• il y a 11 mois
En 1966, une peintre de Colombie Britannique tente de reproduire l'image d'un fantôme quand elle se rend compte que la toile se modifie d'elle-même. Le personnel de la foire la plus populaire du Canada se plaint de voir des fantômes dans les bâtiments du CNE.
Transcription
00:00 - On a signalé sa disparition seulement une semaine après.
00:03 - Pas de notation particulière, tout d'un coup,
00:05 qu'il arrête quelque chose.
00:07 - Ils ont évoqué la possibilité qu'il s'agissait...
00:11 - De meurtre.
00:12 - Elle était seulement avec ses sous-vêtements.
00:15 - Il y a encore des gens qui sont encore de ce monde,
00:19 qui savent des choses, qui n'ont jamais voulu s'impliquer
00:22 pour ne pas avoir de problème.
00:24 ♪ ♪ ♪
00:26 - En 1969, un policier de Trois-Rivières
00:29 est retrouvé mort dans sa voiture de service.
00:32 S'est-il suicidé comme le prétendent les enquêteurs?
00:35 ♪ ♪ ♪
00:37 En 1978, une jeune étudiante de l'Enoxvis disparaît.
00:41 Les autorités policières et la direction du collège
00:45 croient à une fugue.
00:47 En 1980, débute une vague de décès inexplicable
00:51 parmi les bébés aux soins intensifs d'une pouponnière.
00:54 Les enquêteurs soupçonnent bientôt une jeune infirmière.
00:58 Meurtre ou décès, à dossier mystère.
01:01 ♪ ♪ ♪
01:03 ♪ ♪ ♪
01:06 "Musique de tension"
01:30 *BIP*
01:31 "Musique de tension"
01:36 Un mort dans un endroit inusité, est-ce un meurtre, un accident ou un suicide ?
01:41 On dit qu'une scène de crime parle aux policiers. Mais lorsque les enquêteurs chargés de l'affaire sont eux-mêmes soupçonnés d'avoir caché des preuves, qui reste-t-il pour élucider le mystère ?
01:54 "Musique de tension"
01:58 Lentement, l'agent Georges Marquis s'engage dans le sentier.
02:04 Ses superviseurs lui ont demandé de porter une attention particulière à ce boisé isolé aux lignées de Trois-Rivières.
02:13 Dans le sol détrempé par les averses des derniers jours, le policier a remarqué des traces de pneus.
02:24 Plus loin, sur ce sentier qui mène nulle part, une chevrolet semble abandonnée.
02:30 Le policier est convaincu qu'il s'agit de la voiture empruntée cinq jours plus tôt par un collègue dont on est sans nouvelles.
02:37 Louis-Georges Dupont.
02:40 Il a un mauvais pressentiment. Il est un peu plus de 10h30.
02:44 Par la fenêtre, le constat voit le corps d'un homme affaissé sur la banquette avant.
02:50 On pourrait croire que l'homme est endormi. Mais le policier sait qu'il n'en est rien.
02:55 Il sait d'instinct qu'il s'agit du corps du détective Dupont.
03:01 L'agent Marquis contacte le poste 1 de la police de Trois-Rivières.
03:06 L'affaire Louis-Georges Dupont vient de commencer.
03:15 En 1969, le service de police de Trois-Rivières est soupçonné, selon la rumeur publique, de participer aux activités du crime organisé.
03:25 Prostitution, paris légaux, raquettes de la protection des commerces et trafic de drogue.
03:31 Plusieurs policiers accepteraient des pots de vin pour fermer les yeux.
03:35 La ville de Trois-Rivières était une ville ouverte.
03:38 On savait que le crime organisé s'était implanté à Trois-Rivières au niveau barbat de prostitution près de Gérard.
03:45 La mafia italienne de Montréal avait beaucoup accès à Trois-Rivières et il y avait, à une certaine époque, des policiers ripos.
03:54 En 1969, l'escouade des détectives, surtout, s'était assez corrompue.
04:01 C'était un échevin qui, à un moment donné, a dit « J'ai les plaintes des citoyens, c'est assez. On va porter plainte au gouvernement. »
04:08 C'est comme ça qu'ils ont fondé la Commission de police du Québec.
04:12 L'enquête de la Commission de police va rapidement progresser grâce aux révélations de non-honnêtes policiers de Trois-Rivières.
04:20 Il faut dire qu'à l'époque, il y avait un policier, Louis-Georges Dupont, qui était un policier assez spécial.
04:27 Moi, je l'ai rencontré à quelques reprises et lui soupçonnait, les gars avec qui il travaillait, que ces gens-là étaient des ripos.
04:37 Et c'est là que l'affaire Dupont a vraiment commencé.
04:40 Le 5 novembre 1969, l'agent Dupont, l'un des témoins-clés de la Commission de police, est en pursuit.
04:48 Il avait dit à ma mère « Ça va être dangereux. »
04:53 Ce matin-là, il quitte la résidence familiale pour reconduire sa fille à l'école de secrétariat.
04:59 Il dit à ma mère de ne pas envoyer les enfants à l'école, mais par contre, il va reconduire ma soeur à l'école privée.
05:05 Et puis, il dit « Il y a trois dernières journées, quand il est venu me reconduire à l'école, il y avait toujours des chants noirs qui nous suivaient. »
05:12 Les chants noirs, bien, il est sûr que c'est les gros chars de police.
05:22 Il y en a des chants noirs non identifiés, aucune sirène là-dessus. Il est sûr que c'est de ces chants-là.
05:28 Après avoir reconduit sa fille, il arrive au travail.
05:34 Depuis quelques jours, il n'est plus le même.
05:37 Il craint le représailles de ses collègues qu'il a dénoncés devant les juges.
05:44 Certains lui ont même clairement fait savoir que ses jours sont comptés.
05:49 Au bureau, il croise le sergent détective Lawrence Borkley.
05:54 Il s'informe des affaires courantes, puis quitte à bord de la voiture de service banalisée numéro 190.
06:01 [Musique]
06:11 « Qu'est-ce qu'on sait, c'est qu'il a laissé son auto personnelle là.
06:15 Il est parti avec l'auto de service de la police, ensuite de ça, il est disparu. »
06:23 À la fin de son quart de travail, il ne revient pas à la maison et le soir même, son épouse signe à sa disparition.
06:31 « Il y a mon oncle qui a analysé un avion, qui a patrouillé les bois de Trois-Rivières,
06:36 ce secteur parce que Trois-Rivières va assez loin, il appelle ça le boulevard Saint-Jean.
06:40 Ils ont patrouillé les bois parce qu'il se partait des rumeurs que peut-être qu'on en trouverait dans les bois du nord de la ville.
06:47 Il y a eu une patrouille qui s'est faite, ils n'ont pas rien trouvé. Il y a des clairières à des places, il y a bien des petits sentiers.
06:53 Il n'y a personne qui a rien vu. »
06:56 Dans les jours qui suivent, son épouse Jeanne d'Arc Dupont remarque la présence de grosses voitures noires stationnées devant la maison.
07:04 Elle a le sentiment que son domicile est sous surveillance.
07:08 Pendant ce temps, on est toujours sans nouvelles de son mari.
07:12 La rumeur court que le sergent Dupont aurait été vu le matin de sa disparition en compagnie d'une jeune femme aux mœurs légères.
07:19 « La journée même du 5, il se part à la radio qu'il a été vu avec une jeune fille.
07:25 Mais quatre heures plus tard, le lieutenant détective du poste de la police de Trois-Rivières dit « OK, finalement la jeune fille,
07:36 c'était pas une inconnue, c'est sa fille qui allait à l'école tous les matins. »
07:39 Mais la rumeur est lancée.
07:42 Le 10 novembre 1969, le constable Georges Marquis découvre le corps de Louis-Georges Dupont dans un boisé au nord de Trois-Rivières.
07:51 « On l'a retrouvé, mon père, cinq jours plus tard, le 10 novembre 1969, dans les bois du nord de la ville de Trois-Rivières, au limite.
07:58 Ils appelaient ça le boulevard Saint-Jean, au limite.
08:01 Il y a un policier qui est attitré par son supérieur d'aller faire du radar supposément sur, il appelait ça le boulevard Saint-Jean.
08:12 Il passait à peu près une voiture à l'heure dans ce temps-là.
08:16 C'est à peu près à 12 000 du poste de la police de Trois-Rivières.
08:19 Quand ils revenaient, ils ont dit « Ben là, en même temps, on les a fait cette semaine, mais il y a des petits sentiers,
08:24 si tu vois qu'il y a quelque chose, porte une attention particulière, tout d'un coup, qu'il n'y aurait que quelque chose. »
08:30 Jean Marquis informe aussitôt le capitaine détective Georges Gagnon et le directeur adjoint Roland Poitras,
08:36 qui dépêchent sur les lieux enquêteurs et policiers.
08:39 Le petit boisé du boulevard Saint-Jean devient possiblement une scène de crime.
08:48 L'enquête est confiée au lieutenant détective Jean-Marc Hubert.
08:54 Pour plusieurs, cette affectation a de quoi étonner.
08:58 Le détective Hubert est l'un des principaux policiers visés par la commission de police.
09:03 Jean-Marc Hubert, c'était le lieutenant détective, le supérieur immédiat de mon père,
09:07 contre qui mon père avait une peur depuis plusieurs semaines,
09:12 suite à des témoignages qui s'étaient dit à la commission de police.
09:16 Puis c'est lui-même qui a fait l'enquête.
09:22 Le détective Hubert, celui-là même qui a été dénoncé à la commission de police par Louis-Georges Dupont,
09:28 est chargé d'enquêter sur la mort du policier.
09:31 Un photographe judiciaire prend de nombreux clichés.
09:34 Puis, le corps de Louis-Georges Dupont est sorti du véhicule pour être transporté à la morgue de Trois-Rivières.
09:47 Les policiers procèdent alors à une fouille minutieuse de la voiture de service numéro 190.
09:52 Sur le plancher, l'agent Gagnon trouve l'arme de Dupont, un Colt de calibre 38 à canon-cours.
10:00 Sous le pare-soleil, une note porte en annotation "Pour ma femme".
10:17 Les termes de celle-ci sont simples, mais explicites.
10:21 "Jeanne d'Arc, tu verras l'avocat Yvan Godin et le notaire Gilles Garceau avec tous les papiers."
10:27 "Je vous aimais tous beaucoup. Je vous demande pardon. Louis-Georges."
10:33 Pour les détectives, tout porte à croire que l'agent Dupont a mis fin à ses jours avec son revolver de service.
10:44 Mais les empruntes de pneus devant la voiture de Louis-Georges Dupont,
10:47 qui auraient dû être effacées par les puits abondants des cinq derniers jours, soulèvent des doutes dans l'esprit de certains.
10:54 Quand ils l'ont retrouvé dans l'arrière, ça s'est fait vite.
10:57 Même que le garagiste qui a remarqué l'auto, il dit "Moi quand je suis arrivé, il y avait deux polices qui m'attendaient."
11:03 "Toutes les autres étaient parties. Ils étaient partis chez ma mère, probablement. Ils s'en venaient à la Trois-Rivières."
11:09 "Ils ont dit, je suis arrivé, ils ont dit non non, tout est correct. Accroche-toi, on va au poste, tu n'as pas d'affaires à regarder dans le char."
11:15 On remorque la voiture de service de l'agent Dupont au quartier général.
11:20 Entre temps, Jacques, son fils aîné, est amené à la morgue pour identifier le corps de son père.
11:26 Pendant que j'étais à l'apprêt à identifier mon père comme ça, puis je le regardais, comprenez, le paleto, il l'a ouvert là.
11:33 Qu'est-ce qu'on voit sur les photos, le paleto est ici. Mais il l'a ouvert plus grand que ça, fait que le sang, il est encore plus loin.
11:38 Je n'avais pleine la vue là. J'ai dit, j'arrive de trouver ton père là, et puis je l'identifie.
11:43 Pendant que j'étais à l'apprêt à identifier M. Poitras et Jacques, cette valeur, ton père s'est enlevé la vie là.
11:50 Juste en élevant le ton, juste au bon moment.
11:52 Là, je suis rendu, j'étais à l'apprêt à regarder, 5-6 secondes, je suis rendu à face.
11:57 Je vois le nez écrasé, à peu près ça de l'air, la barre blanche, plein de sang, la chemise tout virée, tout le rebord de la chemise virée à l'envers.
12:07 Mais là, moi j'ai 19 ans, je suis entouré de police là. Je ne peux pas faire grand-chose.
12:12 Il me dit ça, pendant que je repars de la tête et que je redescends, dans les 5 secondes, il reprend.
12:18 Jacques, cette valeur là, mais ton père s'est suicidé.
12:22 Sur l'heure du midi, pendant que j'identifiais mon père, il y avait des grandes portes où il y a les camions pompiers.
12:30 Ma mère, elle décide avec son frère, elle dit, je vais aller voir le char au poste.
12:34 Elle est rentrée par la porte, elle a ouvert la porte, elle a regardé dans l'auto, il n'y a pas de sang, il n'y a rien.
12:40 Mais elle dit, ils ont lavé le siège. Elle, dans son idée, en pensant qu'il y avait eu le temps de laver tout le siège,
12:45 on sait bien qu'il y a eu du sang là, mais à un moment donné, tu ne peux pas, ça ne part pas.
12:51 Le corps de Louis-Georges Dupont est autopsié le même jour par le docteur Jean Hould,
12:57 qui conclut dans son rapport que l'agent Dupont s'est suicidé avec son arme de service.
13:03 Selon le rapport, la balle a pénétré par la poitrine, a traversé le coeur pour ressortir dans le dos.
13:09 Il ne fait aucun doute pour la famille que la mort de Louis-Georges est un meurtre déguisé en suicide.
13:16 Bien tout de suite, au départ, quand on ramenait le linge de mon père à la maison, ma soeur Juan et ma mère,
13:20 ils ont dit, bien voyons donc, c'est pas son côte, il est parti avec une belle habillérise,
13:24 puis le vêtement, son tranche, il est plein de boîtes, puis il a un trou dans l'épaule, qu'est-ce que c'est ça?
13:28 On dit, comment ça qu'on n'a pas vu ça? Comment ça?
13:31 Comment ça que mon père est couché du côté droite dans l'auto,
13:34 puis qu'il y a du sang qui sort par le côté gauche de l'oreille, on voit la trace de sang, quoi qu'elle a de chemise,
13:38 puis qu'il est tout bleu, il cite la lévidité cadavérique, on connaissait pas ça dans le temps.
13:43 Avec Internet aujourd'hui, puis tout ça, on apprend des choses.
13:46 Il est couché là, comment ça que c'est ici qu'il est bleuté?
13:49 C'est le côté droite qui aurait dû être bleuté, le sang peut pas monter par la gravité.
13:54 Bien c'est sûr qu'à l'époque, on n'a pas tout vu ça.
13:58 Aujourd'hui, on a découvert les photos, mon père, il a le nez cassé, il n'a pas de sang dans la voiture,
14:02 il a deux balles dans le dos, il n'est pas habillé comme il était parti,
14:06 il a des traces de pneus fraîches à l'avant, il a deux lettres de suicide,
14:12 c'est pas son écriture, la signature, c'est pas sa signature que c'est les lettres,
14:17 c'est toute la police qui a trafiqué jusqu'au négatif.
14:23 Parce que là, qu'est-ce qu'on fait présentement?
14:26 Ça peut pas être un choix de la mafia, il faut que ça s'aille la police,
14:29 qui est trafiquée jusqu'au négatif.
14:31 Le sergent Dupont est mis en terre le 13 novembre 1969.
14:36 On fait des funérailles civiques à mon père le 11.
14:39 Le 11, mon père est exposé, le 12 puis le 13.
14:42 Il y a des funérailles civiques avec un vigile de policiers à côté de la tombe, tout le temps.
14:47 Si ça arrive en avril matin, il est là, du matin au soir, les trois jours.
14:51 On fera pas ça à un gars qui s'est suicidé.
14:53 Ça, c'est quelqu'un qui est mort en devoir.
14:55 Même 42 ans plus tard, les questions demeurent sans réponse.
15:00 On n'a jamais eu le constat de décès.
15:03 On l'a pas encore, le constat de décès, ça fait 42 ans.
15:06 C'est impensable, parce qu'un constat de décès, ça s'en va à trois places.
15:10 Il y a la morgue, ou il y a la morgue, Philibert aurait dû en avoir une copie.
15:14 Si c'est fait à l'hôpital, s'il y a une autopsie à l'institut médico-légal,
15:18 le ministère de la Justice, c'est fait en trois copies qu'ils nous ont dit.
15:22 Il y en a pas.
15:23 C'est une tâche, l'affaire Dupont, pour la corde de police de Trois-Rivières.
15:26 Pour les gens qui nous regardent, qui ont plus de 60 ans, ils vont se rappeler de l'affaire.
15:30 Ça a été une tâche, l'affaire Dupont.
15:33 Et aujourd'hui, ça sera également encore un mystère, le décès de M. Dupont,
15:39 même si on vient de nous dire, à la suite de l'enquête de la Sûreté du Québec,
15:43 qu'on en vient aux mêmes conclusions qu'il s'agit d'un suicide, que Louis-Georges Dupont s'est enlevé la vie.
15:50 Quelqu'un, quelque part, connaît la vérité sur l'affaire Louis-Georges Dupont,
15:55 et peut-être que cette personne, c'est vous.
15:58 Il y a encore des gens qui sont encore de ce monde, qui savent des choses,
16:03 mais n'ont jamais voulu s'impliquer pour ne pas avoir de problème.
16:10 Après plus de 40 ans, la question demeure.
16:13 L'agent Dupont s'est-il suicidé, ou a-t-il été assassiné parce qu'il en savait trop ?
16:19 Les enquêteurs ont-ils bien fait leur travail, et surtout, avaient-ils la volonté de faire toute la lumière sur cette affaire ?
16:26 Les années judiciaires regorgent l'histoire où, refusant de voir un acte criminel,
16:32 les enquêteurs ont détruit des preuves importantes.
16:37 À de rares occasions par intérêt, mais parfois simplement par laxisme.
16:42 Et ce, malgré les doléances des proches de la victime.
16:45 L'affaire Teresa, alors, en est un bien triste exemple.
16:50 En ce matin du vendredi saint, Robert Ride entreprend de faire la tournée de ses pièges.
16:59 Ride, qui chasse les ramusquets pour leur fourrure, connaît bien les boisés de Compton.
17:07 Vers dix heures, alors qu'il s'affaire à remettre en place des collets,
17:11 il aperçoit entre les arbres une forme blanche.
17:14 Il pense d'abord à un mannequin.
17:17 Hélas, il ne s'agit pas d'un mannequin, mais du corps en partie décomposé de Teresa, alors,
17:27 une jeune femme portée disparue depuis bientôt six mois.
17:35 Il fait un temps magnifique en ce 3 novembre 1978.
17:39 À Lenoxville, le Collège Champlain accueille des étudiants qui viennent d'un peu partout,
17:45 dont Teresa, alors, originaire du Nouveau-Brunswick.
17:48 L'étudiante de 19 ans loge à Gaylord House, une imposante résidence victorienne,
17:54 située dans le village voisin de Compton.
17:56 Le collège est à Lenoxville, la résidence se trouve à Compton.
17:59 Et il faut se rappeler qu'on est dans les années 70, alors c'est un peu hippie,
18:04 il n'y a pas aussi de contrôle, de surveillance qu'il y a comme aujourd'hui.
18:09 Alors les étudiants étaient beaucoup laissés à eux-mêmes,
18:12 on pouvait faire des parties jusqu'à n'importe quelle heure,
18:15 il n'y avait pas de prise de présence en classe.
18:18 Après le petit déjeuner, vêtue de son pullover beige et d'une écharpe verte autour du cou,
18:26 elle se précipite pour attraper le bus assurant la navette entre Gaylord House et le Collège Champlain.
18:33 Elle est allée à ses cours, puis à l'heure du dîner,
18:36 elle est allée rejoindre ses amis pour dîner à la cafétéria.
18:41 Et à ce moment-là, elle était fumeuse, donc elle aurait demandé une cigarette à des amis.
18:48 Et puis, suite à ça, elle serait retournée à ses cours.
18:53 Et puis, à cette époque-là, il y avait seulement deux autobus
18:56 qui ramenaient les étudiants du collège au dortoir à Compton.
19:00 Et ses amis ne l'ont pas vue embarquer dans l'autobus.
19:04 Et personne n'a vraiment remarqué son absence jusqu'à la fin du week-end.
19:09 On dirait que toutes ces choses semblent arriver un vendredi.
19:12 Ce n'est qu'après le week-end qu'on a remarqué qu'on ne l'avait pas vue,
19:15 qu'elle ne s'était pas présentée dans les endroits qu'elle avait l'habitude de fréquenter.
19:19 Pendant une semaine, personne ne s'inquiète de l'absence de Teresa.
19:25 On a signalé sa disparition seulement une semaine après.
19:29 Son frère André a commencé à remarquer qu'elle était absente, ses amis aussi.
19:36 Alors, il a fait le tour de ses amis, puis ses amis lui ont dit qu'il ne l'avait pas vue.
19:41 Il a appelé les parents et puis tout ça.
19:43 Et alors, il est allé voir les autorités à l'école pour déclarer sa soeur disparue.
19:49 La police n'a pas pris le cas de Teresa au sérieux,
19:52 parce que les jeunes de ce collège avaient la réputation d'être des fêtards.
19:58 Pour la famille de la disparue, il est clair que quelque chose de grave est arrivé.
20:03 Chose curieuse de leur côté, les autorités continuent de favoriser le scénario de la fuite.
20:10 Le chef de la police de l'Eneuveville transmet même au loignier du Vermont un portrait de Teresa,
20:19 laissant supposer que celle-ci pourrait être impliquée dans un trafic de drogue.
20:25 Ils ont évoqué divers prétextes.
20:28 Elle était peut-être en goguette, elle était peut-être partie avec un amoureux,
20:32 elle avait peut-être d'autres motivations secrètes, elle se droguait peut-être.
20:37 Ils semblaient davantage intéressés à accoler une étiquette négative à cette pauvre fille qu'ils ne connaissaient même pas,
20:45 plutôt que de chercher à comprendre ce qui s'était passé.
20:50 Aux collèges Champlain, l'administration se montre tout aussi laxiste.
20:55 À l'époque, on ne donnait pas autant d'importance aux personnes disparues comme on le fait aujourd'hui.
21:00 Alors évidemment, je suis certaine qu'aujourd'hui, une personne qui disparaît,
21:04 les choses, au collège, les choses seraient beaucoup différentes.
21:09 Mais à l'époque, non, il n'y a pas de grande mesure qui a été prise immédiatement pour essayer de retrouver Teresa.
21:16 Pour les parents de Teresa, ces spéculations, qui ne font que salir la réputation de leur fille,
21:22 sont non seulement calomnieuses, mais surtout injustifiées.
21:27 Après une brève enquête, la police a dit à ma famille que ma soeur était probablement morte d'une overdose,
21:34 que les étudiants avaient paniqué qu'ils avaient pris son corps et s'en étaient débarrassés.
21:39 Je crois qu'elle a été victime d'une agression sexuelle, suivie d'un meurtre.
21:44 Après la disparition de Teresa, les parents étaient un peu déçus de la façon dont les autorités ont pris l'affaire en main.
21:51 Alors ils ont engagé Robert Belak, c'est un détective privé.
21:55 Alors ils ont engagé lui pour faire une enquête privée.
22:00 Robert Belak se rend au Collège Champlain et à la résidence Gaylord House
22:06 pour retracer les derniers faits et gestes connus de la jeune femme.
22:12 Son enquête met un sérieux bémol sur l'hypothèse de la fugue favorisée par la police de Lenoxville.
22:18 Dans la chambre de Teresa, le ligné découvre sa bourse et ses chaussures de sport,
22:25 deux items dont elle ne se séparait jamais bien longtemps.
22:29 Il y a deux théories. La première théorie, c'est que la dernière fois qu'elle a été vue, ça a été par ses amis cet après-midi là au collège.
22:37 La deuxième théorie est qu'il y a deux filles, particulièrement une qui a dit qu'elle a été vue à Compton, au dortoir, ce soir-là vers environ 9h30.
22:47 Et qu'elle lui aurait même parlé.
22:49 Il y a un flou là, parce que personne ne sait vraiment.
22:55 A-t-elle attendu le bus suivant qui passait plusieurs heures plus tard?
22:58 A-t-elle fait de l'autostop?
23:00 Comment est-elle arrivée là?
23:02 Est-elle retournée à sa chambre ou non?
23:05 Le corps de Teresa a été retrouvé cinq mois après sa disparition, le 13 avril 1979, à Compton, dans une crique, à moins d'un kilomètre de la résidence.
23:18 Elle était seulement vêtue de ses sous-vêtements.
23:21 Les explications de certaines autorités concernant le fait qu'elle ait été retrouvée seulement en sous-vêtements et qu'on n'a pas retrouvé ses vêtements
23:28 ont été à l'effet que le courant de l'eau aurait enlevé le reste de ses vêtements.
23:36 Ce qui est totalement ridicule, parce que c'est une petite crique, alors il n'y a pas vraiment de courant assez fort.
23:43 Et puis c'est vraiment petit, là, on aurait retrouvé ses vêtements.
23:47 Le caporal Gaudreau demande à ses hommes de ratisser le secteur à la recherche d'indices.
23:56 Un individu a remarqué des marques autour de son cou et on a pensé qu'elle avait pu être étranglée.
24:03 Cela ouvre la porte au fait que la police a été négligente dans cette affaire et que finalement qu'elle aurait été assassinée.
24:12 Lorsqu'on a retrouvé le corps de Teresa, il n'y a aucune pièce à conviction qui a été retrouvée autour.
24:17 En fait, les seules pièces à conviction étaient ses sous-vêtements et puis sa montre qu'elle portait toujours sur elle.
24:24 Elle avait aussi un foulard qui était coupé en deux qui a été retrouvé non loin de là.
24:29 À l'autopsie, le légiste reste flou sur les causes du décès.
24:34 À l'époque où on a fait l'autopsie sur Teresa, le médecin légiste a fermé son rapport d'autopsie avec la notion de mort violente de nature indéterminée.
24:49 Les tests toxicologiques montrent qu'au moment de sa mort, Teresa n'était ni sous l'influence de la drogue ni sous l'influence de l'alcool.
24:57 Pendant des années, la mort de Teresa alors va demeurer dans une zone grise.
25:06 C'est très frustrant pour la famille, pour les proches de Teresa, pour moi aussi parfois,
25:13 de savoir que c'est sûr qu'on ne peut pas changer le passé, de savoir que les autorités n'ont pas fait ça avec autant d'importance qu'ils auraient dû.
25:20 Même si scientifiquement, on n'a pas de preuves pour l'instant, c'est évident que c'est une mort suspecte.
25:27 En 2002, John Allor, l'un des frères de Teresa, décide de revoir tout le dossier.
25:34 Il est tenté, évidemment, par la mort de sa soeur et puis il a décidé d'organiser une battue à Austin, à Magog.
25:41 Parce qu'à l'époque où Teresa a disparu, il y a des vêtements qui ont été vus dans une partie d'un boisé.
25:47 Et apparemment, les vêtements qui ont été vus là-bas correspondaient à ce que Teresa portait lorsqu'elle était disparue.
25:53 Ce qui était un peu bizarre aussi, c'est qu'à l'emplacement où on a vu ces vêtements-là, le corps de notre victime a été retrouvé, celui de Louise Caméron.
26:02 À Lenoxville, John Allor, en examinant le dossier de sa soeur Teresa, réalise que la police s'était bien gardée de mentionner que plusieurs agressions sexuelles avaient été rapportées dans le même secteur, dont deux meurtres.
26:15 Vu un tel cafouillage, le décès de Teresa Allor n'a jamais été résolu.
26:22 Son frère John se demande encore quelles sont les chances de voir le meurtrier de sa soeur être mis sous les verrous.
26:30 Il y a là un lien qui mérite qu'on s'y intéresse et qu'on enquête.
26:34 Il m'apparaît qu'on aurait pu faire davantage pour elle et pour sa famille.
26:39 L'indifférence des policiers et d'une communauté entière peut permettre à un assassin d'échapper au filet de la justice, comme ce fut probablement le cas pour Teresa Allor.
26:54 Au contraire, lorsqu'une hystérie collective s'empare de toute une communauté, que la presse alimentée par une furie populaire exige rapidement un coupable, il faut espérer ne pas faire partie de la liste des suspects.
27:13 Il est un peu plus de 3 heures du matin. A la lumière tamisée des unités 4A et 4B de l'hôpital pour enfants malades de Toronto, les bébés de la pouponnière situées près du poste des infirmières dorment à poing fermé.
27:26 L'une de ses petites patientes, Laura Houlcock, a à peine trois semaines et elle se bat pour sa vie.
27:34 Depuis la naissance, elle présente des signes d'arythmie cardiaque.
27:41 Au moment de sa ronde, l'infirmière responsable de l'unité 4B note que la petite Laura Houlcock présente des troubles respiratoires.
27:49 Elle sent fiévreuse et son rythme est irrégulier.
27:53 Récemment, les cardiologues ont révisé leur diagnostic et ont arrêté son traitement à la digoxine, un médicament qui permet de régulariser le rythme cardiaque.
28:05 A la fin de son quart de travail, à 8h, Berta Bell doit informer Suzanne Ners, l'infirmière du jour, de l'état préoccupant de la petite Laura et elle demande que médecins la voient le plus vite possible.
28:17 A 9h40, en cette magnifique matinée ensoleillée de juin, la petite Laura Houlcock meurt subitement d'un arrêt cardiaque.
28:33 L'hôpital pour enfants malades de Toronto, situé au centre-ville de Toronto, jouit d'une solide réputation pour la qualité de ses soins.
28:40 Rien n'aurait pu préparer son personnel à cette sombre saga qui va bientôt s'abattre sur l'établissement.
28:46 Entre juin 1980 et mars 1981, à l'hôpital pour enfants malades de Toronto, il y a eu une augmentation subite des décès dans un département particulier.
29:01 Les infirmières qui travaillaient au département de cardiologie de l'hôpital pour enfants malades étaient préoccupées par le nombre élevé de décès qu'il y avait dans leur département.
29:11 Elles travaillaient avec des enfants très très malades, certains avec des problèmes cardiaques extrêmement sévères et bien sûr, on s'attend à un certain nombre de décès.
29:22 Mais il semblait qu'on avait affaire à un plus grand nombre de décès qu'auparavant.
29:30 Huit jours après le décès de la petite Laura Woodcock, Allen Perrault, un poupon d'un mois, meurt subitement à 13h45.
29:38 Deux semaines plus tard, Andrew Bilodeau, lui aussi âgé d'un mois, meurt à 14h10.
29:46 Suivent coup sur coup les décès de David Taylor et de Amber Dawson. Le personnel hospitalier est inquiet.
29:58 Elles ont parlé de leurs préoccupations avec le personnel médical et on les a rassurés en leur confirmant que chacun de ces décès était en rapport direct avec la condition médicale des victimes.
30:09 En septembre, et 20 autres morts plus tard, une enquête interne est ouverte.
30:17 Puis, un rapport du bureau du coroner concernant un des enfants morts en janvier faisait mention d'un taux très élevé de digoxine dans le sang de la victime.
30:29 Administrée massivement, la digoxine peut être mortelle. Or, les analyses toxicologiques révèlent que l'enfant a reçu une dose très soit supérieure à la norme.
30:45 La digoxine est le produit dérivé d'une plante qu'on utilise pour traiter l'arythmie cardiaque et aussi pour augmenter la puissance des battements cardiaques.
30:57 Et tous ces bébés avaient été traités avec la digoxine.
31:03 C'était surtout des prématurés très petits et qui se battaient pour rester en vie.
31:10 C'était une prescription parfaitement pertinente pour ce type de cas.
31:15 Aussi, il n'est pas surprenant que l'analyse sanguine post-mortem ait révélé la présence de ce produit dans leur sang.
31:24 Deux semaines plus tard, un 27ème et un 28ème bébé meurent subitement.
31:31 Là encore, l'autopsie révèle des doses anormalement élevées de digoxine.
31:37 Une fois, plus tôt, quelqu'un empoisonne les poupons de l'hôpital.
31:41 Le dossier est de facto transféré à la police de Toronto.
31:45 Deux jours après que la police eût été amenée sur place, parce que sa présence avait été réclamée pour assister le coroner et non pas pour faire une enquête criminelle, ils ont émis l'hypothèse de possible meurtre.
32:00 Les membres du personnel, médecins, infirmières et employés d'entretien sont interrogés et leur casier inspecté.
32:07 Vus le climat de suspicion, les infirmières consultent Elisabeth McIntyre, une jeune avocate qui débute sa pratique.
32:17 Elle leur conseille de ne pas parler sans la présence d'un avocat.
32:22 Le 22 mars, un autre bébé meurt.
32:25 Les autorités comprennent qu'elles doivent agir promptement.
32:30 Cela s'est passé autour du 20 ou du 21 mars.
32:35 Le 25 mars, on arrêtait Susan Nells et on l'accusait du meurtre de l'un des enfants.
32:43 Lors de son arrestation, la jeune infirmière refuse de répondre aux questions des policiers.
32:49 Elle aurait dit aux policiers qu'elle souhaitait parler à un avocat avant de répondre à leurs questions.
32:57 Et c'est cette réaction qui aurait convaincu les policiers qu'elle était bel et bien coupable.
33:03 Plus de la moitié des morts suspectes sont survenues durant le quart de travail de la jeune infirmière de 18 ans.
33:10 Susan Nells était l'une des infirmières qui travaillait au département de cardiologie de l'hôpital.
33:18 Les infirmières étaient divisées en équipes et la police avait découvert que cette équipe était au travail
33:26 lorsque plusieurs de ces morts suspectes s'étaient produites.
33:30 Or, juste avant cette arrestation, un autre enfant était décédé,
33:37 un enfant placé sous la supervision de Susan Nells.
33:43 Malgré cette arrestation, l'établissement continue d'être le théâtre d'événements étranges.
33:51 Le 9 septembre 1981, une infirmière de l'unité des soins cardiaques découvre dans sa salade,
33:57 achetée à la cafétéria de l'hôpital, une capsule de propranolol, un autre régulateur cardiaque.
34:03 Quelques jours plus tard, Phyllis Treanor, une seconde infirmière, trouve dans sa soupe,
34:08 elle aussi prise à la cafétéria, deux capsules du même médicament.
34:13 Flanquée de deux de ses avocats, la prévenue est apparue calme.
34:19 C'est à l'anvier 1982 que débute l'enquête préliminaire de Susan Nells, suspectée de la mort de quatre des bébés.
34:26 Je crois que les procédures ont commencé au début de 1982 et ont duré environ six mois.
34:36 À la fin, le juge Wannack a estimé qu'il n'y avait pas suffisamment de preuves pour tenir un procès.
34:47 À l'instant, le juge David Wannack a estimé qu'il n'y avait pas de preuves suffisantes pour affirmer qu'elle avait administré des doses fatales de digoxine à quatre bébés de l'hôpital pour enfants malades de Toronto.
34:55 La preuve de la couronne s'effondrait.
34:58 Susan n'était pas en devoir lorsque ses enfants, ou du moins certains de ses enfants, étaient décédés.
35:05 De fait, elle était en vacances à l'étranger.
35:08 Alors s'il y avait bel et bien eu un geste ayant provoqué la mort, il est clair que Susan Nells n'en était pas à l'auteur.
35:17 Susan Nells est innocente, mais le mystère de ces morts suspectes de poupons reste entier.
35:23 Qui les a tués ?
35:25 Il continuait de régner un climat de suspicion entourant le fait que les bébés de l'hôpital pour enfants malades avaient été assassinés et qu'aucun coupable n'avait été identifié.
35:40 Des événements à London, à 200 kilomètres de Toronto, vont bientôt ajouter un nouveau suspect, invisible celui-là.
35:49 Dans sa clinique de radiologie, le Dr. Kevin Hamilton cherche à comprendre pourquoi il fait face à une augmentation de réaction allergique chez ses plus jeunes patients.
36:01 J'étais radiologiste spécialisé dans les diagnostics avec un intérêt spécifique concernant les maladies du rein.
36:13 Et j'avais réalisé environ un millier de radiographies spéciales des reins, du genre de celles où on injecte un colorant dans le bras.
36:22 Le colorant circule dans le système et les reins absorbent le colorant, lequel est alors visible sur les radiographies.
36:31 J'avais remarqué un nombre anormal de réactions mineures au colorant.
36:36 C'est alors que j'ai pensé qu'il y avait peut-être quelque chose d'anormal avec le colorant que nous utilisions.
36:42 Alors j'ai changé de lot de colorant, mais les réactions ont continué.
36:51 Ses premières recherches lui permettent de constater que la teinture est contaminée par une substance toxique et allergène qui provient de l'embout de caoutchouc dans les seringues qu'il utilise.
37:02 À court de suspect, à Toronto, les autorités se tournent vers le Centre américain pour le contrôle des maladies, le ACDC, un organisme américain chargé de déterminer la nature de décès inexpliquée.
37:18 Le Centre d'Atlanta pour le contrôle des maladies s'est vu confier le mandat de faire une enquête indépendante concernant les éléments de preuve dans le décès des enfants.
37:29 De toute évidence, l'une des observations était l'augmentation inexpliquée du nombre de décès qui se produisait dans ce département en particulier, en comparaison avec les neuf mois précédents.
37:46 Dans ces conditions, la question devenait pourquoi davantage de morts dans ce département alors que ce n'était pas le cas auparavant ?
37:53 La mort par injection de digoxine est formellement établie dans au moins dix de ces décès.
38:02 Les experts américains confirment l'hypothèse de la police de Toronto. Il y a un tueur inséré à l'hôpital pour enfants malades de Toronto.
38:13 Un ange de la mort s'emploie à éliminer les petits patients de l'Unité des soins cardiaques.
38:17 Le rapport a été déposé à l'automne 1982 et la conclusion en était qu'il y avait eu huit meurtres.
38:27 Alors vous pouvez imaginer l'impact que la publication de ce rapport a eu sur la perception du public et la force de la réaction suscitée réclamant que quelque chose soit fait.
38:42 Le ministère de la justice de l'Ontario ordonne une commission royale d'enquête.
38:46 Le juge Grange remet son rapport après 181 jours de déposition.
38:51 Selon lui, huit des enfants du HSC ont définitivement été assassinés et 13 autres l'ont peut-être été.
39:00 Le magistrat n'accuse toutefois personne de ces défaits et suggère même une compensation financière pour Susan Nairs.
39:09 Le système a fonctionné mais à un prix exagéré et ce prix a été payé par Susan Nairs.
39:14 Si le rapport du juge Grange ne cible aucun suspect, les taux de digoxine chez les poupons décédés demeurent une cause apparemment incontournable.
39:24 Puis en décembre 1987, le docteur Ed Napke de Santé Canada appelle le docteur Gavin Hamilton.
39:35 Dans la revue médicale, il a lu l'article du radiologiste sur ses recherches sur la contamination au MBT par les seringues.
39:42 Il lui demande si le MBT ne serait pas en cause dans les morts des enfants attribués à la digoxine à l'hôpital de Toronto.
39:50 J'avais pris en compte la digoxine dans ma recherche sur le MBT.
39:56 Le MBT est une toxine, c'est toxique pour les cellules et plus encore, on a prouvé que c'était une toxine à effet cumulatif.
40:06 À la manière d'un enquêteur de police, le docteur Hamilton traque le fameux tueur en série des enfants sous la garde de Susan Nairs.
40:14 Mais pour lui, ce tueur n'a pas de visage.
40:23 À la même époque, entre 1981 et 1983, au Centre national d'analyse des médicaments aux États-Unis,
40:30 ils procédaient à des tests sur des seringues à dose individuelle.
40:34 Ils étaient confrontés à un problème, et ce problème concernait la digoxine.
40:44 Ils ont découvert que le taux de digoxine était beaucoup plus élevé que ce qui était indiqué sur les unités destinées à être injectées.
40:53 Alors ils ont remonté le fil et se sont intéressés aux méthodes utilisées pour tester la digoxine.
41:00 Et ils se sont rendus compte que c'était le test de PLC qui était erroné.
41:05 Ils mesuraient quelque chose d'autre que la digoxine. De fait, ils mesuraient le MBT.
41:11 La plupart des méthodes utilisées à l'époque impliquaient l'usage d'un anticorps pour réagir à une substance donnée.
41:21 Or le problème revient à ceci, jusqu'à quel point l'anticorps est-il capable de reconnaître la digoxine et seulement la digoxine.
41:30 Mais dans ce cas-ci, l'anticorps réagissait à plusieurs substances à différents degrés.
41:35 Les MBT, qui contaminent ainsi les seringues, et qui faussent les analyses des taux de digoxine lors des autopsies des poupons,
41:44 sont de plus aggravés par le format des seringues utilisées.
41:50 Le problème avec les enfants, c'est qu'on utilise sur eux le même type de seringue qu'on utilise pour les adultes.
41:57 En conséquence, et en simple terme de proportion, les enfants reçoivent des doses beaucoup plus concentrées de MBT dans leur corps.
42:09 Cette toxine insidieuse, qui a échappé aux enquêteurs à Toronto, a également trompé les autorités des Pays-Bas,
42:18 où une vague de mystérieux décès de poupons a également sévi.
42:21 Un nouveau cas en provenance des Pays-Bas présentait des similarités étonnantes avec ces cas d'analyse.
42:31 Une infirmière avait été condamnée pour avoir administré de la digoxine à des bébés.
42:41 Cette infirmière, Lucia de Berck, sera finalement libérée au bout de six ans d'incarcération, grâce entre autres aux recherches du Dr Gavin Hamilton.
42:49 Mais une toxine invisible ne fait pas un bon tueur pour la presse à sensation.
42:56 Les préjugés sont tenaces. Encore aujourd'hui, beaucoup de gens demeurent convaincus de la culpabilité de la jeune infirmière de Toronto.
43:07 On dirait que le préjugé demeure à la fois dans l'esprit de la police comme dans celui du public, lesquels de manière générale aiment bien les infirmières.
43:17 Mais on dirait qu'ils se plaisent à croire qu'il y a toujours un monstre qui se cache parmi elles, et lorsque quelque chose tourne mal,
43:28 on dirait que c'est une manie pour la police de sauter à la conclusion qu'une infirmière est coupable.
43:35 Ce qui mène alors à une surenchère de la part des médias pour en faire une énorme histoire.
43:42 Dans l'affaire des enfants au HSC de Toronto, les enquêteurs ont été confrontés par le risque d'entacher la réputation des infirmières et par celui de ne pas trouver les coupables.
44:03 Ultimement, il ne peut y avoir qu'une vérité. Encore faut-il la trouver.
44:08 Les bambins à Toronto sont-ils décédés de cause naturelle ou ont-ils été assassinés ?
44:15 Teresa alors, s'est-elle perdue dans les bois Compton ou y a-t-elle été agressée ?
44:21 Le détective Louis-Georges Dupont à Trois-Rivières a-t-il été tué ou s'est-il suicidé ?
44:30 Dans certaines affaires, la vérité s'entoure d'un voile de mystère pendant trop longtemps.
44:35 [Musique]
44:38 [SILENCE]