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00:00 Il est 7h47 sur France Bleu, Besançon dans ce 6/9, on s'intéresse ce matin à la colère des agriculteurs.
00:05 En France comptée avec notre invitée, la porte-parole de la Confédération Paysanne du Doubs, Laurence Lionnet.
00:11 Bonjour Laurence Lionnet.
00:13 Bonjour, bonjour à tous les auditeurs et auditrices.
00:16 La Confédération Paysanne, troisième syndicat agricole de France, qui a rejoint le mouvement de contestation, un appel d'ailleurs national.
00:23 Alors dans le Doubs, vous ne menez pas d'action commune pour le moment ?
00:27 Effectivement, pour l'instant on ne mène pas d'action commune, mais nous sommes totalement solidaires des colères et des inquiétudes qui s'expriment.
00:36 On est plus que dans l'inquiétude, on est même dans le désarroi.
00:40 Pour nous cette crise, ce n'est pas une surprise.
00:43 On est sur un modèle qui est à bout de souffle, avec des racines très profondes.
00:48 C'est un combat au quotidien pour la Confédération Paysanne que de défendre les petits paysans, leurs revenus, de lutter contre l'agrandissement des fermes et la disparition des paysans, l'industrialisation de l'agriculture.
01:02 Donc nous c'est notre quotidien et on comprend complètement ce qui est en train de se passer, même si en ce qui concerne les mesures à prendre, un catalogue ne va pas suffire.
01:15 Justement, vous partagez certaines revendications de la FDSEA ou des GIA, les Jeunes Agriculteurs, mais pas toutes.
01:22 D'abord, quelles sont les demandes avec lesquelles vous êtes d'accord à la Confédération Paysanne ?
01:27 Je pense que c'est plutôt eux qui partagent enfin nos revendications pour un revenu paysan digne et rémunérateur et pour la sortie des traités de libre-échange.
01:37 Aujourd'hui, il n'est pas admissible que les agriculteurs, les paysans ne voient pas leur travail correctement rémunéré et qu'on soit encore amené à vendre en dessous de nos prix de revient, nos productions agricoles.
01:50 Ça c'est la réalité. On n'a pas de loi qui protège suffisamment, par exemple des lois planchées, avec des prix planchés ou de l'encadrement réel des marges de la grande distribution par rapport à nos coûts de production.
02:02 Donc ça, c'est vraiment pas possible. Et puis les traités de libre-échange, ça part un petit peu vague dit comme ça.
02:09 Je voulais illustrer par un exemple le traité de libre-échange dont on demande l'arrêt immédiat des négociations, c'est celui entre l'Union Européenne et le Mercosur.
02:19 Donc c'est Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay.
02:23 Si on veut résumer, c'est un traité de libre-échange, on échange des voitures contre de la viande.
02:29 C'est-à-dire que nous, côté Union Européenne et France, on va pouvoir envoyer des voitures dans ces pays-là.
02:35 Et puis eux, en échange, ils vont envahir, on va dire, notre marché national avec de la viande.
02:44 Et vous allez me dire, l'industrie automobile dans notre département, c'est quand même très important.
02:48 Et pas plus tard qu'hier matin, on a reçu à la Confédération Paysanne, très tôt, un appel des ouvriers de l'automobile de Stellantis, à Sochaux, qui nous apportaient leur soutien.
02:58 Et aujourd'hui, les ouvriers et les paysans comprennent très bien que dans ces traités de libre-échange, ni l'industrie ni l'agriculture n'ont rien gagné.
03:06 Oui, alors c'est vrai que, Laurence Lhoné, d'ailleurs on le voit sur les messages, notamment sur la page Facebook de France Bleu Besançon,
03:11 que la colère des agriculteurs, elle est comprise, mais qu'elle va au-delà de ça, et qu'elle est partagée, justement, par un ensemble de professions.
03:18 Mais simplement par rapport aux revendications que vous aviez en commun avec les autres syndicats agricoles,
03:24 il y en a certaines que vous ne partagez pas, en tous les cas, comme, je crois, la fin des normes. Expliquez-nous en quelques mots.
03:31 Écoutez, les normes qui nous posent problème, c'est celles qui rendent l'agriculture plus industrielle et plus intensive,
03:39 et qui font ressembler nos fermes à des usines.
03:44 Donc, le représentant de la FNSEA nationale, monsieur Rousseau, qui est aussi, surtout, dirigeant de holding et de multinationales,
03:56 lui, il arrive avec un catalogue de mesures. Vous savez, moi, quand il y a quelqu'un qui arrive dans la cour de la ferme avec un catalogue,
04:01 c'est pour me vendre quelque chose. Et aujourd'hui, la colère des agriculteurs et ce qui se passe sur le terrain,
04:07 c'est des causes et des racines tellement profondes que ça ne va pas s'acheter avec un catalogue.
04:12 Ce qu'on propose, c'est d'arriver maintenant sur des cahiers de doléances du tiers Etat paysan.
04:18 Il faut qu'on puisse discuter dans chaque village, dans nos campagnes, sans exclusives, autour de la table,
04:24 de quelle sortie de cet impasse industrielle et intensive de l'agriculture on peut avoir,
04:31 et qu'on puisse aussi en discuter avec nos concitoyens, puisque ça concerne tout le monde.
04:35 Pour finir, Laurence Lionnet, vous êtes porte-parole de la Confédération paysanne dans le département du Doubs, je le rappelle.
04:42 Quelles sont les annonces qui pourraient calmer, voire mettre fin à cette colère, annonce attendue dès aujourd'hui,
04:50 et qui vont être données par Gabriel Attal, le Premier ministre ?
04:55 Des annonces vraiment profondes sur un revenu garanti pour les paysans par des prix qui sont encadrés et qui sont protégés,
05:03 et puis un moratoire sur tous ces accords de libre-échange qui nous mettent en concurrence et qui ruinent notre agriculture ici,
05:11 et qui ruinent aussi des agricultures ailleurs dans le monde.
05:14 Ça c'est vraiment les mesures sur lesquelles nous nous en tiendrons à bord.
05:17 On est prêt à se mobiliser à tout moment sur des revendications claires,
05:22 et qui permettent enfin de sortir de cette situation, et qui ne font pas miroiter des fausses solutions.
05:28 Les choses sont trop sérieuses pour qu'on se permette de ne pas être clair.
05:34 Merci beaucoup en tous les cas d'avoir été en direct ce matin sur France Bleu Besançon.