Baisse de la natalité en France : "On a déjà connu des niveaux similaires dans les années 1990". En 2023, comme depuis dix ans, la natalité a baissé. Le nombre de naissances continue de chuter en France.
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00:00 L'INSEE publie aujourd'hui le bilan démographique de la France pour 2023.
00:04 Grand entretien en forme de table ronde ce matin sur ce que certains appellent déjà
00:09 le « baby crash » français, soit la baisse notable de la natalité dans notre pays.
00:15 On en parle Léa ce matin avec nos invités.
00:18 Oui, François Tzingli, bonjour.
00:20 Vous êtes professeur émérite de sociologie à l'Université Paris-Cité, grand spécialiste
00:24 des familles, auteur de sociologie des familles contemporaines chez Armand Collin.
00:28 Également avec nous, Laurent Tout-le-Monde, démographe, directeur de recherche à l'Inned.
00:33 Bonjour à vous.
00:34 Merci d'être là.
00:35 Et puis on ne la présente plus, Anne-Cécile Mayfair, présidente de la Fondation de France.
00:40 Bonjour à vous.
00:41 Bonjour.
00:42 Fondation des femmes.
00:43 Ah oui, je pensais carrément.
00:44 J'avais une petite promotion là d'un coup.
00:47 Fondation des femmes, pardon.
00:49 Bienvenue sur Inter, bienvenue à tous les trois.
00:51 En attendant la photographie complète, exacte, tout à l'heure midi, les premières estimations
00:56 sur janvier-novembre 2023 montrent que le nombre de naissances a reculé de près de
01:01 7% en France.
01:02 Cela fait 45 000 bébés de moins par rapport à la même période en 2022.
01:07 La France pourrait même connaître son plus bas historique en 2023, avec un passage sous
01:13 la barre symbolique des 700 000 naissances par an.
01:16 Alors dites-nous, Laurent Tout-le-Monde, vous qui êtes démographe, ce qui se passe
01:21 tout simplement ? Est-ce un mouvement de fond ? Les Français ne veulent-ils plus faire
01:25 d'enfants ?
01:26 Alors effectivement, le nombre de naissances baisse de façon importante depuis 2014.
01:31 Mais en termes de fécondité, l'indicateur conjoncturel de fécondité va s'établir
01:36 probablement aux alentours de 1,7 enfants.
01:38 Et on a déjà connu des niveaux similaires au milieu des années 1990, en 1993-1994.
01:44 Donc on est dans une situation où la fécondité est basse, mais elle n'est pas extrêmement
01:48 basse par rapport à ce qu'on a vécu depuis 50 ans, depuis la fin du baby-boom.
01:52 Et la fécondité reste quand même en France beaucoup plus élevée que dans d'autres
01:56 pays.
01:57 Donc oui, il y a une baisse, mais le niveau, disons, n'est pas aussi bas que chez nos
02:01 voisins européens.
02:02 Et il n'est pas à un niveau tel que les perspectives de population soient vers une
02:06 diminution à court terme.
02:08 Enfin, tout de même, il était d'un peu plus de 2 enfants par femme en 2010.
02:12 C'est-à-dire hier, vous prenez un référent avec les années 90, mais en 2010, il y avait
02:17 beaucoup de naissances.
02:18 Passer d'un peu plus de 2 enfants à 1,7 enfant, il y a quand même une baisse.
02:23 C'est un mouvement que vous diriez conjoncturel ou qui est quelque chose de profond, de structurel ?
02:30 Alors, d'un côté, on observe la baisse dans beaucoup de pays où la fécondité était
02:37 haute.
02:38 Et il est possible que la baisse se prolonge à l'avenir.
02:41 Mais d'un autre côté, on a vu des fluctuations déjà depuis 50 ans.
02:44 Et en France, les conditions de conciliation entre la vie familiale et la vie professionnelle,
02:51 les pressions sociales pour avoir des enfants restent spécifiques.
02:55 Et la France, c'est quand même le pays d'Europe où la fécondité est la plus élevée.
02:58 Et donc, ce n'est pas évident encore aujourd'hui qu'on va vers un nouveau système où la
03:03 fécondité serait beaucoup plus basse.
03:05 François de Saint-Glick, comment vous recevez ces chiffres qu'on a vus dans tous les journaux
03:09 hier sur les Français ne veulent plus faire d'enfants ?
03:12 Non, ça c'est une erreur.
03:14 À mon avis, le problème n'est pas "ne veulent plus".
03:18 Veulent éventuellement moins.
03:20 Moi, ce qui me frappe, c'est aussi l'ambiance plutôt générale et quand même spécifique
03:25 de ces dernières années par rapport à... et aux plus jeunes, mais aussi des fois aux
03:30 plus âgés.
03:31 C'est le fait qu'il y a quand même le fait que la famille c'est bien, elle reste attractive,
03:37 le couple c'est bien.
03:38 Mais pas trop quand même parce que ça, du point de vue des femmes, à juste titre, il
03:45 ne faut pas que ça nous écrase trop.
03:47 Mais aussi un autre impératif qui est aussi juste, qui est celui d'avoir sa vie propre,
03:55 qui peut être à la fois une vie personnelle en termes de loisirs, mais aussi une vie professionnelle
03:59 et tout.
04:00 Vous dites qu'avoir...
04:01 Cette conciliation qui était un petit peu notre spécificité, y compris avec des politiques
04:06 familiales, je pense qu'elle a atteint en partie ses limites parce qu'on le voit et
04:14 sur le couple, le développement des couples sans logement commun.
04:18 Et ça c'est chez les 20-35 ans, on pourrait dire, et y compris à partir de 55-60.
04:27 Donc là, une légèreté que j'appellerais conjugale et puis au milieu, on a une forme
04:33 d'allègement aussi de la vie familiale et un des moyens d'alléger les charges, c'est
04:39 quand même éventuellement de...
04:40 - De ne pas faire d'enfants.
04:41 - Non mais pas le...
04:42 - D'en faire moins.
04:43 - Non, moi je crois plutôt qu'on est à...
04:47 Avant, on oscillait, je parle sous l'œil de Laurent, tout le monde, mais on oscillait
04:53 éventuellement entre 3 et 2 qui était une forme de spécificité française.
04:57 Et que là, le 3, à mon avis, moi mon hypothèse, c'est que le 3 s'éloigne.
05:02 - Le 3 s'éloigne, mais ça va aussi entre 1 et 2, voire la famille avec un enfant unique.
05:10 D'ailleurs Laurent, tout le monde vous dit cette phrase-là, qui va vous faire réagir
05:13 Anne-Cécile Maéfert, vous dites au fond, maintenant, avoir un enfant est devenu un
05:17 choix parmi d'autres.
05:19 Anne-Cécile Maéfert, vous, vous parlez d'obsession nataliste en France.
05:23 - Oui, et d'ailleurs, je voudrais commencer en rappelant qu'il y a énormément d'injonctions
05:28 qui pèsent sur les femmes et de dire à toutes les auditrices qui ont fait le choix de ne
05:32 pas avoir d'enfant, qu'elles ont le droit, que ça n'est pas un problème, qu'elles ne
05:35 sont en train de trahir ni la patrie, ni leur famille.
05:39 Et qu'il faut aussi faire attention avec tous ces discours qui laisseraient à penser
05:44 qu'il y aurait une bonne manière d'être une femme, et ce serait d'être une mère.
05:47 On peut être une femme sans être mère, il n'y a aucun problème avec ça.
05:50 Et puis malheureusement, pour celles qui vont faire le choix d'être mère, il y a aussi,
05:56 on ne les épargne pas non plus, celles-ci.
05:57 Et il y a un vrai coût au fait d'être mère, un coût au fait d'avoir un enfant qui pèse
06:01 de manière démesurée sur les femmes.
06:03 Et c'est à ça aussi qu'il faut réfléchir quand on parle de natalité, c'est des conditions
06:07 d'accueil, en particulier en premier lieu pour les mères.
06:09 On a fait un rapport à la Fondation des femmes qui s'appelle « Le coût d'être mère »,
06:13 qui montre, qui reprend certains chiffres, par exemple le fait que le défenseur des
06:17 droits explique qu'un tiers des femmes va être discriminée dans son travail en raison
06:21 de la grossesse ou de la maternité, que 36% des femmes vont réduire leur activité professionnelle
06:27 à partir du deuxième enfant alors que seulement 9% des hommes, que lorsqu'elles sont séparées,
06:32 parce que ça arrive dans 50% des cas quasiment, les responsabilités paternelles aussi, c'est
06:37 de ne pas payer sa pension alimentaire, quand elles restent en couple, le partage des tâches
06:41 ménagères, enfin tout ça va sûrement aussi peser sur le fait que les conditions d'accueil
06:46 de 2, 3, 4 enfants ne sont absolument pas réunies pour que ce choix puisse être fait.
06:52 - François de Saint-Glis, un mot ? - Je pense qu'un des facteurs spécifiques
06:56 aussi, c'est difficile à mesurer, mais le rapport à l'enfance, c'est-à-dire le rapport
07:01 à l'éducation, on le voit avec les discussions autour de l'école, notamment la scolarisation,
07:06 mais aussi par exemple le gouvernement lance une commission « parents défaillants », comme
07:12 si on allait devenir tous défaillants à terme et tout, on a quand même plein de messages
07:17 sur le fait qu'être parent, à mon avis, il y a un côté plus dur qu'avant, le parcours
07:24 sup, on n'en parle pas parce que normalement ce n'est pas le sujet de la natalité, mais
07:28 le fait qu'aujourd'hui, même les familles qui étaient tranquillement sup, non mais
07:32 que leur enfant et tout, tout le monde est angoissé, parcours sup est un frein à la
07:38 natalité de manière énorme.
07:40 - On anticipe 18 ans avant, Laurent Tout-le-Mond, comment expliquer une telle contraction des
07:46 naissances ? Parce que tout de même, à lire les analyses des différents démographes,
07:51 il ne semble pas qu'une explication s'impose d'elle-même.
07:54 - Non, effectivement, la baisse a été générale un peu dans tous les milieux sociaux depuis
07:59 2014, il y a également une augmentation de l'âge auquel les adultes font les enfants,
08:05 donc les naissances sont reportées éventuellement à plus tard, grâce à la contraception et
08:10 à la possibilité de recourir à l'avortement, on peut avoir une vie intime et sexuelle
08:15 épanouie sans se poser la question d'avoir un enfant.
08:18 Donc ça, et effectivement le fait que le choix soit apparu, c'est quelque chose de
08:21 très nouveau et c'est un progrès énorme dans l'organisation justement des vies intimes
08:26 et des familles.
08:27 Mais quand même, par rapport à d'autres pays, en France, il y a l'idée que même
08:30 pour les femmes, c'est possible d'être un adulte accompli et de faire carrière quand
08:35 on a des enfants.
08:36 Même si c'est un petit peu un leurre, et c'est vrai qu'il y a des discriminations
08:39 envers les femmes, surtout quand elles ont des enfants qui sont importantes sur le marché
08:42 du travail, il y a une répartition des tâches qui reste très inégale, mais il y a un discours
08:47 égalitaire et on ne voit pas, comme dans d'autres pays développés, des femmes qui
08:52 disent "il faut choisir, soit je suis mère, soit je suis une adulte reconnue dans la société".
08:57 Dans quel pays il y a ça ?
08:58 Alors c'est le cas en Allemagne par exemple, où il y a un discours féministe explicite
09:02 de dire "c'est trop difficile", on parlait de parcours sup', "c'est trop difficile
09:05 d'élever des enfants, d'être un bon parent".
09:07 Parce que ça l'est aussi.
09:08 Et donc, du coup, comme je veux avoir une vie épanouie et faire carrière, je renonce
09:12 à faire des enfants, même si je le voulais.
09:14 Il y a d'autres pays plus traditionnels, notamment en Asie, où il y a un système
09:18 patriarcal encore assez marqué, et où il y a des femmes qui disent même "je ne peux
09:22 pas même me mettre en couple, parce que si je me mets en couple, je vais devoir me marier,
09:25 je vais devoir faire des enfants, je vais devoir arrêter de travailler, obéir à mes
09:29 parents et à mes beaux-parents, je ne veux pas de ça, donc je ne me mets pas en couple".
09:32 Alors qu'en France, on a quand même l'idée que les choix se font l'un après l'autre,
09:37 et les gens se font piéger, la plupart des jeunes, il y a beaucoup de jeunes qui ne
09:41 veulent pas d'enfants, mais la très grande majorité des jeunes qui ne vont pas d'enfants,
09:45 finalement, ils vont avoir des enfants très probablement.
09:47 C'est-à-dire que ceux qui disent "à 20 ans, je ne ferai pas d'enfants", à 35,
09:51 ils finissent par le faire globalement, en général.
09:53 C'est ça que vous dites ?
09:54 C'est ça, tout à fait.
09:55 Alors, entre 20 et 35 ans, ils ont le temps de changer 3 ou 4 fois d'avis, ils ont le
09:58 temps éventuellement de former des couples, de former des nouveaux couples, de rompre
10:01 des unions.
10:02 Ce ne sont pas non plus des décisions qui se prennent seules.
10:04 Anne-Cécile Mayfair ?
10:05 Oui, non, tous ces discours autour de la natalité aussi, tout à l'heure, vous me
10:10 posez la question de l'obsession nataliste.
10:12 Il y a également dans beaucoup de pays aujourd'hui, ce qui m'inquiète fortement, c'est la
10:17 manière dont les discours natalistes sont vraiment des discours qui visent d'abord
10:22 et avant tout les femmes, qui sont des discours qui se mêlent aux discours anti-avortement.
10:26 Ce sont des discours en France, par exemple, les discours natalistes sont portés et ont
10:30 été portés par l'extrême droite dans les débats sur les retraites, en disant
10:34 que le Rassemblement National avait une solution pour financer les retraites, c'était qu'il
10:38 fallait que les femmes fassent plus d'enfants.
10:39 Donc c'est la solution.
10:40 C'est idéologique aussi, parce qu'ils le disent.
10:44 Je ne défends pas, mais je dis les mots parce que ça s'entend aussi de leur point
10:48 de vue.
10:49 Ils disent qu'il faut repeupler la France.
10:51 C'est une question civilisationnelle.
10:53 Absolument, et puis c'est l'obsession raciste aussi, c'est-à-dire repeupler, mais pas n'importe
10:56 qui.
10:57 Il faut repeupler la France.
10:58 Non, mais c'est ce qu'ils disent aussi, c'est la théorie du grand remplacement.
11:01 C'est-à-dire qu'il faut repeupler la France, mais pas par n'importe qui, par des Français
11:05 de souche, c'est ce qu'ils disent.
11:06 Et puis il y a cette obsession nataliste, ça va être Poutine aussi, en ce moment,
11:10 qui incite les femmes à revenir au modèle où il y avait 6 à 7 enfants parce qu'il
11:14 a perdu entre 150 et 200 000 soldats pendant la guerre ukrainienne.
11:18 Donc il faut que les femmes produisent des guerriers.
11:19 Et puis c'est Giorgia Meloni en Italie qui va dire qu'il faut relancer l'économie.
11:23 Donc en gros, les femmes, c'est les enfants.
11:25 C'est la solution au problème et au bazar que créent les hommes.
11:28 Il faut que les femmes fassent des enfants.
11:31 Et cette vision-là des choses, elle est extrêmement dangereuse pour les femmes, pour leur droit,
11:36 pour leur liberté, mais aussi pour les enfants.
11:38 Parce qu'en réalité, ce sont des personnes, ces mouvements-là vont s'inquiéter des
11:42 enfants qui ne sont pas nés.
11:43 Mais ils ne s'inquiètent pas des enfants qui sont nés, là, en ce moment.
11:46 Ce sont ceux qui vont manifester dimanche.
11:49 Là, il y a une grande manifestation anti-avortement, c'est les mêmes, c'est l'extrême droite
11:53 française qui va manifester contre l'avortement, mais qui ne s'inquiète absolument pas à
11:57 aucun moment des 3000 enfants qui dorment à la rue en ce moment même en France.
12:01 Qui ne s'inquiètent pas de la fermeture des lits dans les hôpitaux pour enfants.
12:07 Qui ne s'inquiètent pas du fait que l'école publique, qui a 3000 classes, il manque des
12:12 professeurs aujourd'hui.
12:13 Qui ne s'inquiètent pas des 160 000 enfants victimes de violences sexuelles.
12:16 Donc, prendre soin des enfants, d'abord et avant tout de ceux qui sont là et de ceux
12:20 qui sont nés, ça me paraît être l'urgence aujourd'hui pour notre pays.
12:24 - Alors, une question très précise de Kio sur l'application de France Inter.
12:27 Pouvez-vous nous donner une photo de la sociologie des naissances ? Par classe sociale, nombre
12:34 d'enfants de deux parents français et nombre d'enfants dont un parent est étranger.
12:40 Qui fait le plus d'enfants ? Qui veut répondre ? Vous pouvez, Laurent Tout-le-Mond ?
12:44 - Oui, je peux répondre.
12:46 Donc, en France, il y a relativement peu de différence entre les groupes sociaux.
12:50 L'INSEE a fait un travail sur la fécondité selon le niveau de revenu et on voit qu'il
12:55 y a ce qu'on appelle une courbe en U, c'est-à-dire les personnes de revenu moyen sont ceux qui
12:59 font le moins d'enfants.
13:00 Mais globalement, il y a relativement peu de différence entre les groupes sociaux.
13:03 Ensuite, concernant les naissances dont un ou deux parents sont nés à l'étranger,
13:09 il y a une augmentation depuis une dizaine d'années de la proportion d'enfants qui
13:13 naissent en France avec un ou deux parents nés à l'étranger.
13:17 Donc, c'est dû principalement au fait que le nombre d'immigrants a augmenté depuis
13:23 une vingtaine d'années en France.
13:24 Même si le sol migratoire reste très limité en France par rapport à nos voisins européens,
13:29 on est beaucoup moins attractif que l'Allemagne, l'Espagne, l'Italie en termes de migration.
13:34 Mais ça n'empêche que, il y a, et ça c'est un phénomène qui est très ancien en France,
13:39 une immigration historique qui, depuis la fermeture des frontières en 1975, les migrations
13:46 de travail se sont transformées en migration de famille.
13:49 Et donc, il y a eu une augmentation progressive de la proportion de naissances avec au moins
13:54 un parent étranger.
13:55 - On passe au Standard Inter, on nous attend François, bonjour, vous nous appelez de Paris,
14:00 soyez le bienvenu.
14:01 - Bonjour, oui merci.
14:02 Je voulais faire une remarque, je suis médecin, je m'occupe de traitement de la fertilité
14:06 et je trouve qu'on pointe très souvent les femmes, les femmes ceci, les femmes veulent
14:11 faire moins d'enfants.
14:12 Je serais du côté de Mme Maïfer pour dire que n'oublions pas que pour faire un enfant,
14:17 il faut un homme.
14:18 Et les hommes, les hommes sont souvent le retard pour le désir d'enfant.
14:25 Ça avait été d'ailleurs montré par l'Inet de M.
14:27 Toubmont que le désir d'enfant des hommes est décalé de 5 ans par rapport à celui
14:33 des femmes.
14:34 Et moi dans mes patientes, je vois des femmes qui auraient eu envie d'avoir un enfant mais
14:39 qui n'en ont pas pu parce qu'elles étaient avec un partenaire qui n'en voulait pas.
14:43 Et de partenaire en partenaire qui n'en veulent pas, elles se retrouvent malheureusement
14:47 à un âge où c'est difficile.
14:48 Donc n'oublions pas quand même que pour faire un enfant, il y a un homme et les hommes
14:52 sont aussi un des facteurs probables du fait que la natalité baisse.
14:57 Il n'y a pas que les femmes qui sont en première ligne.
15:01 - Vous êtes François Oliven ?
15:02 - Oui, c'est moi.
15:03 - Ah c'est vous !
15:04 - C'est ça parce qu'on avait des fortes présomptions.
15:07 - Un peu enrhumé mais c'est moi.
15:09 - Oui, on commençait à reconnaître cette voix.
15:12 - Merci de votre appel.
15:13 - Merci de votre appel.
15:14 Alors sur la place des hommes dans ce débat, qui souhaite répondre ? François de Saint-Gli
15:20 peut-être ?
15:21 - Bon ben si je comprends bien, il faut préciser que maintenant c'est les pères qui sont
15:27 défaillants.
15:28 Donc c'est bien, on va bientôt avoir une société où nous sommes tous défaillants
15:32 pour défiler.
15:33 Moi par rapport aux enquêtes disons qualitatives, donc les entretiens et tout, je sens quand
15:43 même que c'est vrai que les hommes n'aiment pas beaucoup prendre des décisions dans le
15:49 monde intime.
15:50 - Oui, on vous le confirme.
15:51 - Mais quand même que globalement, la remise en question de faire un couple sous le même
15:59 toit avec des enfants, je l'entends quand même remise en question vraiment par les
16:05 femmes.
16:06 - Par les femmes.
16:07 Vous dites que ça vient plus des femmes.
16:08 Vous répondez au professeur Oliven en disant que c'est plus des femmes.
16:10 - Pour moi le mouvement actuel…
16:12 - C'est les femmes qui veulent faire moins d'enfants plutôt que les hommes.
16:14 - Un doute plus général sur l'ensemble de la famille.
16:19 J'inclus aussi couple parce que je pense que les deux sont associés.
16:23 - Moi je n'ai pas les chiffres dont parlait ce médecin mais ils me paraissent… je ne
16:30 vois pas pourquoi j'en douterais.
16:31 En tout cas ce qui est sûr c'est que l'irresponsabilité des pères fait aussi que les femmes n'ont
16:36 pas forcément envie d'en faire 30 des enfants.
16:38 Parce que si c'est elles qui ont toute la charge mentale, les tâches ménagères et
16:43 que ça pèse de manière disproportionnée sur leur vie professionnelle et leur vie
16:47 tout court d'ailleurs, le nombre de femmes qui font des dépressions, le nombre de femmes
16:50 qui sont en surcharge, c'est à la fois s'occuper des enfants et puis après c'est
16:55 s'occuper des parents parce qu'elles sont aussi aidantes.
16:57 Tout ça fait qu'en fait pour les femmes ça devient difficile et il faut effectivement
17:01 se poser la question des pères et se poser la question de la répartition des tâches
17:05 et de manière plus générale se poser la question de l'accueil des enfants pour que
17:08 à nouveau ce soit toujours un choix libre et que les femmes qui veulent en faire puissent
17:12 être en condition de pouvoir en faire dans une planète vivable et que celles qui ne
17:16 veulent pas puissent toujours décider de ne pas avoir d'enfants.
17:19 Laurent Toulmon ?
17:20 Oui, juste un mot là-dessus.
17:22 On peut dire que les femmes veulent être à l'égal des hommes mais il n'y a pas
17:26 de raison de leur reprocher.
17:27 Il faudrait plutôt se poser la question de savoir pourquoi les hommes ne veulent pas
17:30 accorder aux femmes une place égale dans la vie publique, la vie professionnelle et
17:37 il y a un peu un retournement de la question.
17:38 Il faut être deux pour faire des enfants et c'est vrai qu'aujourd'hui les sacrifices
17:41 que des adultes doivent faire s'ils doivent élever des enfants portent surtout sur les
17:46 femmes.
17:47 C'est vrai aujourd'hui mais c'est de moins en moins accepté par les femmes.
17:50 Mais là on voit bien que la solution si c'est un problème, la solution c'est que les
17:54 hommes acceptent de laisser de la place aux femmes dans les sphères publiques.
17:57 Si les Français font moins d'enfants, puisqu'il y a quand même une baisse claire de la natalité,
18:02 est-ce qu'il y a un lien avec l'actualité, avec les angoisses, avec les guerres, l'Ukraine,
18:08 le Proche-Orient ?
18:09 Damien sur l'appli et je sais qu'il y a un autre auditeur qui est là.
18:12 Oui, Solène.
18:13 On va peut-être apprendre les deux.
18:14 Je vous lis Damien et vous prenez Solène, cher Nicolas.
18:17 « Je suis papa depuis 5 ans et pour en avoir discuté avec plusieurs parents de ma tranche
18:20 d'âge, si on refaisait le choix, on n'aurait pas fait d'enfants au vu de l'état du
18:25 monde.
18:26 »
18:27 Et Solène, que nous dites-vous ? Bonjour !
18:28 Bonjour ! Eh bien, oui, j'entends souvent les arguments que vous évoquez sur la place
18:34 de la femme, l'équité des répartitions, etc.
18:37 Et en fait il y a un problème, souvent plus profond mais assez malaisant à évoquer,
18:42 qui est le choix que fait un couple de ne pas forcément avoir d'enfants parce qu'il
18:48 y a une surpopulation mondiale qu'on constate que malgré que les naissances sont du taux
18:54 de 1,7, le taux d'habitants par mètre carré en France ne fait qu'augmenter et peut-être
19:01 qu'on estime que cette répartition des richesses ne permet pas à nos enfants de
19:05 vivre de manière correcte ou en tout cas ce n'est pas ce qu'on voudrait leur offrir.
19:10 On voudrait leur offrir un monde où ils ont chacun de quoi manger et bien vivre et qu'on
19:14 estime qu'aujourd'hui il y a malheureusement trop d'habitants sur le monde et que ça
19:21 ne permet pas de bien vivre.
19:22 Et donc c'est un choix aussi bien écologique que profond de n'en avoir qu'un ou pas du
19:28 tout.
19:29 C'est quelque chose qui n'est souvent pas évoqué mais que je partage avec d'autres
19:32 amis.
19:33 Merci Solène pour ce témoignage.
19:36 Comment joue précisément ce que disait Léa sur les conflits, le contexte immédiat
19:42 ou ce que dit Solène sur le contexte plus général de la surpopulation mondiale ? Comment
19:47 jouent ces éléments-là, ces facteurs-là dans la prise de décision d'avoir ou de
19:51 ne pas avoir un enfant ?
19:52 François de Saint-Guy ?
19:54 Par rapport à ce que vient de dire l'auditrice, je ne pense pas qu'il y ait des facteurs
19:59 plus profonds.
20:00 Et donc le facteur écologique ou l'anxiété et tout est un facteur important mais il n'est
20:06 pas plus profond.
20:07 L'inégalité homme-femme dans la vie familiale, elle est profonde parce que justement elle
20:13 ne bouge pas et elle est fondatrice quand même du rapport à la famille, au couple
20:18 et à la natalité.
20:19 Donc première chose, il n'y a pas de facteur plus profond.
20:23 La deuxième, c'est que je pense que cette inégalité que les femmes refusent quand
20:31 même de plus en plus et tout s'ajoute.
20:34 Donc par rapport tout à l'heure à la question qui portait, est-ce qu'on se met d'accord
20:39 en démographie sur une explication ? Je pense qu'en fin de compte, c'est des facteurs
20:43 qui un peu s'additionnent.
20:44 Il y a ce doute pour moi sur la famille, pas le refus mais un doute au sens pas trop
20:51 non faux de couple ni d'enfant et le fait que ce soit dans un contexte négatif globalement
21:00 pessimiste sur le monde.
21:02 Cette année, tous les vœux que j'ai reçus c'est « bonne année malgré tout ».
21:06 C'était quasiment la formule consacrée que ça ce n'est pas non plus un facteur
21:13 qui va aller dans l'autre sens.
21:15 Donc il y a une logique pour moi qui serait plutôt de cumul.
21:19 Peut-être un mot sur cette question.
21:22 On va lancer à l'Inède une enquête sur les intentions de fécondité.
21:26 On va suivre les personnes qui auront participé à l'enquête au bout de trois ans, au bout
21:29 de six ans pour voir si les intentions ont été réalisées ou non.
21:32 Mais c'est une enquête européenne qui a eu déjà lieu dans d'autres pays et notamment
21:37 en Autriche.
21:38 Ils ont interrogé les personnes.
21:39 Alors les Autrichiens sont un peu en première ligne par rapport à la guerre en Ukraine.
21:42 Donc il y a une angoisse sur la guerre.
21:44 Il y a l'angoisse sur l'épuisement des ressources et le réchauffement climatique.
21:47 Et puis il y a l'inflation et les craintes économiques.
21:50 Et on voit bien que c'est seulement cette troisième raison, c'est-à-dire les inquiétudes
21:56 face à l'inflation et à la fragilité économique qui sont associées à des intentions de fécondité
22:02 plus basses.
22:03 Et globalement, il y a un problème de réchauffement climatique et il y a de bonnes raisons pour
22:07 les jeunes d'être angoissés.
22:08 Mais ce n'est pas en France, en faisant 1,5 enfant au lieu de 2 enfants, que ça va changer
22:14 quoi que ce soit au réchauffement climatique.
22:16 - Cécile Maéfer, pour terminer.
22:18 - Moi je pense que cette question est extrêmement pertinente et il faut effectivement se la
22:22 poser.
22:23 Il faut se la poser non pas pour se dire "comment on peut faire pour que les femmes fassent
22:26 plus d'enfants, il faut qu'elles arrêtent d'être angoissées".
22:28 Donc en plus il faut qu'on arrête d'être angoissé.
22:30 Je pense qu'il faut vraiment se dire que les enfants, si on fait des enfants, et toute
22:36 la société doit se poser la question dans quel monde ils vont vivre, dans quel monde
22:39 ils vont s'élever.
22:40 On ne fait pas juste des enfants pour payer des retraites.
22:42 Il faut vraiment qu'on se pose la question du monde, de la planète dans laquelle ils
22:45 vont vivre.
22:46 Il faut qu'on ait une pensée un peu généreuse par rapport aux générations futures.
22:49 Et je pense que c'est notre rôle.
22:50 Et pour le moment on est loin d'avoir pris à bras le corps cette question.
22:54 - Merci.
22:55 On cite quand même la Merse à tous les trois.
22:57 On l'a une de la croix ce matin avec un beau bébé en couve.
23:01 Pourquoi il faut relancer la natalité ?
23:04 - La natalité et un édito très subtil d'Isabelle de Romain.
23:07 - Allez-y d'abord.
23:08 - Merci François Tringli, Anne Cécile Maéfer et Laurent Tout-le-Monde d'avoir été à
23:14 notre micro ce matin.