• il y a 2 ans
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Le livre "Voyage en misarchie" : https://librairie-quilombo.org/voyage-en-misarchie

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Pour changer le système :
Réclamer le RIC constituant : https://petitions.assemblee-nationale.fr/initiatives/i-2082
Changer de banque: https://www.lanef.com/ https://change-de-banque.org/particulier/
Passer à l'action militante: https://extinctionrebellion.fr/ https://derniererenovation.fr/
Changer de travail : https://jobs.makesense.org/fr

Sources
Je vous invite vraiment à aller visionner l'interview complète, ça met des étoiles dans les yeux.
Dockes chez Elucid https://www.youtube.com/watch?v=49_W7PFpbtA
Musique https://www.youtube.com/watch?v=UJdogwBtZvw

Réponses au quiz de fin :

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Que signifie la misarchie ?
Système qui n'aime pas les pouvoirs.

Quelles sont les 3 formules pour résumer la misarchie ?
Qui use acquiert.
Qui délaisse laisse.
Tout s'écoule : rien ne doit être figé car la vie s'écoule, il faut que les droits soient indexés à ça.

Quels outils utilise la misarchie pour lutter contre les inégalités ?
Flux financiers transparents.
Double organe de contrôle.
Impôts : tranche d'impôt élevé pour les revenus élevés.
Déperdition économique au cours du temps.

#dockès #misarchie #elucid #pouvoir #démocratie #économie #politique #président #flux #finance #interview #extrait #ilnousfautunplan #ethiqueettac
Transcription
00:00 [Musique]
00:08 "Voyage en misarchie".
00:10 On va beaucoup en parler, vous allez nous expliquer un peu.
00:13 C'est un roman qui donne des pistes qui permettent de voir que
00:18 un autre monde est possible, que de nombreux autres mondes sont possibles.
00:21 Vous proposez des pistes de refondation sociale dans le cadre de ce roman.
00:27 Pour commencer, j'ai envie de vous demander, c'est quoi alors la misarchie ?
00:31 La misarchie, ce n'est pas très compliqué.
00:33 C'est construit sur deux racines, archie et mise.
00:36 Plutôt mise et archie.
00:37 Mise, qui n'aime pas, et archie, c'est pouvoir.
00:39 Qui n'aime pas le pouvoir, qui déteste le pouvoir, comme misogyne,
00:43 qui n'aime pas les femmes, etc.
00:45 C'est une idée qui est assez simple.
00:49 Les valeurs les plus traditionnelles, et qui sont en fait les miennes,
00:52 de ce point de vue-là, je n'ai pas d'originalité,
00:54 c'est la liberté et l'égalité.
00:56 Ce sont deux valeurs de base qu'on retrouve absolument partout,
00:59 pas très bien appliquées, mais qu'on retrouve vraiment partout.
01:02 Et de temps en temps, elles s'opposent un peu,
01:05 mais de temps en temps, elles marchent ensemble.
01:07 Et elles ont un vrai point commun, ces deux valeurs-là,
01:10 l'égalité et la liberté, c'est d'être contre le pouvoir.
01:14 Parce que quand vous avez beaucoup de pouvoir, forcément,
01:16 l'égalité, ce n'est pas terrible.
01:17 Et quand vous avez beaucoup de pouvoir, vous êtes soumis,
01:19 et si vous êtes soumis, forcément, vous n'avez pas beaucoup de liberté.
01:22 Et donc, en fait, cette racine-là, qui est commune à la liberté et à l'égalité,
01:27 c'est la méfiance vis-à-vis du pouvoir, la crainte du pouvoir.
01:30 Et donc, c'est une base qui me semble absolument cruciale.
01:34 Une des façons de réduire la violence, ça peut découler aussi,
01:38 c'est quelque chose que vous développez bien dans le livre,
01:40 qui est la lutte contre les inégalités.
01:42 Il y a beaucoup moins d'inégalités en misarchie.
01:45 Alors, comment ils font ?
01:47 Pfff ! Alors, encore une fois, il n'y a pas une baguette magique.
01:51 J'ai un arsenal anti-inégalités qui est vraiment assez large.
01:56 J'ai plusieurs fers au feu, certains sont simples,
01:58 comme l'impôt, des choses comme ça.
02:01 - Enfin, ce n'est pas trop vite, c'est important l'impôt aussi,
02:03 il faut en dire un mot.
02:04 - Oui, oui, donc l'impôt, il y en a, parce que j'ai des services publics,
02:07 je suis pour les services publics, donc j'ai de l'impôt.
02:09 Bon, j'ai des prélèvements obligatoires.
02:12 - Parce que vous rappelez aussi que le niveau d'imposition
02:14 était beaucoup plus élevé dans les Trentes Glorieuses,
02:16 et que ça apanuit a priori à la croissance.
02:19 Il faut le rappeler aux gens, parce que je sens qu'ils sont jeunes,
02:21 ils n'ont pas connu ça, ils ont un discours néolibéral depuis qu'ils sont nés.
02:25 - C'est-à-dire qu'on a toujours l'impression que la situation actuelle
02:29 est grosso modo la seule chose possible,
02:32 et qu'on peut bouger un tout petit peu par là, un tout petit peu par là,
02:35 et que si on s'éloigne de ça, on va arriver à quelque chose de…
02:40 ce n'est pas réaliste, c'est n'importe quoi.
02:42 - Les riches vont partir.
02:43 - Voilà. Alors, prenons par exemple un taux d'imposition,
02:46 au-delà d'une certaine somme, naturellement, de 95 %.
02:50 Alors, ils vont dire "c'est spoliation, comment, mais les gens vont s'enfuir".
02:56 - Je dirais même "anticonstitutionnel", je pense,
02:58 maintenant ils sont capables de nous le faire, ceux-là.
03:00 - Ils sont capables de nous dire "anticonstitutionnel" parce que "spoliateur".
03:03 Oui, oui, ça pourrait être même considéré comme anticonstitutionnel.
03:07 Et alors, on pourrait se dire "jamais une chose pareille ne pourrait marcher".
03:13 Mais c'est historiquement archi faux.
03:17 Le Royaume-Uni avait un taux d'imposition maximum de plus de 90 %
03:24 avant Margaret Thatcher.
03:26 Donc avant Margaret Thatcher, ça nous emmène en 79.
03:29 Donc ça veut dire qu'ils ont eu des taux comme ça, au-delà de 90 %,
03:33 entre 1945, même un petit peu avant, jusqu'en 1979.
03:38 Qu'est-ce qui s'est passé ?
03:39 Tous leurs riches se sont enfuis et ce pays a sombré dans la misère ?
03:43 Ah non, c'est les 30 glorieuses.
03:46 C'est les 30 glorieuses, ça n'a pas été si catastrophique que ça.
03:50 Et encore, ils n'avaient pas de contrôle des flux financiers.
03:54 Alors avec un peu de contrôle des flux financiers,
03:56 on peut rendre la chose beaucoup plus efficace et beaucoup plus effective.
03:58 - Ça n'était pas aux États-Unis d'ailleurs, il n'y a pas que les...
04:00 - Oh non, bien naturellement, avant Reagan, les États-Unis,
04:02 ils étaient aussi à plus de 90 %.
04:04 En fait, les taux d'imposition très élevés pour les revenus très élevés,
04:09 ça a été quelque chose de complètement banalisé.
04:12 - Oui, parce qu'en fait, vous visez à limiter les accumulations de richesses.
04:15 - Ah oui, donc je veux effectivement limiter les accumulations de richesses.
04:18 - Je vous ai un peu connu, on parlait de l'impôt, mais il y avait d'autres systèmes aussi.
04:20 - Non, il y avait des trucs plus intéressants, enfin plus intéressants.
04:24 Il faut réfléchir à la propriété.
04:27 Alors, la propriété est un système qui présente des avantages,
04:33 à savoir la maîtrise par une personne des objets qu'elle utilise.
04:40 Et ça, c'est pas mal, parce que du coup, je suis assez autonome dans ma vie.
04:44 Si je suis propriétaire de mon vélo, je peux en faire ce que je veux,
04:49 et c'est moi qui l'utilise et c'est bien pratique.
04:51 Et je peux être propriétaire de mon logement aussi,
04:53 comme ça, personne ne vient m'emmerder, m'expulser ou je ne sais pas quoi.
04:57 Donc, la propriété permet de créer de l'autonomie.
05:00 Donc, je la maintiens.
05:02 L'idée, c'est qu'il s'agit de faire en sorte que les personnes qui usent des biens
05:06 soient autant que possible propriétaires de ces biens.
05:08 Mais ce que je veux dire, c'est que la propriété,
05:10 puisqu'on parle d'inégalité et d'accumulation,
05:13 c'est que la propriété engendre la propriété.
05:15 Vous avez vu, plus vous êtes riche, plus vous avez de moyens,
05:18 plus vous avez le moyen d'en acquérir de nouveau.
05:20 Et plus vous êtes riche, plus vous êtes riche.
05:22 Et plus vous êtes pauvre, plus vous êtes pauvre.
05:24 Et donc, il y a un effet boule de neige qui crée de l'accumulation.
05:29 Donc, l'objectif, c'est d'empêcher cette création d'accumulation
05:32 qui est la source de grandes inégalités.
05:35 Donc, il faut faire en sorte que la propriété soit quelque chose
05:40 qui perde de la valeur.
05:42 Alors, d'un côté, la propriété permet d'accumuler plus.
05:46 Donc, ça fait monter.
05:48 Et puis, de l'autre côté, il faut que la propriété perde de la valeur.
05:51 Donc, ça, ça fait baisser.
05:53 Donc, on peut arriver à un truc à peu près équilibré.
05:55 Et il faut que toutes les propriétés soient en quelque sorte fondantes en valeur.
06:01 Ce n'est pas si compliqué que ça, j'imagine.
06:04 Par exemple, il suffit de faire des propriétés viagères pour les appartements.
06:10 Ça existe, le viagé.
06:12 Quand vous avez une propriété viagère, c'est-à-dire qui disparaît ou un usufruit,
06:16 quand vous avez ce qu'on appelle un usufruit,
06:18 eh bien, la valeur de votre usufruit, c'est calculé par les notaires,
06:22 c'est extraordinaire, ça dépend de votre espérance de vie.
06:25 Donc, si en vieillissant, et je le regrette, par ailleurs,
06:29 en vieillissant, l'espérance de vie a tendance à baisser.
06:32 Et donc, la valeur de l'usufruit qui arrête, l'usufruit lorsque vous êtes mort,
06:38 eh bien, la valeur de l'usufruit, elle décroît avec votre espérance de vie.
06:42 Et donc, on a bien là un droit réel sur une chose.
06:47 Personne ne peut vous chasser de votre appartement, donc vous êtes usufruitier.
06:51 Donc, vous avez un droit réel sur une chose, vous êtes autonome sur cette chose,
06:55 mais la valeur de ce bien décroît avec votre espérance de vie.
06:59 Et de ce fait-là, vous avez bien une valeur de propriété qui est décroissante,
07:04 donc ça ne va pas vers l'accumulation, mais au contraire vers l'aménuisement,
07:09 tout en préservant ce qui est essentiel, à savoir cette propriété d'autonomie
07:13 qui vous permet d'être propriétaire des biens que vous utilisez,
07:16 et donc d'éviter que d'autres viennent avoir une emprise sur vos biens,
07:20 et donc sur votre vie.
07:21 - Dans ce système, les gens ne sont pas locataires, en fait.
07:23 - Non, la location, c'est quelque chose qu'on essaye de prohiber.
07:27 - Alors, comment ? Vous l'avez dit un peu de façon théorique,
07:30 mais de façon pratique, ça se passe comment, alors ?
07:32 Tout le monde devient propriétaire, mais comment ?
07:34 Ça coûte cher.
07:36 Quel est le propriétaire des logements à qui vous l'achetez, finalement ?
07:40 Comment ça se passe ?
07:41 - Alors, on peut très bien se les vendre les uns aux autres.
07:46 Ça ne pose pas de problème.
07:49 - Et finalement, c'est le prix qui est régulier.
07:51 - Absolument.
07:52 Alors là, forcément, on rentre dans un truc un petit peu plus compliqué.
07:55 Limite, il faudrait que je fasse un schéma.
07:57 Mais l'idée que je viens d'essayer d'expliquer,
08:01 c'est qu'on ne peut avoir pour les logements que des propriétés viagères,
08:07 c'est-à-dire pas des propriétés perpétuelles,
08:09 des propriétés qui durent pour des générations et des générations.
08:13 Du coup, pour simplifier, j'ai dit que la valeur d'un bien,
08:18 on comptait que c'était 100% de la valeur de ce bien,
08:21 sans que ça corresponde à l'espérance de vie de 100 ans.
08:24 Optimisme.
08:25 Mais bon, simple.
08:27 Donc j'ai un bien et je considère que, par exemple,
08:30 il vaut 200 000 sur 100 ans,
08:36 parce que c'est une valeur complète, en quelque sorte.
08:39 Si j'ai 50 ans, mon espérance de vie théorique,
08:43 c'est plus que de 50 ans.
08:47 C'est la moitié.
08:48 Donc le bien, quelle est la valeur de mon droit sur ce bien ?
08:53 C'est la moitié.
08:54 50 nez.
08:55 Donc si je vous vends ce bien, je vais toucher 50 nez.
08:59 Et vous, vous allez payer combien ?
09:01 Ça dépend de votre âge, parce que vous allez acheter un droit viagé.
09:03 Si vous avez 4 ans, vous allez payer 96% du bien, de la valeur,
09:08 donc ça fait beaucoup plus que ce que je touche.
09:11 Et la différence est récupérée par une espèce de fond général.
09:14 Si vous êtes plus vieux que moi, forcément le droit que vous achetez
09:17 est un droit plus court, vous avez déjà 80 ans,
09:19 vous payez plus que 20%.
09:21 Alors qui va me payer la différence ?
09:23 Le même fond va me payer la différence.
09:26 Donc à la fin, ça s'équilibre, il n'y a pas de problème.
09:28 Et donc on achète, on peut comme ça se vendre des droits viagés
09:31 les uns aux autres avec une espèce de fond de compensation.
09:34 Lorsque la mort survient, hélas, tous les biens font retour
09:39 à ce fond de compensation, qui à ce moment-là,
09:41 les remet aux enchères et il accumule rien du tout.
09:44 Et les gens, à ce moment-là, peuvent racheter des biens.
09:47 Ce qui fait qu'on est toujours propriétaire d'un droit viagé.
09:49 Ça coûte beaucoup moins cher.
09:52 Actuellement, on paye des droits perpétuels.
09:54 Donc du coup, ça coûte très cher.
09:56 Et alors vous rajoutez là-dessus une refonte du système bancaire
10:00 qui va vous permettre, parce qu'on n'a pas parlé de la banque,
10:03 mais forcément il faut changer la banque aussi.
10:05 Donc on refonde le système bancaire.
10:07 Vous pouvez emprunter aussi longtemps que votre espérance de vie
10:11 et vous avez des garanties de revente au même prix.
10:14 Donc du coup, quand je veux acheter mon bien
10:18 pour un droit de 70 ans, parce que j'ai 30 ans,
10:21 ce n'est pas tout à fait le cas,
10:23 à ce moment-là, forcément ça coûte un peu cher,
10:26 je vais voir un banquier et mon espérance de vie théorique est de 70 ans.
10:30 J'emprunte sur 70 ans.
10:32 Et comme j'ai une garantie de revente au même prix,
10:34 ça va me coûter quoi ?
10:36 Ça va me coûter moins cher qu'aujourd'hui,
10:38 parce que déjà c'est un bien viagé,
10:40 donc ça coûte beaucoup moins cher qu'un bien perpétuel.
10:42 Ensuite, comme j'ai emprunté sur 70 ans,
10:44 ça va me coûter beaucoup moins cher qu'un loyer.
10:46 - Sans intérêt ?
10:48 - Sans intérêt, oui.
10:50 Le taux d'intérêt, on pourrait en parler,
10:52 mais normalement les comptes en banque ont un taux d'intérêt négatif
10:54 parce que je veux que tout décroisse et que la valeur décroisse.
10:56 Donc du coup, si vous n'avez pas de taux d'intérêt,
10:58 c'est quand même pas mal par rapport à la valeur qui est sur un compte en banque
11:02 dont la valeur décroît doucement.
11:04 Et donc pour ceux qui ont beaucoup,
11:06 il y a une petite perte.
11:08 C'est comme une petite ponction,
11:10 ce qui permet d'avoir cette propriété décroissante un peu partout.
11:12 - Donc en fait, il n'y a pas de spéculation,
11:14 il n'y a pas de bulles immobilières, c'est ce genre d'idée en fait ?
11:16 - Donc ça permet d'éviter ça,
11:18 et ça permet, et ça c'est à mon avis très important,
11:22 de baisser considérablement le coût du logement.
11:27 Actuellement, quand vous regardez le budget des personnes,
11:30 le coût du logement est une dimension très importante.
11:33 Et c'est problématique.
11:38 Ça vient de plein de raisons,
11:40 et notamment du fait de cette propriété perpétuelle qui coûte très cher,
11:44 du fait des loyers, du coup on exige des gens qui coûtent très cher,
11:48 des emprunts qui sont sur des durées avec des taux d'intérêt élevés, etc.
11:51 qui coûtent très cher.
11:53 Et donc tout ça fait que le logement,
11:55 sans compter les bulles, les spéculations,
11:58 le logement coûte terriblement cher.
12:00 Donc avec un système comme celui-là,
12:02 il n'y a aucun doute qu'on obtiendra un effondrement des prix de l'immobilier.
12:07 Ce qui me va très bien.
12:09 Je voudrais que l'immobilier soit beaucoup moins cher,
12:12 pour que les gens puissent se loger décemment à des prix abordables,
12:17 et qu'ils puissent consacrer une partie importante de leurs revenus
12:20 sur d'autres postes que le logement.
12:24 - Et dans votre système de misarchie,
12:25 finalement ce système est basé sur deux ou trois principes
12:29 que vous avez résumés dans des jolies petites formules.
12:33 - Alors par exemple, qui use à qui her ?
12:36 L'objectif c'est que soit propriétaire d'un bien,
12:40 celui qui utilise ce bien.
12:42 Pour une raison toute simple,
12:43 c'est que lorsque le propriétaire est aussi l'utilisateur,
12:46 la propriété permet de renforcer l'autonomie de l'utilisateur.
12:50 Alors que lorsque le propriétaire, c'est quelqu'un d'autre que l'utilisateur,
12:55 et bien ce quelqu'un d'autre, parce qu'il est propriétaire de ce qu'utilise le premier,
12:59 ce quelqu'un d'autre va avoir forcément un pouvoir sur le précédent.
13:03 Donc il faut faire attention,
13:05 il faut essayer d'avoir une espèce de coïncidence
13:07 entre l'usage d'un bien et la propriété d'un bien.
13:11 Donc comment faire ?
13:12 Il faut faire en sorte que toute personne qui use un bien
13:15 soit finalement dans la position d'acquérir ce bien,
13:18 et qu'en sens inverse, lorsque vous n'utilisez plus un bien,
13:21 vous en perdez la propriété.
13:23 - Qui délaisse laisse ?
13:24 - Voilà, qui délaisse laisse.
13:26 Donc si typiquement vous êtes propriétaire usufruitier même de votre appartement
13:30 et que vous ne vous en servez plus,
13:32 et bien au bout d'un moment, moyennant indemnisation,
13:35 à la hauteur de la valeur de votre droit,
13:37 on vous privera de ce droit que vous n'utilisez pas
13:40 afin qu'une personne puisse l'utiliser.
13:42 - Votre deuxième principe, c'est "tout s'écoule"
13:44 et il est vraiment central dans ce système.
13:47 - Oui, "tout s'écoule" ça veut dire que rien ne doit être figé.
13:53 "Tout s'écoule", ça veut dire que la vie est limitée
13:59 et comme la vie s'écoule, malheureusement, mais c'est comme ça,
14:04 il faut que les droits soient eux aussi indexés à ça.
14:08 Et cette idée de déperdition progressive de la valeur,
14:13 elle est en fait fondamentalement indexée au caractère limité de la vie.
14:16 - Et vous parlez beaucoup de la monnaie dans votre livre.
14:20 Le héros est un peu choqué parce que finalement, il n'y a qu'une banque.
14:24 Comment ça marche alors la monnaie et les banques dans ce système ?
14:28 - Alors, j'ai du contrôle sur la monnaie.
14:32 Je pense que c'est...
14:35 Il y a du contrôle sur les armes à feu aussi.
14:38 Et la monnaie, ça peut être une sacrée arme à feu.
14:41 Donc il faut faire un tout petit peu attention à la monnaie.
14:45 C'est le moyen de l'accumulation
14:49 et c'est le moyen de domination terrible, on le sait.
14:52 Donc il faut faire un petit peu attention.
14:54 Faire un petit peu attention, ça veut dire...
14:57 Il faut contrôler.
15:00 Aujourd'hui, on vit dans une société où les flux financiers
15:04 sont susceptibles d'être rendus presque totalement opaques.
15:08 En faisant des sociétés écrans, avec des paradis fiscaux.
15:12 Si vous voulez planquer votre pognon, c'est pas très compliqué.
15:15 Si vous voulez cacher vos revenus, franchement, c'est pas très compliqué.
15:18 Vous mettez trois sociétés écran, c'est ce qu'ils font d'ailleurs.
15:21 C'est pas très difficile.
15:23 En revanche, si vous voulez cacher votre vie privée,
15:26 si vous avez des conversations intimes ou des choses comme ça,
15:29 pour les cacher, c'est très très difficile.
15:31 Parce que là, on écoute les portables, on écoute les conversations,
15:34 on peut lire vos e-mails.
15:36 Je pense qu'il faut inverser le truc.
15:38 Je pense qu'il faut crypter les e-mails,
15:40 qu'il faut que les conversations soient vraiment cachées.
15:43 En revanche, les flux financiers, je pense qu'ils doivent être transparents.
15:47 Donc la multiplication des banques et des personnes morales écran,
15:53 c'est quelque chose qui n'est pas terrible.
15:55 Vous avez six comptes en banque, ça va vous permettre de jouer.
15:58 Et deux d'entre eux sont dans des sociétés qui sont au Caïman,
16:01 ou je ne sais pas quoi.
16:03 Non, ce genre de système est problématique.
16:06 D'autant plus que, parmi mes objectifs, je veux lutter contre les inégalités.
16:09 Et donc, pour lutter contre les inégalités, je dois lutter contre les accumulations.
16:13 Et pour lutter contre les accumulations,
16:15 ce n'est pas très compliqué sur le papier.
16:17 On fait des taux d'imposition très élevés pour les revenus très élevés.
16:21 Il y a plein de règles possibles,
16:23 mais toutes ces règles-là, pour qu'elles fonctionnent,
16:26 supposent d'empêcher l'évasion fiscale, par exemple.
16:29 Et pour empêcher l'évasion fiscale, il faut un minimum de transparence.
16:32 Donc, une banque centrale, une certaine transparence.
16:35 Ah ! J'ai créé la possibilité d'un despotisme.
16:39 Je ne suis pas un gros naïf.
16:41 Je vois bien que derrière la connaissance des flux financiers,
16:45 la connaissance totale possible des flux financiers,
16:48 il y a la possibilité d'un contrôle très très fort sur les personnes.
16:51 Et donc, j'ai peur.
16:53 Donc, il va falloir que je trouve des contre-pouvoirs.
16:56 Donc, j'ai mis en place toute une série de contre-pouvoirs
16:59 qui font que ces flux financiers sont effectivement transparents,
17:02 mais il convient qu'il y ait très peu de personnes
17:05 qui aient accès à ces informations.
17:07 Et que ce soit seulement pour des raisons de type lutter contre l'évasion fiscale,
17:12 qu'on puisse avoir accès à ces informations.
17:14 Et donc, il nous faut des contrôleurs.
17:16 Ah ! Des contrôleurs, mon Dieu, ils sont dangereux.
17:19 Bon, alors, il faut que je mette des contrôleurs face aux contrôleurs.
17:22 Et alors, du coup, j'ai construit deux corps de contrôleurs
17:25 qui sont chargés de se contrôler les uns les autres.
17:28 Alors, pour qu'ils se contrôlent efficacement, il ne faut pas qu'ils s'allient.
17:31 Vous savez que le pouvoir a tendance à s'allier au pouvoir.
17:34 Vous n'avez qu'à regarder le sommet de l'État et le sommet du capitalisme.
17:37 Ils arrivent à s'entendre.
17:40 Normalement, l'un devrait être un contre-pouvoir par rapport à l'autre.
17:42 Ça marche à moitié.
17:44 Donc, il faut que mes contre-pouvoirs soient effectifs.
17:47 Donc, j'ai deux sortes de contrôleurs.
17:49 Comment faire en sorte qu'ils se contrôlent vraiment ?
17:52 Mais il faut qu'ils se détestent.
17:54 Alors, comment faire en sorte qu'ils se détestent ?
17:56 Très facile.
17:57 Il suffit de les recruter sur des bases complètement différentes.
18:00 Je recrute les uns avec un concours très mathématique,
18:04 genre grandes écoles, méritocratie, mais plutôt à 20 ans, 18 ans, très jeunes.
18:10 Une espèce de méritocratie de très très jeunes,
18:12 donc ils ne se prennent pas pour de la merde.
18:14 Forcément, les gars, ils ont réussi des grands concours, ils sont très fiers.
18:17 Ils se trouvent très très très intelligents.
18:19 Et ils forment une espèce de petite élite.
18:22 Et ils sont contents.
18:23 Et c'est eux qui vont contrôler, en fait, les opérations ?
18:25 Ils vont avoir accès et ils vont être juges, enfin ils vont être contrôleurs de ça.
18:30 Mais j'en mets d'autres qui sont recrutés sur une base complètement différente.
18:33 Donc là, ancienneté, éthique, qualité de l'air.
18:37 Vous avez été quelqu'un qui a...
18:39 Vous avez démontré votre altruisme, vous avez plutôt 40-50 ans.
18:45 Et donc, eux, ils se prennent pour des justes et bons, en quelque sorte.
18:50 Alors forcément, ceux-là détestent ces petits cons
18:53 qui se prennent pour je sais pas quoi parce qu'ils ont réussi leur concours de maths.
18:57 De l'autre côté, les petits cons considèrent que les vieux glaireux sont absolument nuls et crétins
19:03 avec leur pseudo-éthique, mais en fait, ils sont incapables d'aligner deux additions.
19:06 Et donc, c'est bon, c'est bon.
19:08 Et ensuite, vous chargez les uns de contrôler les autres.
19:11 Et ils vont vraiment se contrôler parce qu'ils se détestent.
19:13 Et donc, c'est toujours ça, on réfléchit, pouvoir contre pouvoir.
19:16 Et donc, vous avez assez peu de personnes qui ont accès à ces informations.
19:20 Elles sont divisées en plusieurs groupes de personnes qui se contrôlent les uns les autres.
19:24 Bon, est-ce que ça va marcher ?
19:27 Il faudra regarder.
19:30 Si ça marche pas, on en rajoutera un peu ici, on en rajoutera un petit peu là.
19:34 C'est pas si simple.
19:35 Mais je pense que l'idée de base d'une transparence possible des fonds,
19:39 des marchés financiers, de la finance, des comptes en banque,
19:43 cette transparence-là me semble nécessaire si je veux éviter
19:48 les valises de billets, la mafia, les paradis fiscaux
19:51 et plein de choses qui sont vraiment très, très, très embêtantes.
19:54 Donc, ça me semble très utile.
19:56 Est-ce que c'est dangereux ?
19:57 Oui, bon, à moi de mettre en face des contre-pouvoirs crédibles
20:00 qui permettront au danger que ça produit de ne pas se réaliser.
20:03 C'est toujours comme ça.
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24:04 - Oui.

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