Thierry Devimeux, préfet de la Drôme

  • il y a 8 mois
Le représentant de l'Etat assume d'avoir totalement fermé l'autoroute A7 dans la Drôme même s'il n'y a que deux barrages d'agriculteurs au nord à Saint-Rambert-d'Albon et au sud à Montélimar.

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00:00 Jusqu'à 9h, c'est le 6/9, France Bleu Drôme Ardèche.
00:04 - 7h46 également sur France 3 Renalpes, les barrages routiers des agriculteurs se rendent en place.
00:08 C'est le préfet de la Drôme et notre invité ce matin, Mbembe Champal.
00:12 - Bonjour Thierry Devimeux. - Bonjour.
00:14 - Depuis plus de 24 heures maintenant, l'autoroute A7 est totalement fermée dans toute la traversée de la Drôme.
00:19 Il y a des barrages d'agriculteurs à Saint-Rambert d'Albon au nord, Montélimar au sud.
00:25 Il y avait vraiment besoin de tout fermer ?
00:27 - Alors il y a peut-être une actualisation de ces barrages. Il y a effectivement un barrage au nord,
00:31 deux barrages au nord, l'Acra et sur l'autoroute A7.
00:33 Il y a un barrage au sud, vous l'avez dit, à Montélimar sud sur l'autoroute.
00:36 Mais il y a aussi un barrage un peu filtrant, mais quand même un barrage,
00:39 une très grosse perturbation de la circulation sur les ronds-points de Montélimar sud
00:43 et puis celui qui est plus au sud du côté de Donzère.
00:46 - Mais sur l'autoroute A7 en fait, est-ce qu'il y avait vraiment besoin de fermer l'intégralité du tronçon ?
00:50 Est-ce qu'on ne pouvait pas laisser ouvert par exemple entre Montélimar nord et Tannermittage
00:53 pour les trajets du quotidien ? - On s'est beaucoup posé la question.
00:56 Et en fait, cet axe rhodanien est extrêmement fréquenté, plus de 2000 voitures/heure.
01:02 Et je n'ai pas voulu prendre le risque d'envoyer des personnes sur l'autoroute
01:06 qui seraient prises dans une NAS parce qu'il y avait des opérations esclargots qui étaient programmées.
01:10 Et après on a eu des naufragés de la route sur l'autoroute avec tous les risques que ça induit.
01:14 Des personnes qui peuvent faire des malaises sur l'autoroute, qu'on ne peut pas évacuer, etc.
01:18 Donc j'ai préféré m'appuyer sur le réseau secondaire.
01:21 Effectivement, ça a énormément densifié le trafic sur le réseau secondaire.
01:24 Mais le réseau secondaire est un maillage beaucoup plus fin, il y a beaucoup plus de routes.
01:28 Et les habitants de ces départements, Drôme et Ardèche, et d'ailleurs aussi l'Isère,
01:32 connaissent bien ces territoires et savent utiliser les routes secondaires ou les routes tertiaires.
01:36 Mais je reconnais, ça a énormément chargé le réseau secondaire.
01:40 - Il y a de véritables difficultés ce matin, vous le disiez avant qu'on entre dans ce studio.
01:44 C'est un problème qu'on suit minute par minute, parce que c'est difficile à gérer.
01:49 - Alors je vous confirme qu'on le suit minute par minute, moi en particulier,
01:53 pour regarder quelles sont les meilleures options.
01:55 D'ailleurs, on ne regarde pas ça qu'au niveau de la Drôme et de l'Ardèche, dans ce signe rhodanien.
02:00 Mais je suis en contact permanent avec ma collègue du Vaucluse,
02:03 et puis mes collègues de l'Isère, du Rhône et de la Loire d'ailleurs,
02:06 pour voir ce qu'il se passe sur l'ensemble du réseau.
02:08 - Mais quand la National 7 et la départementale 86 sont engorgées, on fait comment ?
02:12 - Ça devient très compliqué. - Vous ne dites pas aux automobilistes ?
02:15 - Je dis aux automobilistes de rouler le moins possible.
02:18 D'ailleurs, nous avons appelé les chefs d'entreprise à favoriser le télétravail,
02:22 appelé l'ensemble des personnes à rouler le moins possible,
02:25 et s'ils doivent rouler, se déplacer, se déplacer avec la plus grande des précautions,
02:29 pour éviter de provoquer des accidents, parce qu'effectivement, le réseau est chargé.
02:33 Le réseau est chargé par des automobilistes, des camions,
02:36 qui ne connaissent pas forcément bien notre réseau,
02:40 et qui donc sont un peu hésitants, et ça peut provoquer des énervements,
02:44 voire des hésitations, et donc du danger sur la route.
02:46 Donc extrêmement attention, soyez extrêmement prudents.
02:49 - Une des questions qui s'est posée, c'est de savoir pourquoi vous avez laissé les agriculteurs rentrer sur l'autoroute ?
02:54 - Il y a un conflit national, que les agriculteurs ont voulu exprimer.
02:58 Dans la gestion d'un conflit, il faut que nous soyons le plus efficaces possible,
03:02 pour les agriculteurs qui veulent exprimer.
03:04 Le droit de manifestation est un droit qui est reconnu dans notre pays,
03:07 et il faut pouvoir les accompagner, sans pour autant mettre en danger les choses.
03:10 Donc ça a été toute une série de discussions, de compromis,
03:13 pour trouver le meilleur moyen pour laisser ces agriculteurs s'exprimer,
03:17 tout en pénalisant le moins possible l'ensemble de la population.
03:20 J'avoue que c'est compliqué, et c'est pour ça que le choix que j'ai fait,
03:23 c'est de les laisser rentrer sur l'autoroute,
03:25 mais en même temps, de sortir les voitures et les camions de l'autoroute,
03:30 pour éviter de provoquer des difficultés, et d'ailleurs des suraccidents.
03:33 Malheureusement, vous avez vu en Ariège, un accident dramatique avec deux morts.
03:36 Pas question que ça se reproduise ici.
03:38 Donc j'appelle aussi à la responsabilité des organisations syndicales agricoles,
03:42 avec lesquelles je suis en contact permanent,
03:43 je vais d'ailleurs rencontrer des GIA dans quelques minutes sur la lacra,
03:46 je sais qu'ils sont responsables, qu'ils font attention,
03:49 c'est parfois un peu compliqué de tenir leur base,
03:51 pour l'instant le mouvement est plutôt calme.
03:54 - Comme l'a dit Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur,
03:57 pas de clash, vous n'irez pas déloger les manifestants ?
04:03 - Tant que tout se passe dans l'état d'esprit qu'il y a ce matin,
04:07 dans notre département, je n'irai pas les déloger, bien évidemment.
04:11 Il faut trouver le compromis pour qu'il puisse s'exprimer,
04:15 tout en respectant nos institutions,
04:17 tout en respectant les autres habitants et acteurs économiques de ce territoire.
04:21 Pour l'instant ça se passe bien.
04:23 Le gouvernement, vous l'avez vu, a commencé à travailler.
04:26 Il y a une réunion ce matin entre les ministres de l'Agriculture,
04:29 de l'Écologie, de l'Économie, sous l'autorité du Premier ministre.
04:32 Demain, un conseil du ministre extraordinaire,
04:34 on voit que le sujet va bouger, probablement.
04:36 - Thierry De Wimeu, vous êtes préfet de la Drôme,
04:37 vous êtes allé à la rencontre des agriculteurs,
04:40 d'ores et déjà, vous allez y retourner ou pas,
04:42 dans les prochaines heures, dans les prochains jours ?
04:44 - J'y vais très régulièrement, d'ailleurs, indépendamment de la crise,
04:47 mon métier et mon appétence personnelle,
04:49 c'est d'aller à la rencontre des agriculteurs sur le terrain.
04:51 - Et vous l'avez senti venir, ce coup de colère-là ?
04:53 - Ce qu'on sentait venir depuis longtemps,
04:55 c'est un malaise profond des agriculteurs.
04:58 Dans notre département, il y a un malaise aussi supplémentaire,
05:00 c'est que par exemple, la crise du bio, de l'agriculture biologique,
05:03 est en train de malmener nos agriculteurs drômois,
05:06 puisque c'est un département où le bio est très important.
05:09 Il y a aussi les crises climatiques, le gel, la grêle,
05:12 qui les a fortement perturbés, ça, ça se sentait déjà.
05:15 - Mais quand je dis "vous l'avez senti",
05:17 vous avez fait remonter au gouvernement, ces derniers temps,
05:19 le fait que ça montait tout doucement,
05:21 que vous sentiez effectivement que la pression était de plus en plus forte ?
05:23 Vous avez déjà fait remonter des problèmes ?
05:25 - Ça fait des mois, et si je puis dire, même quand j'étais en Ardèche,
05:28 ce sentiment de malaise, on l'avait déjà,
05:29 cette espèce de frustration profonde
05:31 qu'ont les agriculteurs, qui ont le sentiment de ne pas être reconnus dans leur métier,
05:35 dans leur rôle d'acteur du territoire rural, du monde rural,
05:39 ça fait longtemps que ça existe.
05:41 Il y a effectivement, par exemple, les normes environnementales,
05:44 les produits qui sont interdits sans qu'il y ait de solution,
05:47 il y a un exemple qui est très connu dans le département, c'est la cerise,
05:50 avec la Drosophila suzuki,
05:51 c'est des choses qui traînaient depuis longtemps,
05:54 sur lesquelles on a du mal à trouver des solutions,
05:56 et puis là, il y a eu des événements qui ont fait que
05:58 la frustration s'est cristallisée en grogne et en manifestation.
06:01 - Et vous avez fait remonter tout ça au niveau national ?
06:04 - Notre métier de préfet, au-delà de gérer des manifestations,
06:07 c'est d'être à l'écoute des territoires,
06:09 quels que soient les secteurs,
06:10 et de faire remonter ce que nous entendons sur les territoires.
06:13 - Rencontres prévues là aujourd'hui ou pas ?
06:15 Vous allez les voir sur les barrages ?
06:17 - Dès que je sors de ce studio, je vais rencontrer les jeunes agriculteurs
06:19 sur le barrage de la Lacra,
06:21 pour échanger avec eux, voir dans quel état d'esprit ils sont,
06:24 parce qu'il est important qu'ils restent constructifs.
06:27 On a quand même besoin, la Lacra est bloquée pour les grands usagers,
06:30 mais par exemple, cette nuit, des ambulances ont eu besoin de passer.
06:34 Une première ambulance a été bloquée,
06:36 parce qu'elle n'a pas vu le barrage et elle a fait demi-tour.
06:39 Donc tout de suite, on a discuté, on s'est organisés,
06:42 ils se sont organisés, pour laisser un passage possible pour les ambulances.
06:46 Vous voyez, il y a tout un tas de petites choses comme ça,
06:48 qu'il faut régler entre nous, et ça se règle quand on se parle.
06:51 C'est ce qui est le cas aujourd'hui.
06:53 - Thierry Devimeux, le préfet de la Drôme,
06:54 ce matin sur France Bleu Drôme Ardèche,
06:56 donc il sera avec les agriculteurs sur la Lacra, à bord de péage,
07:00 d'ici quelques minutes maintenant.
07:01 - D'ici quelques minutes.
07:02 - Merci à vous, passez une bonne journée.
07:03 - Merci.
07:04 - Interview que vous retrouverez dans quelques instants,
07:05 Francebleu.fr, et l'application ici, par France Bleu et France 3.

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