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00:00 L'ambiance est tendue à la métropole de Montpellier en ce moment au sujet du traitement des déchets.
00:04 On en parle avec notre invité Anne.
00:05 C'est François Vasquez, l'élu en charge des déchets à la métropole,
00:08 qui s'oppose donc au projet du maire de Montpellier,
00:11 Michael Delafosse, l'objet de la Discord.
00:13 C'est une unité CSR pour combustible solide par récupération,
00:18 une unité qui pourrait voir le jour en 2028 dans l'usine Amethyst.
00:22 Bonjour François Vasquez.
00:24 Bonjour.
00:24 D'abord, qu'est-ce que c'est que cette unité CSR ?
00:28 CSR, donc combustible solide de récupération,
00:31 c'est une filière qui existe depuis 25 ans,
00:34 qui consiste à brûler des déchets pour faire de l'énergie,
00:36 et qui n'est absolument pas pertinente.
00:38 D'ailleurs, aucune communauté de communes ne se chauffe avec cela.
00:41 Ce sont les cimentiers qui les utilisent, et encore avec beaucoup de problèmes.
00:45 Donc c'est une mauvaise, ancienne solution,
00:48 qui est maintenant devenue apparemment pertinente depuis la crise en Ukraine,
00:52 la guerre en Ukraine, et la montée du gaz russe.
00:55 On a cru que c'était pertinent de brûler des déchets.
00:57 Alors à Montpellier, on n'a pas besoin de chaleur.
00:59 On a une filière bois, on a une filière photovoltaïque.
01:02 On n'a pas besoin de chaleur, en revanche les déchets sont là,
01:04 c'est un peu la position de la métropole.
01:06 Pour l'instant, ces déchets, on les envoie sur d'autres territoires.
01:09 C'est pas comme s'ils n'existaient pas, c'est juste qu'on s'en débarrasse ailleurs.
01:12 Ce qu'il faut dire, c'est que la nouvelle filière,
01:14 celle qui serait proposée là, si elle était malheureusement votée,
01:17 provoquerait autant de refus que ce que nous avons actuellement.
01:20 C'est ça qui n'est pas encore compris.
01:21 C'est pour ça que c'est tellement technique qu'il faut l'expliquer.
01:24 Cette filière ne dédouane pas d'exporter les déchets,
01:27 celle qui consiste à les brûler.
01:29 Et pour une raison très simple,
01:30 c'est que pour produire 40 000 tonnes de CSR pour une chaudière,
01:34 il faut 100 000 tonnes de déchets.
01:36 Le double, vous voyez ? Voilà.
01:38 Parce que ce sont des déchets à haut pouvoir calorifique,
01:40 qui donnent beaucoup de chaleur, donc c'est papier, carton, plastique.
01:43 Et donc il faut 100 000 tonnes.
01:44 Et s'il faut 100 000 tonnes, il ne faut pas réduire
01:46 la quantité de déchets de la métropole, et sur 15 ans.
01:49 Ce qui veut dire que la stratégie pour laquelle je suis élu,
01:52 qui consiste à diviser ses déchets de moitié sur le mandat, est mortenée.
01:57 Vous voulez dire que pour faire fonctionner cet équipement,
02:00 on n'aura aucun intérêt à réduire nos déchets sur la métropole ?
02:03 Exactement. Cette décision est antinomique, contraire à la stratégie...
02:05 On aurait besoin même de déchets, c'est ça en fait, pour produire ?
02:07 Exactement. Ce serait une filière aspiratrice de déchets.
02:10 C'est-à-dire qu'elle est contraire à la stratégie qui a été votée à l'unanimité
02:13 en mars 2022, qui est la stratégie zéro déchet avec 100 mesures,
02:16 et qui au moment où je vous parle, n'a pas encore été déployée
02:20 sur la métropole de Montpellier.
02:21 La métropole dit justement qu'on est la seule métropole en France
02:24 à ne pas avoir de quoi traiter ses déchets, et on les envoie ailleurs.
02:28 Oui, parce que nous pensons, parce que nous n'avons pas fait,
02:30 on a fait le choix du tri mécano-biologique, vous savez,
02:32 contre lequel je m'étais déjà opposé.
02:34 Ça veut dire quoi concrètement ça ?
02:35 C'est exactement, on a mis une usine pour trahir les déchets,
02:38 et on va les valoriser. Donc avec un tri mécanique,
02:40 on va faire du compost avec la matière organique qui est dedans.
02:42 Je l'avais dénoncé à l'époque, et c'est pour ça que je suis là aujourd'hui.
02:45 J'avais dit que c'était un échec, parce que ce compost sera pollué.
02:48 Donc ça a été une impasse, qui nous a coûté des centaines de millions d'euros,
02:50 et maintenant on reproduit la même erreur,
02:52 sauf qu'au lieu de vouloir produire un compost,
02:54 on veut produire du plastique abroyé, pour soi-disant chauffer,
02:57 solution qui n'existe nulle part ailleurs en France.
02:59 Donc on va encore explorer quelque chose qui aura des impacts économiques,
03:04 environnementaux et sanitaires colossaux pour la métropole de Montpellier.
03:07 Ces déchets, ils existent, en attendant d'éventuellement les réduire,
03:11 puisque c'est votre projet à vous, votre position.
03:14 Qu'est-ce qu'on en fait ? On continue de les envoyer ailleurs ?
03:17 Non, il ne s'agit pas d'éventuellement les réduire.
03:19 La stratégie que j'ai mise en place et qui a été votée,
03:22 avait prévu à mi-mandat de baisser de 30 à 40 000 tonnes,
03:25 au moment où je vous parle, les déchets.
03:26 Seulement, elle n'a pas été exécutée.
03:28 Je vous prends un exemple.
03:29 Nous avons 20 000 tonnes de déchets d'activité économique,
03:31 que nous ne devons pas collecter.
03:32 La réglementation nous demande de ne pas les collecter,
03:34 ce sont des déchets d'activité.
03:36 Eh bien, on ne les a pas encore sortis,
03:37 malgré ma demande depuis le début du mandat.
03:39 Donc vous n'avez pas les moyens de faire ce que vous voulez faire à la métropole ?
03:42 Donc ces 20 000 tonnes ne se sont toujours traitées par la collectivité,
03:45 nous coûtent 8 millions d'euros par an,
03:47 parce qu'on n'a pas mis cette politique de sortie des déchets d'activité.
03:50 Mais qui est responsable alors du coup ?
03:52 Puisque vous dénoncez effectivement...
03:53 Longivement, c'est moi qui suis responsable de la stratégie,
03:55 c'est moi qui ai la signature,
03:57 et c'est moi qui ai été élu par les Montpellierennes et les Montpellierains.
03:59 J'ai eu la confiance des maires et des conseillers métropolitains,
04:02 mais je n'ai pas la main.
04:03 C'est visiblement la Direction Générale des Services,
04:06 qui, je dirais dans mon dos, prévoit un plan B à la stratégie.
04:11 Alors le vrai problème, c'est que la stratégie a eu du retard à se mettre en place.
04:15 Parce que, comme je vous le dis,
04:16 à l'heure où je vous parle, on aurait dû déjà sortir les 20 000 tonnes de déchets d'activité économique,
04:20 et on devrait déjà avoir sorti 10 à 15 000 tonnes de biodéchets,
04:25 sur les 50 000 tonnes qui sont dans les OMR.
04:27 Donc on devrait avoir 30 à 40 000 tonnes.
04:29 Le raisonnement serait radicalement différent à l'heure où on parle,
04:32 on aurait déjà 40 000 tonnes de moins dans le bac gris.
04:35 - Vous organisez, vous, une conférence de presse aujourd'hui sur cette unité CSR,
04:40 vous êtes élu de la métropole, on l'a bien compris,
04:42 vous avez l'impression que votre stratégie n'est pas appliquée,
04:46 que vous n'avez pas les moyens de faire ce que vous voulez faire,
04:47 en gros vous comptez démissionner ?
04:49 - Alors, mon objet, moi, c'est d'appliquer ce pour quoi j'ai été élu.
04:52 - Mais si vous n'y arrivez pas, comme vous nous le dites...
04:54 - Ah ben le problème, c'est peut-être pas moi,
04:56 c'est peut-être de savoir qui dirige et qui a la main,
04:59 qui a le final cut et qui exécute la politique.
05:02 - On se dit que c'est Mickaël Delafosse, alors, qui a la main dans cette situation-là.
05:06 - Alors, en valeur absolue, c'est bien évidemment Mickaël Delafosse,
05:08 mais dans les faits, quand vous êtes vice-président en charge des déchets,
05:11 vous posez une politique, vous demandez au service de l'exécuter,
05:15 si la politique n'est pas exécutée par le directeur général des services,
05:18 eh bien, elle ne se déploie pas.
05:20 Et ce qui a pu m'apparaître, moi, depuis le début du mandat,
05:23 comme un retard à l'allumage, parce qu'il y avait beaucoup de chantiers,
05:25 vous l'avez vu, on a eu quand même le tram gratuit, la capitale européenne,
05:28 tous les travaux de la ville, donc la métropole, était très engagée.
05:31 Et je pouvais comprendre un retard.
05:33 Mais maintenant, je vois sortir une décision qui est antinomique,
05:36 contraire à la stratégie, qui va la piétiner, parce que je vous le dis,
05:40 et c'est en cela que j'ai demandé un débat, parce que je vais l'expliquer,
05:43 qui va la piétiner et qui va complètement... C'est une décision de l'ancien monde.
05:47 - Donc vous, vous voulez rester en place et vous demandez, quoi,
05:50 le départ du directeur des services ?
05:52 - Eh bien, il va falloir qu'il y ait un arbitrage de fait.
05:53 On ne peut pas avoir deux décideurs sur la même politique.
05:57 Surtout qu'il y en a un qui a la main sur l'exécution.
05:59 - Et censé, manifestement, vous dites que vous devriez avoir la main,
06:02 mais vous ne l'avez pas, en fait.
06:03 - Mais clairement, je ne l'ai pas, puisque je vous le dis.
06:05 Et regardez d'ailleurs sur les déchets d'activité économique.
06:08 J'ai demandé leur sortie depuis plusieurs années.
06:10 Le président s'est prononcé pour leur sortie.
06:12 Pourquoi ne sont-ils pas sortis, les déchets d'activité économique ?
06:15 Parce qu'on ne met pas les moyens.
06:17 On n'a pas mis les 4, 5 ou 6 personnes qui devaient aller consulter
06:19 les zones d'activité économique, les prévenir de la réglementation,
06:22 leur dire qu'ils devaient se retourner vers le privé.
06:24 Nous, on a mis tout un plan, d'ailleurs, pour les y aider.
06:27 Je pourrais vous l'expliquer si vous voulez, mais ça n'a pas été exécuté.
06:30 Donc, au bout d'un moment, moi j'ai dit qu'il y a du retard à l'allumage,
06:33 mais ce n'est pas ça.
06:34 C'est qu'on préparait dans mon dos un plan B, un plan d'incinération,
06:37 un ancien plan de l'ancien monde.
06:39 - Mais quel serait l'intérêt de préparer un plan B dans votre dos ?
06:41 - Et du climat, pardon ?
06:42 - Quel est l'intérêt de préparer un plan B dans votre dos ?
06:45 - Et bien, c'est parce que, vous savez, c'est un choix de politique, en fait.
06:48 C'est-à-dire qu'apparemment, on fait de la politique dans l'administration.
06:52 Quand je propose cette stratégie, c'est que je me fie à une vision politique.
06:57 C'est-à-dire qu'on va vers les problèmes climatiques, les problèmes de santé,
07:00 l'acceptation sociale, la réduction des déchets.
07:03 Et je vous le dis, le plan, il est très réaliste.
07:05 Je pourrais le chiffrer.
07:06 Il y a 50 000 tonnes de biodéchets sur les 127 000 tonnes de la métropole.
07:10 Il y a 20 000 tonnes de déchets d'activité qui doivent être sortis.
07:12 Il y a 10 000 tonnes sur les 35 000 tonnes d'erreurs de tri qu'on pourrait sortir.
07:16 On a d'énormes tonnages à détourner.
07:19 Soit vous faites une politique de baisse des tonnages, de détournement des flux,
07:23 et vous divisez par deux le bac brie, et vous avancez vers une stratégie zéro déchet.
07:27 Soit vous postulez que les déchets ne descendront jamais,
07:29 et vous prévoyez de les brûler de façon absurde,
07:32 avec des centaines de millions d'euros d'investissement sur une chaîne industrielle.
07:36 Parce que là, il faut faire une usine, plus une préparation, plus une chaudière,
07:39 plus un chaudière spécifique.
07:40 – Vous réclamez un arbitrage, il y aura le vote sur cette unité CSR au mois d'avril.
07:46 S'il n'y a pas d'arbitrage, vous envisagez de partir ou pas ?
07:48 – Disons que moi, vous savez, je ne pratique pas la démission à la politique de la sèche vide.
07:53 Moi je suis redevable envers qui ? Envers les électeurs.
07:56 Envers ceux qui ont élu à Montpellier pour avoir une stratégie zéro déchet.
08:00 Je l'ai fait voter à l'unanimité.
08:02 Il me semble que la légitimité politique de l'appliquer, je l'ai.
08:05 – Donc vous êtes dans le rapport de force en réalité par rapport à ça ?
08:08 – Il y a un choix à faire.
08:11 Je peux comprendre que pour l'instant,
08:13 les déchets soient sortis du viseur du président de la métropole.
08:17 Ça peut se comprendre avec tous les chantiers
08:19 et tous les impératifs des changements envisagés sur cette tendature.
08:22 Mais à un moment donné, il faut savoir quelle stratégie on mène.
08:25 Jusqu'à présent, j'attendais un déploiement avec un décalage qui d'ailleurs est coûteux.
08:30 Parce que je vous le dis, on va augmenter la tome là en 2024.
08:33 – La taxe sur les ordinateurs ménagères.
08:35 – C'est normal avec l'inflation.
08:37 Mais ce qui n'est pas normal, c'est que si on avait sorti les 30 000 tonnes de la stratégie,
08:41 comme je l'ai demandé, si on l'avait exécutée depuis le début du mandat,
08:44 on aurait amorti l'inflation et on n'aurait pas à augmenter la tome.
08:47 – Et vous allez donc…
08:48 – Le premier effet, il est déjà présent, le premier effet négatif de cette volonté,
08:53 finalement de viser une autre politique.
08:55 – On a bien compris.
08:55 François Vasquez, opposé à cette unité de combustible solide par récupération,
09:00 vous allez faire le tour des maires d'ici le mois d'avril
09:03 pour essayer de les convaincre et de se rallier à votre position.
09:05 Merci beaucoup d'avoir été avec nous ce matin.