• il y a 11 mois
Trois policiers sont jugés à partir de ce mardi pour les blessures infligées à Théo Luhaka lors de son interpellation, le 2 février 2017 à Aulnay-sous-Bois. Le policier qui a porté le coup de matraque dans cette affaire, témoigne sur RMC et BFMTV.

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Transcription
00:00 À plusieurs reprises, j'ai porté des coups de bâton télescopique de défense
00:03 en visant le haut des jambes de M. Louis Ackermann.
00:05 Je le reconnais et je l'assume.
00:07 Votre monde s'écroule du jour au lendemain.
00:21 Vous intervenez, comme nous sommes intervenus ce jour-là,
00:24 sur un point de deal où personne ne veut mettre les pieds.
00:27 Mon intention était de secourir l'un de mes collègues
00:30 en mauvaise posture, allongé sous les pieds de M. Luaka.
00:33 J'ai usé des gestes réglementaires,
00:35 et notamment d'un coup qui est à l'origine de la blessure grave,
00:40 je le conçois,
00:41 mais mon intention a toujours été de faire chuter la partie civile
00:45 et libérer mon collègue.
00:47 Et on vous jette dans l'abîme avec cette mise en examen du chef de viol aggravé,
00:52 alors même que, dès la prolongation de notre garde à vue,
00:56 des vidéos attestaient du fait qu'il n'y avait aucun viol dans cette affaire.
00:59 Quand le ciel vous tombe sur la tête avec une affaire pareille,
01:03 faite de calomnies,
01:06 vous vous sentez seul.
01:07 En plus de cela, quand on parle de violences commises par des policiers,
01:11 notre époque entraîne inévitablement un acharnement médiatique
01:14 et une crucifixion politique qui nous plonge dans un profond désarroi.
01:19 J'ai encore le souvenir du plus haut sommet de l'État
01:22 qui bafoue notre présomption d'innocence à l'époque.
01:25 C'était M. Hollande, évidemment, M. le Président de la République,
01:28 qui est allé au chevet de M. Luhaca.
01:30 J'ai cette sensation d'avoir servi de fusible
01:33 pour éviter que les banques de lieu ne s'embrassent plus encore.
01:37 J'ai été suspendu administrativement presque trois ans.
01:41 Fin 2019, mes compétences en informatique m'ont permis
01:45 de réintégrer le ministère de l'Intérieur comme technicien informatique
01:49 et non pas policier.
01:50 Je n'ai plus de fonction policière.
01:52 Je n'exerce plus directement au contact de la population sur le terrain.
01:56 La justice ne m'en donne pas le droit.
01:57 Aujourd'hui, je suis toujours éprouvé psychologiquement.
02:01 Depuis sept ans, la situation que je vis est difficile.
02:04 J'ai perdu en partie le sens de la vie et je suis incapable de me projeter
02:09 dans l'avenir, tant à titre personnel que professionnel.
02:12 Je crains toujours pour la sécurité de mes collègues mis en cause dans cette affaire,
02:17 celle de mes proches surtout et la mienne, évidemment.
02:21 Je pense que je ne suis pas prêt à retrouver le terrain.
02:24 Tout simplement parce que quand il vous arrive une affaire de la sorte,
02:27 ensuite vous avez, je pense toujours, cette appréhension qu'il vous arrive à nouveau,
02:32 même si vous essayez de faire votre travail correctement,
02:35 mais qu'il vous arrive à nouveau une nouvelle mise en cause et un nouveau cauchemar.
02:42 Jamais je n'aurais imaginé causer une telle blessure.
02:47 Je vis avec ce poids d'avoir involontairement blessé et j'y pense chaque jour.
02:51 J'espère vraiment qu'il a le soutien des membres de sa famille
02:54 et qu'il l'accompagne dans son suivi médical.
02:58 Et j'espère vraiment pour lui qu'il décidera enfin de se soigner
03:01 après ce procès, lorsqu'une première page se tournera.
03:04 [Musique]

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