Au lendemain du match nul de Brest au Parc des Princes face au PSG (2-2) pour le compte de la 19e journée de Ligue 1, Éric Roy était lundi l'invité de « L'Équipe de choc ». L'entraîneur du Stade Brestois est revenu sur la belle saison de son équipe.
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00:00 - Toi Eric, tu n'as pas entraîné pendant quasiment 10 ans, un peu plus de 10 ans.
00:03 Tu entraînes Brest, tu arrives il y a un an quasiment tout seul dans ce club-là.
00:08 Tu sauves le club, là tu te retrouves top 3 de la Ligue 1 quasiment un an après.
00:13 Est-ce que franchement, ce n'est pas une belle revanche pour toi ?
00:15 Est-ce que tu en as conscience aujourd'hui ?
00:17 Tous ceux qui t'avaient enterré, qui t'avaient mis à la cave
00:20 et qui aujourd'hui parlent un peu au moins peut-être.
00:23 - Non, il n'y a pas de revanche.
00:25 J'en ai parlé souvent.
00:27 Ça vient souvent.
00:30 C'est vrai que quand j'ai été nommé, il y avait un peu de scepticisme.
00:34 Mais c'est normal quand tu vas chercher un entraîneur qui n'a pas entraîné,
00:38 qui a eu non plus qu'une seule expérience.
00:40 C'était à Nice, dans mon club de cœur, mon club formateur,
00:45 la ville où je vis, avant de venir à Brest.
00:48 Donc c'est vrai qu'il n'y avait pas de scepticisme.
00:50 C'est un scepticisme que je pouvais comprendre.
00:53 Vous savez, j'étais un peu à votre place aussi
00:55 pendant les moments où je n'étais pas en club.
00:57 C'est-à-dire être sur des plateaux, pouvoir analyser les choses,
01:00 commenter, avoir toujours des avis sur tout.
01:02 C'est des fois compliqué et c'était assez logique quelque part.
01:06 Maintenant, je suis surtout content, moi,
01:07 surtout d'avoir rendu l'appareil à ceux qui m'ont fait confiance,
01:10 à Grégory Dranzi, qui est quand même un petit peu l'architecte de ce club,
01:14 depuis des années maintenant, et au président,
01:17 qui à un moment donné m'a tendu la main.
01:20 Ça, je ne l'oublie pas non plus parce que c'est vrai que pendant longtemps,
01:23 j'ai pensé que le train était passé définitivement.
01:26 - Alors, il a lui aussi un avis sur tout,
01:28 mais bon, on l'aime bien quand même, c'est Ludovic Aubragnac.
01:31 Alors, il veut vous poser une question, coach.
01:33 - Non, salut Eric.
01:34 Tu viens d'amorcer la question que je voulais te poser.
01:37 Tu connais la façon dont j'ai d'appréhender le football
01:41 et tu as été un manager aussi,
01:43 avant d'être, ou entre les deux, pendant tes périodes d'entraîneur.
01:47 Moi, je voulais revenir sur ta complicité avec Grégory Dranzi.
01:50 Tu viens d'en parler.
01:50 Est-ce que finalement, la source de la réussite de ce club-là,
01:53 c'est la réussite de votre binôme ?
01:55 L'entente des joueurs devait partir, finalement, ils sont toujours là.
01:58 Il y a un recrutement qui est malin,
02:00 qui te permet aujourd'hui d'avoir des joueurs à des postes stratégiques.
02:03 Est-ce que finalement, la réussite de ce club et des clubs en général,
02:07 ça devrait être justement la complicité entre un directeur sportif et un entraîneur ?
02:13 - Il est évident que la réussite d'un club,
02:15 si la relation est plutôt fluide et bonne avec ton supérieur hiérarchique,
02:18 parce qu'aujourd'hui, c'est mon supérieur hiérarchique,
02:22 mais ça n'empêche pas que lui est concentré sur son boulot, moi sur le mien.
02:27 Il n'y a pas d'interférence entre les deux,
02:28 même s'il y a beaucoup de communication et beaucoup de dialogue.
02:33 Il est évident que des relations normales, j'ai envie de dire,
02:36 ce qui est de plus en plus rare dans le foot,
02:39 et les normalités dans le foot,
02:40 c'est vrai que ça devient aujourd'hui quelque chose d'assez exceptionnel.
02:43 Donc, avec un président qui laisse travailler les gens qu'il a choisis,
02:47 et après une relation entre un directeur sportif et son entraîneur,
02:52 qui est bonne et qui, quelque part, permet justement cette complicité,
02:58 et puis également cette confiance au quotidien,
03:01 qui fait que je travaille dans des bonnes conditions,
03:04 avec un staff que je ne connaissais pas, mais qui m'a tout de suite plu.
03:10 Donc, c'est un ensemble de choses.
03:12 Des gens professionnels, des gens qui sont à leur place,
03:15 dans un club qui, effectivement,
03:18 je pense, a toujours sa place dans le football français.
03:22 Aujourd'hui, on parle beaucoup plus de fonds d'investissement,
03:26 de riches propriétaires d'Etat,
03:28 quelques fois, qui sont propriétaires de clubs.
03:30 Aujourd'hui, notre club, c'est vrai que c'est un club très identitaire,
03:34 avec un président français,
03:36 et je dirais que c'est encore le foot, en tous les cas, le foot que moi, j'aime.
03:40 - Une dernière question, vu qu'H. Dorasso est autour de la table.
03:43 Je me suis demandé, comme tu es entraîné, salut Eric, il y a 10 ans,
03:46 entre temps, il y a beaucoup de choses qui ont changé.
03:48 Est-ce que tu es un entraîneur à l'ancienne,
03:50 ou est-ce que tu utilises les datas, les GPS, le nouveau langage aussi ?
03:55 Ou est-ce que tu as un staff de ouf ?
03:57 Ou alors, est-ce que tu es, voilà, avec plutôt le discours,
04:01 avec les valeurs, avec plein de choses comme ça ?
04:06 Tu t'es mis à jouer entre temps.
04:10 - Alors, on me parle souvent de la nouvelle génération, notamment.
04:15 Dans ces relations, je n'ai jamais eu de problème,
04:16 même en revenant 10 ans après,
04:19 et je n'ai pas senti vraiment une évolution incroyable.
04:22 C'est peut-être le fait aussi d'avoir des adolescents à la maison
04:26 qui ont grandi, donc je n'ai pas perdu ce lien avec la nouvelle génération.
04:30 Et après, concernant les nouvelles technologies,
04:32 je crois que c'est important de toujours être un peu concerné
04:36 par ce qui se fait de nouveau, par les nouvelles tendances.
04:39 C'est vrai que la data, on en parle, on regarde,
04:41 on étudie aussi bien sûr nos matchs par rapport à ce que les joueurs ont fait,
04:46 leur volume de course et choses comme ça,
04:48 notamment les volumes de course à haute intensité.
04:50 Mais c'est vrai que j'ai plutôt une tendance à m'en servir,
04:55 mais ce n'est pas pour moi quelque chose qui soit, en tous les cas, décisif
04:59 dans la manière de pouvoir coacher, dans la manière de pouvoir faire des choix.
05:04 C'est un élément supplémentaire,
05:05 c'est quelque chose qui peut être important,
05:09 mais je ne recruterais jamais quelqu'un sur la data uniquement,
05:12 plutôt sur un sentiment, sur des infos,
05:16 sur la capacité à un garçon de s'intégrer, de s'investir,
05:21 sa mentalité et bien sûr après, ses qualités de footballeur.
05:24 Donc pour moi, l'œil est encore très important.
05:28 Et voilà, je ne sais pas si je suis à l'ancienne ou à la nouvelle génération d'entraîneurs,
05:32 mais en tous les cas, je suis comme je suis.
05:34 Je crois que ce qui est le plus important, c'est d'avoir sa propre personnalité.
05:37 Et je pense que les joueurs, quelque part, ils ont besoin de ça aussi.
05:42 - Merci beaucoup Eric d'être venu ce soir dans l'équipe de Grec,
05:45 à un point complet parce que Brest réalise vraiment une saison exceptionnelle
05:48 avec peut-être en point d'or que ce match-là au Parc des Princes.
05:51 En revanche, je vous le dis tout de suite, personne ne vous croit pour le maintien,
05:53 sachez-le, je vous assure.
05:55 C'est très bien, vous êtes dans votre rôle, mais nous, on ne tombera pas dedans.
05:58 Pinocchio, il n'y a pas de doute, plein de bonnes choses.
06:00 Bon vent, à très vite.
06:01 On se retrouve prochainement dans les Jeux de Série.
06:03 - Eric, merci d'avoir été là.