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Depuis hier et jusqu'à demain, les sous traitants industriels de Drôme et d'Ardèche se retrouvent à leur salon, "RSD3", au palais des expositions de Valence... son commissaire général évoque sur FB Drôme Ardèche les difficultés de recrutement, la réindustrialisation, la santé économique des entreprises. Edouard Leveugle était l'invité du 6-9 ce mercredi 27 mars.

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Transcription
00:00 - Depuis hier et jusqu'à demain, les sous-traitants industriels de Drôme et d'Ardèche se retrouvent à leur salon RSD3
00:06 au Palais des Expositions de Valence.
00:08 Son commissaire général, notre invité ce matin, Alexandre Bertheau.
00:11 - Bonjour Edouard Leveugle. - Oui bonjour.
00:13 - Les années passent et vous dites que nos entreprises ont toujours du mal à recruter, le manque de main d'œuvre.
00:19 Est-ce que c'est toujours le cas ? Est-ce que ça s'empire, ça s'améliore ?
00:22 - Oui, alors on ne va pas vraiment dire que ça s'améliore.
00:25 Hier soir, nous avons fait le tour des entreprises après le premier jour
00:29 et on a eu quand même des réflexions sur l'ensemble qui étaient à peu près toutes cohérentes dans le même sens.
00:35 Des difficultés de recrutement qui sont réelles.
00:39 Si vous allez sur place, on a fait un mur de l'emploi, il doit y avoir 80 postes à pourvoir immédiatement en CDI,
00:45 même sans expérience et on n'a absolument personne à mettre en face.
00:49 On a vu hier trois belles entreprises de Drôme et d'Ardèche, emblématiques de la région,
00:54 qui arrêtent de prendre des commandes parce qu'elles ne savent pas les faire,
00:57 elles ne peuvent pas les faire.
00:59 On a une société comme Perrier Bottling au Chellard qui est présente,
01:02 qui a deux ans de carnet de commandes et qui cherche des sous-traitants,
01:05 donc qui étaient là non pas pour montrer ses produits,
01:08 mais qui étaient là pour dire "voilà, voilà ce que moi j'ai besoin,
01:10 voilà ma machine et j'ai besoin de gens qui me font les pièces et je ne les ai pas".
01:13 - Il y a des filières en particulier où c'est plus compliqué que d'autres ?
01:16 - Tout ce qui est les filières de la mécanique,
01:19 donc tout ce qui est mécanique, tollerie, plasturgie, câblage, postes d'armoires,
01:24 tout ce qui tourne autour des métiers de la métallurgie.
01:26 - S'il y a besoin de main d'oeuvre, ça veut dire que l'activité économique va bien ?
01:30 Ça veut dire qu'il y a des commandes ?
01:32 - Alors ça veut dire, c'est un peu trompeur, il faut faire attention,
01:35 il y a de l'activité économique avec des marges qui se sont réduites de façon forte,
01:40 mais il y a de l'activité économique parce que d'autres secteurs ont pompé un petit peu des ressources
01:47 et que donc on peut libérer des ressources sur ces activités-là.
01:51 Mais il faut faire très attention sur le long terme,
01:54 quand vous embauchez quelqu'un, vous l'embauchez quand même sur le long terme.
01:57 Donc les entreprises ont été frileuses et aujourd'hui ne le sont plus
02:00 parce qu'elles ont vraiment besoin de ce personnel.
02:02 Donc il faut faire attention à cette activité.
02:04 Alors si vous êtes sur des marchés à long cours, je pense à l'aéronautique, au spatial, aux ferroviaires,
02:10 quand vous décidez de faire un TGV, vous ne dites pas aujourd'hui "je veux un TGV pour la semaine prochaine".
02:13 Donc c'est très long, un Airbus c'est pareil, c'est très long,
02:16 et là on a des entreprises qui ont des quartiers de commande très longs.
02:19 Par contre ceux qui travaillent par exemple pour le bâtiment de travaux publics,
02:21 c'est un peu plus compliqué.
02:23 Les délais sont plus courts et là ça s'est rétracté.
02:25 - Ça s'est rétracté dans les travaux publics.
02:27 - Fortement.
02:28 - Si l'activité se porte bien, c'est quoi le problème en fait ?
02:33 Pourquoi on n'arrive pas à recruter ?
02:35 Vous dites que l'activité ça peut être en trompe l'œil,
02:37 mais pourquoi on n'arrive pas à recruter ?
02:39 Est-ce que c'est un problème d'offre seulement ?
02:41 - Non.
02:42 Si je prends, il y a 25 ans, j'avais fait une action avec Baudry, le spationaute,
02:47 qui était venu dans la Drôme,
02:49 et nous avions fait le tour des collèges et des lycées
02:52 pour montrer qu'un spationaute, il dépend de la métallurgie.
02:55 C'est les classements comme ça, un spationaute c'est la métallurgie,
02:58 et c'était déjà à l'époque pour montrer la diversité des métiers que nous avions.
03:01 25 ans après, on en est encore là, de façon beaucoup plus critique,
03:05 pourquoi ? Parce qu'on n'a pas pris avant les mesures qui font qu'aujourd'hui,
03:08 on a sur le marché du travail des gens qui pourraient aller dans nos entreprises.
03:11 Aujourd'hui, même si des efforts ont été faits énormes
03:13 pour montrer qu'une société, qu'une entreprise, qu'une industrie,
03:16 ce n'est plus ce que c'était auparavant,
03:18 c'est dans d'excellentes conditions...
03:20 - Ce n'est pas les métiers qui attirent pas ?
03:22 - Evidemment, c'est les métiers qui ne tirent pas.
03:24 Si vous avez un jeune enfant et je vous dis qu'il va faire fraiser dans mon entreprise,
03:27 vous allez me dire qu'il va peut-être faire 2-3 ans d'études de plus.
03:30 Sauf qu'aujourd'hui, vous avez des bons métiers,
03:32 vous avez des promotions internes importantes,
03:34 vous avez les salaires qui ont été nivelés vers le haut et pas vers le bas,
03:37 vous avez de très bonnes conditions d'accueil,
03:39 les entreprises ont su se vendre,
03:41 sauf qu'on n'a pas derrière les ressources, on n'a pas les gens,
03:43 donc il faut former en interne, sur fond propre,
03:45 et là c'est plus compliqué aussi.
03:47 - Vous êtes le commissaire général du salon RSD3 des sous-traitants industriels,
03:54 vous parliez tout à l'heure de Perrier Bottling,
03:56 qui est pour la première fois sur ce salon,
03:59 il y a aussi Orano, il y a aussi EDF,
04:01 qui sont là pour la première fois,
04:03 est-ce qu'on parle notamment de l'extension de l'usine George Bess à Pierre Latte,
04:08 du grand carénage à Crouasse,
04:10 est-ce que ce sont des projets qui peuvent être mis en péril
04:13 par le manque de main-d'oeuvre, le manque de sous-traitants ?
04:15 - En péril, je ne pense pas, parce que la puissance de feu d'Orano et d'EDF est importante,
04:19 mais il est clair que, hier nous avions le directeur des achats d'Orano qui était présent avec nous,
04:25 quand on entend les montants qui vont être sous-traités dans la région,
04:29 c'est vrai que les chiffres font un peu peur dans ces moments-là,
04:32 sur les dix ans à venir, on n'a pas aujourd'hui, c'est clair,
04:35 on n'a pas les entreprises, c'est d'ailleurs pour ça qu'ils sont là,
04:37 Orano et EDF sont là pour venir chercher des sous-traitants.
04:40 Mais pour être sous-traitant chez Orano et EDF,
04:42 ce n'est pas comme pour être sous-traitant en train au public.
04:45 Il faut tous les califs pour entrer sur les sites nucléaires,
04:49 il faut des gens qui eux-mêmes soient qualifiés,
04:51 l'entreprise doit être qualifiée, le personnel doit être qualifié,
04:53 et puis derrière, il faut accepter toutes les procédures,
04:56 tout ce qu'il y a sur le nucléaire.
04:58 Mais effectivement, il peut y avoir un vrai problème.
05:01 - Il y a un autre sujet, vous m'en avez parlé avant l'interview,
05:04 c'est la réindustrialisation, qui est un grand mot dont on parle beaucoup,
05:10 on entend beaucoup dans la bouche des politiques de plus en plus.
05:13 Est-ce que c'est réaliste de réindustrialiser alors qu'on manque de personnes pour le faire ?
05:21 - Alors, il y a trois composantes là-dedans,
05:24 réindustrialiser c'est très bien, tout le monde est d'accord,
05:26 c'est super, on a l'impression qu'on a trouvé un truc
05:29 que personne n'y avait pensé, sauf qu'on va se heurter à trois choses,
05:33 on va réindustrialiser avec qui, on va réindustrialiser où,
05:37 et on va réindustrialiser pourquoi ?
05:39 Parce qu'avec qui, on a des difficultés de recrutement aujourd'hui fortes
05:43 qui bloquent les commandes chez les sous-traitants,
05:45 si on réindustrialise, on va le faire avec qui ?
05:47 Alors, la main d'oeuvre étrangère, parce qu'à un moment donné,
05:50 il faudra aller chercher la main d'oeuvre ailleurs.
05:51 - Le coût du travail est trop élevé ?
05:53 - Le coût du travail est beaucoup trop élevé en France.
05:55 La deuxième chose, c'est on va le faire où ?
05:57 Dès que vous montez une usine, vous avez 14 associations
05:59 qui se montent pour dire qu'il ne faut pas une entreprise,
06:01 ce qu'elle sait très bien dans le village d'à côté, mais pas dans le village,
06:03 vous avez toutes les procédures, les zones de non-artificialisation,
06:06 comment vous faites avec une entreprise,
06:08 quand vous avez 10 000 m² au sol,
06:10 ces 10 000 m² qui vont être artificialisés, c'est clair.
06:12 Dès que vous faites un peu de bruit,
06:14 vous travaillez en 2-8, vous travaillez en 3-8,
06:16 ça va faire un peu de bruit,
06:17 et vous avez un collectif d'habitants qui va se liguer contre l'entreprise.
06:21 Et puis après, on fait pour quoi ?
06:23 C'est quoi la politique industrielle qu'on met derrière ?
06:25 On a quoi derrière ?
06:26 On continue à taxer le travail comme on taxe le travail aujourd'hui ?
06:29 Alors taxons les capitaux comme on taxe le travail ?
06:32 Ou l'inverse, taxons le travail comme on taxe les capitaux,
06:34 donc en fait, quand on crée de la richesse,
06:36 qu'on ait intérêt à aller plutôt investir dans une entreprise
06:40 ou à se mettre dans une entreprise,
06:42 et ne pas taxer le travail comme on le taxe aujourd'hui.
06:44 On n'en parle pas, on dit toujours qu'on va trouver des solutions avec des aides,
06:47 c'est pas des aides !
06:48 Pourquoi donner des aides après avoir pris des taxes ?
06:50 Non, on enlève moins de taxes et puis on y arrivera mieux.
06:52 - Edouard Leveug, merci beaucoup d'avoir été avec nous ce matin,
06:55 on a bien entendu des difficultés de recrutement
06:57 chez les sous-traitants industriels de Drôme et d'Ardèche
07:00 qui sont en ce moment au salon RSD 3 à Valence.
07:03 interview à écouter dans quelques instants.

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