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00:00:00 Et bienvenue à vous tous pour cette édition spéciale sur France 24,
00:00:02 cérémonie d'hommage national à Jacques Delors ce matin aux Invalides à Paris,
00:00:06 une cérémonie présidée par le chef de l'État français Emmanuel Macron.
00:00:10 Il a salué un inépuisable artisan de notre Europe
00:00:13 et une figure tutélaire de la scène politique depuis 40 ans
00:00:17 lors de l'annonce de son décès à 98 ans.
00:00:20 Ce socialiste était considéré comme l'un des penseurs de l'idéal européen.
00:00:24 Son engagement fut d'abord syndical, avant d'être politique au Parti Socialiste.
00:00:29 Ancien ministre de l'économie et des finances de 1981 à 1984 sous François Mitterrand,
00:00:34 il est l'un des initiateurs du tournant de la rigueur dès 1982.
00:00:39 Fort de la confiance de François Mitterrand et de l'ancien chancelier allemand Helmut Kohl,
00:00:44 il a présidé la Commission européenne de 1985 à 1995.
00:00:48 Pendant longtemps, il a prédit que l'Europe était entre la survie et le déclin.
00:00:52 Jacques Delors avait pour devise, il faut la compétition qui stimule,
00:00:57 la solidarité qui unit et la coopération qui renforce.
00:01:02 Il est à l'origine de l'acte unique, il est à l'origine des prémices de l'union monétaire
00:01:07 et de la création du programme Erasmus, notamment pour les jeunes.
00:01:11 Il estimait également que l'Europe serait bancale si elle ne marchait pas sur ses deux jambes,
00:01:16 l'économique et le social.
00:01:18 Il était critique sur l'évolution de l'Europe transformée en simple marché commercial.
00:01:23 En 1995, il est donné comme favori à l'élection présidentielle française,
00:01:28 mais il finira par renoncer.
00:01:30 Jacques Delors a été nommé citoyen d'honneur de l'Europe, comme Jean Monnet et Helmut Kohl.
00:01:37 On retrouve Clovis Gazali sur place, qui va suivre également pour nous cette cérémonie.
00:01:41 Quelles sont les personnalités politiques présentes que vous avez pu apercevoir sur place ?
00:01:50 Des personnalités qui sont encore en train d'arriver, donc on a un petit peu de retard,
00:01:54 quelques minutes de retard avant l'arrivée du chef de l'État Emmanuel Macron.
00:01:59 Mais on a vu ici arriver de nombreux compagnons de Jacques Delors, des figures de la gauche,
00:02:04 l'ancien président de la République François Hollande, l'ancien Premier ministre Lionel Jospin,
00:02:09 Bernard Cazeneuve, Laurent Fabius et bien sûr la famille de Jacques Delors,
00:02:14 dont sa fille Martine Aubry, maire de Lille.
00:02:17 De nombreuses personnalités qui ont donc pris place ici dans la cour des Invalides
00:02:22 pour cette matinée nationale à Jacques Delors.
00:02:25 Vous l'avez dit, cette figure de la politique française, mais aussi de la construction européenne,
00:02:30 l'ancien président de la Commission européenne.
00:02:33 Donc cette cérémonie très codifiée, comme toujours dans cette cour d'honneur des Invalides.
00:02:38 Eh bien, il y aura l'arrivée du chef de l'État, la revue des troupes, la Marseillaise,
00:02:43 puis l'entrée de la dépouille de Jacques Delors.
00:02:45 Il y aura un éloge funèbre et là l'Elysée nous dit que ce sera une célébration de la vie,
00:02:50 de l'œuvre de Jacques Delors, ce social-démocrate convaincu qui a tant fait
00:02:54 pour la construction européenne, qui voulait tourner la page de la guerre.
00:02:58 Rappelez-vous, son père lui avait été mutilé à 75% et avait dit à son fils Jacques Delors,
00:03:03 il faut tourner la page de la guerre, mettre fin à la violence entre pays voisins
00:03:08 et ça passe par l'Europe.
00:03:10 Et donc cet éloge funèbre portera bien sûr sur ce parcours européen de Jacques Delors.
00:03:17 Et ensuite, il y aura aussi un petit clin d'œil à un des chantiers qu'il a entrepris,
00:03:21 Erasmus, ce programme d'échange universitaire.
00:03:25 Il y a une cinquantaine d'étudiants d'Erasmus d'un peu partout en Europe
00:03:29 qui sont présents ici dans la cour d'honneur des Invalides.
00:03:32 Et enfin, pour finir, au moment du départ des familles, un peu avant midi,
00:03:37 il y aura de la musique jazz, notamment une chanson de Sonny Rollins.
00:03:42 Et je peux vous dire que l'orchestre est déjà en place ici pour ce moment
00:03:47 qui aura lieu bien sûr durant cet hommage national à Jacques Delors.
00:03:50 Merci beaucoup Clovis Casali.
00:03:51 Et puis on vous retrouve bien sûr tout au long de cette édition spéciale
00:03:54 et à l'issue de cette cérémonie.
00:03:55 On retrouve Richard Verly, journaliste correspondant France-Europe
00:03:59 pour le quotidien suisse Blic.
00:04:01 Merci d'être avec nous.
00:04:03 Jacques Delors est une personnalité historique,
00:04:06 l'un des grands constructeurs de l'Europe, respecté par tous les Français,
00:04:10 y compris par ses adversaires, notamment politiques.
00:04:13 Comment était-il perçu par les autres responsables politiques européens ?
00:04:19 Il était perçu comme quelqu'un qui avait d'abord l'Europe chevillée au corps.
00:04:24 Et ça, je crois que la conviction est une chose très importante.
00:04:28 Quelquefois, on en doute aujourd'hui lorsqu'on rencontre certains dirigeants européens.
00:04:32 Ce n'était pas le cas pour Jacques Delors.
00:04:34 Il avait cette conviction enracinée dans son histoire personnelle,
00:04:37 celle de son père, vous l'avez dit, enracinée dans son parcours politique.
00:04:41 C'était un social-démocrate chrétien et de ce point de vue,
00:04:44 il était au centre de l'échiquier politique européen.
00:04:47 Et enfin, ça a été l'homme qui a vécu une déflagration historique majeure, unique,
00:04:52 qui a été la désagrégation de l'Union soviétique.
00:04:55 Et face à cela, il a toujours porté de la voix de l'Europe et une Europe optimiste.
00:05:00 Il le disait tout à l'heure dans un extrait que j'ai entendu que vous avez diffusé,
00:05:03 il voulait être optimiste.
00:05:05 Eh bien, c'est cet optimisme de Lorien qui demeure aujourd'hui à un moment
00:05:10 où malheureusement les vents les plus nombreux, majoritaires à Bruxelles,
00:05:15 sont souvent des vents pessimistes sur l'avenir et les capacités de l'Europe.
00:05:19 Il a déclaré que s'il n'y avait pas de fraîcheur,
00:05:22 l'Europe pourrait connaître une vraie décadence
00:05:24 et il était inquiet sur la façon dont le monde allait évoluer.
00:05:27 Mais comment expliquer sa capacité de rassemblement à Jacques Delors ?
00:05:33 Alors, vous l'avez dit tout à l'heure et vos correspondants à Bruxelles et à Berlin l'ont répété,
00:05:38 il a d'abord été l'homme d'un trio, si je puis dire.
00:05:41 C'est-à-dire qu'on ne peut pas dissocier les mandats de Jacques Delors
00:05:44 à la tête de la Commission européenne de l'appui dont il a bénéficié
00:05:48 de la part des deux hommes qui, à l'époque, étaient les piliers de l'Europe communautaire,
00:05:52 c'est-à-dire François Mitterrand d'un côté et Helmut Kohl de l'autre.
00:05:56 C'est vraiment ces trois hommes qui ont fait avancer l'Europe
00:05:59 et ils l'ont fait avancer dans les deux directions qu'on connaît aujourd'hui.
00:06:02 C'est-à-dire d'une part l'intégration, c'est le marché unique,
00:06:05 c'est tout le projet d'un espace économique commun
00:06:08 et d'autre part ils l'ont fait avancer dans le sens de l'ouverture à l'Est.
00:06:11 Là, ça a été plus difficile parce qu'on sait que François Mitterrand avait des réticences
00:06:16 mais Delors et Kohl ont tenu bon et au fond ils ont affiché cette générosité.
00:06:20 C'est l'Europe qui a ouvert ses portes et encore une fois, faites la comparaison avec aujourd'hui,
00:06:25 aujourd'hui on est quand même la plupart du temps dans une Europe qui se ferme.
00:06:29 Et bien Delors, c'était le message absolument inverse et rappelons-nous quand même
00:06:33 que vouloir intégrer, ouvrir la porte au pays de l'Est à cette époque,
00:06:38 c'était extrêmement audacieux et bien il l'a fait, il a tenu bon.
00:06:42 Et quelle est pour vous l'action la plus importante de Jacques Delors
00:06:45 en tant que président de la Commission européenne ?
00:06:49 Moi je pense que c'est essentiellement l'acte unique,
00:06:52 c'est-à-dire la volonté de réformer les institutions européennes,
00:06:56 la force de Delors, d'abord politiquement je l'ai dit, c'était un social-démocrate chrétien,
00:07:00 donc un réformateur, ce n'était sûrement pas un révolutionnaire,
00:07:04 il n'appartenait pas en France à la famille de la gauche radicale
00:07:07 mais il avait des convictions et il mettait ces convictions à l'épreuve des réalités
00:07:11 et il l'a fait en matière européenne, il a compris déjà à l'époque,
00:07:15 on est au début des années 90, que l'Europe allait s'élargir,
00:07:19 que l'Europe ne pourrait plus fonctionner avec les institutions héritées du traité de Rome
00:07:24 et qu'il fallait la réformer et je crois que c'est cet esprit réformateur, constructif,
00:07:29 qui manque aujourd'hui, on avance mais on avance par crise,
00:07:32 alors que la volonté de Delors c'était justement d'avancer pour anticiper les crises et les éviter.
00:07:38 La monnaie, bien sûr on sera ensemble pour toute cette cérémonie,
00:07:41 mais la monnaie unique a été un pas considérable en avant,
00:07:44 mais est-ce qu'elle n'a pas fait passer les considérations monétaires et budgétaires
00:07:50 avant les considérations économiques ?
00:07:54 Alors là-dessus on peut en débattre, bien évidemment,
00:07:57 il y a un point de vue français, il y a un point de vue allemand et il y a le point de vue des autres,
00:08:01 il y a surtout le point de vue du monde qui regarde l'euro.
00:08:04 Aujourd'hui l'euro est la deuxième monnaie mondiale,
00:08:07 mais il y a toujours cette incertitude, cette fragilité autour de cette monnaie
00:08:11 qui vient essentiellement de la divergence des économies européennes
00:08:15 que l'on n'a pas complètement réussi à surmonter.
00:08:18 L'euro c'est un pari, c'est bien plus qu'un pari monétaire, c'est un pari politique.
00:08:23 Alors est-ce que ça restera comme le grand moment, la grande décision de Jacques Delors ?
00:08:28 J'avoue qu'à titre personnel ce n'est pas ce que je vais être en premier,
00:08:31 je l'ai dit pour moi c'est l'esprit réformateur.
00:08:33 L'euro il s'est consolidé après et comme vous l'avez dit,
00:08:36 il a ouvert un peu le procès ou en tout cas le débat sur la place trop prépondérante de l'économie.
00:08:42 En fait c'est un faux débat parce que si vous faites une monnaie unique,
00:08:46 c'est un geste politique et si vous faites cette monnaie,
00:08:49 vous devez en respecter les critères, c'est-à-dire faire converger vos économies,
00:08:53 et là malheureusement on voit que même en 2024 on n'y est pas toujours.
00:08:57 Et il parlait d'un vice de la construction de l'Union Européenne, que voulait-il dire ?
00:09:01 Mais je pense que ce qu'il voulait dire c'est deux choses.
00:09:04 D'abord qu'on ne peut pas vouloir être ensemble et rester sur son camp à soi
00:09:10 et regarder toujours à l'intérieur de ses frontières.
00:09:12 Il incitait les États membres de l'Union Européenne à accepter
00:09:16 ce qu'il appelait lui-même la Fédération d'États-Nations,
00:09:18 mais dans cette Fédération d'États-Nations il y a bien le mot fédération.
00:09:22 Donc Delors était au fond un fédéraliste, il était convaincu
00:09:25 qu'il fallait partager la souveraineté et de ce point de vue,
00:09:29 il est à l'opposé de quelqu'un comme Viktor Orbán qui est présent
00:09:33 à la cérémonie des Invalides, Viktor Orbán pour qui en gros l'Europe
00:09:36 est celle du chacun pour soi et le plus fort l'emportera.
00:09:39 La deuxième chose, je pense que la deuxième inquiétude qu'avait Jacques Delors,
00:09:43 c'était évidemment quand même celle d'une divergence ou en tout cas d'un fossé
00:09:48 qui reprenne ses droits entre la France et l'Allemagne.
00:09:51 Il a eu la chance historique d'être entouré de deux hommes,
00:09:55 François Mitterrand et Helmut Kohl, qui fonctionnaient main dans la main,
00:09:59 on l'a bien vu, y compris physiquement, lorsqu'il s'était rendu dans un lieu historique.
00:10:03 Eh bien ça, il l'a exploité au maximum, mais il avait conscience aussi
00:10:07 que ça peut changer et l'histoire lui a malheureusement donné raison
00:10:10 parce que ça a été dit tout à l'heure, le couple, le tandem,
00:10:13 le moteur franco-allemand de 2024 n'a rien à voir avec celui du tournant des années 90.
00:10:19 Effectivement, merci beaucoup Richard Verly, vous restez bien sûr avec nous.
00:10:21 Et puis on a aperçu à l'image la Première Ministre Elisabeth Borne
00:10:24 et la Ministre de l'Europe et des Affaires étrangères Catherine Colonna,
00:10:28 Catherine Colonna qui a été également ministre déléguée aux Affaires européennes
00:10:32 sous l'ancien président Jacques Chirac.
00:10:34 Bruno Darroux, merci d'être avec nous.
00:10:36 Jacques Delors, il a connu l'Europe des 10 en 85, qui s'est ensuite élargie à l'Europe des 15.
00:10:43 Aujourd'hui, c'est l'Europe des 27, depuis le Brexit, puisque nous étions 28.
00:10:47 On ne peut pas gouverner l'Europe de la même façon aujourd'hui.
00:10:51 Je pense que Jacques Delors lui-même était pour, comme le disait Richard Verly,
00:10:56 cette Europe ouverte, qui accueille, qui intègre.
00:11:00 Mais c'est sur le tempo que lui-même avait un peu des réticences.
00:11:05 C'est-à-dire que les outils sont restés ceux de l'Europe des 15
00:11:09 et on est passé assez vite, peut-être trop vite, à l'Europe des 27.
00:11:14 Et donc, effectivement, c'est beaucoup plus compliqué.
00:11:18 Alors, y compris aujourd'hui, pour une personnalité comme Ursula von der Leyen,
00:11:22 qui est donc présidente de la Commission européenne, le poste qu'occupait à l'époque Jacques Delors,
00:11:27 à l'époque de Jacques Delors, c'était quand même plus simple de gérer des crises,
00:11:33 de trouver des solutions avec 10, 12, voire même 15 chefs d'État et de gouvernement.
00:11:37 Aujourd'hui, à chaque fois, il faut consulter 27 chefs d'État et de gouvernement.
00:11:43 Donc ça alourdit le processus.
00:11:45 Il disait Jacques Delors que le marché communautaire ne fonctionne plus.
00:11:49 Oui, parce qu'en fait, je pense que lui avait lancé des premières étapes
00:11:54 avec l'acte unique, la monnaie unique, l'euro, qui était effectivement un pari,
00:11:59 certes monétaire et économique, mais aussi un pari politique.
00:12:03 Le problème, c'est que ça s'est arrêté un peu là,
00:12:06 qu'on a ajouté d'autres pays au sein de l'Union européenne,
00:12:09 mais du coup, sans véritable boussole pour faire quoi, pour aller où.
00:12:14 Et donc, c'est devenu effectivement un simple marché,
00:12:17 ce que regrettait beaucoup Jacques Delors, parce que vous l'avez dit tout à l'heure,
00:12:21 il disait que l'Europe devait marcher sur ses deux jambes avec l'économique et le social.
00:12:25 Et tout ce qui était cet apport social, qui pour ce démocrate chrétien de gauche
00:12:29 ou ce social-démocrate, comme on voudra, était extrêmement important,
00:12:33 a été un peu laissé aux oubliettes.
00:12:35 La fameuse charte sociale européenne, aujourd'hui, elle existe,
00:12:39 mais franchement, elle ne joue pas un grand rôle,
00:12:42 elle n'est pas vraiment contraignante.
00:12:44 Donc ça, ça a été un peu un échec, à la fois de ce qu'il a pu faire
00:12:49 et ensuite de ce qu'ont fait ou pas fait, plus exactement, ses successeurs.
00:12:54 L'Europe monétaire et économique a beaucoup avancé avec Jacques Delors,
00:12:58 l'Europe sociale, finalement, n'a pas véritablement avancé.
00:13:02 - Même s'il y a eu deux dernières lois, récemment, notamment sur les salariés,
00:13:05 sur les plateformes numériques, où l'Europe a voulu être un peu en tête de pont,
00:13:11 refusée par la France.
00:13:13 - Oui, tant que ce n'est pas à pied la règle de l'unanimité sur certaines décisions,
00:13:18 on sent que l'Europe a perdu un peu sa boussole,
00:13:23 et comme le disait tout à l'heure sur une antenne concurrente
00:13:26 et néanmoins amie, une responsable politique,
00:13:31 du temps de Jacques Delors, il avait su non seulement incarner l'Europe,
00:13:36 mais il avait su donner une âme à l'Union Européenne.
00:13:39 Et c'est cette incarnation et cette âme qui manque terriblement,
00:13:43 aujourd'hui, à l'Union Européenne.
00:13:45 - On aperçoit de profil sa fille, Martine Aubry,
00:13:49 aujourd'hui maire de Lille.
00:13:51 - Aujourd'hui maire de Lille, avec qui il avait une relation extrêmement proche,
00:13:56 fusionnelle, qui Jacques Delors admirait beaucoup sa fille.
00:14:01 - Sa fille, son père était pour elle un exemple.
00:14:03 - Voilà, son père était pour elle un exemple.
00:14:05 Jacques Delors disait aussi que sa fille faisait mieux que lui.
00:14:10 François Mitterrand avait dit, qui n'avait pas été véritablement surpris
00:14:14 de son renoncement à l'élection présidentielle de 1995,
00:14:18 avait dit en revanche, si ça avait été Martine Aubry,
00:14:20 là, il y avait peut-être du souci à se faire pour ses adversaires,
00:14:25 parce qu'elle est véritablement pugnace.
00:14:28 - Oui, et puis au-delà des polémiques, tout le monde lui reconnaît
00:14:30 les qualités de son père, le travail, la rigueur et l'honnêteté.
00:14:33 Et on voit donc l'arrivée du chef de l'État, Emmanuel Macron,
00:14:36 et de son épouse, Brigitte.
00:14:38 - Oui, Emmanuel Macron, qui voudrait bien...
00:14:40 - S'inscrire dans l'héritage.
00:14:42 - Qui se présenter comme l'héritier de Jacques Delors.
00:14:44 Donc ça, c'est tout un débat, parce que, bon,
00:14:46 on ne peut pas mettre en doute le créneau européen d'Emmanuel Macron.
00:14:51 Mais disons que ça ne se traduit pas tout à fait de la même manière
00:14:55 que Jacques Delors, qui était donc un chrétien démocrate,
00:14:58 voire un social-démocrate, et pour qui, encore une fois,
00:15:02 le volet social était extrêmement important.
00:15:05 - Et puis le style de personnalité est très différent également.
00:15:08 - Voilà, Emmanuel Macron, lui, il est plus dans une vision libérale,
00:15:11 on va dire, de l'Union européenne.
00:15:14 Après, il s'inscrit quand même un peu dans le même courant
00:15:17 de renforcer un peu le partage de souveraineté,
00:15:20 je ne sais pas si on peut aller jusqu'à parler de fédéralisme,
00:15:24 mais force est de constater qu'Emmanuel Macron, lui aussi,
00:15:27 avait de grandes ambitions pour l'Europe,
00:15:29 mais pour l'instant, ses réalisations sont bien moindres
00:15:32 comparées à celles de Jacques Delors.
00:15:34 - Donc les honneurs au président de la République.
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00:52:03 La Marseillaise, vous venez d'entendre la Marseillaise, l'hymne national
00:52:07 interprété par le chœur de l'armée française. On doit entendre ensuite l'hymne
00:52:11 européen, interprété par l'orchestre de la garde républicaine, la 9e
00:52:16 marseillaise, l'hymne national interprété par le chœur de l'armée française.
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00:53:43 - Richard Verly, vous êtes toujours avec nous. Réconcilier la France
00:53:47 avec l'Europe. Jacques Delors a réconcilié l'Europe avec son avenir.
00:53:51 Il a rendu possible l'idéal européen, a rappelé le chef de l'État,
00:53:55 la libre circulation des biens et des capitaux, le marché unique, l'Europe
00:53:59 du dialogue social, l'euro, dont il a posé les bases.
00:54:03 En arrière-plan, Emmanuel Macron a insisté sur le fait que l'Europe
00:54:08 est d'abord un rempart et peut-être la solution aux crises multiples
00:54:11 du monde actuel. - Ça, c'est clairement la conviction
00:54:15 d'Emmanuel Macron et c'est ce qu'il a défendu dans son discours.
00:54:19 Ce qui m'a marqué, c'est au fond l'éloge de la conviction et de la méthode.
00:54:23 C'est-à-dire que Jacques Delors était un homme de conviction,
00:54:27 il croyait dans l'Europe, il croyait dans cette fédération d'États-nations,
00:54:31 mais il avait aussi la méthode pour y arriver. Et au fond, si on voulait
00:54:36 le comprendre aujourd'hui, on pourrait dire que ce qui manque quand même
00:54:39 pas mal, c'est des convictions fortes, pas sur ce terrain, en revanche,
00:54:43 Emmanuel Macron en a, mais il manque aussi de méthode. Et là, on peut mettre
00:54:47 davantage en doute la capacité d'Emmanuel Macron aujourd'hui à avoir
00:54:51 la méthode Delors. Mais est-ce possible, dans une Union européenne
00:54:55 à 27 États membres, parce que l'Europe de Jacques Delors, c'était une dizaine
00:54:59 d'États membres, avec une sorte de condominium, de tutelle, on pourrait dire,
00:55:04 d'auteur franco-allemand, ce n'est plus le cas aujourd'hui.
00:55:07 Donc est-ce que la méthode Delors est transposable ? On peut s'interroger.
00:55:11 On va écouter la 9e symphonie de Beethoven.
00:55:14 (Musique)
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00:56:38 C'est un moment de recueillement après l'hymne européen
00:56:41 interprété par l'orchestre de la Garde républicaine, l'Ode à la joie
00:56:45 de Ludwig van Beethoven. Christine Lagarde, qui s'est également recueillie,
00:56:51 la patronne de la Banque centrale européenne.
00:56:55 Le président allemand est également présent, Frank-Walter Steinmeier.
00:56:59 Le chef du gouvernement hongrois, Victor Orban.
00:57:05 (...)
00:57:08 (...)
00:57:37 C'est le cercle de Jacques Delors qui repose à même le sol
00:57:39 dans la cour des Invalides devant le drapeau européen.
00:57:43 Recours.
00:57:46 Garde à vous.
00:57:54 (Musique)
00:57:58 Présentez armes.
00:58:06 (...)
00:58:10 (...)
00:58:13 (...)
00:58:16 (...)
00:58:19 (...)
00:58:22 (...)
00:58:25 (...)
00:58:29 (...)
00:58:33 (...)
00:58:37 (...)
00:58:41 (...)
00:58:45 (...)
00:58:50 (...)
00:58:53 (...)
00:58:57 (Musique douce)
00:59:02 (...)
00:59:05 (...)
00:59:09 (...)
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00:59:17 (...)
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01:01:45 -Voilà pour cette cérémonie d'hommage national à Jacques Delors.
01:01:51 Une cérémonie présidée par le chef de l'Etat, Emmanuel Macron.
01:01:58 L'air grave.
01:02:02 La voix posée pendant son éloge funèbre.
01:02:07 Bruno Daru, Emmanuel Macron a rappelé son chemin difficile,
01:02:12 un chemin difficile qui se poursuit pour l'Union européenne,
01:02:17 un chemin intranquille de ce grand homme, de cet honnête homme européen.
01:02:22 Emmanuel Macron a insisté sur l'alternative à Jacques Delors.
01:02:26 L'Europe est condamnée à avancer ou à se défaire.
01:02:30 -Oui, évidemment, il a rappelé l'ensemble du parcours de Jacques Delors,
01:02:36 qui a eu à la fois un parcours très français et très atypique,
01:02:42 ce qu'il appelle une vie de défrichage des chemins de traverse.
01:02:47 C'est ainsi qu'Emmanuel Macron a qualifié ce parcours,
01:02:51 puisqu'un passé à la fois qui l'a d'abord mené au syndicalisme,
01:02:56 l'apprentissage de la coopération, de la négociation,
01:03:00 cette importance mise à cela par Jacques Delors,
01:03:05 avec aussi la foi, le sens du devoir avant le goût du pouvoir,
01:03:10 et c'est ça, peu à peu, qui l'a amené à la politique,
01:03:12 jusqu'à devenir ministre de l'Economie et des Finances de François Mitterrand,
01:03:17 et d'éviter quelques embardées à l'économie française à l'époque,
01:03:22 dans l'euphorie qui avait suivi l'élection de François Mitterrand.
01:03:27 Il y avait aussi son passage, bien sûr, par le cabinet de Jacques Chabond-Dalmas,
01:03:31 et sa fameuse nouvelle société.
01:03:34 -Est-ce qu'il n'était pas de droite et de gauche, Jacques Delors ?
01:03:38 -C'est un peu ce que sous-entend Emmanuel Macron,
01:03:44 mais c'est parce que, effectivement, pour lui,
01:03:47 ce qui comptait avant tout, c'était la négociation.
01:03:50 D'ailleurs, en cela, il est assez différent de sa fille Martine Aubry,
01:03:55 qui a avant tout des convictions politiques,
01:03:58 puis qui, après, se confronte au réel.
01:04:01 Lui, il s'est d'abord confronté au réel, à la négociation, etc.
01:04:06 Et c'est comme ça que, peu à peu, il en est venu à la politique.
01:04:09 En 1974, quand il a rejoint le PS rénové par François Mitterrand...
01:04:14 -C'était un centriste de gauche, Bruno Daru ?
01:04:18 -Oui, en fait, il était assez inclassable,
01:04:21 parce qu'il était vraiment de gauche,
01:04:24 mais une gauche catholique, d'abord, une gauche chrétienne,
01:04:28 ce qui était rare au sein du PS,
01:04:31 une gauche non sectaire.
01:04:35 Il avait été beaucoup marqué par son passage à la CFTC et à la CFDT.
01:04:38 D'ailleurs, je crois que sa fille a dit
01:04:41 que l'un des meilleurs héritiers, en quelque sorte, de Jacques Delors,
01:04:46 c'était l'ex-secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger.
01:04:50 Il y a toujours ce petit pas de travers dans son parcours,
01:04:55 à la fois en France et en Europe,
01:04:58 puisqu'il s'est retrouvé président de la Commission européenne
01:05:03 pendant une année, et là, il a mis en oeuvre
01:05:05 ce qui était peut-être sa conviction la plus forte,
01:05:08 c'est-à-dire qu'il n'aimait pas tenir des grands discours,
01:05:12 avoir des postures très radicales,
01:05:15 et puis, une fois au pouvoir, faire le contraire de ce qu'on avait dit.
01:05:18 Lui, il parlait comme il agissait, il agissait comme il parlait.
01:05:21 Je crois que c'est pour ça qu'il a été très respecté,
01:05:24 et en Europe, et en France.
01:05:26 C'est pour ça que des millions de Français ont été déçus
01:05:29 le soir du 12 décembre,
01:05:32 quand le président de la République,
01:05:33 le président de la République,
01:05:35 le président de la République,
01:05:37 le président de la République,
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