Dans sa prise de parole, le Premier ministre a promis de "déverrouiller" l'accès au logement et notamment de faire évoluer le logement social pour qu'il réponde aux besoins des classes moyennes. Une "bombe sociale" selon les acteurs associatifs du secteur.
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00:00 Guillaume, on a choisi de revenir avec vous aujourd'hui sur l'une des annonces de Gabriel Attal hier qui concerne le logement.
00:08 Oui. Bonne nouvelle, on reparle du logement. C'est une bonne nouvelle déjà parce que rappelez-vous Emmanuel Macron n'avait pas beaucoup parlé, même pas du tout.
00:14 Je savais que c'était un sujet qui vous tenait à coeur.
00:16 Lors de sa conférence de presse. Bah oui, on en parle parce que c'est un sujet bouillant. Est-ce qu'il faut rappeler, Achelet, ce chiffre absolument terrible ?
00:21 Vous avez 2,5 millions de ménages, je ne dis pas de personnes, de ménages aujourd'hui en France, qui sont sur une liste d'attente pour obtenir un logement social.
00:28 Alors vous savez, on parle de logements sociaux qui n'existent quasiment pas. On n'a même pas posé la première pierre. On n'a même pas creusé de trous pour ensuite poser la première pierre.
00:36 D'ailleurs, il n'y a même pas de terrain pour creuser le trou. Voyez, voilà où on en est aujourd'hui.
00:39 Donc, qu'est-ce qu'on a annoncé hier ? Il y a notamment un prêt, alors c'est un prêt de très long terme pour le logement social de 2 milliards d'euros.
00:46 Par contre, il y a une mesure qui ne passe pas du tout du côté du monde du logement social, vous savez, c'est ce qu'on va faire pour modifier la loi, la fameuse loi SRU, évidemment.
00:55 La loi SRU, c'est cette loi qui impose un minimum de logements sociaux, c'est ça ?
00:59 Voilà, la loi votée en 2000 qui oblige toutes les communes situées en zone urbaine à avoir un taux minimal de logements sociaux.
01:05 Alors on sait comment ça se passe, il y a des communes qui ne font pas le strict minimum, donc qui préfèrent payer une amende pour des raisons électorales.
01:12 Il se trouve que cette loi SRU, elle devait être durcie. D'ici fin 2025, il était question que dans chacune des villes concernées, il y ait au moins, on inscrivait ça noir sur blanc, 25% de logements sociaux.
01:22 Ça, ça a été prévu. Sauf qu'hier, qu'est-ce que dit Gabriel Attal ? Il dit finalement, ben voilà, dans ces 25%, on va quand même caser une partie de logements dits "intermédiaires"
01:33 destinés à la classe moyenne, voire à la classe moyenne supérieure. Vous savez que depuis un certain temps, tout le monde drague la classe moyenne, considérée comme nuclé de voûte de la prochaine élection.
01:41 Je referme la parenthèse. Alors résultat de tout ça, c'est que oui, on fait une petite place à la classe moyenne, mais il va y avoir statistiquement moins de logements pour les Français les plus précaires.
01:51 Et ça, ça fait hurler les acteurs du monde social depuis hier qui disent, déjà qu'on avait du mal à imposer aux maires de faire suffisamment de logements sociaux, maintenant, on va laisser la possibilité aux maires de choisir entre
02:00 accueillir des pauvres et accueillir des cadres. Certains disent que c'est de la ségrégation territoriale. On va encore pousser les plus précaires en dehors de ville. Donc, on entend des choses absolument incroyables depuis hier.
02:09 Ce qui n'incitera peut-être pas les bailleurs, du coup, à construire beaucoup plus de logements.
02:13 Non, non. Et en plus, les acteurs le disent. Si vous regardez le profil des 2,5 millions de personnes dont je vous parlais tout à l'heure qui attendent un logement social, la fondation Abbé Pierre
02:20 dit "Regardez le profil de trois quarts des bénéficiaires. Eux, ils n'attendent pas du logement intermédiaire. Ils n'attendent même pas du logement social. Ils attendent du logement très social, à des loyers encore plus modérés".
02:30 Voyez pourquoi aujourd'hui, ça râle. C'est le moins qu'on puisse dire dans le monde associatif et qu'il y a vraiment une bombe sociale véritablement autour de ce logement à laquelle il va falloir répondre.
02:38 Ça fait des mois qu'on en parle, mais ça commence à devenir très très pire.
02:41 Guillaume qui attend toujours son ministre ou son secrétaire d'État au logement.
02:44 Il paraît que c'est pour cette semaine.
02:45 Ça sera dans les 10 jours.
02:48 Ah, dans les 10 jours.
02:49 Voilà.
02:50 Toujours repoussé. Merci Guillaume.
02:52 Il y en aura un. Il y en aura un.
02:53 Merci à tous les deux.