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00:00 On va plus loin sur ce dossier avec vous Karim Emile Bittar, spécialiste du Moyen-Orient,
00:05 professeur à l'Université Saint-Joseph de Beyrouth.
00:08 Bonsoir à vous.
00:09 Un mot d'abord sur la riposte d'U.S. Bola à l'élimination du numéro 2 du Hamas
00:14 mardi dernier à Dahiyé, dans le sud de Beyrouth.
00:18 Des dizaines de roquettes lancées vers une base militaire israélienne.
00:21 L'attaque est présentée comme une première riposte.
00:24 Cela signifie qu'il y en aura d'autres ?
00:28 Probablement oui, les tensions montent de jour en jour.
00:31 Aujourd'hui, l'envoi s'était palpable au sud de Liban,
00:34 mais cela n'est peut-être en effet qu'une des premières ripostes.
00:39 Le secrétaire général du Hezbollah a plutôt temporisé.
00:42 Il se peut qu'une riposte de plus grande ampleur intervienne dans quelques semaines,
00:46 d'où l'urgence d'une intervention pour faire cesser cette escalade régionale
00:51 qui s'apparente de plus en plus à une fuite en avant qui pourrait embraser toute la région
00:56 si les pressions de M. Blinken demeurent aussi timides.
01:00 Israël, de son côté, a-t-il intérêt à s'engager dans un nouveau front avec le Liban voisin ?
01:08 Pas véritablement.
01:09 Ni le Hezbollah, ni l'Iran, ni Israël n'auraient véritablement intérêt.
01:13 Mais cela n'empêche pas qu'il peut y avoir des erreurs de calcul,
01:17 des ripostes mal calibrées qui pourraient entraîner une escalade.
01:21 Il y a également au sein du gouvernement israélien une frange qui estime
01:26 que compte tenu de l'incapacité d'atteindre les objectifs à Gaza,
01:29 il faut élargir le champ du conflit et qu'ils pourront compter en tout cas
01:34 sur le parapluie militaire américain.
01:37 Donc il n'est pas exclu que cela finisse par dégénérer,
01:40 même si aujourd'hui, à supposer que les acteurs soient rationnels, personne n'y a intérêt.
01:44 Mais on a eu beaucoup d'exemples dans le passé où les choses ont dégénéré
01:49 après de simples erreurs de calcul.
01:51 Le Hezbollah a malgré tout visé une base militaire israélienne,
01:55 donc un lieu à priori ultra sécurisé.
01:57 Est-ce que ce n'était pas donc une frappe symbolique, un message envoyé à Israël
02:02 plutôt qu'une déclaration de guerre en bonne et due forme ?
02:05 Tout à fait, ça fait partie de la guerre psychologique, ça fait partie de la dissuasion.
02:09 Le message qu'ils ont voulu envoyer à Israël est probablement celui-ci.
02:13 Vous avez frappé la banlieue sud de Bérouth, qui est l'un de nos fiefs.
02:19 Nous serions en mesure de frapper Israël au cœur
02:22 si vous deviez aller plus loin dans vos attaques contre le Liban.
02:27 Il en aurait la possibilité, le Hezbollah, de frapper Israël au cœur ?
02:31 Les moyens, en tout cas ? On sait qu'ils sont beaucoup plus armés que le Hamas.
02:35 Ils revendiquent une force militaire assez impressionnante.
02:38 On n'a pas de chiffre exact, mais eux-mêmes revendiquent 100 000 combattants.
02:42 On parle de plus de 100 000 missiles.
02:44 Mais cela ne pourrait se faire qu'au prix de milliers de victimes civiles libanaises.
02:50 Ce sont les populations civiles qui seront les premières victimes
02:54 s'il devait y avoir une ouverture d'un second front.
02:56 Le Hezbollah pourrait nuire à des intérêts militaires et économiques israéliens,
03:01 faire quelques victimes civiles en Israël.
03:03 Mais c'est surtout le Liban tout entier qui paierait le prix
03:06 si nous ne parvenons pas à endiguer cette montée aux extrêmes
03:10 et cette fuite en avant de part et d'autre.
03:12 Mais c'est surtout aujourd'hui une certaine rhétorique gouvernementale israélienne qui inquiète
03:17 car ils n'ont même pas prévenu leurs alliés américains avant de frapper les Beyrouths.
03:22 Ce qui montre qu'ils sont peut-être déterminés à aller de l'avant
03:26 quand bien même cela serait désastreux militairement et stratégiquement,
03:30 pas seulement pour le Liban, mais aussi pour eux.
03:32 La situation à Gaza, mais aussi dans tout le reste de cette région,
03:36 est au cœur de cette nouvelle tournée diplomatique du chef de la diplomatie américaine,
03:40 Anthony Blinken.
03:42 Quatrième tournée diplomatique dans la région depuis le début de la guerre.
03:46 Quel est l'objectif cette fois ? C'est à nouveau une tentative d'apaisement ?
03:51 C'est une tentative d'éviter l'escalade,
03:53 c'est une tentative de faire passer des messages aux Israéliens.
03:57 Mais je crains que cela ne soit déjà assez tard,
04:00 que cette quatrième visite ne soit pas plus fructueuse que les précédentes.
04:04 On a des témoignages aujourd'hui de l'ONU qui sont véritablement accablants,
04:08 qui nous disent que l'ensemble de la bande de Gaza est devenue inhabitable,
04:12 que plus rien ne tient, que c'est véritablement aujourd'hui une zone entièrement sinistrée.
04:19 Et il y a toujours une rhétorique qui pousse les habitants de Gaza à quitter.
04:25 On a des acteurs très influents en Israël qui disent qu'ils veulent réduire la population de Gaza
04:30 de 2 millions jusqu'à 150 000 ou 200 000.
04:33 Donc il est temps que M. Biden hausse le ton vis-à-vis d'Israël
04:37 pour mettre un terme à ses projets de nettoyage ethnique.
04:40 L'avenir à plus long terme de la bande de Gaza est au cœur de ces discussions.
04:45 Le ministre israélien de la Défense, Yoav Galant, a dévoilé un plan pour l'après-guerre.
04:51 Il a lui prôné une administration sans le Hamas notamment,
04:56 mais sans pour autant déloger les habitants de Gaza.
05:02 Pourquoi avoir dévoilé ce plan maintenant ?
05:04 Est-ce que c'est le résultat des pressions américaines ?
05:08 Je pense que oui, ça s'apparente beaucoup plus à un plan de communication
05:12 qu'à un véritable plan de reconstruction de Gaza à une réflexion stratégique sur l'avenir,
05:17 car il ne reste plus grand-chose à Gaza.
05:19 Et ce plan est extrêmement déconnecté du réel, extrêmement vague, extrêmement théorique.
05:24 On ne voit pas très bien à quoi cela rime, si ce n'est qu'à donner des gages aux États-Unis,
05:30 comme quoi nous ne sommes pas engagés dans ce que vous êtes en train de voir.
05:34 On est en train de nier l'évidence.
05:36 L'évidence, c'est que plus personne ne pourra vivre à Gaza dans des circonstances pareilles.
05:40 Et en l'absence d'une alternative politique et d'une alternative au Hamas,
05:45 on voit mal comment on pourrait construire l'avenir.
05:48 Donc on est purement, à mes yeux, dans une tentative de propagande,
05:53 parce que c'est le même ministre qui avait eu des propos
05:55 proprement insultants à l'encontre de l'ensemble des Palestiniens il y a quelques semaines.
05:59 Oui, surtout que le gouvernement israélien reste divisé sur ce plan
06:03 qui n'a absolument pas été validé par toute la classe politique israélienne.
06:07 Merci beaucoup à vous Karim-Emile Bittar, spécialiste du Moyen-Orient.