Mouvement de blocage aujourd'hui à la prison de Villeneuve les Maguelone.
Pas de parloir famille. Pas d'extraction de détenus pour les procès. Personne ne va sortir ni entrer en dehors des urgences, médecin infirmière et cuisinier, le strict minimum.
4 agressions de surveillants en quelques jours, le syndicat UFAP UNSA demande des renforts en personnel.
Mais ces agressions s'ajoutent à une très longue liste d'incidents et de dysfonctionnements.
On en parle ce matin avec Aadil Loudy, secrétaire adjoint de l'UFAP à la prison de Villeneuve les Maguelone.
Pas de parloir famille. Pas d'extraction de détenus pour les procès. Personne ne va sortir ni entrer en dehors des urgences, médecin infirmière et cuisinier, le strict minimum.
4 agressions de surveillants en quelques jours, le syndicat UFAP UNSA demande des renforts en personnel.
Mais ces agressions s'ajoutent à une très longue liste d'incidents et de dysfonctionnements.
On en parle ce matin avec Aadil Loudy, secrétaire adjoint de l'UFAP à la prison de Villeneuve les Maguelone.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 - Aujourd'hui à la prison de Villeneuve-les-Magalones, nous sommes ce matin dans le studio de France Bleu Héro
00:04 avec Adil Loudi, secrétaire adjoint de l'UFAP à la prison justement de Villeneuve-les-Magalones, Guillaume.
00:08 - Bonjour Adil Loudi, je vous vois consulter votre portable, vous êtes en train de prendre les dernières nouvelles, non c'est ça ?
00:12 - Bonjour oui c'est ça, exactement. On regarde un petit peu où en sont les collègues.
00:16 - Donc ça a commencé au moment où nous parlons, mouvement de blocage aujourd'hui donc à la prison de Villeneuve.
00:21 Pas de parloir famille, pas d'extraction de détenus pour les procès, il y avait des audiences de prévues ?
00:26 - Il y avait des audiences de prévues effectivement et du coup on a bloqué l'accès et la sortie de toute personne.
00:33 - Et personne ne va sortir ni entrer en dehors des urgences, évidemment des urgences médicales.
00:37 - Exactement.
00:38 - Alors qu'est-ce qui se passe Adil Loudi, pourquoi tout d'un coup ce mouvement de blocage ?
00:42 - Aujourd'hui en fait on a des surveillants et des camarades qui se sont mobilisés devant l'établissement
00:50 pour plusieurs raisons, la première raison c'est qu'ils sont usés.
00:53 On a des collègues et des camarades qui sont usés par ce qu'on leur demande de faire,
00:58 par une surpopulation carcérale, par un manque d'effectifs.
01:02 Alors pour avoir une idée aujourd'hui je vais vous donner quelques chiffres,
01:05 on a 21 postes vacants sur l'établissement.
01:09 - Sur un total de combien ?
01:10 - Sur un total de à peu près 150 surveillants.
01:14 - Ah oui donc c'est plus de 10% quoi, c'est 4%.
01:16 - Oui c'est ça.
01:17 On a des détenus qui souffrent de troubles psy qui sont dans notre établissement,
01:24 qui n'ont rien à faire en prison, qui devraient être dans des établissements spécialisés.
01:28 - Mais s'ils sont en prison c'est parce qu'ils ont été déclarés,
01:30 je dirais alors, pardon pour l'expression, mais aptes à la prison,
01:33 c'est-à-dire pénalement responsables, vous dites qu'ils devraient être dans des établissements spécialisés.
01:38 - Oui normalement mais ils ont quand même des troubles psy
01:41 qui fait que normalement ils devraient être dans un centre hospitalier adapté justement à leur pathologie.
01:48 - Et puis il y a cette série d'agressions, alors 4 agressions en 4 jours,
01:51 entre le 12 et le 16 janvier, toujours à peu près le même type d'agression ?
01:58 - C'est en fait, la cause c'est une surpopulation carcérale comme je vous ai dit,
02:06 donc des détenus qui se retrouvent avec des matelas au sol,
02:10 et forcément ça crée des tensions, à l'ouverture on est confronté à des agressions,
02:17 ce qui a pu avoir lieu sur les 4 derniers jours.
02:19 - En termes de surpopulation, la prison de Villeneuve-les-Maglones c'est à peu près 900 détenus pour 600 places ?
02:25 - Exactement, et aujourd'hui on est à peu près à 150% de surpopulation.
02:29 - Bon, j'ai l'impression, pardon de vous poser la question en ces termes-là,
02:34 Adil Oudim, j'ai l'impression que ces problèmes-là on en entend parler depuis des années.
02:38 Est-ce que ça s'est véritablement aggravé aujourd'hui ?
02:41 Est-ce que la tension est telle que les surveillants décident là, une journée comme aujourd'hui ?
02:46 Est-ce qu'il pourrait y en avoir d'autres derrière ? Quel est le contexte en ce moment ? Il est vraiment particulier ou pas ?
02:51 - On a un contexte qui est très tendu, j'ai rarement vu une surpopulation à ce niveau-là aujourd'hui.
02:55 On est à peu près à 40 matelas au sol, donc pour vous dire un petit peu l'étendue de la surpopulation.
03:03 Donc comme je vous l'ai dit, il y a des détenus qui présentent des troubles psy, un manque d'effectifs,
03:10 qui est quand même assez conséquent, des surveillants à qui on en demande toujours plus,
03:16 qui sont rappelés sur leurs jours de repos pour venir travailler.
03:19 Du coup, forcément il y a une conséquence à tout ça.
03:23 - Et pourquoi on demande à des surveillants de revenir travailler alors qu'ils n'auraient pas dû travailler ?
03:26 C'est parce qu'il y a un taux par exemple de congés maladie qui augmente ?
03:30 - Non, même pas, c'est par rapport au manque d'effectifs.
03:34 Sur la prochaine cape de mutation des surveillants, on n'a pas eu de surveillants,
03:39 on n'en aura pas pour la prochaine aussi.
03:40 Donc nous ce qu'on demande aujourd'hui, c'est du personnel,
03:45 des transferts automatiques qui se font après des agressions,
03:51 et des détenus qui soient placés dans des établissements spécialisés.
03:54 - Alors vous dites aussi que l'ouverture au mois de juin d'une structure d'accompagnement vers la sortie
03:59 pose aussi des problèmes aujourd'hui, expliquez-nous.
04:02 - C'est une mise en place, c'est une ouverture, c'est toujours compliqué.
04:05 - Oui, c'est quoi exactement ? Expliquez-nous de quoi il s'agit.
04:08 - De la structure d'accompagnement à la sortie ?
04:11 C'est un établissement qui est fait pour les détenus qui sont en fin de peine ou jusqu'à 24 mois.
04:18 Donc ils restent sur papier exactement au moins 24 mois de prison,
04:22 et à partir de 6 mois.
04:25 Et cet établissement est fait justement pour accompagner les détenus vers la sortie,
04:30 mais les détenus qui sont là-bas n'ont pas forcément le profil.
04:35 - C'est-à-dire ?
04:36 - C'est des détenus qui n'ont pas forcément l'envie de s'impliquer vers une sortie,
04:42 et du coup ça crée forcément des problèmes.
04:44 - Et ça crée des tensions supplémentaires ?
04:45 - Exactement.
04:47 - Alors j'imagine que vous ne vous êtes pas contenté de dire "bon allez, ce lundi",
04:52 on est le 22, merci, on va tout bloquer, des discussions,
04:59 un dialogue a été entamé avec votre administration, l'administration pénitentiaire,
05:04 qu'est-ce qu'on vous dit aujourd'hui ? Toujours la même chose que d'habitude ?
05:06 - Toujours la même chose, on va essayer de transférer les détenus,
05:10 on va vous apporter du personnel, ce qui n'est pas possible parce qu'on n'en a pas eu,
05:15 et pas plus, c'est toujours la même chose.
05:18 Donc là aujourd'hui il y a un ras-le-bol, il y a des collègues qui sont fatigués,
05:21 les camarades qui se sont mobilisés aujourd'hui,
05:23 c'est pour de réelles raisons, ils sont fatigués, usés, à bout de force.
05:30 À bout de force, et ça a des répercussions forcément sur même notre vie personnelle.
05:36 - Oui, surtout qu'ici à Villeneuve-les-Maglones, ou même à Nîmes, pas très très loin,
05:41 les détenus peuvent aussi venir d'autres établissements pénitentiaires,
05:44 il y a beaucoup de détenus marseillais je crois par exemple,
05:47 alors que vous dites à Marseille, les prisons marseillaises,
05:51 les Beaumet par exemple, sont beaucoup moins surpeuplées que les nôtres,
05:55 alors pourquoi ils viennent ici, pourquoi on les envoie ici ?
05:57 Est-ce que vous avez une explication ou pas ?
05:59 - À Montpellier, pardon à Nîmes, à la maison d'arrêt de Nîmes,
06:03 il y a un désencombrement qui a été fait justement, on n'écroule plus là-bas,
06:07 parce que son judiciaire a décidé de ne plus écrouler là-bas,
06:10 et tout a été renvoyé sur Villeneuve-les-Maglones.
06:12 Sauf que Villeneuve-les-Maglones absorbe les détenus des autres villes,
06:16 ce qui n'est pas possible, avec le manque d'effectifs qu'on a et le manque de place,
06:22 on a une capacité théorique de 600 et on se retrouve à 900, c'est énorme.
06:26 - Oui, là pour l'instant c'est une première journée d'action, il pourrait y en avoir d'autres ?
06:32 - Bien sûr, il pourrait y en avoir d'autres,
06:33 on poursuivra si jamais il n'y a pas de mesures qui seront prises.
06:36 - Oui, et comment la population carcérale,
06:38 alors évidemment pour l'instant on n'a peut-être pas le recul pour pouvoir répondre à cette question,
06:41 mais la population carcérale ou leur entourage, leur famille,
06:44 prennent une journée comme ça, ça ne risque pas de créer des tensions supplémentaires ?
06:49 - Aujourd'hui lundi il n'y a pas de parloir famille déjà,
06:51 donc déjà ça règle le problème par rapport à ça,
06:55 mais eux aussi, les détenus aussi, on le ressent, ça crée des tensions entre eux,
07:00 forcément se retrouver à quatre dans une cellule de 10 mètres carrés,
07:04 ça crée forcément des tensions.
07:07 - Oui, avec les surveillants et la sécurité des surveillants,
07:11 parce que c'est ça qui vous pose problème aujourd'hui.
07:13 - Exactement.
07:14 Merci Adil Loudi, secrétaire adjoint de l'UFAP à la prison de Villeneuve-les-Maglones
07:19 d'être venu nous expliquer ce matin les raisons de cette journée d'action
07:24 à la prison de Villeneuve-les-Maglones.
07:26 Bonne journée à vous.
07:27 - Merci.
07:27 - Et vous retrouvez cette interview comme toutes les autres,
07:30 comme tous nos invités en allant sur le site internet francebleu.fr.
07:34 Il est 8h19, vous êtes peut-être en voiture,
07:37 vous allez prendre la voiture, il y a des embouteillages,