• l’année dernière
Elue Miss France 2000, Sonia Rolland était hier soir sur le plateau de "Quelle époque" sur France 2 et elle a souhaité pousser un coup de gueule sur la montée de ce qu'elle appelle l'extrême droite en France. Sans les citer, on comprend que son inquiétude vient de montée en puissance du Rassemblement National ou de Reconquête!
Pour Sonia Rolland, le fait que de plus en plus de français se tournent vers ces partis est grave :

"La France est un des pays les plus métissés d'Europe et on n'en fait pas une force. Les "bas du front", les racistes si ils regardaient leur ADN, ils auraient des surprises. On est en France, je n'arrive pas à comprendre qu'un pays comme le notre soit dirigé par l'extrême droite. Ce n'est pas imaginable, c'est impossible.

C'est insulter tous ceux qui se sont battus pendant des années pour la tolérance et le respect ! Je vois l'extrême droite qui a pris le pouvoir sur les réseaux sociaux et il faut se battre contre ça.

Moi je viens du Rwanda et ce qui s'est passé là-bas n'est pas arrivé par hasard. C'est vingt ans de lavage de cerveau. On crée un ennemi et on le point du doigt. Et nous, en France, on est en train de banaliser le fait que l'on puisse insulter des musulmans, des juifs ou des homosexuels ! C'est n'importe quoi."

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Transcription
00:00 -À 18 ans, quand vous prenez ça dans la gueule,
00:02 quand vous voyez votre mère qui ouvre le courrier
00:04 et qui voit ça, qui voit de la merde,
00:06 à ce moment-là, vous souffrez ?
00:08 Vous êtes... -Je souffre, je m'interroge.
00:11 Je me dis souvent qu'il faut avoir vraiment...
00:15 Il faut être psychiatriquement atteint
00:18 pour faire ce genre d'acte.
00:19 Non, en fait, ce qui m'interrogeait,
00:21 c'était Mme de Fontenay, à l'époque,
00:23 qui recevait cette vague d'un seul coup de fans de Miss France
00:27 qui envoyaient des lettres horribles,
00:29 en disant que les armes allaient parler.
00:31 Il y avait quand même des insultes et des menaces de mort.
00:34 Geneviève, je me souviens qu'elle voulait
00:37 convoquer l'AFP,
00:39 faire une conférence de presse pour me défendre.
00:42 -Pour dire "stop les insultes racistes".
00:44 -Je lui dis que je ne leur offrirai pas une tribune.
00:47 Ils n'existent pas.
00:48 À l'époque, il faut resituer les choses, dans les années 90,
00:51 ne serait-ce que l'extrême droite.
00:53 On en riait, les guignols en riaient constamment.
00:56 On tournait tout en dérision à cette époque-là.
00:59 Je lui dis que si je leur offrais une tribune,
01:01 ils existeraient, alors qu'ils n'y existaient pas.
01:04 -Sauf que Sonia vous dit qu'il faut rester vigilant,
01:07 car la parole discriminatoire s'installe de façon insidieuse
01:10 dans l'inconscient collectif.
01:12 C'était rigolo, on la tournait en dérision,
01:15 et c'est vrai, dans ces années-là, mais là, ça rigole plus,
01:18 parce que ce que vous dites, ça s'étend et ça s'étale.
01:21 Vous dites que la seule chance, c'est que la société
01:24 est de plus en plus métissée, et que les racistes
01:27 sont des racistes. -C'est une spécificité
01:29 sur laquelle on ne s'appuie pas.
01:31 La France est un des pays les plus métissés d'Europe,
01:35 et on n'en fait pas une force.
01:36 Après, les bas du front, que j'appelle les racistes,
01:40 je me dis que s'ils faisaient juste une prise de sang
01:43 et qu'ils regardaient leur ADN, ils auraient...
01:45 -Des surprises. -Oui, évidemment.
01:47 Mais comment répondre à ça ? Comment répondre à l'abject ?
01:51 -Mais que faire, alors ? -Que faire ? Le combattre.
01:54 Le combattre. Enfin, je veux dire, on est en France,
01:57 et je n'arrive pas à comprendre qu'il soit possible
02:00 qu'on s'imagine un jour qu'un pays comme le nôtre
02:03 puisse être dirigé par l'extrême droite.
02:05 Moi, c'est un truc qui me révolte.
02:08 Je me dis, mais il ne faut pas banaliser ça.
02:10 On ne peut pas banaliser ça,
02:12 après ce qu'a vécu ce pays.
02:16 C'est impossible. C'est insulter des générations
02:19 qui se sont battues pour la liberté de ce pays,
02:22 pour une union... Enfin, je veux dire,
02:24 je ne suis pas dans des discours politiques...
02:27 -Raphaël, qu'est-ce que... -Mais qui sont nécessaires.
02:30 Je fais partie d'une génération aussi
02:32 qui a vu l'extrême droite prendre le pouvoir
02:35 via les réseaux sociaux.
02:36 Et les médias donnaient cette place
02:39 qui a permis de banaliser, dans l'inconscient collectif,
02:42 cette possibilité qu'un jour, l'extrême droite
02:45 arriverait au pouvoir.
02:46 Et ça, je me dis, moi, j'ai vécu le Rwanda.
02:49 Le Rwanda, le génocide n'arrive pas par hasard,
02:52 un soir, comme ça.
02:53 30 ans, 40 ans de lavage de cerveau,
02:57 d'on pointe du doigt l'ennemi,
03:00 enfin, on crée un ennemi,
03:02 les Tutsis deviennent un ennemi, voilà.
03:04 Et donc, de façon insidieuse,
03:07 ça devient normal, en fait,
03:09 qu'on aille prendre une machette et tuer son voisin,
03:11 puisque le génocide du Rwanda, enfin, des Tutsis du Rwanda,
03:14 a quelque chose d'inédit,
03:16 c'est que c'est le premier génocide de proximité,
03:19 on a tué le voisin, on a poussé la population
03:21 à aller tuer l'autre.
03:23 Et là, on est en train de banaliser le fait
03:25 qu'on puisse insulter des musulmans,
03:28 des juifs, des homosexuels,
03:31 mais c'est devenu n'importe quoi, n'importe quoi.

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