Sur la carte hexagonale du rap, c’est lui qui fait briller l’étoile du Nord ! Après dix ans de carrière, Ben PLG vient de sortir ce qu’il considère comme son vrai premier album "Faut pas oublier de dire je t'aime". Il est ce matin l'invité de Mathilde Serrell. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/nouvelles-tetes/nouvelles-tetes-du-lundi-05-fevrier-2024-6729651
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00:00 Les nouvelles têtes avec vous Mathilde Serrel, ce matin un rappeur qui a fait de l'île
00:05 d'Inkerck et Tourcoing son triangle d'or.
00:07 Ben PLG est dans le studio Portrait sonore.
00:11 La Voix du Nord, premier numéro, il est daté du mardi 5 septembre 1944, à la une et sur
00:16 trois colonnes, ce titre, la région du Nord est libre, nous voici pour les prémices.
00:21 Son héros, c'est son grand-père, rédacteur au quotidien La Voix du Nord, au départ il
00:27 voulait être comme lui, mais c'est le rap infini qui s'est imposé comme mode de récit
00:31 journalistique, même si sa carrière commence d'abord dans le foot.
00:35 Et oui, étudiant en fac de l'île, ça chante dans le studio, en fac de sport à l'île,
00:55 ancien gardien de l'USL Dunkerque, il a fallu que son coach le voit sur Netflix pour le
01:01 croire quand il lui disait qu'il faisait du rap.
01:02 Sale, sale, sale, sale, sale.
01:21 Ce commentaire encourageant de la rappeuse éjurée Chay ne lui donne pas la victoire,
01:25 mais un passeport pour la gloire, PLG comme son pseudo.
01:29 A l'origine, un hommage à la panenka de Zizou face à l'Italie en 2006 tirée pour
01:34 la beauté du geste.
01:35 C'est exactement ce qu'il fait après son élimination de Nouvelle École en sortant
01:39 ce son.
01:40 Une décennie s'est écoulée depuis ses premiers morceaux.
01:55 Merguez Frites, c'était le titre de ce premier recueil.
01:58 Travailleur social dans les prisons pour mineurs, maisons de retraite ou hôpitaux psychiatriques,
02:02 il a financé sa musique en aidant les autres et compte bien continuer à le faire dans
02:06 ses textes, maintenant qu'il en vit.
02:07 A 32 ans, il balance dans ses chansons qu'il n'a toujours pas réussi à rendre sa boxe
02:27 SFR, mais qu'il a enfin fini son premier album.
02:34 Après des dizaines et des dizaines de titres, ce sont ceux de « Dire je t'aime » qui
02:39 font aujourd'hui de lui la voix du Nord.
02:42 Ben PLG, bonjour !
02:44 - Incroyable !
02:45 - Alors, ça vous étonne encore quand vous réalisez que vous vivez de votre musique ?
02:49 - Non, ça ne m'étonne plus, je pense.
02:52 Parce que je suis un peu désenchanté de voir comment ça fonctionne.
02:56 Et puis je pense que j'arrive enfin à être fier de moi.
02:57 Donc je me dis que j'ai bien mérité quand même de prendre un petit smic.
03:01 - Vous ne parlez pas de moulas, vous, en même temps.
03:03 Vous parlez des difficultés de la classe ouvrière, etc.
03:06 Mais ce n'est pas sur ce mode-là.
03:08 - Je ne sais pas, j'ai du mal à me comparer aux autres parce qu'il n'y a personne que
03:13 j'ai envie de décrédibiliser.
03:15 Mais en tout cas, j'arrive à vivre ce que je vis maintenant en gardant la réalité
03:19 des gens que je croise quand je descends en bas de chez moi.
03:22 - Vous êtes dans la « schnorr connection » on pourrait l'appeler comme ça, entre
03:25 les instrus et tous les gens avec qui vous travaillez.
03:28 Vous avez mis un peu le rap, c'est vrai ?
03:30 - La schnorr connection ?
03:31 - Oui, je l'appellerais comme ça.
03:32 - Ecoutez, je vous la laisse.
03:33 - Vous me la laissez ?
03:34 - Oui, je vous la laisse.
03:35 - Vous avez mis le « schnorr » sur la carte du rap, quand même, concrètement.
03:39 - Je pense que depuis quelques temps, on est en train de le faire.
03:42 Il y a quand même d'autres artistes dans le rap gradueux.
03:45 Il y a presque 10 ans maintenant, ZKR, BK, Arstow, plein d'artistes super qui existent.
03:50 Mais en tout cas, si je peux permettre de faire rayonner ma région de naissance et
03:53 de cœur, j'en suis fier.
03:55 Et mon grand-père, comme vous l'avez si bien dit, en est fier aussi.
03:57 - Oui, vous faites du rap journalistique, vous diriez ça ?
03:59 - Euh non.
04:00 Je dirais que je fais du rap qui sort des tripés du cœur.
04:03 - Vous dites « je suis qu'un rappeur de plus, je raconte la rue, l'arrêt de bus,
04:07 la vodka et Red Bull ».
04:08 C'est pas que ça, quand même ?
04:10 - Non, mais ça c'est plus, à ce moment-là, quand je le raconte, des fois je peux me le
04:14 dire.
04:15 Je pense que c'est pour représenter le fait que des fois, on est en train de raconter
04:19 ce qu'on…
04:20 En fait, des fois, je me trouve super fort et puis des fois, je me trouve quelconque.
04:23 Mais je pense que c'est le parcours d'un être humain.
04:25 Et du coup, quand je dis ça, c'est vrai.
04:27 Au final, je suis qu'un rappeur de plus, comme il y en a plein sur Spotify.
04:30 Mais après, j'essaie de raconter ma réalité à moi et de la rendre singulière.
04:34 - Et en quoi vous considérez que c'est votre vrai premier album, alors que ça fait
04:38 dix ans que vous publiez des titres ?
04:40 - Parce que je pense que là, j'ai le sentiment d'avoir sorti un disque qui peut rester
04:47 dans le temps, qui peut rester…
04:49 Qui existe en tant qu'œuvre, en tout cas dans ma vie artistique.
04:54 Je pense que j'ai sorti une œuvre importante et du coup, c'est mon premier album.
04:58 - Vous rêvez d'être un Alain Souchon ?
05:01 - Non, je rêve de faire un morceau avec Alain Souchon.
05:05 - Je crois que vous aimez vraiment cette chanson-là, cette capacité-là, cette punchline qu'on
05:10 peut avoir dans « Full Sentimental ».
05:11 - Ça m'a marqué quand j'étais petit.
05:13 Je pense que c'est ma Madeleine de Proust un peu.
05:15 Il y avait le CD de l'Olympia d'Alain Souchon quand j'étais petit qui traînait
05:19 tout le temps.
05:20 Je ne sais plus en quelle année d'ailleurs, mais qui traînait tout le temps en bas.
05:22 C'est le truc que j'écoutais.
05:23 Du coup, je pense que c'est un des premiers chanteurs qui m'a marqué.
05:27 - Est-ce qu'il y a un côté travailleur social au fond dans la chanson, dans le métier
05:31 de rappeur ?
05:32 Vous qui avez travaillé dans les hôpitaux psychiatriques, les prisons pour mineurs et
05:37 qui avez cette fibre-là au départ.
05:39 Est-ce que c'est ça la fonction du rap et de la chanson aujourd'hui ?
05:42 - Je pense que c'est tellement large qu'on en donne la fonction qu'on veut.
05:46 Mais en tout cas, c'est vrai qu'il y a un vrai impact social.
05:48 En tout cas, je me rends compte, les retours que j'ai par la plupart des gens qui écoutent
05:52 ma musique, c'est qu'ils ont l'impression que je leur donne le droit de rêver, le droit
05:55 de se valoriser, le droit de penser qu'ils sont uniques eux aussi.
05:57 Et donc là, juste ça, je trouve que donner de la confiance et de l'amour aux gens, c'est
06:01 social.
06:02 - Et il fait beau dans la thèse, ça veut dire qu'on y reste aussi.
06:05 Il n'y a pas d'ailleurs forcément magique dans vos chansons.
06:08 - Moi, j'avais beaucoup cette expression en tête "aller chercher le bonheur ailleurs"
06:12 qui m'embêtait un peu des fois.
06:13 Je me disais "mais en fait, est-ce que le plus dur que d'aller chercher le bonheur ailleurs,
06:17 c'est pas de trouver le bonheur ici ?" Et du coup, c'est un peu le thème de mon projet,
06:20 je pense.
06:21 - Alors ce projet, justement, vous avez sujet libre, vous avez plus d'une minute pour le
06:25 défendre d'un PLJ à l'antenne.
06:26 - Je vais chanter, là ? - Oui, attention.
06:27 "Silhouette des ombres", c'est le titre que vous avez choisi sur ce nouveau disque.
06:31 - Pas du tout, c'est "Faut pas oublier de dire que je l'aime".
06:33 - Ah, vous venez de changer ? - Non, je n'ai pas changé, mais une petite
06:36 coquille, ça arrive.
06:37 - Allez-y.
06:38 - Il y a des problèmes, c'est les solutions.
06:44 Souvent l'évidence, c'est pas l'un seul issue.
06:46 Je peux voir les fantômes dans l'impollution.
06:48 PLJ marqué sur le capot dans la salissure.
06:51 Parait qu'on s'habitue, j'ai plus peur de l'altitude.
06:53 Ils m'ont dit "Tout est trop dur".
06:54 Le bac, l'envie, les factures.
06:55 De toute façon, soit je vais visiter le ciel ou bien je nourris la pâture.
06:58 Ça me fait grimacer comme quand j'étais petit, le yaourt nature.
07:01 La mélodie de la fracture, je suis à l'avant de la caisse.
07:03 Fier de mes copains, les mêmes à qui on disait "Tu sais pas quoi faire de tes deux
07:06 mains, regarde-nous bien".
07:07 Ils nous ont énervés, là, regarde-nous bien.
07:09 Y'a que des gars qui savent pas où se mettre, ça existe pas, les bons à rien.
07:12 Faut pas oublier de dire "Je t'aime".
07:17 Ça fait du bien de se laisser aller, c'est fini de se laisser faire.
07:20 J'ai toujours pas réussi à renvoyer ma box chez SFR, mais j'ai fini mon album.
07:24 Chacun ses qualités, sa manière de se dire qu'il cartonne.
07:26 Moi, je suis toujours avec mes potes et on finit notre album.
07:29 Bravo les gars, on cartonne.
07:30 Mamie est toujours sur le lit, à chaque fois c'est la même rengaine.
07:34 J'espère encore qu'elle réagisse.
07:36 Je lui fais un bisou sur le front, mais c'est pas si magique.
07:39 Comme si c'était Paris, comme si c'était une princesse, mais c'est pas si facile.
07:42 Papi me fait quatre bises sans sourire en m'appuyant l'épaule.
07:45 Ça veut dire merci d'être venu, ça veut dire merci pour tout.
07:51 Bravo, on va oublier de dire "Je t'aime".