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Thomas Sotto reçoit Fabien Roussel, secrétaire national du PCF et député du Nord, dans le 4 vérités. 

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00:00 [Musique]
00:03 Bonjour et bienvenue dans les 4V.
00:04 Bonjour Thomas.
00:05 Fabien Roussel.
00:06 La période est un peu à la recherche de boucs émissaires permanents.
00:10 Un jour les agriculteurs sont accusés de polluer,
00:12 le lendemain les écologistes sont accusés de tuer les agriculteurs.
00:15 Et puis hier c'est Michel-Edouard Leclerc qui s'est fâché
00:18 parce que lui dit que la grande distribution sert là encore de boucs émissaires.
00:21 J'ai été instrumentalisé, j'ai été jeté en pâture.
00:24 Il a dénoncé une cabale contre la grande distribution.
00:26 Est-ce que vous le comprenez ?
00:28 Je faudrais nuancer ces propos.
00:31 Il y a une réalité dans notre pays,
00:34 c'est que ceux qui nous nourrissent, ceux qui produisent l'alimentation,
00:37 sont bien mal payés.
00:39 Et grâce à la loi EGalim, qui est imparfaite,
00:42 mais au moins cette loi EGalim a mis en place un observatoire des marges et des prix.
00:47 Et cet observatoire a montré que les agriculteurs, eux,
00:50 ne récupèrent que 10% de la marge de leur production
00:55 jusqu'à la fourchette, jusqu'au consommateur final.
01:01 Et donc les 90%, elle va dans les poches des transformateurs,
01:06 de l'agro-industrie et aussi des grandes surfaces.
01:08 On ne peut pas dire que les grandes surfaces soient malheureuses.
01:10 Donc je ne vais pas faire un chèque de cotisation à Michel-Edouard Leclerc.
01:13 Je pense qu'au contraire, il y a besoin d'un outil,
01:17 et un outil c'est l'État, normalement, c'est ce que nous demandons
01:20 avec la proposition de loi défendue par André Chassaigne, député communiste.
01:24 Nous demandons à ce qu'il y ait un coefficient qui rémunère mieux les agriculteurs.
01:29 Qui est une grille en fait, pour chaque produit.
01:31 Voilà, un coefficient multiplicateur.
01:33 La marge, elle est de tant.
01:35 Eh bien, chacun aura autant de cette marge,
01:38 et l'agriculteur aura donc un prix rémunérateur,
01:41 un prix plancher pour ce qu'il produit.
01:43 Est-ce qu'on n'est pas tous un peu schizophrènes
01:45 avec ces problèmes d'alimentation, d'achat de nourriture ?
01:48 Quand les prix sont trop chers en rayant,
01:50 on tombe sur la grande distribution en disant "vous, on est trop chers".
01:52 Quand les agriculteurs sont en colère, on dit à la grande distribution
01:54 "vous ne vendez pas assez cher".
01:56 Non, il n'y a pas un petit...
01:57 Non, il y a un malaise qui est profond.
01:59 Il y a des problèmes qui existent depuis très longtemps.
02:01 Mais c'est le fruit de choix politiques
02:03 qui ont conduit à ce que notre souveraineté alimentaire soit autant abîmée.
02:07 D'abord, ce sont les traités de libre-échange.
02:09 On en a beaucoup parlé, tant mieux.
02:11 Le Mercosur, pour l'instant, il est plutôt suspendu.
02:14 Avant de suspendre le Mercosur, on verra bien.
02:17 Mais il y a tous ces traités de libre-échange
02:20 qui ont été votés par les députés de droite de la majorité actuelle.
02:24 Ils ont voté tous ces traités de libre-échange.
02:26 Mais ils nous permettent aussi d'exporter de très nombreuses marchandises
02:28 et notamment de l'agriculture.
02:29 Non, non, non.
02:30 Ah si, si.
02:31 Ils nous permettent aujourd'hui d'exporter des voitures allemandes en Nouvelle-Zélande
02:37 au sacrifice de l'agriculture française.
02:39 Donc c'est ça ce qui se passe.
02:41 Ces traités de libre-échange, ce n'est pas du gagnant-gagnant.
02:43 L'Europe a le droit d'exporter des produits,
02:46 mais l'agriculture et la France et le pays agricole de l'Union européenne,
02:50 elle est soumise à la concurrence déloyale.
02:54 Donc il faut tout remettre sur la table, là-dessus.
02:55 Bien sûr.
02:56 Il faut pouvoir mettre en place des coopérations avec d'autres pays.
02:59 Mais il faut que ce soit respectueux de nos filières et de nos filières agricoles.
03:03 Donc j'ai parlé des traités de libre-échange,
03:06 mais on peut parler du pouvoir d'achat des Français.
03:08 Bien sûr, l'alimentation a un coût.
03:10 Produire français avec les règles qui sont françaises, ça a un coût.
03:15 Mais pour ça, il faut bien avoir des salaires, des retraites
03:18 qui permettent d'acheter des produits français qui coûtent plus cher.
03:21 Le pouvoir d'achat, vous avez raison, c'est la préoccupation numéro un des Français.
03:25 Et même avec une inflation qui augmente un peu moins vite.
03:29 Comment on fait pour amortir le choc quand on sait qu'il y a eu une augmentation du prix de l'électricité au 1er février,
03:34 qu'il y aura encore une augmentation du prix du gaz en juillet ?
03:37 Comment on fait pour amortir le choc raisonnablement ?
03:39 C'est bien pour ça que je vous dis que tout ça, c'est le fruit de choix politiques.
03:45 Ce sont des choix politiques qui ont fait en sorte qu'aujourd'hui, on a une inflation qui est énorme
03:49 et notamment le prix de l'électricité qui ne cesse d'augmenter.
03:52 Qu'à moi, augmenter qu'ailleurs, c'est ce que disait Axel de Tarlé.
03:54 Il y a quand même eu des boucliers qui ont coûté des milliards, ça nous a pas échappé.
03:57 Ce qui se passe ailleurs, c'est le fruit de leur choix à eux.
04:00 Les Allemands, ils ont sacrifié leur industrie nucléaire, leur centrale nucléaire.
04:05 Ils produisent aujourd'hui de l'électricité avec du charbon, tant pis pour eux.
04:08 Mais il ne faut pas qu'ils nous le fassent payer.
04:10 Or, c'est ce qui se passe aujourd'hui.
04:12 Nous nous demandons, moi je demande, je dis qu'il est possible, largement possible,
04:16 de diviser par deux, voire par trois selon les cas, l'électricité produite en France.
04:20 Nous sommes autosuffisants.
04:22 Nous produisons suffisamment d'électricité pour répondre à nos besoins.
04:25 Retrouvons cette souveraineté énergétique.
04:28 Nous allons mettre ce combat-là au cœur de la campagne des élections.
04:31 Nous allons mettre ça au cœur de la campagne des élections européennes avec Léon Desfontaines.
04:36 On fera la démonstration que ce coût est largement supportable pour la France
04:41 parce que ça va nous permettre d'abord de redonner du pouvoir d'achat aux Français,
04:45 mais aussi de redonner de la compétitivité à nos entreprises.
04:48 Les PME comme l'industrie, ils ont vu leur facture d'électricité multipliée par deux, voire par trois.
04:54 Il faut retrouver les coûts de l'électricité d'il y a deux ans.
04:58 Or, l'État...
04:59 Et c'est l'État qui a encaissé tout ça en fait ?
05:01 Le gouvernement, l'État...
05:02 On a 3 000 milliards de dettes.
05:03 Oui, mais arrêtez.
05:04 La dette, je vais vous annoncer un chiffre ici, en exclusivité mondiale internationale.
05:10 Allez-y.
05:11 La dette, Axel Dutarly va suivre ça de près.
05:13 La dette, sur 10 ans, ces 10 dernières années, nous avons payé 430 milliards d'euros d'intérêt aux banques.
05:24 Non mais vous vous rendez compte que dans la dette, il y en a 3 000 milliards,
05:28 il y a 430 milliards, ce sont des intérêts que nous payons aux banques.
05:33 C'est le principe, pardon Fabien Roussel, c'est le principe.
05:35 Quand on n'a pas d'argent, on emprunte, quand on emprunte, il faut rembourser et il y a des taux d'intérêt.
05:40 Plus on va s'endetter, plus on va devoir rembourser les intérêts de la dette.
05:43 Ce n'était pas le cas quand il y avait une Banque de France qui finançait l'économie.
05:46 Il y a aujourd'hui une Banque Centrale Européenne et nous demandons que la Banque Centrale Européenne prête directement aux États
05:53 et nous disons même que la Banque Centrale Européenne peut créer aujourd'hui un fonds européen
05:58 dédié au financement des services publics, de la transition écologique et prête à taux zéro, voire à taux négatif,
06:05 quand il s'agit de répondre aux besoins de l'humanité, aux besoins de chaque pays.
06:10 Aujourd'hui, on est dans une économie financiarisée qui sert d'abord les intérêts des banques au lieu de servir les intérêts des nations et des peuples.
06:18 Il faut reprendre le pouvoir sur l'argent, sinon effectivement, vous allez me dire "mais ça coûte, on ne peut pas faire ça".
06:25 Moi je dis que nous sommes suffisamment riches et nous produisons suffisamment de richesses pour pouvoir inverser un petit peu la hiérarchie des normes.
06:32 Il faut d'abord préserver le pouvoir d'achat des Français, des travailleurs, des salariés, des retraités,
06:36 avant d'aller distribuer et gaver des grands actionnaires, des grandes industries et des banques.
06:41 Vous voulez indexer les salaires sur l'inflation, est-ce que vous êtes sûr que c'est une bonne idée ?
06:44 C'est la seule solution aujourd'hui pour pouvoir répondre, pour pouvoir revaloriser le travail, pour reprendre leur formule à eux.
06:52 Sauf que vous savez ce que ça provoque comme effet mécanique ?
06:54 Non.
06:55 Ça a déjà été tenté aux années 70, ça met en route la machine à inflation, ça fait baisser la productivité, les entreprises sont obligées de voter plus cher, de vendre plus cher.
07:04 Monsieur Soto, est-ce que c'est aujourd'hui ça qui provoque l'inflation ?
07:10 En tout cas dans les années 70 c'était le cas, en Belgique il pratique ça, c'est le cas, l'inflation est supérieure.
07:15 Eh bien justement, les salaires sont indexés en Belgique et il n'y a pas une hausse de l'inflation en Belgique plus qu'en France, elle est légèrement supérieure.
07:27 Une augmentation du pouvoir d'achat est moins importante en Belgique qu'en France.
07:30 Ce n'est pas ça qui provoque l'inflation en Belgique, à tel point que chez moi, dans ma circonscription qui touche la Belgique, les Français vont travailler en Belgique parce que là-bas ils sont mieux rémunérés.
07:39 J'ai été à Matignon samedi, j'ai emmené des salariés pour expliquer à Matignon, au directeur de cabinet du Premier ministre, la réalité de ce qu'ils vivent.
07:49 Des caissières de monoprix avec 35 ans d'ancienneté qui perçoivent 1480 euros de salaire, un monsieur qui travaille dans la restauration, 16 ans d'ancienneté, 1600 euros net de salaire.
08:01 La compétence, ces diplômes et l'ancienneté ne sont pas reconnus, c'est ça le problème dans notre pays.
08:08 Alors les prix de l'alimentation ont augmenté de 23%, les prix de l'électricité 30%, les salaires n'ont pas suivi la même courbe, les gens ne peuvent plus payer leurs factures.
08:17 Et c'est pour ça que si on veut de la justice sociale et de la justice fiscale, il faut pouvoir augmenter les salaires au même rythme que l'inflation et puis les entreprises on va les accompagner.
08:27 Celles qui distribuent des dividendes, elles ont la possibilité d'augmenter les salaires et puis celles qui n'en ont pas les moyens et qui doivent pouvoir être accompagnées.
08:35 Nous proposons nous de moduler les cotisations sociales, nous proposons de baisser l'électricité et de leur donner des marges.
08:42 Une petite dernière question pour finir, il y a encore une polémique avec vos cousins et alliés de LFI, ça concerne la cérémonie d'hommage national prévue demain aux Invalides en hommage aux victimes françaises
08:50 qui ont péri lors de l'attaque terroriste du 7 octobre en Israël. Les élus LFI y sont invités, y seront-ils à leur place selon vous ?
08:58 Rapidement, d'abord je comprends la colère des familles qui ont perdu un proche face à des députés qui ont tenu des propos où ils ont dit que le Hamas était une organisation de résistance.
09:12 Mais je pense que ce moment auquel je participerai doit être un moment d'union nationale, de communion nationale pour penser à tous nos compatriotes
09:22 et j'aimerais que l'on puisse penser à tous nos compatriotes qui ont perdu la vie là-bas, ceux qui ont perdu la vie dans le cadre des actes terroristes du Hamas
09:32 comme ceux qui la perdent aujourd'hui sous les bombardements sauvages du gouvernement de M. Netanyahou.
09:37 Il y aura un moment d'hommage également pour les victimes françaises à Gaza, donc tout le monde sera à sa place demain là-bas ?
09:42 Il faut que ce soit un moment d'unité nationale et que chacun mesure l'émotion pour chaque famille qu'un tel drame ait eu lieu.
09:53 Merci beaucoup Fabien Roussel à nous dans les 4V, bonne journée à vous.

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