7-à-dire | Entretien avec Aicha Diaby, promotrice de la marque Akadi

  • il y a 8 mois
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Transcript
00:00 La mangue tient aujourd'hui une place importante dans le développement économique de la Côte d'Ivoire.
00:11 Elle est le deuxième fruit exporté après la banane-dessert et avant l'ananas.
00:15 Notons aussi que la Côte d'Ivoire est le premier exportateur de mangue sur le marché européen.
00:21 Aujourd'hui nous parlerons de transformation de mangue en jus.
00:25 Et pour ça nous recevons Aïcha Diaby, promotrice de la marque Akadi qui est spécialisée dans la transformation de la mangue en jus, en purée et en beurre.
00:34 Bienvenue.
00:35 Merci.
00:37 Alors comment est-ce que vous vous êtes retrouvée dans tout ce qui est mangue, transformation ?
00:46 Je dirais que ce n'est pas forcément par ambition. Les événements dans la vie m'ont conduit vers la transformation.
00:55 À la base j'étais vendeuse de fruits à l'étal et puis je faisais un peu tous les fruits.
01:02 La mangue même est arrivée en dernier dans les fruits que je vendais.
01:06 Je recevais mes mangues depuis Ferquet par ma soeur qui me les envoyait.
01:12 À la faveur des métunéries qu'il y a eu à Boaké une année, les mangues se sont retrouvés coincés au corridor.
01:19 Ils ont fait trois jours. Donc quand je reçois ma cargaison de mangue, elles sont toutes mûres.
01:24 Voilà, donc je poste mes aventures sur les réseaux sociaux et puis bon, des amis, tout le monde me contacte et me dit « écoute, transforme ».
01:34 Et puis voilà, c'est comme ça, je transforme. Ils sont les premiers clients à racheter, ça se passe bien.
01:40 Et là je commence à avoir un intérêt particulier pour la mangue. Je fais des recherches, j'essaie de comprendre.
01:47 Et là je vois que c'est vraiment un trésor inexploité et que la Côte d'Ivoire d'or c'est une richesse.
01:54 D'accord, donc vous commencez à transformer la mangue en jus. Et comment ça se passe?
02:00 Est-ce qu'après cette étape-là de votre première production, à la suite de ces mangues-là qui ont trop mûri,
02:09 comment ça s'est passé pour la suite et est-ce que vous avez rencontré des difficultés? Lesquelles?
02:14 Oui, forcément, parce que depuis le premier jour transformé, je l'ai fait avec mon mixeur de cuisine à la maison.
02:21 Et comme je l'ai dit, j'ai eu un intérêt en transformant parce que j'avais fait pour cette première fois des compotes, des purées, des confitures et puis le jus évidemment.
02:33 J'ai vu que les gens appréciaient. C'est pour ça que j'ai fait des recherches. Donc du coup, quand les fruits arrivaient, je ne me suis plus contenté que de les revendre.
02:42 J'ai aussi commencé à les transformer. Mais ce qu'il faut noter, c'est que la transformation à un moment est devenue une ambition pour moi, bien avant toute cette histoire.
02:52 Parce que j'avais dans l'âme de vouloir entreprendre. Et puis un jour je me suis posé, je me suis dit mais attends, tu veux entreprendre, mais tu veux faire quoi?
03:02 Je réfléchis, je me suis dit dans quel domaine est-ce qu'on peut entreprendre? Je me suis dit on mange tout le temps.
03:12 On mange tout le temps, on n'arrête pas de manger, quelles que soient les situations. Et puis on s'habille tout le temps, on n'arrête pas de s'habiller.
03:19 Mais après, j'ai préféré l'agro parce que c'est là vraiment que je me suis intéressé à la transformation.
03:26 J'ai compris que les pays occidentaux se sont développés quand ils ont commencé à transformer en masse.
03:32 Et c'est ce qui a produit des usines avec de grosses capacités, d'où les industries. Et dans l'industrie, il y a une chaîne de valeurs incroyables.
03:42 Moi, je dirais même que le monde tourne autour de l'industrie agro. C'est à partir de l'industrie agro qu'on se retrouve avec le développement des infrastructures, des énergies, de la communication.
03:54 En fait, tout est parti de là à l'échelle, on va dire. Parce qu'on avait besoin de transformer de grosses quantités, on avait besoin de grosses machines, on avait besoin de routes pour transporter.
04:08 Bon, après, il fallait faire de la pub pour montrer aux gens. Après, les industries, ça bouffe beaucoup d'énergie. Donc, vous voyez, en fait, tout est parti de là. C'est une chaîne de valeurs incroyables.
04:21 D'accord. Alors, de façon pratique, comment vous transformez votre mang en jus ? Moi, j'ai goûté le jus qui est très bon. J'aime beaucoup la marque.
04:31 Mais comment vous le faites de façon pratique ? Vous n'avez pas d'additif, c'est naturel. Comment vous le transformez de façon pratique ?
04:40 Oui, je voulais rester sur le segment naturel parce que je pense qu'il faut s'inspirer des exemples des autres. Voilà. Aujourd'hui, la tendance, c'est le naturel pour des raisons qu'on sait tous.
04:52 Environnement, santé. Voilà. Donc, ce n'était pas question d'aller, refaire l'échelle et revenir. Donc, j'ai privilégié les savets naturels. Ils sont très prisés, ils sont appréciés.
05:04 Donc, c'était compliqué vu que toutes les solutions qu'on propose actuellement, les solutions les plus faciles et les plus pratiques ne sont pas forcément celles qui amènent au produit naturel.
05:15 Donc, ça a été un des plus durs challenges que j'ai dû faire parce que les contenants, il fallait les importer. Quand il y a eu Covid, on a connu de gros problèmes parce que ça venait d'Europe.
05:31 Donc, ce n'était pas du tout facile de rester dans cette niche-là. J'ai eu beaucoup de personnes qui ont essayé de me décourager, mais je me suis dit non, il faut que je tienne bon parce que non seulement on en a besoin,
05:43 mais du coup, c'est l'avenir. De plus en plus, toutes les marques sont en train de se reconvertir en bio, en naturel et tout. Nous, on a déjà ici la chance d'être encore au naturel.
05:55 Donc, pourquoi changer ? Il faut continuer.
05:59 D'accord. Alors, quel bilan vous faites aujourd'hui de votre entreprise et du secteur de la transformation de la mangue ?
06:07 Le secteur de la transformation de la mangue, je veux dire qu'il y a énormément à faire. La Côte d'Ivoire produit environ 180 000 tonnes de mangue et seulement 30 % est exporté.
06:21 Mais avec les 30 %, vous avez les résultats qu'on a. On est quand même le premier pays exportateur vers le marché européen. Mais on a un gros manque à gagner sur les 70 %.
06:33 On a un taux de transformation d'à peine 1 à 2 %. Et puis, la transformation en général, c'est la mangue séchée. Pourtant, dans la chaîne des valeurs de transformation de la mangue,
06:45 on peut faire du vin de mangue, du beurre de mangue, du vinaigre de mangue. On peut faire du nectar, la purée. Même les écorces et les feuilles peuvent servir à faire des infusions en médecine et tout.
07:01 Tout est vraiment exploitable. Il y a vraiment beaucoup de choses qu'on peut faire avec. Et je pense qu'on n'a même pas développé les 10 % en termes de transformation qu'on peut faire avec la mangue.
07:13 Donc, c'est vraiment un énorme manque à gagner. On est près de plus de 50 % de cette production qui finit à la poubelle. Si vous arrivez au nord, la période d'avril, mai, juin et juillet, c'est quand même désastreux.
07:29 Parce qu'on sait que...
07:31 Et on n'a pas de moyens de conserver ces mangues-là.
07:34 Non, ça se conserve les mangues, ça ne se conserve pas sur de longues périodes. Parce que pour ça aussi, vous savez, pour qu'un fruit ou une culture dure dans le temps, c'est le fruit de beaucoup de recherches qui emmènent le développement, la maturité de cette culture.
07:51 Donc malheureusement, ici aussi, on n'a pas tellement le volet recherche et développement qui est vraiment mis en exergue. Donc, telle que la nature nous la donne, c'est comme ça qu'on la prend. Et puis, malheureusement, ça fait beaucoup, beaucoup de dégâts.
08:06 De pertes.
08:07 Voilà. Vous savez, pour avoir une industrie sur une culture, il faut d'abord avoir une production industrielle. Et c'est ce qui manque peut-être à beaucoup.
08:20 Au jour d'aujourd'hui, si on veut faire une industrie, une grande industrie, par exemple le piment, il va falloir d'abord résoudre la problématique de la production du piment en quantité industrielle.
08:30 Pourtant, pour la mangue, cette question est déjà résolue. Elle existe en quantité industrielle. Donc, c'est une perte, en fait, qu'on ne soit pas en train de profiter de la mangue à l'excès.
08:42 Alors, est-ce qu'on a, du coup, on n'a pas vraiment d'usine de transformation de la mangue en Côte d'Ivoire?
08:50 Je pense que ça commence à venir. Il y a une première initiative d'une usine qui n'a pas la transformation du mangue séché.
09:00 Il y a de petites quantités, on va dire, qui elles aussi encore finissent à l'export.
09:05 Oui.
09:06 Voilà. Mais il y a encore beaucoup à faire. Je veux surtout dire ça. Il y a encore beaucoup, beaucoup à faire.
09:12 D'accord. En parlant d'usine, vous, vous avez ce projet là d'avoir une usine de transformation de mangue.
09:19 Et on a vu récemment sur les réseaux sociaux, vous avez participé à Jeune Mansa.
09:25 Et ensuite, suite à cela, il y a une collecte qui a été lancée pour vous sur les réseaux sociaux.
09:34 Ça a fait beaucoup de bruit, on va dire ça comme ça. On a suivi un peu.
09:39 Aujourd'hui, qu'est-ce que vous pouvez dire de toute cette expérience que vous avez vécue?
09:45 Jeune Mansa, ça a été une belle expérience parce que j'avoue que quand je me suis inscrite, je me suis dit,
09:52 je vois un peu l'idéologie que porte ce projet-là de mettre en avant des jeunes Africains porteurs de projets pour le développement de l'Afrique.
10:05 Et quand on sait que l'agro-industrie est un pilier fort pour le développement de l'Afrique,
10:11 je me suis dit, il n'y a pas de raison quand je n'ai pas de fond de ce projet là-bas.
10:15 Donc, bon, malheureusement, je n'ai pas remporté. Et puis, tout ce bruit qu'il y a eu, je me dis, c'est finalement pas si mal.
10:26 Ça va permettre à beaucoup d'entendre, de comprendre, de savoir que les jeunes Ivoiriens, les jeunes Africains ont un défi à relever.
10:34 Vous savez, depuis qu'on est petit, on va à l'école, on nous dit, il y a des manques d'usines, on est sous-développé, on a besoin d'industrie.
10:44 Avant, ça résonnait de loin dans mes oreilles parce que je ne me sentais pas concerné.
10:49 C'est maintenant, j'ai compris qu'en fait, tout ça, on l'apprenait parce que c'est nous qui devions venir faire ça.
10:54 Et donc, c'était surtout le message que je voulais faire passer en participant à cette émission.
11:00 Je me suis dit, bon, écoute, c'est vrai qu'il y a le financement, il y a le coaching et tout, mais c'est une opportunité aussi pour faire comprendre à toute la jeunesse Ivoirienne,
11:09 Africaine, qu'on a cette opportunité là qui nous attend, le pays nous attend et que nous devons jouer notre partition.
11:16 Alors, après, après cette collecte là qui a eu lieu, est-ce qu'on peut ouvrir l'usine? Est-ce qu'on a tout ça?
11:24 Oui, bon, la collecte, finalement, va se faire en deux phases. On a une première phase où c'était vraiment des contributions spontanées.
11:32 Des personnes qui, depuis des années, me suivent, qui me portent, qui portent le projet, je veux dire, qui ont ce rêve avec moi de voir cette industrie avec tout ce que ça peut créer, naître.
11:46 Donc, du coup, il y a eu des contributions volontaires et tout. Et puis, bon, après, nous avons mis en place maintenant une collecte beaucoup plus formelle,
11:58 beaucoup plus, qui va emmener à une participation. Je pense que ça aussi, ça fait partie de mes ambitions, de ma vision, de voir qu'on peut se réunir tous autour d'un projet
12:12 qui va créer de la valeur, créer de la richesse, afin qu'on puisse partager cette richesse-là. Donc, oui, il y a une collecte qui a été lancée.
12:21 Ça en suit un grand funding participatif où il y aura, bon, il y aura tous les détails. On a encore su des petits détails. Et dès qu'on finalise, c'est information.
12:36 Très bien. Alors, justement, je voulais parler aussi des acteurs. Pourquoi les acteurs ici, on n'a pas l'habitude de voir des acteurs d'un même secteur s'unir pour développer certaines choses ?
12:50 Les acteurs dans le secteur de la transformation de la mangue pourraient s'unir et ouvrir une très grande usine. Ça profiterait à tous, non ?
12:59 Oui, absolument. Je pense que c'est beaucoup plus culturel qu'on n'ait pas cette facilité-là de se mettre ensemble pour travailler.
13:07 Depuis que je porte ce projet, je dirais que c'est une des raisons pour lesquelles je suis peut-être un peu en retard, mais qui va me permettre aussi d'avancer,
13:18 parce que j'ai voulu faire comprendre à tout le monde que c'est une énorme chaîne de valeur. Moi, mon cœur de métier que j'ai choisi dans ça, c'est la transformation, la production.
13:28 Et à côté de ça, il y a la distribution. À côté de ça, il y a les équipements. À côté de ça, il y a les emballages, l'étiquettage, la communication. Il y a tout.
13:47 Donc, se mettre ensemble, c'est être plus fort pour porter le projet. Donc, si Aïcha elle seule veut porter ça, il faut qu'elle ait un gros background.
13:57 C'est sûr.
13:58 Ce qui n'est pas évident. Bon, je pourrais dire, contente-toi d'avoir de petits rêves et d'évoluer et tout, mais c'est vraiment frustrant de voir qu'on peut faire énormément.
14:09 Si on arrive à se mettre ensemble, on n'a pas besoin forcément d'aller doucement, doucement. On peut vraiment réaliser quelque chose si on arrive à combiner nos forces.
14:19 On dit seul, on va plus vite ensemble, on va plus loin. Merci beaucoup Aïcha d'avoir accepté de passer sur ce plateau.
14:27 Merci à vous, chers téléspectateurs. J'avais avec moi, en ma compagnie, Aïcha Diaby. Elle est la promotrice de la marque Acadie.
14:36 Elle fait de la transformation de mangue en jus, en nectar et en beurre.
14:41 C'est bien ça.
14:42 Merci encore de nous avoir suivi. L'information continue sur CETInfo et sur www.cetinfo.ci.
14:49 [Musique]

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