Écrivain, président de souverain demain, Paul Melun : «Quand j'observe qu'on accueille nos agriculteurs avec des blindés, pardon, mais je trouve le message terrible».
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00:00 Vous soulevez une question qui est vraiment, je trouve, très intéressante, qui est de dire finalement,
00:03 qui va à la négociation avec le gouvernement, pour obtenir quoi et pour quelle finalité finalement ?
00:09 Parce qu'on observe quelque chose qui est assez classique dans les mouvements sociaux,
00:12 malheureusement avec le pouvoir en place, avec l'exécutif, mais avec Emmanuel Macron comme avec les précédents,
00:17 c'était pas Alain François Hollande, Nicolas Sarkozy, même jusqu'à Jacques Chirac,
00:19 c'est que le front syndical, comme on dit sur les mobilisations, par exemple sur les retraites,
00:23 ou sur l'immobilisation d'industrie, etc., peut se fissurer, se fragmenter,
00:27 à travers les jours de mobilisation.
00:30 Et là, tout l'enjeu pour le gouvernement, si on raisonne de façon un peu cynique et politique,
00:34 et je n'exclus pas que le gouvernement raisonne de cette façon-là,
00:37 c'est de dire avec quel syndicat, majoritaire ou pas, pouvons-nous traiter,
00:41 de sorte à fragmenter le mouvement et à progressivement, de négociation en négociation,
00:45 favoriser un essoufflement du mouvement, ou seulement les éléments les plus radicaux,
00:50 j'aime pas ce mot-là, parce que je pense qu'il n'y a aucune agriculteur radicale, ou très très peu,
00:53 mais pour qu'il n'y ait plus que ces gens-là et qu'il y ait une désapprobation populaire du mouvement.
00:56 Jouer le pourrissement. Bon, le gouvernement a réussi avec les retraites.
00:59 On a commencé avec un Front Syndicalier et ça a fini avec les casserolades.
01:02 Et avec les Gilets jaunes, vous avez raison, avec les Gilets jaunes, c'est exactement le même processus.
01:06 Quand les Gilets jaunes étaient calmes, pacifiques et qui bloquaient les ronds-points, ils n'obtenaient rien du tout.
01:10 Et puis, il a fallu qu'ils saccagent l'arc de Triomphe pour obtenir quelque chose,
01:13 ce qui est un signal absolument délétère.
01:15 Donc quand j'observe qu'on accueille nos agriculteurs avec des blindés,
01:18 pardon, mais je trouve le message terrible, je trouve le signal terrible.
01:22 J'observe aussi, dernier élément, qu'on déploie plus rapidement les blindés
01:25 quand c'est des agriculteurs qui ne sont pas des militants ou des voyous
01:28 que lorsqu'il y a des émeutes en banlieue.
01:30 Donc ça, si vous voulez, ce deux poids deux mesures, je crois que tous les Français le voient bien
01:33 et que voir ces blindés autour de points stratégiques pour recueillir ceux qui nous nourrissent,
01:38 très franchement, on s'en serait bien passé.
01:39 - Bon.
01:40 [Musique]
01:42 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]