La nouvelle ministre de l’Éducation nationale, Amélie Oudéa-Castéra, a appelé à “clore” le “chapitre des attaques personnelles”, après la polémique qui a fait suite à ses justifications sur la scolarisation de ses enfants dans le privé. Des propos qui ont heurté les syndicats d’enseignants qui ont rencontré la ministre ce lundi après-midi
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00:00 C'est même pas une question que, est-ce qu'elle peut rester ministre.
00:03 Le problème, c'est le choix politique qui a été fait par Gabriel Attal.
00:07 Vous demandez sa démission, soyons clairs ou pas ?
00:09 Moi, je ne demande pas sa démission.
00:10 Vous demandez une partie socialiste ?
00:11 Non plus, on n'a pas demandé sa démission.
00:12 La seule chose, c'est que, permettez-nous en tout cas d'être un peu choqués
00:16 que celle qui est censée défendre l'éducation nationale puisse dire très tranquillement
00:21 qu'en fait, elle a mis ses enfants dans un établissement privé
00:24 parce que le public n'était pas à la hauteur.
00:26 Oui, Madame l'a très bien dit. En fait, c'est moins le fait qu'elle mette ses enfants dans le privé.
00:31 Elle a le droit, ce n'est pas le sujet.
00:33 Mais qu'elle ne mente pas sur la raison pour laquelle elle les a mis dedans.
00:36 Donc, c'est le mensonge qui pose problème pour vous.
00:37 Il y a le mensonge déjà.
00:39 Il y a des responsables socialistes qui avaient scolarisé leurs enfants dans le privé.
00:41 Oui, mais sauf que là, ce qui se passe, c'est qu'en l'État, ce n'est pas n'importe quel établissement.
00:46 Ils s'habillent dans l'établissement Stanislas.
00:49 Tout le monde sait que c'est un établissement privé avec...
00:53 Sous contrat.
00:54 Sous contrat, tout à fait, mais avec des enseignements religieux, etc.
00:59 qui sont très orientés.
01:01 C'est-à-dire que c'est un choix idéologique de mettre son enfant dans cet établissement.
01:04 Vous êtes sûre de ça ?
01:05 Moi, j'en suis sûre.
01:06 Parce que c'est un lycée, Capignon-sur-Rue, depuis des années.
01:08 C'est d'ailleurs le meilleur lycée, semble-t-il, selon le classement du Primaire Haut.
01:12 En tout cas, allez voir l'enquête qui a été menée par Mediapart et par d'autres.
01:18 En tout cas, moi, je vous dis que moi, en tant qu'enseignante, je me suis sentie blessée.
01:21 Parce que je me dis... Moi, ça fait 25 ans que je suis dans un établissement public.
01:25 Mes trois filles sont scolarisées dans le public.
01:28 Moi, je n'ai pas de sujet avec ça.
01:29 Et j'ai des amis qui ont scolarisé dans le privé.
01:31 Ce n'est pas ça, le sujet.
01:32 C'est que quand on prétend être ministre de l'Éducation nationale
01:35 et qu'on défend l'École de la République, on ne tient pas ce genre de propos.
01:38 Ce n'est pas possible de tenir ce genre de propos.
01:40 Est-ce que le vrai sujet, ce n'est pas plutôt pourquoi autant de parents d'élèves
01:43 souhaitent mettre leur enfant dans le privé ?
01:45 Justement.
01:46 C'est quand même un symptôme de quelque chose ?
01:47 Je suis complètement d'accord.
01:48 Et c'est pour ça que je dis que déjà, une des premières choses qu'on devrait faire,
01:51 c'est redonner au public les moyens de rivaliser avec les établissements privés.
01:55 Et moi, j'ai un problème avec le fait qu'il y ait autant d'argent public
01:59 qui vienne financer des établissements privés.
02:02 Vous voulez déclarer la guerre entre les deux écoles ?
02:04 Non.
02:05 Ça n'a pas réussi la France Omitéan dans le 1981.
02:07 Non, je ne déclare pas la guerre.
02:08 Mais je dis simplement que c'est très facile de dénigrer les établissements publics
02:12 lorsque l'on voit le déficit de moyens que nous avons
02:15 et que cet argent-là, il va aussi beaucoup à des établissements privés.
02:19 Mais il y a un élève sur cinq qui est dans un établissement privé.
02:21 Mais c'est pour ça que je dis qu'il n'y a aucun problème.
02:23 Les gens ont parfaitement...
02:24 Il y a deux millions d'élèves.
02:25 Moi, je n'ai aucun problème sur le fait qu'on puisse scolariser son enfant
02:27 dans un établissement privé.
02:29 Mais alors, dans ce cas-là, pour des mesures d'équité,
02:31 qu'on donne les moyens aux établissements publics de pouvoir fonctionner...
02:34 Vous voulez quand même contrôler les enseignements dans les lycées privés ?
02:36 Vous savez, c'est le premier budget de l'État.
02:38 Le premier budget de l'État.
02:39 D'accord.
02:40 Quand vous êtes dans un établissement privé, vous savez,
02:41 vous pouvez refuser des gens en fonction de leurs moyennes.
02:43 Vous pouvez aussi trier les gens qui entrent.
02:45 Quand vous êtes dans un établissement public, ce n'est pas le cas.
02:47 Vous prenez tous les élèves qui s'y présentent
02:49 parce que c'est l'École de la République.
02:51 Donc, il y a un système à double vitesse qui s'en passe.
02:52 Exactement.
02:53 Et là, ce qu'elle a fait, c'est qu'en fait,
02:54 elle a valorisé le système de l'établissement privé
02:58 au détriment de l'École de la République.
03:00 Et moi, c'est ça qui me choque.