• il y a 11 mois
Parler de la mort, en faisant l'apéro ! C'est pas le genre de choses qu'on fait tous les jours.
Et c'est pourtant ce que propose l'association Happy End, qui organise regulièrement et un peu partout en France, des Apéros de la Mort. Et cela aura lieu ce mardi à Montpellier.
Ces "Apéros de la mort" sont des moments d'échange et de discussion autour de tous les aspects de la mort: la fin de vie, le deuil, ou la vie après la mort.
Un apéro de la Mort est organisé ce soir, à Montpellier, au Latitude Café. C'est quasiment complet, car le nombre de participants est limité. Mais il y en aura sans doute d'autres.
D'ailleurs, l'association Happy End propose tout au long de l'année, via sa page Facebook, des rencontres et des échanges.
On en parle ce matin avec Agnès Bono Latcher, ambassadrice de l'association Happy End à Montpellier et organisatrice de l'apéro de ce soir.

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Transcription
00:00 - Un apéro un peu particulier, Agnès Bonolace, notre invitée, elle est organisatrice de l'Apéro de la mort à Montpellier, Guillaume.
00:06 - Et ambassadrice de l'association Happy End. Bonjour Agnès Bonolace.
00:09 - Bonjour.
00:10 - Merci d'être venue nous rejoindre ce matin pour parler d'un sujet pas facile, celui de la mort, sujet tabou.
00:16 Nous on en a un petit peu plaisanté tout à l'heure, il y a deux minutes avec Vivian.
00:20 On peut plaisanter, on peut rire autour de la mort ?
00:23 - Bien sûr. Et les apéros de la mort, c'est des moments où on dépose des choses tristes,
00:28 mais c'est aussi des moments conviviaux où on rigole, où on prend un peu de distance,
00:33 où on dépose quelque chose, du coup on est plus léger et quand on est plus léger, la convivialité peut s'installer.
00:41 - Alors ces apéros de la mort, c'est l'association que vous représentez aujourd'hui, Happy End,
00:44 qui est une association qui a été lancée en région parisienne, je crois, par Sarah Dumont et d'autres personnes.
00:51 Happy End, c'est joli comme nom d'association qui parle de la mort. Fin joyeuse.
00:57 - Oui, ça peut être joyeux, mais c'est pas la joie, c'est pas l'exaltation, c'est pas l'excitation.
01:05 - Il y a certaines cultures où la mort est une fête, on fait la fête.
01:10 - Oui, on n'en est pas là nous, et il ne faut pas nier aussi la dimension triste,
01:15 mais c'est justement en acceptant cette dimension triste qu'on peut se relier à la joie et surtout à l'amour.
01:21 - Par rapport à la personne disparue. - Tout à fait.
01:24 - Happy End, cette association, a eu l'idée de lancer ces apéros de la mort.
01:28 - Oui. - Donc en fait c'est quoi ? Ce sont des apéros, des rencontres, des moments d'échange, on boit un verre, évidemment.
01:35 Le préfet de l'héros veille à ce que ce soit du vin de l'héros d'ailleurs, il vous a posé la question.
01:39 - Oui, nous avons une demande. On va essayer de l'honorer.
01:43 - Ils en ont besoin en ce moment, les viticulteurs révoltés, durant lesquels on parle de la mort.
01:48 - Oui. - Alors à travers différents aspects.
01:50 - Alors en fait, les personnes qui sont invitées à participer à ces apéritifs sont soit des personnes qui vivent un deuil, plus ou moins récent,
01:59 des personnes qui s'interrogent sur la mort, comment je prépare ma mort, ou qu'est-ce qui va se passer après la mort,
02:04 qui ont des questions, ou des réponses d'ailleurs, et qui veulent les partager.
02:08 - Vous voulez dire, les gens qui s'interrogent sur est-ce qu'il y a une vie après la mort ou pas, par exemple ?
02:11 - Oui, oui, oui, voilà. Et aussi des personnes qui accompagnent des proches en fin de vie aussi.
02:16 - Donc c'est à la fois le deuil, c'est à la fois la fin de vie, c'est à la fois un questionnement par rapport à sa propre mort,
02:22 qu'est-ce que je vais devenir ? C'est finalement très hétéroclite, les sujets de discussion.
02:26 - Oui, tout à fait. En fait, on n'a pas de nous de thématique imposée, on se sert en fait de la parole des gens.
02:31 Et je trouve que la force de ces lieux, c'est en fait, c'est la parole et la vérité de chacun qui sert de ressource.
02:39 - Oui. - On n'est pas là pour se conseiller les uns les autres, chacun vient avec ça, ce qu'il vit,
02:45 dépose ce qu'il a envie, on peut aussi ne pas parler et juste écouter,
02:49 et les autres font résonner la parole et on se saisit de ce qui fait sens.
02:55 - Vous dites "on n'est pas là pour se conseiller les uns les autres", alors j'imagine que vous n'êtes pas là,
02:58 personne ne cherche à convaincre les autres par rapport à ses propres croyances ou autres,
03:01 mais le conseil, parce que c'est un peu l'idée et la vertu d'un groupe de parole, c'est quand même un groupe de parole.
03:06 - C'est pas tout à fait un groupe de parole. - C'est pas un groupe de parole.
03:09 - Les gens ne se connaissent pas, déjà. - Mais dans la parole de l'autre, mal du tout, on trouve quand même des ressources.
03:14 - C'est justement l'idée, voilà, c'est ça, mais en fait, ce qu'il y a de particulier dans ces moments de vie,
03:19 c'est des moments de grande fragilité, de grande vulnérabilité, où on se pose beaucoup de questions,
03:23 et parfois on remet tout en cause, toutes ces croyances, tout,
03:27 et si vous voulez, c'est des chemins très personnels, et en fait, les stratégies des uns n'aident pas forcément les autres,
03:34 et des stratégies qui marchaient avant sur nous, ça ne fonctionne pas forcément,
03:38 donc il faut à la fois se réinventer, à la fois, c'est très compliqué,
03:42 et on peut être choqué, en fait, de l'attitude de certaines personnes face à la mort, face à la maladie, face au deuil,
03:48 ne pas comprendre leur façon de faire, en fait. - Qu'est-ce qui peut être choquant, par exemple, justement ?
03:53 - En fait, ça dépend des personnes, si vous voulez, parce que, je vous dis, c'est tellement personnel,
03:57 qu'il y a des choses qui peuvent interroger. Je peux vous donner un exemple concret.
04:03 Pendant des années, une personne que je connais fêtait l'anniversaire de son fils décédé,
04:10 et moi, à l'époque, je ne m'étais pas formée au deuil, j'étais beaucoup plus jeune aussi,
04:16 et ça me choquait, et je ne pouvais pas participer à ces moments-là, parce que pour moi, ça n'avait aucun sens.
04:23 Et après avoir cheminé, moi, de mon côté, j'ai compris, et à l'époque, je me disais,
04:28 mais c'est n'importe quoi, je n'ai jamais osé lui dire, mais pour moi, c'était n'importe quoi.
04:31 Vous voyez, j'avais ce jugement-là, et en fait, c'était juste sa façon à elle de traverser,
04:36 du moment que ça lui fait du bien à elle.
04:39 - L'idée, c'est ça, c'est qu'au bout du compte, les gens qui sont à travers ces questionnements,
04:43 ou des situations de deuil, ou des situations de fin de vie, vivent mieux leur approche,
04:49 ou cette approche de la mort, c'est ça, au bout du compte, la finalité ?
04:52 C'est de s'apaiser par rapport à la mort ? L'idée de la mort ?
04:55 - Alors, sur un apéro, ça paraît ambitieux, quand même, mais déjà, si...
04:59 - C'est déjà une première porte qui se ouvre. - Oui, oui.
05:01 - Parce que vous ne vous contentez pas de ces apéros, j'imagine.
05:04 Ça va au-delà. L'association Happy End ne fait pas que des apéros de la mort.
05:07 - Non, non, non. Alors, nous, on s'occupe que... Enfin, moi, je ne m'occupe que des apéros de la mort.
05:11 Mais après, oui, il y a un site avec des ressources sur comment faire ses directives anticipées,
05:17 un parcours de, concrètement, qu'est-ce que je vais devoir faire quand je perds un proche ?
05:21 - Oui, donc il y a vraiment tout le questionnement, y compris parfois un peu de technique administrative.
05:26 - Oui, oui, mais c'est sauvenant, parce qu'on est tellement perdus et tellement vulnérables dans ces moments-là,
05:30 qu'avoir un petit chemin, ça...
05:32 - Ce n'est pas le premier apéro de la mort qu'il y a eu à Montpellier ?
05:35 - C'est le troisième. - C'est le troisième.
05:37 Alors, vous avez déjà un peu de recul et d'expérience.
05:40 Alors, qui sont les gens qui y viennent ?
05:42 Et est-ce qu'il y a une classe d'âge plus prépondérante qu'une autre ?
05:47 C'est-à-dire des gens qui sont plutôt, effectivement, d'un certain âge ?
05:51 Parce qu'à partir d'un certain âge, on commence à s'interroger sur la mort.
05:54 - Oui. - Ou c'est vraiment assez...
05:56 - Non. Alors, a priori, pour l'instant, on a une...
06:00 Voilà, les personnes qui viennent sont plutôt des seniors,
06:02 mais il y a quand même des...
06:04 des... je ne sais pas comment...
06:06 - Des plus jeunes, on va dire. - Des plus jeunes, voilà, pas français.
06:09 Voilà, des plus jeunes qui viennent
06:11 et qui ont aussi beaucoup de choses à déposer.
06:14 Il y a un besoin, en fait.
06:15 - Ariviane, pourquoi ?
06:17 - Je pense que, comme c'est tabou, on n'ose pas en parler.
06:21 Et après, quand on en parle avec des gens avec qui on a un lien d'attachement,
06:25 ben, on se censure. La personne se censure,
06:27 parce qu'elle ne veut pas blesser, elle ne veut pas faire peur.
06:29 - Ce sont des jeunes qui viennent, c'est parce qu'ils ont perdu un proche
06:32 ou parce qu'ils s'interrogent par rapport à l'idée de la mort ?
06:34 - Alors, concrètement, c'est des jeunes qui ont perdu un proche.
06:37 Voilà, ça peut être un parent, ça peut être un frère, une sœur.
06:41 Enfin, pour l'instant, nous, dans ce qu'on a vécu sur les deux précédents apéros,
06:46 et le fait juste de déposer sa parole, déjà, ça, ça fait du bien.
06:52 Et qu'on entende sans juger, voilà.
06:54 Et sans dire "Ah, tu devrais... Ah, mais c'est normal."
06:56 Mais ça, c'est terrible, en fait. Ça coupe de ce que la personne, elle, vit.
07:00 - L'association IPN qui organise ces apéros veille à ce qu'à chaque fois,
07:04 pour chacune de ces rencontres,
07:06 ces apéros soient accompagnés par une personne formée à l'accompagnement au deuil.
07:13 - Oui. - Ce qui est votre cas, Agnès Bruno-Laché,
07:16 puisque vous êtes praticienne en art-thérapie et spécialisée en accompagnement du deuil.
07:20 - Hum hum. - Donc, vous avez un rôle aussi important
07:22 à jouer par rapport à la parole qui circule et aux différents questionnements
07:27 que les gens peuvent manifester, c'est ça ?
07:29 - Tout à fait. En fait, le cadre est très important.
07:31 Donc, au départ de chaque apéro, avec Caroline, la co-animatrice,
07:35 on pose un cadre où vraiment, c'est ce que je disais tout à l'heure,
07:38 on invite à la neutralité, on invite à écouter la personne jusqu'au bout.
07:43 - Neutralité par rapport à quoi ? Des questions religieuses, par exemple ?
07:46 - Tout, tout, tout. Comme je vous disais tout à l'heure,
07:48 les ressources des uns et des autres ne sont pas du tout les mêmes,
07:50 et on peut être choqué, ou on peut avoir envie de réconforter ou de conseiller,
07:54 et c'est pas l'endroit, en fait. Et comme je vous disais aussi,
07:57 les gens ne se connaissent pas. On va pas forcément se revoir.
08:01 Donc, il n'y a pas l'intimité ni la confiance pour vraiment avoir ce type d'échange, en fait.
08:08 C'est vraiment, j'écoute l'autre, et qu'est-ce que ça dit de moi,
08:12 comment ça résonne en moi. Et là, je peux partager mon expérience.
08:16 - Et vous avez eu des retours par rapport à des participants de précédents apéros
08:19 qui sont revenus vous voir en disant "ça m'a fait un bien fou"
08:22 ou au contraire "ça a entretenu quelque chose de compliqué" ?
08:26 - On a jamais d'ailleurs eu de retour négatif.
08:29 Au contraire, ça fait toujours du bien. Et c'est aussi parce qu'il y a le cadre,
08:33 et que là, à ce moment-là, avec Caroline, on veille à ce que les personnes
08:36 ne jugent pas les autres. Des fois, enfin souvent, ça part d'une bonne intention,
08:40 parce qu'on veut tout de suite réconforter, envelopper une personne en deuil
08:43 ou une personne qui accompagne quelqu'un en fin de vie, elle n'a pas besoin de ça.
08:47 - Alors cet apéro de la mort a lieu ce soir de 19h à 21h au Latitude Café.
08:51 Je le dis, mais de toute façon, les inscriptions sont closes.
08:54 Il reste une place, je crois, vous disiez hier.
08:57 - Oui, c'est ça, il y a une place. Mais après, on en organise régulièrement.
09:01 - L'idée, c'était surtout que vous veniez effectivement nous en parler,
09:04 mais vous en organisez régulièrement. Et puis, il y a la page ressources
09:07 de l'association Happy End, si ça intéresse certains de celles et ceux qui nous écoutent.
09:11 - Oui. - Donc, c'est quoi, c'est une page Facebook ?
09:14 - Alors, je suis très mauvaise en réseaux sociaux, je vous avoue.
09:17 - Ça doit être une page Facebook, je crois. - Je crois que c'est un site.
09:20 - Un site ? On tape Happy End, apéro de la mort.
09:24 - Mais je crois qu'il y a tout. Un très beau réseau, très bien fourni.
09:27 - Parce que c'est quelque chose qui fonctionne. - Oui, oui, oui.
09:30 - Les échanges qui fonctionnent. - Happy End, et il y aura toutes les ressources dont vous avez besoin.
09:33 - Happy End, apéro de la mort peut-être, parce que Happy End, c'est une expression qui pourrait être éventuellement...
09:36 - Happy End.life. Il y a tous les événements, les apéros de la mort en code, Happy End.
09:42 - Merci beaucoup Agnès Bono-Lachet d'être venue nous en parler ce matin.
09:45 - Merci de m'avoir invitée. - Et bon apéro à vous ce soir, avec du vin de Leroux, Indienne préférée.
09:50 - Rouge et bio. - Il vous a mis la pression en sortant du studio.
09:53 - Merci à vous. - Merci. - Bonne journée.
09:55 - Et vous retrouvez ces interviews sur notre site internet francebleu.fr.
09:59 Allez, on repart en musique.
10:01 Avec Elton John, Candle in the Wind.
10:05 - Ou alors Mylène Farmer.
10:08 - Non, non, non, on va écouter Céline Dion, Pour que tu m'aimes encore, ça ira très bien.
10:11 On chantera avec Céline Dion.
10:13 Et juste après on va retrouver Léopoldine Dufour pour la petite histoire du jour.
10:17 On va revenir sur les blagues qu'on peut se faire entre les sudistes et les nordistes,
10:21 entre le nord, le sud, Paris, Montpellier parfois.
10:24 Il y avait une blague à l'époque qui marchait très très bien, on en parle dans quelques minutes.
10:27 Donc dans le 6/9 de France Bleu Héros.
10:29 Allez, on chante avec Céline Dion, Pour que tu m'aimes encore.

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