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Regardez L'invité de RTL du 02 janvier 2024 avec Yves Calvi.

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00:02 RTL Matin
00:06 RTL, il est 7h43. Soyez les bienvenus en ce 2 janvier 2024. Bonjour Jean-Daniel Lévy.
00:12 Bonjour.
00:12 Vous êtes directeur délégué de l'Institut de sondage Aris Interactive et vous publiez ce matin en exclusivité pour RTL
00:17 votre baromètre annuel sur l'état d'esprit des français. Et alors, grande surprise, nous sommes optimistes.
00:23 C'est la première fois depuis le Covid, non ?
00:26 C'est exactement la première fois depuis le Covid. On peut peut-être rappeler que c'est la
00:29 15e édition. Donc c'est une enquête que l'on suit depuis de nombreuses années. Et tout se passe comme si les français avaient
00:36 refermé un peu la période Covid. Alors évidemment, ils ne nous le disent pas en tant que tel,
00:40 mais quand on prend les données, quand on demande aux français de manière globale, est-ce qu'ils ont le sentiment que l'année passée a été
00:45 une année plutôt positive ou plutôt négative ? On a un peu plus d'un français sur deux qui dit "oui, l'année passée a été une année
00:50 plutôt positive".
00:52 Et ce qui est exactement le même niveau que ce que nous obtenions fin 2019.
00:56 Et ça les aide à se projeter dans l'année à venir ? Parce que ça peut quand même surprendre, on a l'inflation, la guerre, le dérèglement climatique...
01:01 Absolument.
01:02 Ça fait beaucoup, non ?
01:03 Alors, ça fait beaucoup. Ça fait beaucoup d'éléments qui peuvent donner le sentiment que le moral ne serait pas forcément
01:08 exactement au bon niveau. On va le voir ensemble tout à l'heure. Mais c'est vrai qu'on est face à des français qui sont préoccupés,
01:13 vous l'avez indiqué, par l'inflation, par le terrorisme, par des questions de sécurité et également par la situation au niveau international.
01:17 Mais quoi qu'il en soit, je pense qu'on a tendance à oublier à quel point
01:22 la période Covid et également les préoccupations en matière d'emploi
01:26 plombaient, si je peux utiliser cette expression, profondément le moral des ménages. C'est quand même la première fois
01:32 depuis plus de 40 ans que la thématique de l'emploi n'a pas constitué au cours de la dernière élection
01:38 présidentielle la première motivation de vote des français. Et c'était quand même un sujet qui était un sujet
01:42 structurant de la société française et qui a tendance quand même aujourd'hui à devenir
01:45 beaucoup moins prégnant auprès de l'ensemble des personnes qu'on peut être amené à interroger. Et la question de Covid,
01:50 qui était également là, on voit bien, une question qui était une question endémique, même l'an dernier à cette période là, on ne savait pas
01:56 exactement à quel niveau nous en étions, fait qu'il y a un petit bonheur ou un petit bol d'espoir de la part de nos compatriotes.
02:02 - Est-ce que nous sommes bien d'accord ? Ça concerne toutes les catégories de français ?
02:05 - Alors, ça concerne quasiment toutes les catégories de français. En tout cas, ce qui est certain, c'est qu'en matière d'évolution,
02:09 quand on compare par rapport à l'enquête que nous avions réalisée pour RTL l'an dernier,
02:14 il y a une progression auprès de toutes les catégories de population. Les hommes comme les femmes, les jeunes comme les personnes âgées,
02:19 les personnes qui sont issus des catégories populaires, comme la part des personnes qui sont
02:23 beaucoup plus des catégories supérieures. Si on doit avoir une petite nuance,
02:27 nous avons aujourd'hui une jeunesse qui est un petit peu plus optimiste à l'égard de l'avenir
02:33 que les personnes qui sont les plus âgées dans notre échantillon.
02:36 - C'est ça qui m'a un peu émerveillé. Les plus optimistes, ce sont les jeunes 72% des moins de 35 ans.
02:40 - Parce que moi, très honnêtement, on ne peut pas dire que la projection dans l'avenir de la société, de l'avenir du monde, sera
02:47 exceptionnelle en ce moment. - Alors c'est vrai, mais on sait que c'est également la frange de population qui souvent est la plus inquiète dans
02:52 sa capacité à pouvoir s'inscrire dans la vie de tous les jours et notamment dans la vie activée.
02:57 - Mais qu'est-ce qui les rend optimistes ? Les Jeux Olympiques ?
02:59 - Ce n'est pas les Jeux Olympiques, ni la question de l'inflation.
03:04 Mais ce qui les rend un peu moins
03:06 "pessimistes" que par le passé, c'est le fait qu'ils peuvent se dire
03:09 "j'ai la possibilité de pouvoir trouver un emploi beaucoup plus facilement que les générations passées". Et on sait que les jeunes, quand on les
03:14 interrogeait précédemment, nous disaient "je peux faire des études, je peux m'impliquer, je peux chercher à tout faire pour pouvoir trouver un métier, je n'y
03:21 parviens pas".
03:23 Aujourd'hui, on sait que ce sujet-là est un peu moins valable de la part des jeunes générations et il y en a même des jeunes
03:27 générations qui disent "je peux plus
03:29 choisir
03:31 l'entreprise ou le métier que je veux faire parce que c'est moi qui vais avoir une forme de rapport de force plus favorable à l'heure actuelle
03:37 que ce pourrait être le cas par le passé". - En l'occurrence, ils ont raison. Cet optimisme, est-ce qu'il est partagé quel que soit l'appartenance
03:42 politique ? Parce que c'est toujours intéressant de croiser tout ça, vous savez. - Alors, il n'est pas tout à fait partagé selon la proximité politique.
03:48 Assez logiquement, mais s'agirait de dire c'est assez attendu de la part des personnes qui ont voté pour Emmanuel Macron
03:54 au premier tour de la dernière élection présidentielle ou les personnes qui sont, qu'on va qualifier, proches des partis de
04:00 gouvernement, c'est-à-dire au centre gauche ou au centre droit, se déclarent plus optimistes que le reste de la population.
04:05 Les personnes qui sont les plus pessimistes, les plus critiques,
04:08 sont celles qui sont les plus à droite, c'est-à-dire celles qui votent pour le Rassemblement National ou celles qui peuvent voter pour Éric Zemmour à la
04:14 dernière élection présidentielle. - La priorité pour les Français reste évidemment le pouvoir d'achat, j'imagine ? - Oui,
04:19 alors ça apparaît comme étant une évidence, même si c'est pas forcément le premier sujet dont il est question souvent dans les médias, c'est-à-dire
04:25 ou de la part des responsables politiques.
04:26 Ce qui est assez frappant dans le cadre de cette enquête, c'est-à-dire qu'on a beaucoup parlé au cours de la période récente
04:30 des thématiques en matière de sécurité, en matière d'immigration.
04:33 Ce sont des sujets qui sont certes présents, on le voit bien dans le cadre de notre enquête, mais malgré tout,
04:38 étude après étude, on peut voir que la question du pouvoir d'achat est une question structurante. - Elle est là. - Elle est là, et elle est là
04:43 de manière surprenante à certains égards, c'est-à-dire qu'on aurait pu s'attendre à ce que ce soit les personnes qui sont issues
04:48 des catégories populaires, les personnes qui ont le plus de difficultés à pouvoir boucler leur fin de mois, qu'ils le mettent en avant. C'est vrai,
04:54 mais ce ne sont pas les seules populations. - La classe moyenne aussi ? - On peut voir que même la classe moyenne, voire même les classes supérieures
04:59 aujourd'hui disent et déclarent qu'elles sont non seulement préoccupées à l'égard du pouvoir d'achat, à l'égard de l'inflation,
05:06 mais également qu'elles émettent des interrogations majeures à l'égard de l'avenir. - Deuxième priorité, la lutte contre le terrorisme,
05:11 plus 12 points en un an, si je ne m'abuse.
05:13 Comment l'expliquer ? - On a quand même vécu des événements dramatiques, déjà sur notre territoire national, on peut le rappeler,
05:20 avec des assassinats qui ont été majeurs et qui ont marqué nos compatriotes. On a également une situation internationale
05:26 à laquelle les Français sont loin d'être absolument insensibles. On peut voir en fait ce qui se passe entre Israël et le Hamas, on peut voir
05:33 également ce qui se passe
05:34 en Ukraine avec la Russie, on peut voir également la manière dont les Français
05:38 soient ou entendent parler d'actes terroristes qui ont pu soit avoir lieu,
05:43 soit ont été empêchés de la part de nos forces de police. - Alors autre enseignement de votre baromètre, et il est ultra sensible,
05:49 76% des Français, 76% des Français, se disent inquiets ou plutôt inquiets concernant l'immigration
05:56 et parmi eux notamment les électeurs de gauche. - Absolument, et notamment avec une progression qui est une progression nette par rapport à l'enquête que nous avons pu réaliser
06:04 pour vous l'an dernier, avec une progression de 10 points du niveau en fait d'inquiétude et également d'assignation d'action à l'égard du gouvernement,
06:11 avec derrière cette évolution
06:14 un point qui est assez sensible, c'est-à-dire que les électeurs de gauche qui jusqu'à présent étaient quand même beaucoup moins
06:20 enclin à parler d'immigration, en parlent plus cette année que par le passé. Même les jeunes générations
06:26 en général en avaient tendance à dire c'est un enjeu qui touche aujourd'hui les catégories populaires, les personnes âgées
06:31 et les personnes qui vivent dans des milieux ruraux. Il y a une forme d'homogénéisation de la perception. - J'aimerais comprendre, ils l'ont toujours pensé
06:37 et ils osent le dire ou de fait c'est devenu une réelle préoccupation ?
06:41 Vous comprenez ma question ? - Je comprends entièrement votre question, on peut adhérer à un système de valeurs
06:46 et en même temps soi-même être angoissé par un certain nombre de choses. - En général
06:49 lorsqu'ils ont quelque chose à nous dire, les Français ne se privent pas de nous le dire. Donc ils nous le disaient,
06:54 en tout cas s'ils ne nous le disaient pas par le passé, c'est que c'était pas vraiment un vrai sujet de préoccupation, ça devient un sujet
06:58 de préoccupation qui a grandi. On peut voir aujourd'hui qu'il y a des interrogations concernant les flux migratoires, on peut voir qu'il y a aujourd'hui des interrogations
07:04 concernant la capacité à pouvoir maîtriser les personnes qui sont présentes sur notre territoire. - Donc intégration. - Et ça va toucher la question d'intégration, ça va
07:11 toucher la question à dimension culturelle. On le voit également dans le cadre de notre enquête, notre modèle social qui peut parfois être interrogé avec
07:19 l'arrivée de personnes sur notre territoire dans un contexte, vous l'avez rappelé,
07:23 d'inflation et de perception qui d'un point de vue économique n'apparaissent pas comme étant majeurs et qui préoccupent aujourd'hui,
07:28 beaucoup plus que par le passé, les catégories populaires. - Alors deux thèmes qui m'ont surpris,
07:32 l'écologie, l'Europe, on a l'impression que ça n'intéresse pas grand monde. - Alors un, le président de la République l'a rappelé,
07:37 il va y avoir des élections européennes le 9 juin prochain,
07:40 c'est vrai que c'est pas un sujet d'actualité, on voit bien que c'est pas un sujet de préoccupation aujourd'hui dans le cadre de cette enquête,
07:45 et vous l'avez souligné, on est face à des Français qui sont extrêmement ambivalents concernant la question écologique et environnementale.
07:51 Ils sont préoccupés aujourd'hui à l'égard des dimensions écologiques et environnementales,
07:55 l'aspect de dérèglement climatique les préoccupe, et en même temps
07:59 ils se disent, est-ce que les mesures qui sont aujourd'hui prises au niveau de gouvernement nous permettent de concilier la préoccupation majeure
08:06 en matière d'inflation, qui est une préoccupation immédiate, et les préoccupations que l'on peut avoir
08:10 de manière un peu plus différée concernant les enjeux écologiques et environnementaux. - Ça veut dire que la question de l'argent et de l'économie
08:17 domine celle de l'avenir de la planète ?
08:20 - Ça veut dire qu'aujourd'hui elles apparaissent comme étant antinomiques.
08:23 - La fin du mois, c'est la fin du monde ? - C'est ça, c'est l'un ou l'autre, et avec la perception que avec les politiques publiques qui
08:30 sont déployées à l'heure actuelle, ce sont des politiques qui peuvent être vertueuses en matière d'écologie et d'environnement,
08:35 mais qui peuvent être amenées à toucher au portefeuille des Français, et pas de n'importe quel Français,
08:40 les personnes qui sont issues des catégories populaires, ou les personnes qui ont le plus de mal à pouvoir
08:44 boucler leur fin de mois. - Nous sommes à ce point si peu intéressés, nous Français, par l'élection européenne et par la construction européenne ?
08:51 J'utilise des termes un peu rudes parce que on vient de perdre Jacques Delors, qui était un homme de coeur et un européen absolument
08:56 convaincu. On lui doit l'euro, Erasmus, le marché unique, et je me disais que peut-être, alors je
09:01 fantasme, ça pourrait avoir une influence sur notre curiosité pour l'Europe. - Alors pour l'instant il y a une forme de curiosité pour l'Europe, c'est
09:08 pas la première des priorités de nos compatriotes, et on voit bien, je pense que c'est important de le rappeler, que malgré tout,
09:13 au cours des élections européennes, il y a une participation qui n'est pas si faible que cela. On peut rappeler qu'au cours de la dernière élection présidentielle,
09:19 si vous me permettez,
09:21 c'est un petit rappel, on a eu plus d'un Français sur deux qui a voté aux dernières élections
09:24 européennes, c'est-à-dire plus de personnes qui sont déplacées aux dernières élections législatives. Donc il y a une participation plus importante à cette élection
09:31 transnationale, si je peux utiliser cette expression là, par rapport à une élection qui est une élection purement locale. En général, les Français en général se passionnent
09:38 pour l'Europe au cours des quelques jours qui précèdent un scrutin européen. - Vous êtes un homme de synthèse, et ce sera ma
09:43 dernière question, qu'est-ce que vous retenez, vous, qu'est-ce qui vous frappe dans cette enquête que vous menez cette année ?
09:46 L'idée qu'il faut qu'on garde avec nous ce matin ? - On est face à des Français qui, contrairement à ce à quoi on aurait pu s'attendre,
09:52 des Français qui sont plus optimistes pour l'année à venir que ce à quoi on aurait pu s'attendre.
09:57 - Merci infiniment Jean-Daniel Lévy d'être venu en studio pour nous présenter ce son.
10:01 de la France.
10:02 [SILENCE]

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