La bande de "Julie jusqu'à minuit" réagit à l'origine irlandaise du lait utilisé dans la fabrication du beurre "Marque Repère" des centres Leclerc
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00:00 Dans le contexte de cette colère agricole, vous avez un coup de gueule contre les distributeurs et plus particulièrement contre cette déclaration de Michel-Édouard Leclerc.
00:08 C'était il y a quelques mois. Il disait vouloir s'approvisionner. « Je vais y arriver à l'étranger pour acheter moins cher. »
00:15 On l'écoute et vous réagissez derrière.
00:17 « Ce qu'on va aller chercher, c'est des prix plus bas, c'est des rabais, des remises. Leclerc va faire le tour de l'Europe pour aller chercher ce qui est de moins cher partout en Europe.
00:25 On a des Leclerc en Pologne, on a des Leclerc au Portugal, l'Idol est pareil en Allemagne et tout ça.
00:30 Mais on demande que la loi française nous autorise à faire ça. »
00:35 Et on peut voir effectivement, Périco, que sur le site Leclerc, notamment, le beurre doux marque repère. Il est fabriqué avec du lait irlandais.
00:43 « Voilà, on a l'explication. C'est formidable. Michel-Édouard Leclerc nous donne l'explication de la tragédie agricole.
00:49 C'est-à-dire qu'on habitue le consommateur français à une baisse des prix, à un low cost, qui nous oblige à les nous fournir à l'étranger,
00:56 puisqu'on a imposé des normes qualitatives et de production à l'agriculture française qui la rend pas compétitive.
01:02 Et comme la grande distribution, son obsession, c'est justement le bas prix qu'elle impose à la grande distribution, qu'il impose du coup aux agriculteurs,
01:09 eh bien on va se fournir dans les pays où il n'y a pas de normes, il n'y a pas de lois, il y a un libre-échange sauvage total, c'est-à-dire un libéralisme effréné.
01:15 Et là, la grande distribution, qui est tout simplement une machine à faire du fric, il se fout totalement des pauvres. Ce qu'ils veulent, c'est faire des marges.
01:22 Eh bien on va convaincre le consommateur qu'on va lui trouver encore plus cher, c'est-à-dire qu'on va ruiner un peu plus les agriculteurs, et on va aller chercher...
01:28 - Moins cher. - Moins cher, qu'on va ruiner un peu plus les agriculteurs, et on va leur dire "Voilà, servez-vous, on a trouvé encore moins cher".
01:33 Moins cher de quelle qualité, de quelle provenance, produit par qui, dans quelles conditions ? Ça, ça n'a aucune importance.
01:38 L'important, c'est de rassurer M. Bruno Le Maire, qui a qu'une obsession, il faut faire baisser l'inflation, il faut faire baisser les prix,
01:44 on est toujours dans cette même logique, au détriment de l'intérêt des agriculteurs, et on a aujourd'hui une collusion entre la grande distribution,
01:50 l'agroalimentaire, qu'on est un peu victime, et M. Bruno Le Maire, qui encourage, qui vient de demander. Il semblerait que M. Le Maire, c'est lui qui a dit
01:58 "Il faut combattre l'inflation, le pouvoir d'achat est un signal important pour le gouvernement, vous avez carte blanche pour importer d'Europe,
02:04 ou d'ailleurs tous les produits les moins chers pour inonder le marché". Et on trouve aujourd'hui, aujourd'hui, par milliers de tonnes, de la volaille marquée "Pologne".
02:12 Est-ce que c'est ce bœuf, est-ce que c'est ce poulet ukrainien, qui a été exonéré de droit de douane, qui appartient à un oligarque, dont le bureau est à Chypre,
02:19 qui est le peuple ukrainien, voire pas un centime, est-ce que c'est ce poulet ukrainien, qui est... parce qu'il savait qu'une fois qu'un produit arrive sur le territoire européen,
02:25 il suffit qu'il y ait une manipulation, le produit prend l'identité du pays d'importation. Est-ce que ce poulet polonais, qui inonde aujourd'hui toutes les grandes surfaces,
02:31 n'est pas le poulet ukrainien, qui est dans des conditions abominables ? - Et qui est beaucoup moins cher que le poulet français, évidemment.
02:35 - Une page d'un million de têtes, vous vous rendez compte, c'est ça qu'on donne, alors que les agriculteurs sont en train de crever, mais on se fout de la gueule de qui ?
02:41 - Mais est-ce que là-dessus, le gouvernement peut agir rapidement ? Sur les normes ? - Bien sûr, bien sûr, immédiatement. Vous savez, quand ils ont besoin, ils le font tout de suite.
02:49 Il suffit de deux décrets, voilà. - Vous savez, chaque fois qu'on bloque une importation, qu'on s'en prenne au poulet mexicain ou bien au beurre irlandais, il y aura des mesures de rétorsion dans l'autre sens.
03:00 - Mais très bien. - Par ailleurs, on dirait qu'on fasse une distinction quand même, Péricou, entre ce qui vient d'Europe, mais vraiment d'Europe, pas les tricheries qu'on lui a décrites,
03:08 et ce qui vient d'ailleurs, parce qu'il y a des produits en Europe avec les mêmes normes qu'en France, et qui sont plus compétitifs, qui sont les bienvenus en France.
03:16 - Mais mon cher Christophe... - Et nos produits français compétitifs, ils sont les bienvenus en Allemagne ou en Pologne.
03:19 - Le grand scandale précédent, c'était le soi-disant du bœuf roumain dans les lasagnes fin d'huisse, on a appris que c'était du cheval ukrainien, finalement.
03:26 - Mais alors, est-ce que vous imaginez... - L'Europe est une passoire pour le marché néolibéral.
03:30 - Péricou, est-ce que vous imaginez le signal, sachant qu'on a levé les droits de douane pour soutenir l'Ukraine, est-ce que vous imaginez le signal si l'Europe dit "bon ben maintenant c'est fini".
03:39 - Le problème, c'est... - Non mais politiquement, c'est extrêmement glissant.
03:42 - Mais politiquement, il n'y a pas un centime qui est allé dans les caisses du peuple ukrainien, ça va directement sur un compte à Chypre.
03:46 Et là, la commission... Et quand on a demandé au gouvernement français de prendre un droit de réserve, qu'il a le droit de faire en disant "attention, moi j'ai une filière de volailles qui est en danger,
03:55 je ne peux pas accepter cette dérogation au droit de douane", le gouvernement français s'est écrasé.
03:59 On a accepté, pourquoi ? Parce qu'il semblerait que les capitaux français sont à l'origine de la volaille ukrainienne.
04:04 Voilà, donc à vérifier.
04:06 - Sébastien Wild, vous, vous n'êtes pas agriculteur, mais vous êtes entrepreneur, et finalement, il y a quand même quelques similitudes.
04:12 Vous aussi, vous êtes confronté à des tas de normes, des taxes, vous vous identifiez un petit peu à ce combat aussi ?
04:19 - C'est plus que des similitudes dans tout ce qui a été dit ce soir, ce qu'on a dit, plein plein de choses.
04:23 Effectivement, on se rend compte que quand on est petit, qu'on soit entrepreneur, un petit chef d'entreprise, qu'on soit un petit agriculteur,
04:28 toutes les choses, en règle générale, vont plus, même si ce soir je suis un peu en désaccord avec Christophe qui défend les très grandes entreprises,
04:34 moi je ne suis pas contre, je dis juste bien sûr qu'il en faut.
04:36 - Mais loyalement, une concurrence libre et non faussée, c'est le marqué d'un contrat européen.
04:40 - On est d'accord, mais on retrouve effectivement ça, on n'a pas de marge de manœuvre, on a des normes, on a beaucoup de taxes,
04:45 on n'a pas de visibilité, Fabien Roussel, on parlait tout à l'heure, piloter une entreprise sans savoir combien on paiera le gaz, l'électricité,
04:51 les assurances, les mutuelles pour nos collaborateurs, etc. Tout ça est un enfer, et je me retrouve énormément,
04:57 et le gouvernement devrait faire attention selon moi, parce que moi je me retrouve énormément dans beaucoup de choses qui ont été dites ce soir,
05:02 et je n'ai jamais manifesté de ma vie, je n'ai jamais rien fait.
05:05 - Et vous envisagez de le faire ?
05:06 - En tout cas pour mes collaborateurs, pour moi, oui, on en a marre.
05:09 Il y en a marre d'éteindre chez soi, d'avoir juste une lumière, il y en a marre de couper l'eau, et pas uniquement à cause de l'écologie,
05:16 ce que je veux dire, on en parlait avec Nora en off tout à l'heure, d'avoir froid chez soi, moi en tant que chef d'entreprise,
05:22 de ne pas pouvoir augmenter les gens, parce que quand on augmente de 100 euros, d'un seul coup on paie 500 euros de plus,
05:27 la personne nous coûte 500 euros de plus, alors qu'il faudrait payer ces gens plus, moi je le dis, les yeux dans les yeux à mes collaborateurs,
05:32 et derrière des discours qu'on entend, il y a des vies, et j'ai entendu, et je ne vote pas communiste, mais c'est pour dire...
05:39 - Ça vient d'où ?
05:40 - Peut-être, peut-être en vieillissant, mais ce que je veux dire, j'ai entendu un mot chez Fabien Roussel qui m'a plu tout à l'heure,
05:45 il a dit "je me bats", et bien à ma manière j'ai aussi envie de me battre.
05:49 - Mais ces périodes de visibilité où on voyait, elles ont été assez rares finalement dans l'histoire,
05:54 peut-être qu'on est sortis de quelques décennies qui ont été une bulle positive dans notre histoire,
05:59 et qu'on retourne à ce qui était le cas avant, c'est-à-dire la fin de l'abondance et la fin de la visibilité.
06:03 - Christophe, il y avait un ministère du plan sous le général de Gaulle, Michel Ranca a été le dernier.
06:06 - C'était les grandes glorieuses, c'est bien ce que je dis.
06:08 - Non, non, on planifiait, aujourd'hui on ne planifie rien puisqu'on fonctionne à doigt mouillé, en fonction de ce qui est marché ou décidé.
06:13 - On a bien le commissaire à la planification.
06:15 - Pourquoi on ne pourrait pas encore avoir 30 glorieuses là aujourd'hui en 2000 ?
06:19 - On a moins d'argent quand même.
06:21 - Pourquoi vous dites qu'on a moins d'argent ?
06:23 - Il faut payer plus.
06:25 - On a 3000 milliards d'années.
06:27 - Il faut augmenter les salaires.
06:29 - Il a combien le PIB de la France aujourd'hui ?
06:31 - Il faut augmenter les salaires, c'est un impératif, mais pour augmenter les salaires, il faudra aussi travailler plus.
06:35 - Christophe, la logique du profit financier pour le profit financier, gouvernement d'aujourd'hui.
06:41 - Bien sûr, bien sûr.
06:43 - Il y a des profiteurs dans le profit, je suis tout à fait d'accord.
06:45 - En tout cas...
06:47 - Mais il y a aussi de l'effort à faire.
06:49 - Sur l'Europe et la concurrence déloyale de l'Ukraine notamment, qui est...
06:53 - Et d'autres, il n'y a pas que la pauvre Ukraine, il y a d'autres, juste le Brésil.
06:57 - Eh bien nous, aux élections européennes, puisque vous avez entamé cette séquence par ça, nous aux élections européennes, nous allons nous opposer,
07:05 nous serons certainement les seuls à gauche, nous opposer à l'élargissement de l'Union européenne à des pays comme l'Ukraine et la Moldavie.
07:11 Parce que justement, dans ce contexte dans lequel nous sommes aujourd'hui, ça va ajouter encore plus de concurrence déloyale,
07:18 une politique de locosse, d'un dumping social sur nos agriculteurs, que ce soit en Pologne ou en France.
07:25 - Et pas que sur les agriculteurs.
07:27 - Pas que sur les agriculteurs, donc nous n'en voulons pas. Nous ne voulons pas de cet élargissement.
07:32 - Il n'y a pas besoin de penser élargissement, parce qu'il n'est pas pour demain, Moldavie et Ukraine, on a ouvert face aux USA, on n'y est pas.
07:40 - On nous a dissèque la Roumanie et la Bulgarie.
07:42 - Cette dimension de dumping, qu'est-ce qui se passe ?
07:45 Il suffit de regarder les accords de libre-échange qu'on a encore signés dernièrement.
07:49 En décembre, on a entériné celui avec la Nouvelle-Zélande, 20 000 km, et vous vous retrouvez avec, à terme, une hausse de 30 % à prévoir des échanges.
08:00 20 000 km en 7 ans, ça veut dire 38 000 tonnes de viande auvine, 10 000 tonnes de viande bovine, 15 000 tonnes de beurre, 25 000 tonnes de fromage.
08:07 - Et vous dites qu'il faut en finir avec ces traités ?
08:09 - Il faut arrêter. Là, on est en négociation sur le Mercosur.
08:12 - Le Mercosur, on a échappé parce que M. Bolsonaro avait mal parlé Mme Macron.
08:18 - Mais les députés d'Emmanuel Macron ont voté.
08:22 - Oui, ils ont voté.
08:24 - Allez dire aux employés de Cherbus qu'ils ne vendront plus d'avions à la Nouvelle-Zélande. Dites-le aussi.
08:28 - Mais si on importe plus !
08:30 - On a vendu les Airbus à la Chine avec le brevet, aujourd'hui c'est au fait qu'ils vendent plus des Airbus.
08:38 - Les avions ne font pas partie de ce traité de bien-échange.
08:41 - On parle d'alimentation.
08:43 - Un peu de discipline.
08:45 - La rétention, elle sera la même. Ça sera sur le cognac, ça sera sur le vin, ça sera pareil.
08:47 - Non, je le garde.
08:49 - Faites attention à ça. C'est trop facile de dire "on importe plus".
08:52 Quand on importe plus, on exporte moins. Et donc il y a des emplois qui vont souffrir ici.
08:55 - On va faire une écrase.
08:56 Il faut en être conscient et mettre tout sur la table.