L’Insee a publié jeudi 4 janvier les statistiques des naissances pour 2023, avec un niveau historiquement bas. Cette baisse drastique a des conséquences directes sur le bon fonctionnement de la société, notamment vis-à-vis du système de protection social qui repose sur les cotisations des actifs.
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00:00 -Mathieu Croissando, La Politique, nous allons parler ce matin de la natalité française, puisque l'INSEE vient de le révéler.
00:06 Le nombre de naissances l'an dernier a atteint un plus bas historique. Comment on l'explique ?
00:11 -Historique parce que ça, c'est déjà... Ça, c'est jamais vu depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, de janvier à novembre dernier.
00:17 La baisse de naissances atteint -6,8 %. C'est une tendance qui frappe toutes les régions.
00:23 Alors c'est un phénomène qui n'est pas nouveau, il faut le dire. Le nombre de naissances, il baisse depuis 2011.
00:27 Il y avait eu un petit rattrapage après le Covid en 2021. Mais on s'est longtemps aussi rassurés en se disant que la France sentirait mieux que ses voisins.
00:35 Vous savez que les femmes, ici, faisaient plus d'enfants. Ce qui est vrai. Le taux de fécondité reste le plus élevé de l'Union européenne,
00:40 avec 1,84 enfants par femme en 2021, alors que la moyenne de l'Union européenne, c'est 1,53. Mais on atteint quand même une cote d'alerte.
00:48 Et alors comment ça s'explique ? Il y a d'abord des raisons naturelles. Le nombre de femmes en âge d'avoir des enfants, on dit en âge de procréer,
00:53 ce n'est pas très joli, de 20 à 40 ans, ce nombre de femmes âgées de 20 à 40 ans a baissé. Et ensuite, des raisons conjoncturelles.
00:59 On a fait plus d'enfants quand on a foi en l'avenir, en gros. Or, avec l'inflation, la guerre en Ukraine, le contexte outre-attendu,
01:06 mais aussi le réchauffement climatique, tout ça, ça pèse. Et puis enfin, des raisons culturelles. Les nouvelles générations n'ont plus forcément
01:13 envie d'avoir des enfants, pour des raisons qui relèvent de leur liberté individuelle, d'émancipation, dirons les uns, d'égoïsme, dirons les autres.
01:21 Mais en tout cas, d'une certaine façon, c'est un choc civilisationnel. Et ce qui est aberrant, c'est que c'est quand même un angle mort dans le débat politique.
01:29 Alors que ce que vous dites, c'est que les conséquences, politiquement, vont être très lourdes.
01:33 Politiquement, économiquement, j'allais dire, pour le pays tout entier, ça va être immense. Dans un premier temps, on pourrait se dire que d'un point de vue économique,
01:39 c'est une bonne affaire, parce que moins d'enfants, c'est moins de dépenses pour l'éducation, moins de dépenses pour les éducations familiales, par exemple.
01:46 Sauf que, à moyen et à long terme, c'est un cauchemar qui s'annonce. Je rappelle que notre système de protection sociale, par exemple, il repose sur les cotisations des actifs.
01:55 Et que si vous avez moins d'actifs, vous avez évidemment moins de recettes. Je vous dis qu'on n'a pas fini avec les réformes des retraites, par exemple.
02:01 Mais la question se pose aussi pour les recettes de l'État, pour le dynamisme de l'économie, et puis plus largement, pour l'avenir du pays en général.
02:08 Mais que peuvent faire les pouvoirs publics ? L'État n'est pas dans l'intimité des cours.
02:10 C'est sûr. Déjà, il peut en parler. Vous avez vu, Christophe, une campagne sur "faites des enfants" ? Non.
02:15 Mais que nous dirait-on si on avait des affiches avec écrit "faites des enfants" ? On dirait "foutez-nous la paix".
02:20 On pourrait bien le dire. Mais en tout cas, sensibiliser les Français à cette question.
02:23 Ensuite, avoir une politique familiale digne de ce nom. Alors, je ne parle pas des allocations familiales, parce que les Français ne feront pas plus d'enfants pour toucher de l'argent.
02:31 Non, c'est plutôt tout ce qui facilite la vie des parents et des jeunes enfants, ce qu'on appelle l'articulation entre vie professionnelle et vie personnelle.
02:38 Ce sont plutôt toutes les mesures, les places en crèche par exemple. Il y a un plan qui a été lancé, 200 000 places de crèche.
02:43 Oui, mais comme dit Marc, avant ça, il y a aussi le congé parental.
02:45 Il y a aussi le congé parental. Bref, voilà, c'est tout ce qui relève de l'articulation vie personnelle-vie professionnelle.
02:50 Et puis surtout, il faut redonner confiance en l'avenir. Mais alors là, je peux vous dire qu'il y a du boulot.
02:54 Merci Mathieu.