Témoignage : Elle sauve des mineures de la prostitution

Sud Radio

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Transcript

00:00 - Il est 7h14, je vous le disais, Toulouse a été sous le choc,

00:04 il y a, comme l'a écrit la dépêche du Mili, dans un très bon dossier ces derniers jours.

00:09 Pourquoi ? Parce qu'il y a eu un meurtre d'un adolescent de 15 ans

00:16 qui a été tué par un autre jeune, et on s'est rendu compte à cette occasion

00:21 qu'il travaillait autour d'un réseau de prostitution entre adolescents et des mineurs.

00:26 Nous sommes avec Jennifer Payet qui se bat justement pour les enfants victimes de prostitution à Toulouse

00:33 et puis également dans la région, un peu partout, avec l'association Nos Ados Oubliés.

00:37 Rebonjour Jennifer Payet. - Oui, trop bonjour.

00:41 - Parce que vous vous êtes touchée entre guillemets parce que vous avez été vous-même victime d'un réseau de proxénètes.

00:48 Racontez-nous.

00:49 - Oui, j'ai monté cette association-là suite à un événement dans ma vie familiale.

00:55 Et je me suis rendu compte qu'il y avait énormément de jeunes filles qui étaient victimes de ce phénomène prostitutionnel

01:03 et notamment d'emprise, puisqu'on peut souligner que ces mineurs victimes de prostitution sont automatiquement sous emprise.

01:11 Elles sont vulnérables, elles sont manipulées, et malheureusement il n'y a pas grand-chose de mis en place pour les éduquer,

01:19 pour prévenir, pour renforcer la protection à ce mécanisme d'emprise.

01:23 - Parce que ces jeunes filles, comment elles tombent justement entre les mains de proxénètes ?

01:29 Et elles sont même très jeunes, parfois ça peut être des ados de 15-16 ans.

01:38 - Oui, elles sont très très jeunes.

01:41 Bon là cette fois-ci sur Toulouse, ce proxénète de 15 ans, nous c'est la première fois qu'on a confronté un proxénète aussi jeune.

01:47 Mais ces jeunes garçons qui se rendent coupables de proxénétisme, je pense qu'il faudrait reconnaître la diversité des facteurs qui contribuent à leur comportement.

01:57 On pourrait souligner aussi l'importance de comprendre les enjeux sociaux, familiaux, dans lesquels ils sont éduqués, et qui influencent leur choix.

02:03 - Et ces jeunes filles qui tombent entre les mains de ces réseaux, sont des filles qui sont un petit peu perdues, en fugue, isolées, c'est ça ?

02:13 - Oui, c'est beaucoup de jeunes filles carencées, qui ont vécu un traumatisme dans l'enfance.

02:19 C'est des profils qui sont facilement influençables, manipulables.

02:25 - Et ensuite, pourquoi elles tombent quand même dans cette prostitution ? Parce qu'on leur dit qu'elles vont s'en sortir grâce à ça ?

02:33 - Alors ça je ne pense pas, puisque de toute façon elles ne se reconnaissent pas victimes ces jeunes filles.

02:37 Elles ne se voient pas comme des prostituées, elles ne se sentent pas victimes. Elles sont vraiment influencées dans ce mécanisme d'emprise,

02:45 et elles ont, je pense, aussi été influencées un petit peu par tout ce qu'on peut voir comme hypersexualité sur les réseaux sociaux ou autres.

02:52 Et l'éducation en tout cas, à l'appartenance de son corps, à la limite du consentement,

02:58 elles n'ont pas la même notion du bien et du mal que celui qu'on pourrait avoir nous en fait.

03:03 Elles ne sont pas assez informées, pas assez éduquées.

03:05 - Et, et, Jannifer Payé, vous ce que vous dites aussi à cette occasion,

03:11 et vous racontez que vous avez été confrontée à une absence, entre guillemets, d'intérêt de la police,

03:19 comme de l'inertie du système aussi judiciaire. Racontez-nous.

03:23 - Oui, moi, à ma période, j'ai vraiment été confrontée à l'inertie du système,

03:27 et j'avais l'impression que la justice était mon obstacle à sauver mon enfant,

03:31 mais parce que c'était un phénomène méconnu, si je puis dire.

03:34 Autant les forces de l'ordre que les autres professionnels autour de cette problématique

03:40 ne sont pas réellement formés à ce nouveau phénomène.

03:43 - Comment vous faites aujourd'hui avec votre association pour essayer de sortir ces jeunes filles de la prostitution ?

03:50 - Alors, les sortir de la prostitution, ce n'est pas évident, mais en tout cas,

03:54 on essaye de les accompagner avec nos partenaires sur l'insertion, l'accompagnement au niveau de la psychologie.

04:02 On leur propose plusieurs choses.

04:04 Nos trois piliers, en tout cas, c'est l'accompagnement psychologique, l'accompagnement juridique et l'insertion au niveau des victimes.

04:10 Et quand on dit victime, c'est au sens large, on prend les parents et la fratrie en tant que victime,

04:14 puisque le foyer, on est victime au complet, en fin de compte.

04:19 On a pas mal de jeunes filles qui sont pas mal investies dans ce qu'on a proposé.

04:23 On a eu des bons résultats, on a des jeunes filles qui sont sorties de la prostitution.

04:27 On a été jusqu'à certains procès, mais c'est pareil, sur le dernier procès qu'on a pu avoir sur Toulouse,

04:33 la jeune fille a entendu que son proxénète a pris 18 mois de détention, dont 9 mois fermes.

04:38 Je pense que la condamnation n'est pas assez lourde, autant pour la victime que pour l'agresseur, entre guillemets,

04:46 parce que comment on peut ne pas réitérer quand on prend une si petite peine,

04:49 et comment elle, elle peut avoir foi en la justice et se reconstruire

04:52 en ayant entendu qu'il ne fera que 9 mois de prison avec tout ce qui l'a infligé ?

04:57 - Oui, absolument. Merci Jennifer Payet.

05:00 Je rappelle le nom de votre association, Nos Ados Oubliés,

05:03 pour les gens qui veulent aussi vous aider, vous donner un coup de main pour sauver des mineurs de la prostitution.

05:09 Merci d'avoir témoigné ce matin sur Sud Radio.

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