La ministre de la Santé par intérim, Agnès Firmin Le Bodo, et plusieurs autres pharmaciens sont visés par une enquête concernant les "cadeaux" offerts par les laboratoires Urgo. Une pratique interdite pour laquelle l'entreprise aurait dépensé plus de 55 millions d'euros entre 2015 et 2021 selon la DGCCRF.
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00:00 Renaud Najahi, vous étiez au courant de cette enquête contre le laboratoire Urgo ?
00:04 Écoutez, au courant, oui forcément, c'est des pratiques, encore une fois d'abord,
00:10 premièrement, de resituer ce que c'est Urgo.
00:13 C'est essentiellement un laboratoire qui fournit des produits dits conseils,
00:18 c'est-à-dire des produits qui ne sont pas dans le cadre du remboursement
00:21 ou avec des prix imposés.
00:25 Quelle est la structure aujourd'hui dans l'accompagnement que l'on appelle
00:31 marketing ou commercial qui ne propose pas des téléphones ou je ne sais trop quoi ?
00:36 Enfin, ça existe partout.
00:37 Ça veut dire que tous les laboratoires font des cadeaux aux pharmaciens ?
00:39 Non mais je ne parle pas que des laboratoires, je parle de tous les circuits.
00:42 Mais en l'occurrence, voilà que je vous parle des laboratoires pharmaciens.
00:44 Non, pas tous les laboratoires, je n'ai pas dit ça.
00:46 Je dis que...
00:47 C'est répandu comme pratique.
00:49 Voilà, c'était répandu à une certaine époque, ça l'est de moins en moins.
00:54 Mais c'est illégal.
00:55 Non, c'est illégal depuis qu'il y a la loi anti-cadeau.
00:58 C'est ça, voilà.
00:59 Et donc Urgo a été condamné par rapport à ça ?
01:01 Pardon ?
01:02 Urgo est condamné par rapport à ça ?
01:03 Absolument, absolument.
01:04 Donc aujourd'hui, c'est bien illégal.
01:05 Mais est-ce que c'est des conditions commerciales ou est-ce que c'est des cadeaux ?
01:09 Enfin, je veux dire qu'à un moment, il faut remettre les choses à leur juste niveau.
01:15 C'est de l'industrie, c'est un échange économique.
01:20 Ça devient un échange économique, c'est-à-dire le laboratoire,
01:22 un représentant du laboratoire vient dans une pharmacie en disant
01:25 "Bon ben voilà, moi je vous offre ça, ça, ça, champagne, montre, etc."
01:28 En échange, vous mettez en avant mon produit.
01:31 C'est ça.
01:32 C'est-à-dire que les maîtres linéaires dans toutes les structures avec un chaland
01:38 sont rémunérés, il y a des remises sur un certain nombre de produits,
01:42 donc on va tout remettre en cause.
01:44 Enfin, il y a quelque chose qui me gêne là, à ce niveau-là.
01:47 Pourquoi ça vous gêne ?
01:48 Parce que ça existe.
01:50 C'est quelque chose qui existe.
01:52 Vous dites qu'aujourd'hui c'est illégal et justement...
01:54 Non, j'ai dit que la loi CADO est illégale.
01:57 Et d'ailleurs, c'est tellement vrai qu'aujourd'hui, vous comprenez bien,
02:00 qu'on ne peut même plus prendre un petit déjeuner avec quelqu'un
02:02 sans être sur le site internet du laboratoire
02:06 parce qu'on a dépensé 5 euros pour payer un café.
02:09 Mais on pousse, je veux dire encore une fois, qu'il y ait des règles,
02:13 j'arrive à comprendre, mais de le pousser à l'extrême, à ce niveau-là,
02:17 et remettre en cause, y compris l'approbité et l'exercice notamment d'un ministre.
02:24 Ça me paraît...
02:25 Ça peut interroger les patients, les "clients".
02:29 Typiquement, j'ai une toux qui a persisté pendant un moment,
02:31 je suis allée dans deux pharmacies, dans ces deux pharmacies,
02:34 on m'a proposé des pastilles que je ne connaissais pas,
02:36 deux pharmacies dans deux régions différentes,
02:38 des pastilles, j'en avais jamais entendu parler de ces pastilles.
02:41 Et est-ce que c'est parce que derrière, l'industriel qui fabriquait ces pastilles
02:45 a offert des cadeaux aux pharmaciens pour les vendre à ses clients ?
02:48 Depuis toujours, il y a des conditions commerciales dans des échanges commerciaux,
02:52 enfin, je veux dire qu'on ne découvre pas.
02:55 Mais encore une fois, ce n'est pas les remises ou les cadeaux
02:59 qui font que le produit correspond à votre pathologie ou pas.
03:03 Le pharmacien est en capacité de lire et d'analyser ses choix.
03:08 Il se trouve que notamment,
03:10 le virgo fournier a fait un choix d'accompagnement en plus avec des cadeaux.
03:16 Oui, mais moi, en tant que cliente, encore une fois,
03:18 je suis en mesure de m'interroger.
03:20 Quand mon pharmacien me propose tel ou tel médicament,
03:23 et je sais que derrière, il a reçu une boîte de champagne,
03:26 une montre ou je ne sais quel cadeau,
03:28 qui me dit que ce traitement est adapté,
03:30 qu'il ne le fait pas uniquement pour faire plaisir à l'industrie ?
03:32 C'est une question de confiance aussi derrière.
03:35 Excusez-moi, là, on ne peut pas mélanger les choses.
03:38 Je veux dire que le rôle du pharmacien, c'est de connaître le médicament.
03:43 Il a été formé, l'État le forme là-dedans.
03:47 Et Dieu merci, les pharmaciens respectent notamment
03:51 et les posologies et les indications et le pourquoi.
03:55 On vous questionne et on vous donne un produit
03:57 qui est le plus adapté à une gêne, une pathologie ou un début de pathologie.
04:05 Mais où est le problème ?
04:06 Il n'y a pas de conflit d'intérêt pour vous ?
04:07 Ah non, aucunement.
04:09 En quoi est-ce qu'il y a un conflit d'intérêt
04:12 qu'il y ait des échanges commerciaux entre une structure ?
04:17 Mais si, ce n'est que ça.
04:18 Je suis peut-être naïve, mais ce ne sont pas des échanges commerciaux,
04:22 ce sont des cadeaux, vous le dites vous-même,
04:24 ce sont des cadeaux pour mettre en avant tel produit.
04:26 Mais non, mais attendez.
04:27 C'est que vous achetez le pharmacien, le laboratoire achète le pharmacien finalement.
04:30 Mais pas du tout, madame.
04:31 Je ne peux pas accepter ça.
04:33 Quand on vous rémunère des maîtres linéaires,
04:39 est-ce que c'est un cadeau ?
04:41 Est-ce que ça vous gêne ?
04:43 Quand on vous dit, si vous en prenez 10, je vous fais 1 %
04:47 et quand vous en prenez 2000, je vous donne je ne sais pas quoi.
04:52 En quoi ça change la qualité du produit que l'on a pu proposer à qui que ce soit ?
05:00 Je ne comprends pas cette polémique autour de conditions
05:09 qui accompagnent une commande en fait.
05:13 Il y a une enquête qui est ouverte, il y a un laboratoire qui a été condamné,
05:16 la justice est en train de remonter la piste de tous les pharmaciens
05:20 qui ont reçu des cadeaux.
05:21 Donc ça veut bien dire qu'il y a un problème.
05:22 L'enquête qui est ouverte, c'est la non-déclaration d'éventuels avantages.
05:28 On n'est pas sur la qualité ni du produit, ni du médicament,
05:34 ni sa correspondance exacte à la pathologie que le pharmacien a identifiée.
05:43 Oui mais encore une fois, c'est ce que je vous dis,
05:44 c'est une question de confiance après pour votre client.
05:47 Ceci dit, on peut aussi dire que les pharmaciens doivent désormais travailler gratuitement.
05:53 Comme ça, on aura complètement confiance
05:55 parce que je vous fais remarquer qu'à chaque fois que vous prenez un produit
05:58 qu'il soit remboursé ou pas, à un moment vous décaissez de l'argent.
06:01 Donc est-ce que le fait de décaisser de l'argent d'une façon ou d'une autre
06:05 ou de participer à une activité économique remet en cause une confiance ?
06:10 Et si demain le pharmacien décide de ne pas mettre en avant,
06:14 de ne pas vendre tel ou tel produit alors qu'il a reçu des cadeaux ?
06:16 Il aurait dû recevoir des cadeaux j'imagine.
06:19 Probablement.
06:20 Si on change de fournisseur, forcément on n'a plus de cadeaux du premier,
06:27 on a des remises, on a un autre type d'accompagnement.
06:33 Je ne vois pas en quoi est-ce que c'est répréhensible ça.