactement.
27:31 Cette école, Jésuite Saint-Joseph, école bourgeoisie de province Reims,
27:38 et à ce moment-là, nous ne sommes que trois noirs.
27:42 Mes deux frères et moi, à cette école, en 2200 élèves, à l'époque je crois,
27:48 et nous rendons compte que les propos, les phrases, nous ramènent à notre identité culturelle,
27:54 et surtout à notre couleur.
27:56 Et je prends conscience que je suis l'autre au regard de l'autre.
27:59 Vous êtes victime évidemment de propos racistes,
28:02 même volontaires ou pas volontaires d'ailleurs, c'est dans l'esprit.
28:05 Oui, volontaire ou pas volontaire.
28:07 Je vous donne une histoire, vous savez,
28:10 je me rappelle une phrase de mon professeur de mathématiques,
28:19 et qui me disait à un moment donné, non de français, de français, Madame Calvin,
28:25 et qui nous disait en classe, il y avait un élève qui parlait et qui disait
28:29 "ne parlez pas comme le p'tit nègre, et surtout ne vers moi".
28:34 "Ne parlez pas le p'tit nègre, et surtout ne vers moi".
28:37 Une expression toute faite, mais il avait juste oublié qu'il y avait...
28:39 Qui y avait un nègre.
28:42 Et ce nègre, cette négritude, ou ce nègre, ou ce noir, ou cet Ivoirien, cet Africain,
28:48 elle vient vers lui et dit "excusez-moi Pierre", c'est une expression française.
28:52 Et je me suis rappelé à ce moment-là qu'il jetait le nègre.
28:56 J'étais le nègre, j'étais le noir.
28:58 Et cette "découverte" entre guillemets, est-ce que c'est ça qui a scellé définitivement
29:04 l'attachement viscéral que vous avez à votre continent et à votre pays, la Côte d'Ivoire ?
29:09 Je vous dis oui.
29:11 C'est ce que je perçois dans le...
29:13 Je vous dis oui. Malgré que c'est difficile pour moi de vivre en Afrique,
29:16 parce que je suis toujours perçu comme...
29:18 Celui qui vient de là-bas.
29:20 Perçu comme celui qui vient d'là-bas, avec son savoir, son arrogance, son mépris.
29:25 On peut avoir, mais c'est tout le contraire.
29:27 Parce que j'ai été aussi victime de mépris, d'arrogance là-bas,
29:30 mais je suis celui qui a choisi.
29:32 Qui a choisi son continent et son pays.
29:34 Cette belle phrase, je dirais aussi, du président du pays, Fornatane Kourma, qui disait
29:39 "Je suis africain, non parce que je suis né en Afrique,
29:43 mais je suis africain parce que l'Afrique est née en moi.
29:45 Et je me sens africain parce que l'Afrique est née en moi."
29:48 Et cette phrase, je dirais, de Kourma,
29:50 elle rebondit à tous ces membres de la diaspora,
29:52 qui veulent à tout prix, en toute humilité,
29:55 peut-être avec des mots qui peuvent être inappropriés, déplacés,
29:59 mais qui veulent saisir, je dirais, notre africanité qui est en eux
30:03 pour profiter du développement économique de l'Afrique et de la Côte d'Ivoire.
30:07 Clairement, vous voulez œuvrer pour le développement de la Côte d'Ivoire.
30:10 Est-ce que vous vous sentez comme une responsabilité à l'égard de ce pays ?
30:14 Je dirais que, parfois, ça peut paraître prétentieux,
30:18 parce qu'avec un esprit messianique, c'est comme si on se sent, je dirais, un messie.
30:23 Mais ce n'est pas du tout ça, je ne me sens ni pas un messie,
30:25 je me sens comme un serviteur.
30:27 Un serviteur qui peut, je dirais, par son audace, par son courage,
30:31 par aussi ses équipes qui m'entourent, qui sont de jeunes,
30:35 qui m'encouragent par leur adversité, par leur douvouement,
30:39 me dire qu'est-ce que nous pouvons faire tous pour l'Afrique et la Côte d'Ivoire.
30:44 Le président Kennedy disait à Munich,
30:50 "Ne vous posez pas la question de ce que le pays peut faire pour vous,
30:53 mais pour vous, posez-vous la question de ce que vous pouvez faire pour le pays."
30:56 Et chacun d'entre nous, africains, ivoiriens, doit se poser la question,
31:01 qu'est-ce qu'on fait pour le pays ?
31:03 Chacun, que ce soit l'ouvrier, comment je peux être le meilleur ouvrier,
31:07 que ce soit le professeur de mathématiques,
31:09 comment je peux être le meilleur professeur qui peut enseigner, je dirais,
31:12 les matières pour faire des étudiants, des élèves, des cadres supérieurs,
31:16 les meilleurs formés, comme au Japon, comme en Corée du Sud.
31:19 Comment, par notre travail, nous pouvons être audacieux
31:21 et nous pouvons être utiles au quotidien pour notre propre pays ?
31:24 Alors, on le voit, vous avez une relation complexe avec votre pays, la Côte d'Ivoire.
31:29 Vous l'adorez, vous contribuez à son développement, à porter votre pierre,
31:34 et en même temps, vous ne vous y sentez pas toujours bien compris.
31:38 On vous attribue des maladresses, comme à tous les expatriés, comme à tous les repas.
31:45 Oui, et j'en prends la responsabilité de dire que je suis maladroit.
31:50 Ça fait 25 ans que ça dure que je suis là.
31:55 25 ans où je n'ai pas parti, 25 ans où j'ai investi mon temps, mon énergie,
32:02 où mes enfants ont grandi, ont été scolarisés,
32:05 où j'aurais pu quitter l'Afrique, la Côte d'Ivoire pour, je dirais, faire autre chose.
32:10 Mais mes maladresses, elles sont dues aussi à cette audace,
32:15 à cette volonté de faire bouger les choses, à cette volonté de remuer,
32:18 à cette volonté d'apporter un esprit neuf, une manière de réfléchir,
32:21 mais aussi à cette humilité que je me donne, que j'espère me donner au quotidien,
32:25 d'écouter mes aînés, d'écouter ceux qui ont aussi à m'apprendre des choses sur l'Afrique et la Côte d'Ivoire,
32:31 comment être meilleur au quotidien avec mes frères ivoiriens,
32:36 car je suis avant tout, je le confirme, ivoirien.
32:39 La Côte d'Ivoire, justement, a retrouvé une place enviable sur la scène sous-régionale,
32:47 au moins celle d'un pays que l'on observe, un pays que l'on imite et quelquefois un pays que l'on envit.
32:54 Quelles sont, à votre sens, les valeurs que vous souhaiteriez que votre pays, la Côte d'Ivoire,
33:00 porte aux yeux de tout le reste du continent ?
33:03 La tolérance. La tolérance. La tolérance, la truisse et le patriotisme.
33:12 Dans ces trois éléments, vous pensez qu'il y a du chemin encore à accomplir ?
33:19 Je pense qu'on est sur un bon chemin, mais il y a encore du travail.
33:22 Mais c'est un travail, je dirais, qui est personnel en chacun d'entre nous.
33:25 Qui est, pardon ?
33:26 Personnel, qui est personnel en chacun d'entre nous, qui est un travail qui est personnel.
33:29 Je peux expliquer pourquoi je parle de la tolérance.
33:31 La tolérance, c'est avant tout de tolérer les égards des uns des autres,
33:35 de comprendre que nous sommes dans un pays qui est culturellement différent,
33:38 parce que nous avons quand même 62 ethnies, et que nous avons une manière de se comporter,
33:45 qu'on soit, je dirais, guéré, qu'on soit ouabé, qu'on soit de Kounefao, qu'on soit…
33:52 Voilà, on est différent, qu'on soit baoulé.
33:56 Donc on a une manière de se comporter culturellement, donc il faut être tolérant.
33:59 Je dirais, c'est patriotique aussi, il faut agir au nom de notre pays, au quotidien.
34:07 Qu'est-ce que nous faisons pour notre pays ?
34:09 Un des ensembles, lorsque nous jetons nos ordures dans les rues d'Abidjan,
34:15 lorsque nous sommes en voiture, c'est un acte, pour moi, anti-patriotique,
34:19 car nous devons penser que notre pays doit être le plus beau pays au monde,
34:22 que nous devons, je dirais, être un pays sain, dans un élément sain.
34:28 Alors voilà, ce sont des valeurs, pour moi, qui sont importantes,
34:30 et que je crois qu'on a du travail à faire au quotidien,
34:33 mais c'est un travail personnel que chacun d'entre nous doit…
34:35 Plus largement, en ce qui concerne l'Afrique, vous êtes un observateur de son développement économique.
34:40 Quand on dit "l'Afrique est le continent d'avenir",
34:43 est-ce que ce n'est pas un peu galvaudé comme expression ? Ou c'est vrai ?
34:47 Je peux vous confirmer que c'est vrai. Je peux vous confirmer que c'est vrai. Pourquoi ?
34:50 Parce que vous avez une population qui est quand même, on sera 1,5 milliard d'habitants,
34:56 je dirais, ou 1,2 milliard d'habitants en 2050. Une population très jeune.
35:01 Nous avons la possibilité, ils sont en train de créer ce qu'on appelle la ZILCA,
35:05 la Zone des Libres-Échanges Africaines Continentales,
35:08 qui va permettre d'une part à ce qu'il y ait un pouvoir d'achat d'une classe moyenne qui va être naissante,
35:14 avec la possibilité d'avoir le marché le plus important au monde.
35:18 Donc je crois réellement que l'Afrique sera le seul marché au monde, d'ici 20 ans,
35:25 où il y aura une croissance économique à deux chiffres,
35:28 dans cet un pays qui va être le lévier, je dirais, de l'Afrique.
35:31 Regardons le Nigeria, avec des acteurs privés, qui commencent, je ne dis pas, je dirais, à être des hommes importants.
35:37 On voit les acteurs privés d'un côté, qui créent une plus grande, plus raffinerie au monde.
35:42 Vous voyez, donc l'Afrique, il y a des petits signaux importants qui sont donnés.
35:47 Quand on regarde la Côte d'Ivoire, la Côte d'Ivoire est un pays conquérant,
35:52 c'est un pays qui veut, je dirais, en Afrique de l'Ouest, qui a une parole forte,
35:57 qui a une attractivité auprès de la diaspora, auprès des investisseurs,
36:01 qui viennent tous en Côte d'Ivoire pour investir.
36:04 Donc c'est un pays, pour la Côte d'Ivoire je parle, c'est un pays qui est attractif,
36:08 qui sera de plus en plus attractif, avec des infrastructures qui ont été mises sur place par le président Ouattara,
36:12 qui permettent d'une part à travailler, une électricité un peu chiante, certes,
36:17 mais une électricité, je dirais, qui est correcte.
36:21 Dans la sous-région, c'est l'un des pays les moins chers.
36:23 Voilà, mais qui est correcte, pour l'instruire.
36:26 Donc voilà, nous avons avant tout des infrastructures qui sont, je dirais, mises en place.
36:32 Alors, votre cabinet PKD Conseil veut un peu s'inscrire dans ce mouvement ?
36:36 Nous, on a décidé, comme je disais tout à l'heure, j'ai décidé d'être conseiller juridique, et non pas avocat.
36:42 J'ai décidé d'être conseiller juridique en Côte d'Ivoire, et non pas avocat.
36:45 Vous avez accompagné les collectivités locales, les mairies, les régions et l'État,
36:50 dans ce processus de coopération et d'investissement international.
36:54 Tout à fait. On a créé un département spécifique dans notre cabinet, au vu de ses temps d'expérience,
36:59 qui est le département stratégie et coopération internationale.
37:02 Du fait qu'on organise des forums thématiques pour le compte d'un client institutionnel,
37:06 on a voulu, je dirais, dire, écoutez, il y a des niches de coopération,
37:10 de pays émergents, de pays sur lesquels, quelquefois, on n'a même pas idée qu'ils cherchent à coopérer.
37:17 Aussi bien le pays que notre pays. Pourquoi ne pas y aller ?
37:20 Je pense à l'Indonésie, la Malaisie, l'Inde.
37:23 Il faut avoir des coopérations beaucoup plus techniques, des coopérations pragmatiques,
37:27 ou un événement pétrolier de considération de cette coopération,
37:31 qui permettra d'une part de le faire sur les années à venir.
37:34 Merci. Merci Maître Pierre Djemis d'être venu partager vos analyses,
37:39 et puis présenter ce forum repas qui se tiendra, je le rappelle, du 15 au 17 juin prochain à Abidjan.
37:46 Merci de votre attention. À la prochaine fois.
37:49 Merci beaucoup.
37:50 [Musique]
38:02 [SILENCE]