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00:00 On va échanger avec William Ars. Nous sommes donc à Cournantéral, William Ars est le maire de la commune.
00:06 On a hâte d'avoir votre point de vue sur ce qui se passe actuellement, en tout cas pour cette mobilisation aujourd'hui.
00:10 Bonjour William Ars.
00:11 Bonjour.
00:12 Merci de nous avoir rejoint sur ce domaine qui se trouve sur votre commune.
00:16 Est-ce que vous soutenez d'abord vous cette mobilisation des agriculteurs ou bien est-ce que vous la comprenez pas tellement ?
00:22 Quelle est votre position ?
00:23 Alors évidemment que je la soutiens pour plusieurs raisons.
00:25 La première c'est que notre pays et notre région a besoin de paysans.
00:30 Nous en avons besoin pour produire de l'alimentation de qualité, pour nous enfourner les cantines dans les assiettes de nos concitoyens.
00:40 Et parce qu'il est normal qu'une profession qui aujourd'hui connaît des conditions de travail relativement dures
00:47 revendique le droit tout simplement d'avoir une rémunération décente.
00:52 On est ici sur un domaine de Cournonterral, donc combien d'exploitation agricole vous avez sur la commune ?
00:58 Alors sur Cournonterral il y a recensé au niveau de l'achat de monde en agriculture 58 exploitants,
01:03 dont 31 le sont à titre principal et d'autres à titre accessoire parce qu'ils sont retraités ou parce qu'ils exploitent des petites parcelles.
01:11 Et qu'ils ont éventuellement un autre boulot ailleurs.
01:14 On est dans une région agricole puisqu'on a eu des...
01:16 Agricole et viticole.
01:17 Voilà, agricole et viticole, on a eu des voisins effectivement de Villevérac notamment ce matin.
01:24 Vous en tant que maire, c'est pour ça qu'on vous a invité, on voudrait savoir en tant que politique locale,
01:30 qu'est-ce que vous pouvez faire à votre échelle pour soutenir justement ces 58 exploitants qui sont sur votre commune ?
01:36 Est-ce que vous avez les moyens d'agir ?
01:37 Alors d'abord rappelez qu'une commune n'a pas de compétences du point de vue de la loi sur le développement économique en général
01:45 et sur l'agriculture en particulier.
01:47 Ceci étant, et en toute modestie, on peut agir sur trois axes principalement.
01:53 Le premier c'est d'abord faire en sorte de donner des débouchés économiques aux producteurs locaux.
02:02 Et ça, ça peut s'organiser, pour ce qui nous concerne, encore une fois à une échelle assez modeste.
02:08 Nous organisons des manifestations l'été, qui s'appellent les "estivales"
02:11 où nous permettons aux producteurs, et notamment aux viticulteurs, de venir faire déguster leur production.
02:17 Nous avons sur la commune un marché, un marché hebdomadaire, c'est le samedi matin et le mercredi,
02:25 où les producteurs locaux peuvent aussi vendre leur production.
02:30 Marché que vous avez un petit peu relancé, là, c'est ça ?
02:32 Oui, on l'a réinstallé au cœur du village pour dynamiser le commerce local environnement.
02:38 Et ça c'est une demande ? Vous êtes en discussion avec les agriculteurs ?
02:41 Ils ne vendent pas tous en circuit court, mais ils ont envie de se tourner vers ça ?
02:45 Ça fait partie des discussions que vous avez pu avoir avec eux ?
02:48 Alors c'est en tout cas le souhait que l'on forme.
02:51 Et j'y reviendrai tout à l'heure, je parlerai d'un axe un peu différent,
02:54 qui consisterait à rendre les terres naturelles et agricoles à leur vocation première.
02:59 C'est un axe fort de notre politique locale, à court latéral, qui s'illustre autour de deux actions.
03:04 La première c'est la lutte contre la cabanisation,
03:06 c'est-à-dire qu'il y a un certain nombre de terres à vocation agricole
03:10 qui ont été depuis des années, voire des décennies, cabanisées.
03:13 Chaque fois qu'une vente suspecte, je dirais, se présente au niveau de la commune,
03:19 nous n'hésitons pas à préempter, à capitaliser ces terres-là pour les restituer.
03:24 Vous avez ce pouvoir-là de dire "la mairie rachète ces terres agricoles" ?
03:27 Absolument. Le deuxième levier sur ce registre-là, c'est de pouvoir...
03:33 Nous investissons sur les biens laissés vacants et sans remettre.
03:37 De la même façon, nous intégrons au patrimoine de la commune,
03:41 l'idée étant à terme de pouvoir constituer des parcelles cultivables
03:45 mises à disposition de jeunes agriculteurs
03:47 qui pourraient potentiellement s'intéresser à une installation au cours l'ontéral.
03:52 Et l'idéal pour vous, ce serait que ces productions se retrouvent, comme vous le disiez, à la cantine ?
03:57 Mes rêves les plus fous, c'est effectivement des productions vertueuses aussi, je le dis,
04:03 mais c'est le cas à cours l'ontéral,
04:05 puissent se retrouver dans l'assiette des gamins à la cantine des écoles.
04:09 Aujourd'hui, vous parliez de la cantine parce que c'était un axe,
04:14 est-ce que des élèves de cours l'ontéral, des écoles, puisqu'il y a des écoles à cours l'ontéral,
04:19 mangent des produits, produits localement en tout cas, à proximité ?
04:24 Comment ça se passe dans les assiettes des enfants ?
04:26 Aujourd'hui, le marché que nous avons avec un prestataire prévoit 50% de bio.
04:31 Mais local ?
04:33 Quand il le peut, notamment pour des volailles, lorsqu'il achète des volailles,
04:38 il essaie de prospecter sur le marché local.
04:41 Après, il faut retenir quand même que l'agriculture de cours l'ontéral, c'est essentiellement la viticulture.
04:48 Mis à part quelques grammes de raisin, c'est à peu près tout ce qu'on peut faire en achat local pour les cantines.
04:53 Ça pourrait être très proche de cours l'ontéral, en tout cas si cours l'ontéral est très concerné par la viticulture, ça peut être aussi un secteur.
04:59 Pour revenir sur le marché, on a régulièrement sur le marché une maraîchère de Fabregue qui vende ses productions
05:08 et un viticulteur de cours l'ontéral, Philippe Soubille, qui vende sa production sur le marché.
05:15 Et en tant que maire, comment vous pouvez faire, puisque vous dites qu'on peut préempter des terres,
05:20 comment vous faites ensuite pour attirer des agriculteurs qui s'installeraient chez vous plutôt que dans une commune à côté ?
05:27 On imagine que la terre en elle-même et la parcelle en elle-même est très importante, c'est pas vous qui les avez créées.
05:32 Qu'est-ce que vous pouvez faire ?
05:33 Il faut raisonner au-delà de son territoire communal, c'est une action collective et mutualisée que nous engageons
05:41 au sein de la métropole avec mon ami Isabelle Touzard, maire de Murvielle et vice-présidente sur ces questions de l'environnement, de l'agriculture.
05:51 Nous engageons un programme qui s'appelle "Paysage alimentaire".
05:55 L'idée générale étant de restituer ce qui s'appelle aujourd'hui la plaine de Fabregue ou Fabregue-Pignon-Cours l'ontéral,
06:01 à sa vocation première, c'est-à-dire une plaine agricole qu'on pourrait qualifier de plaine nourricière de Montpellier.
06:07 Les premiers moyens, c'est d'abord avoir une action de veille sur ce qui se passe sur nos territoires.
06:15 Nous avons une convention avec la SAFER et un partenariat avec...
06:19 Convention avec la SAFER, ça veut dire quoi ?
06:20 Ça veut dire que la SAFER nous alerte lorsqu'il y a des ventes qui s'opèrent sur le territoire.
06:26 Et vous regardez ce qui s'y passe quoi ?
06:28 Absolument, absolument. Et on fait en sorte que ces ventes restent vertueuses et non pas détournées pour donner lieu à de la cabanisation.
06:35 Donc l'idée générale, c'est d'abord de capitaliser des terres et créer les conditions pour qu'on facilite l'installation d'agriculteurs sur notre territoire.
06:45 Et évidemment, derrière, ça veut dire créer aussi des débouchés.
06:48 Comme vous le disiez, avec le marché éventuellement, avec des événements plus estivaux, plus ponctuels, qui permettent d'écouler les productions locales et de les mettre en valeur.
06:58 Voilà, alors après, évidemment que j'ai célébré il y a quelque temps la cérémonie de vœux à Courneau-Terral,
07:05 il va de soi que tous les produits qui étaient là, à commencer par le vin qui était servi aux convives, est d'origine locale.
07:12 - On parlait d'environnement, vous mettez aussi en place sur la commune une réutilisation des eaux usées, ça fait partie de vos pouvoirs en tant que maire ?
07:22 - Oui, absolument. Alors ça dépasse là aussi le cadre de la mairie, puisqu'il y a une action engagée au niveau de la métropole et financée par l'Europe.
07:31 Le programme REWA, c'est Recycling Water, on va rester local, donc il s'agit de recycler les eaux grises ou les eaux usées
07:39 pour en faire un usage d'irrigation, de nettoyage aussi urbain par exemple, pour les sapeurs-pompiers.
07:47 Mais il faut savoir que la France aujourd'hui déverse des millions d'hectolitres non utilisés, enfin ce qu'on appelle les eaux grises,
07:57 et que nous sommes très en retard sur cette question du recyclage qui permet un certain nombre d'usages.
08:03 Alors il ne s'agit pas aujourd'hui encore de la retrouver dans notre robinet, évidemment, mais pour des douches, pour des chasses d'eau, pour...
08:09 - Et on sait que dans les roues on est particulièrement concerné par des problèmes de sécheresse et de mangot d'eau en période de sierre.
08:14 - Évidemment, donc c'est extrêmement intéressant et je suis très fier que Cour-Nonterral figure parmi les 5 communes de la métropole qui expérimentent ce projet.
08:23 - De ré-ut, donc comme on dit, de réutilisation des eaux usées. Merci beaucoup, William Ars, maire de Cour-Nonterral, d'être passé nous voir sur ce domaine du Claudel.
08:33 - J'avais juste un dernier mot à dire, un dernier axe qui me semble particulièrement intéressant et important.
08:39 Il faut redonner du lien, recréer du lien entre nos populations et nos agriculteurs.
08:44 - Il est un peu perdu, vous pensez, ce lien ?
08:46 - Alors, il ne s'est pas complètement perdu, mais il faut le renforcer. Il faut le renforcer, pourquoi ?
08:51 Parce que, je l'ai dit tout à l'heure, si on veut créer des productions locales, il faut évidemment qu'il y ait des consommateurs.
08:57 Alors là aussi, en tout modestie, on essaie d'éduquer notre population.
09:02 On a un jardin pédagogique, par exemple, qui permet aux enfants de s'initier au jardinage, à la permaculture, donc au jardinage vertueux.
09:11 Nous allons lancer des jardins partagés qui vont permettre, là aussi, à une certaine catégorie de population de reprendre du lien avec la terre, l'agriculture et les productions vertueuses.
09:22 - Et ça permet de se rendre compte de ce que c'est qu'à une toute petite échelle ?
09:25 et c'est vraiment toucher du doigt ce que peut être le métier d'agriculteur.
09:28 Merci beaucoup William Ars.