Depuis plusieurs jours, partout en Europe, les agriculteurs font entendre leur colère, par des manifestations ou des blocages. Ils justifient leur mobilisation principalement par une opposition à des décisions nationales. Mais ils ont également dans leur viseur un élément commun: le "Green Deal", "un ensemble de mesures visant à engager l'Union européenne sur la voie de la transition écologique". On vous explique.
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00:00 France, Allemagne, Autriche, Roumanie, depuis plusieurs jours, partout en Europe,
00:06 les agriculteurs font entendre leur colère par des manifestations ou des blocages.
00:10 Ils justifient principalement leur mobilisation par une opposition à des décisions nationales.
00:15 Mais ils ont également dans leur viseur un élément commun, le Green Deal.
00:18 Mais le Green Deal, qu'est-ce que c'est ? Et pourquoi les agriculteurs sont réticents à sa mise en place ?
00:23 Le Green Deal, « pacte vert » en français, est un ensemble de décisions visant à engager l'Union Européenne
00:29 sur la voie de la transition écologique.
00:31 Décidé à échelle européenne, il sera ensuite adopté à travers des dispositions nationales.
00:36 Et il a un objectif, permettre aux États membres d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2050.
00:41 Pour y parvenir, ce pacte entend notamment défendre un système alimentaire plus durable,
00:46 en préconisant une réduction de l'usage et de la dangerosité des pesticides,
00:50 un développement de l'agriculture biologique ou encore une production alimentaire durable.
00:55 Dans ce Green Deal, il existe des stratégies qui s'appellent la stratégie biodiversité,
01:00 la stratégie de la ferme à la fourchette, « Farme plus fort »,
01:04 qui est la déclinaison agricole et alimentaire du Green Deal.
01:09 Il y a des questions autour du carbone farming, enfin de comment on utilise le carbone en agriculture.
01:15 Il existe aussi des textes sur les nouvelles techniques génomiques.
01:20 Il y a un texte qui a été voté à la commission Environnement du Parlement hier
01:24 pour justement faire en sorte que les agriculteurs demain, enfin pas demain,
01:29 mais dans un proche délai puissent avoir accès à ces nouvelles technologies
01:34 et puissent aussi les utiliser sur leurs exploitations pour bien des raisons.
01:39 Problème, ce Green Deal n'est pas forcément bien vu des agriculteurs, et ce, partout en Europe.
01:44 On a discuté avec nos homologues européens, évidemment les Allemands,
01:47 mais aussi les Italiens et d'autres pays.
01:49 Tout le monde est concentré sur le même objectif,
01:51 faire en sorte que la vision décroissante du Green Deal soit remise en cause,
01:55 ce qui ne veut pas dire pour autant que les sujets environnementaux ne sont pas à prendre en compte.
02:00 Je le redis, le défi climatique, c'est pour les agriculteurs un vrai challenge
02:03 et ils sont encore une fois une source de solution.
02:06 En fait, les agriculteurs reprochent à l'Union européenne d'avoir voté ou de vouloir voter
02:10 des textes qui leur imposent de trop grosses contraintes
02:13 et qui viennent s'ajouter à d'autres difficultés déjà présentes,
02:16 comme la hausse des coûts de production ou la perturbation des flux commerciaux
02:20 liés à la crise du Covid et à la guerre en Ukraine.
02:23 Avec ce Green Deal, les agriculteurs craignent en plus une baisse de la production agricole.
02:27 Combiné avec le sentiment d'être ignorés par l'Union européenne,
02:30 tout cela crée de l'incompréhension,
02:32 comme l'explique Christiane Lambert, présidente de la COPPA,
02:35 Rassemblement des syndicats agricoles en Europe.
02:38 Franz Timmermans, qui a été le responsable de la mise en œuvre du Green Deal,
02:41 a eu une méthode top down.
02:43 « Moi, je vais vous dire ce qu'il faut faire », a-t-il dit aux agriculteurs.
02:45 « Je l'ai invité au COPPA. Il est venu dire, vous ne faites rien de positif,
02:48 vous les agriculteurs, vous n'êtes pas bons. Moi, je vais vous dire ce qu'il faut faire. »
02:51 Il a braqué tout le monde. Et bien qu'il y ait la guerre, l'énergie et le Covid,
02:56 il a dit « vous allez quand même avancer au pas cadencé ».
02:58 Le 13 septembre, Ursula von der Leyen dit « je veux un dialogue,
03:01 et il faut sortir des polarisations entre agriculture et environnement ».
03:04 Ça veut dire qu'il faut fixer des objectifs de transition,
03:07 mais il faut le faire de façon pragmatique avec des objectifs accessibles.
03:10 Cette volonté de dialogue voulue par la présidente de la Commission européenne,
03:14 Ursula von der Leyen, se présente dans un contexte politique particulier,
03:19 puisque la campagne pour les élections européennes,
03:21 qui auront lieu en juin prochain, démarre progressivement.
03:25 Le Green Deal risque d'être un des sujets centraux de cette campagne,
03:28 surtout pour les extrêmes.
03:30 En novembre dernier, le néerlandais Geert Wilders a remporté les élections législatives aux Pays-Bas,
03:35 en s'attaquant notamment à la politique écologique menée par l'Union européenne.
03:39 Et en France, c'est Jordan Bardella, le patron du Rassemblement national,
03:43 qui s'est lui-même érigé en porte-voix des campagnes.
03:46 C'est bien de vouloir faire de la politique à quelques mois des élections européennes,
03:50 et puis c'est tout à fait compréhensible.
03:55 Sauf qu'on ne sortira pas de l'agriculture en expliquant qu'il y en a qui votent des trucs pour tuer l'agriculture,
04:01 puis qu'il y en a d'autres qui seraient leurs sauveurs.
04:03 Voilà, ça permet juste de laisser la place aux extrêmes qui font leur beurre avec tout ça.
04:09 Donc je pense que dans le champ républicain, arrêtons de se diviser et de se rendre des coups
04:19 en disant "c'est toi le coupable, c'est toi le coupable".
04:21 Les agriculteurs, ils ne cherchent pas de coupables, ils cherchent des solutions.
04:23 [Musique]