2023 Journée Mondiale des Pêcheurs - Conférence de Fiore Longo * Trigone Production

  • l’année dernière
Directrice de Survival International (France et Espagne) Fiore Longo est anthropologue et vient de publier un ouvrage "Décolonisons la protection de la nature" où elle dénonce la politique de généralisation d'Aires protégées et de réserves qui entraine l'exclusion des peuples autochtones de leur habitat. Un processus similaire mené par les mêmes acteurs comme le WWF, se met en place sur les océans avec la généralisation des Aires marines protégées. Ce processus s'appuie sur la création d'un imaginaire à partir d'images présentant la mer sans la présence humaine. Un plaidoyer brillant et percutant.
© Collectif Pêche et Développement & Trigone Production - Décembre 2023 * Réal Christophe Hoyet

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00:31 Nous avons le plaisir de recevoir aujourd'hui Fiore Longo.
00:38 Fiore Longo est directrice pour la France et l'Espagne de l'organisation internationale Survival International.
00:48 Et ça fait quelques années que je suis le travail réalisé par cette organisation de défense des peuples autochtones.
00:57 Parmi ces peuples autochtones, il y a aussi des gens qui sont des pêcheurs et souvent les gens sont à la fois chasseurs, pêcheurs, éleveurs.
01:05 Ils mélangent ces différentes activités.
01:09 Et j'ai été impressionné par les rapprochements qu'on pouvait faire entre leur vision de la défense des peuples autochtones
01:20 et l'action que de l'autre côté on mène pour la défense des droits et des responsabilités des pêcheurs.
01:27 Elle a participé ce matin à la fin de la matinée et je lui ai posé la question "est-ce que tu te sens un peu dans un autre monde ?"
01:36 Elle a dit "non, non, je sens qu'on est dans un monde proche".
01:42 Donc c'est avec plaisir qu'on lui donne la parole.
01:47 Elle a écrit un livre que je trouve passionnant, que j'ai dévoré en une soirée, qui est bourré d'exemples, qui est aussi un exemple d'analyse très simple.
02:00 Il y a un très bon résumé d'analyse critique des politiques qui sont menées à l'échelle internationale pour la protection de la nature.
02:09 Le livre s'appelle "Décoloniser la protection de la nature".
02:13 Et ma foi, je m'y suis retrouvé tout à fait.
02:19 Merci. Bonjour.
02:22 Comme Alain disait avant, je travaille pour une association qui s'appelle Survival International.
02:29 Depuis 50 ans, nous luttons pour les droits des peuples autochtones.
02:32 Comment nous luttons ? Et je vais vous dire ça pour expliquer mieux les propos de cette présentation.
02:38 Nous essayons de changer l'opinion publique.
02:41 Nous pensons que beaucoup des crimes commis contre les peuples autochtones, y compris le racisme, sont racismes ici, chez nous.
02:49 C'est à nous de changer notre manière de voir.
02:52 Et dans ces démarches, on a une campagne qui s'appelle "Décoloniser la protection de la nature" qui essaie précisément de changer la protection de la nature, la manière dans laquelle la protection de la nature se fait.
03:03 Avant, il y avait quelqu'un qui a fait une intervention, le messieur juste en face, et il s'est posé la question "Qu'est-ce qu'on protège avec la protection de la nature ? Et à qui on protège et contre qui ?"
03:17 Et c'est à ces questions qu'on va essayer de répondre en analysant ce que veut dire la nature pour les personnes qui écrivent des politiques de protection de l'environnement.
03:28 Et qu'est-ce que ça veut dire la nature pour les gens qui habitent pas comme moi à Paris ?
03:35 Je vais commencer par une image que j'imagine que vous connaissez, sinon il y a un problème dans l'éducation publique française.
03:43 Cette image, c'est une photo très connue et c'est l'air défilé pendant la libération de Paris, août 1944.
03:52 Pourquoi on commence notre histoire avec cette image ? Parce que je voudrais vous expliquer, ou essayer de vous transmettre, les pouvoirs des images.
04:01 Parce qu'aujourd'hui, on ne va pas parler seulement des politiques, on va parler de nos imaginaires.
04:07 Et comme je l'ai dit, des imaginaires des gens qui écrivent les lois sur la protection de la nature, et qu'est-ce que c'est la nature.
04:13 Donc juste pour vous donner un exemple du pouvoir des images et comment elles agissent dans notre vie réelle,
04:18 je vous prie cette image, parce que cette image est très célèbre en France, mais aussi elle a eu des conséquences énormes jusqu'à aujourd'hui.
04:25 Je pense que beaucoup, beaucoup de personnes ont vu cette image dans les livres de l'école.
04:32 Et ce qu'on peut dire d'un côté, c'est que c'est une image vraie.
04:36 Donc dans le sens qu'il y avait un vrai photographe qui a fait cette photo, et il y avait les chars et les troupes françaises qui défilaient au Champs-Élysées.
04:44 Et ça c'est vrai. Par contre, cette image c'est aussi le produit d'une production.
04:49 Et c'est là où les images deviennent politiques. Donc les images ne sont pas neutres, même les photographies ne sont pas neutres.
04:56 Ce sont des choix politiques. Parce que l'histoire derrière cette image nous parle d'une page un peu plus sombre de la libération française.
05:05 Donc selon les archives historiques, quand le général de Gaulle discutait avec les Américains, les généraux américains et anglais,
05:12 sur le rôle de la France dans la libération de France et de Paris, à un certain point les Américains ont décidé que la France aurait pu avoir un rôle dans cette libération.
05:24 Et les premières unités entrées dans Paris auraient pu être des unités françaises, mais à une condition.
05:31 Que les 100% des troupes soient d'ici en françaises, soient blanches.
05:37 Or Charles de Gaulle avait un grand problème. Parce que au moins les 60% des troupes françaises étaient des personnes issues des colonies, qui n'étaient pas blanches.
05:51 Donc Charles de Gaulle décide de nommer l'unité, la fameuse, très célèbre, 12ème blindée, qui était dirigée par le général Leclerc.
06:03 Parce que c'était la seule unité dans toute l'armée française qui pouvait être transformée en une unité 100% blanche.
06:11 En laissant par terre, au Maroc, où Leclerc s'est trouvé, les 25% de ces unités marocaines.
06:19 Et donc pour compléter les fils des troupes, ils ont décidé d'utiliser des soldats portugais et espagnols.
06:27 Cette image qu'on voit ici, vous allez voir, il n'y a pas de personnes, si vous regardez bien, il n'y a pas beaucoup, pas du tout de personnes noires.
06:35 C'est une image de la libération de Paris, une image blanche, d'une libération blanche.
06:40 Qui, bien sûr, cache le rôle essentiel que les troupes issues des colonies ont dans la libération de la France.
06:49 Et dans la libération de l'Europe aussi, parce que c'est pas seulement... et c'est ça la raison pour laquelle les américains ont décidé de créer ce mythe de la libération blanche.
06:59 C'était aussi pour perpétuer le ségrégationnisme aux États-Unis.
07:03 Cette image, elle a eu des conséquences énormes. Parce que cacher le rôle essentiel des troupes a fait ci que la majorité de ces personnes qui sont combattues pour la France
07:13 soient renvoyées chez eux, déprimées de leur uniforme et déprimées de pensions de guerre.
07:18 Cette image continue aussi à vivre dans notre imaginaire.
07:23 Et je vous parle de cette image, ça a un pouvoir politique énorme, parce que ça a eu aussi un rôle sur la colonisation et aussi sur notre politique migratoire.
07:31 Parce que cette image que je vais vous montrer là, c'est aussi une image construite, comme l'autre.
07:37 Et comme l'autre image, dans cette image ici, aussi les personnes non blanches ont été enlevées de la photo.
07:46 Cette image qu'on voit, c'est une photo réelle, donc aussi un vrai photographe a fait une vraie photo d'un paysage qui aussi est très connu, très célèbre dans le monde.
07:55 C'est le Selengeti, des plaines fantastiques, magnifiques, c'est un endroit incroyable, au nord de la Tanzanie.
08:03 Par contre, c'était la terre ancestrale des élévores pastorales maçai.
08:10 Ce sont des personnes qui habitent avec leurs bétails, ils font fêtres, leurs bétails, partout dans les plaines.
08:17 Ils ont été expulsés en 1969 par les colonisateurs britanniques.
08:24 Cette image, on la voit partout dans les documentaires, dans les films, dans notre livre, partout.
08:30 Et on a l'impression que c'est une image réelle, mais c'est une image dans laquelle les gens qui habitaient ont été expulsés.
08:37 Cette image aussi, j'imagine que vous la connaissez ou quelqu'un l'a interviewée, c'est le film "Le roi lion".
08:44 Ce n'est pas une image vraie, ce n'est pas une photographie, mais c'est un film qui a été inspiré d'un endroit qui existe réellement au Kenya, le Hell Gate National Park.
08:56 Et dans ce parc aussi, les maçai ont été expulsés dans les années 80.
09:05 L'image réelle qu'on voit quand il n'y a pas eu de modification de production, c'est cette image-là, que vous voyez, c'est moi qui l'ai prise.
09:16 C'est juste derrière le Serengeti, à côté du parc naturel, et on peut bien voir qu'on a des maisons maçai, donc ils sont en eau, des vaches et des cèvres.
09:28 Donc on a des animaux sauvages, on a des animaux domestiques et on a des personnes.
09:34 Par contre, quand je vous ai montré l'autre image, je vous ai dit que c'est une image politique.
09:38 Qu'est-ce que ça veut dire ? Que ces images ne restent pas seulement de la curiosité personnelle.
09:42 Donc je vous montre cette image, et ça c'est l'image réelle.
09:44 Les images ont un impact sur la vie des personnes, parce qu'elles façonnent notre manière de voir, pour nous qui sommes très loin, et de comprendre la réalité.
09:55 Et ça c'est le type de conséquences que je vais vous montrer en vidéo, qu'on peut avoir à cause de ces images.
10:01 (Bruit de tirs)
10:30 (Bruit de tir)
10:32 (Rires)
10:34 Cette vidéo m'a été envoyée par un ami maçai l'année dernière, en juin 2022.
10:42 Les maçai sont en train d'être tirés dessus par la police et les forces armées tanzaniennes,
10:50 parce qu'ils sont censés laisser leur terre ancestrale juste à côté des Serengeti, que je vous ai montré avant, dans un endroit qui s'appelle l'Oriondo.
10:59 Et la raison c'est précisément les images que nous nous sommes faits de Serengeti.
11:05 Quand j'ai parlé avec les propriétaires de l'hôtel, qui sont pas loin de l'Oriondo, ils m'ont dit, les touristes ils viennent ici pour voir la nature sauvage, les animaux sauvages.
11:17 Ils veulent pas du tout voir les vaches des maçai. Ça les dérange.
11:21 Donc le gouvernement a décidé d'expulser 100 000 maçai de leur terre pour faire une sonde de protection, de conservation de la nature,
11:31 de chasse-trophée pour la famille des Emirats Arabes Unis et des touristes de luxe pour les touristes occidentaux.
11:39 Je vais vous montrer des autres images. Ça c'est les bassins du Congo selon le WWF.
11:45 Et ça, c'est toujours dans la page WWF, dans la partie des menaces sur les bassins du Congo.
11:52 Et la représentation qu'on trouve dans la page de la plus grande organisation de protection de la nature, c'est des gens qui raccouillent du bois.
12:00 Là, les menaces aux bassins du Congo.
12:03 Les gardes-parcs, ils sont considérés comme des zéros.
12:06 Des zéros, comme ça, c'est les mots qu'ils utilisent.
12:10 Toutes ces images, tout ça nous rapporte sur la thématique d'aujourd'hui qui est les colonialistes verts et aussi bleus.
12:17 Je vais vous parler un peu. Je ne suis pas experte.
12:20 On ne travaille pas beaucoup avec des peuples qui habitent à côté de la mer et qui risquent l'expulsion pour la protection des océans.
12:29 Mais j'étais un peu sur cette thématique. Donc on va se concentrer sur les colonialistes verts.
12:36 Mais je vais vous dire, je vais la répéter ça tous les temps, ça concerne aussi des peuples qui habitent à côté et qui dépendent des océans pour vivants.
12:46 Et aussi des lacs et des rivières.
12:49 Les colonialistes verts, c'est très clairement, comme expliqué par cette femme, Bacouelle,
12:57 elle dit très clair, nous on a tout en l'homme de la protection des animaux.
13:02 Donc c'est un fait, il s'agit du bol de terre, il s'agit des violations des droits de l'homme qui sont commises au nom de la protection de la nature.
13:11 C'est très similaire au colonialisme, c'est pour ça qu'il y a plein de professeurs et aussi des activistes, des militants,
13:20 ils parlent de colonialisme, je vais vous expliquer pourquoi.
13:23 Mais il s'agit en général, comme je vous l'ai dit, d'un type, c'est pas un nouveau phénomène,
13:29 mais qui est en train de se développer beaucoup plus maintenant à cause de la réelle crise de biodiversité et de la crise climatique.
13:40 Le premier concept qu'il faut comprendre pour comprendre ce que sont les colonialistes verts,
13:45 et la première image qu'on a vu, c'est celle de la nature sauvage, l'idée de wilderness en anglais.
13:52 C'est d'où vient, c'est des Etats-Unis qui vient ce concept.
13:56 Et c'est l'idée que la nature est une chose totalement séparée de nous, et la nature c'est une chose, c'est des animaux, c'est des plantes, sans personne.
14:06 Cette idée bien sûr, elle ne vient pas des paysans ou des pêcheurs ou des personnes qui habitent dans la nature,
14:12 elle vient des élites européennes et des élites américaines qui habitaient dans des villes à la fin du 19e siècle.
14:19 Les premiers parcs naturels de l'histoire, celui de Yosemite et Yellowstone,
14:24 sont des parcs qui ont été créés aux Etats-Unis en expulsant les populations autochtones qui habitaient dans ces endroits,
14:31 avec l'idée des beautés.
14:33 Donc ils sont des endroits magnifiques, il faut les protéger, et les peuples autochtones, ils les détruisent.
14:40 Il faut se mettre dans la mentalité des personnes de l'époque, on est à la fin du 19e siècle,
14:44 on est dans la deuxième révolution industrielle, on était en train de couper toutes les voies d'Europe,
14:49 et aux Etats-Unis c'est la même chose, et de polluer notre continent, et c'est la même chose aux Etats-Unis.
14:55 Donc il y a un certain cran des élites européennes qui habitent dans la ville, que toute la nature soit détruite.
15:01 Et à la place de mettre en discussion les modèles industriels qui étaient en train de détruire la nature,
15:06 la solution c'est de créer des îles de beauté pour que les élites puissent aller en vacances,
15:13 ou faire une promenade et voir les arbres.
15:16 Les processus industriels ne devaient pas être mis en discussion,
15:20 parce que la fin du 19e siècle c'est aussi les années du darwinisme social et le racisme scientifique.
15:27 Qu'est-ce que ça veut dire ?
15:29 Ça veut dire que les européens considéraient les européens, eux-mêmes, les sommets de la civilisation.
15:36 La révolution industrielle c'était un signe que les européens étaient tellement civilisés
15:40 qu'ils pouvaient fabriquer des machines et faire plein de choses.
15:43 Tout le reste du monde était arrière-air, était primitif.
15:46 Ce type de racisme n'est pas mort, bien sûr,
15:50 on le voit très bien dans les langages avec lesquels on parle des pauvres autochtones, même aujourd'hui,
15:55 et on continue à considérer leur savoir comme des superstitions.
16:00 Là j'ai mis un article de 2014, c'est un article de la CNN, une chaîne de télé américaine,
16:07 qui donne un prix à une femme qui s'appelle Lila Hassan, qui a étudié aux Etats-Unis,
16:12 la considérant un héros pour avoir transformé les Maasai des assassins de Lyon en gardiens de Lyon.
16:21 Les Maasai qui ont vécu pendant des générations et des générations avec des Lyons,
16:26 ils attendaient une femme qui a étudié aux Etats-Unis pour qu'elle explique comment protéger leurs Lyons.
16:31 Ce type de langage est clair partout, les populations locales sont assassinées, sont draconiées,
16:38 ils ne savent pas ce qu'ils font.
16:40 Par contre, une personne blanche qui va chasser en Afrique un éléphant en payant 45 000 euros par éléphant,
16:47 comme on le voit là, il s'appelle Chasseur.
16:51 Et cet homme en plus, il était dans les conseils d'administration de WWF,
16:55 la plus grande organisation de protection de la nature de l'Afrique du Sud.
16:59 Donc on trouve toujours cette considération qui continue à exister.
17:04 Donc ce racisme, comme je vous l'ai expliqué, était inhérent, c'était les Européens,
17:09 ils étaient convaincus que le reste du monde ne savait pas ce qu'ils font.
17:13 Et donc on trouve la création des premiers parcs naturels.
17:17 Donc je vous ai dit, ils sont nés aux Etats-Unis, ces modèles viennent exporter à la fin du 19e siècle aussi,
17:25 donc toujours dans la même année, en Afrique, pendant l'expansion des empires coloniaux.
17:30 Donc vous savez, à la fin du 19e siècle, il y avait une expansion,
17:33 donc les Français, les Anglais, les Allemands, les Belges, ils ont divisé l'Afrique.
17:38 Et à côté de l'exploitation économique, ils décident aussi d'emporter et d'imposer ces cerfs protégés,
17:45 ces parcs naturels qui ont été ambientés aux Etats-Unis.
17:47 L'idée c'était claire, la population locale, ils ne savent pas ce qu'ils font,
17:51 ils ne comprennent rien, ils ne sont pas la science, ils ne sont pas modernes.
17:55 Donc nous, on sait bien ce qu'il faut faire, on va les expulser de ces terres.
18:00 On va créer des aires de récréation et aussi des réserves de chasse,
18:04 parce que nous, bien sûr, on peut continuer à chasser, et la population locale, non.
18:08 Parce que la population locale, elle surchasse, elle fait du surpâturage, elle fait de la surpêche.
18:14 Nous, par contre, on sait très bien, on est rationnel, on est scientifique, on sait très bien ce qu'on fait.
18:20 Et c'est comme ça que les tigres, ils ont été quasiment portés à l'extinction
18:24 par la chasse des Britanniques et aussi de l'élite indienne soutenue par les Anglais en Inde.
18:31 Et comme ça, on a aussi plein d'exemples des animaux qui ont été portés quasiment à l'extinction.
18:37 Par contre, les Européens, ils ne comprenaient pas que c'était eux qui portaient à l'extinction les animaux,
18:41 ils continuaient à accuser la population locale.
18:45 Et ils continuent à faire ça.
18:47 Et ça, c'est la chose la plus étonnante, je vous raconte cette histoire,
18:51 et on a l'impression que ça s'est passé à la fin du 19e siècle.
18:55 Mais aujourd'hui, on continue à penser que la population locale est culpable.
19:01 Comme je vous ai montré la photo de WWF, la menace au bassin du Congo,
19:06 ce n'est pas les entreprises qui polluent, ce n'est pas l'industrie de la déforestation,
19:11 c'est la population locale qui raccueille de la bois pour chauffer leur maison.
19:17 Et quand on regarde, comme je vous ai dit, les images, elles ont un pouvoir politique.
19:22 Parce que si nous, on a notre image dans notre tête, on pense que les gens qui habitent là-bas,
19:26 ils ne comprennent absolument rien, ils sont des primitifs, ils ne savent pas ce qu'ils font,
19:30 la nature doit être évide, donc tout notre argent pour combattre ce qui vient appeler les braconnages
19:37 va y aller, et on le voit très bien, à la création des aires protégées,
19:42 et à la gestion des aires protégées, et à la militarisation des aires protégées.
19:48 Donc les gardes du parc qui sont censés défendre ces aires protégées de la population locale.
19:54 Ça c'est l'argent, donc on le voit bien, c'est une estimation qui a été faite par la Banque mondiale
19:59 il y a quelques années, je n'ai pas trouvé de chiffres récents, mais ça va être beaucoup plus élevé,
20:04 parce qu'ils en ont beaucoup plus d'argent.
20:06 Mais on a les principales bailleurs des fonds qui suivent les lignes de la colonisation,
20:11 donc aujourd'hui, les grandes puissances qui protègent la nature sont les mêmes qui l'ont détruit,
20:17 donc on trouve l'Allemagne, les États-Unis, la Commission européenne, la France elle est là,
20:22 donc les Nations Unies et les autres grandes bailleurs des fonds,
20:27 et on voit très bien où va l'argent.
20:29 L'argent pour lutter contre la perte, dans ces cas-ci, le trafic des animaux sauvages,
20:35 va à créer en plus des aires protégées.
20:38 Et pourquoi je vous dis que ça c'est négatif pour la population locale ?
20:42 Parce que ces aires protégées sont créées pour protéger la nature dès la population locale.
20:49 Donc on crée des aires protégées, moi je parle surtout en Afrique anacée, où je travaille,
20:55 et comme je vous dis c'est un modèle colonial,
20:57 dans plein de pays où il n'y a pas eu de colonisation c'est différent,
21:01 en Afrique anacée c'est très clair, donc on a des aires protégées,
21:05 aucune activité humaine est possible, sauf le tourisme et l'activité scientifique.
21:11 Et donc la population locale qui jusqu'à ce moment vivait de la coyette, de la chasse,
21:16 de l'agriculture soutenable, donc de l'agriculture pour eux, pas pour la vente,
21:20 de la pêche, elle ne peut plus rien faire dans ces territoires.
21:24 Ces territoires sont transformés dans des parcs naturels,
21:29 dans lesquels les touristes par contre sont les bienvenus.
21:33 Et en plus on les militarise, parce qu'il faut les protéger bien sûr,
21:37 les modèles C, la population locale, sont des braconniers,
21:40 ils vont entrer pour chasser les animaux,
21:43 et donc il faut mettre des militaires pour les empêcher d'entrer.
21:47 Ces militaires finissent par tuer des gens, parfois violer des femmes,
21:52 pour faire de la torture, et pour les empêcher de continuer à vivre dans leur terre ancestrale.
22:00 Il faut savoir que pour le peuple autochtone et pour la population locale,
22:03 et je pense que ça ressemble pour beaucoup d'entre vous,
22:06 la terre ce n'est pas seulement un endroit où ils vont faire de la pêche,
22:09 où ils vont raccueillir des choses, ce n'est pas seulement un supermarché,
22:12 il y a un lien profond, c'est leur territoire,
22:15 c'est l'endroit où il y a la sépulture de leurs ancêtres,
22:18 c'est où ils vont apprendre leurs enfants à qu'est-ce que ça veut dire être partie de ce peuple,
22:23 c'est leur pharmacie où ils trouvent les plantes médicinales,
22:27 donc il y a un lien très profond et sacré avec cette terre.
22:30 À un certain point, ils se voient empêcher d'entrer,
22:32 ils sont accusés de détruire l'environnement par ces militaires qui sont payés par nos impôts.
22:39 Donc ces personnes-là, dans les parcs naturels en Afrique et en Asie,
22:42 ils ne sont pas payés par les états africains,
22:45 ils sont payés par les grands ONG de protection de la nature
22:48 avec des projets de la coopération allemande de la commission européenne.
22:54 Donc ce sont nos impôts qui vont là-dessous.
22:57 Alors, juste pour vous expliquer ce que ça veut dire pour la vie de ces personnes,
23:01 j'ai fait une vidéo à une femme baka.
23:08 Les bakas sont des chasseurs-cueilleurs qui habitent dès la chasse,
23:12 donc ils chassent bien sûr pour manger, mais ils ne se chassent pas.
23:16 Donc ils habitent dans ces forêts magnifiques du bassin du Congo,
23:20 donc c'est la plus grande forêt après l'Amazonie,
23:24 et c'est un endroit riche en biodiversité parce que les bakas,
23:28 ils ont géré leur environnement, ils l'ont bien fait,
23:31 et donc ils savent très bien comment chasser, qui chasser.
23:35 Les WWF, ils ont commencé à faire un parc,
23:38 et donc Paulette, qui est la femme baka que j'ai interviewée,
23:41 elle nous explique ce que ça veut dire pour elle.
23:45 Quand on chasse, on ne chasse pas les oiseaux.
23:48 On ne chasse pas les oiseaux, on ne chasse pas les oiseaux.
23:51 Quand on chasse, on ne chasse pas les oiseaux.
23:54 On ne chasse pas les oiseaux.
23:57 Quand on chasse, on ne chasse pas les oiseaux.
24:00 Quand on chasse, on ne chasse pas les oiseaux.
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25:58 Quand on chasse, on ne chasse pas les oiseaux.
26:01 L'idée des aires protégées, une fois finie la colonisation,
26:04 c'était que nous, on n'est plus là,
26:07 qui va gérer ces aires protégées, parce qu'eux, ils ne sont pas capables.
26:10 C'est comme ça qu'est née le WWF, 1960 ans.
26:13 L'idée, c'était de créer des ONG
26:16 qui puissent donner du conseil
26:19 aux chefs d'État africains, qui viennent des indépendancés,
26:22 pour pouvoir gérer leurs aires protégées.
26:25 L'idée des bas, c'était l'intérêt économique
26:28 à protéger ces espaces naturels, c'est de les ouvrir au tourisme.
26:31 Comme ça, il y a plein de touristes qui vont aller,
26:34 et donc, il va y avoir de l'argent qui entre dans les caisses du gouvernement,
26:37 et le gouvernement va être intéressé à protéger ces aires protégées.
26:40 et le gouvernement va être intéressé à protéger ces aires protégées.
26:43 Ça, c'était le début de la néolibéralisation de la protection de la nature,
26:46 jusqu'au moment dans lequel les États africains étaient considérés corrompus.
26:49 jusqu'au moment dans lequel les États africains étaient considérés corrompus.
26:52 On ne pouvait plus leur donner rien, donc il fallait gérer nous-mêmes,
26:55 avec nos ONG, ces aires protégées.
26:58 Aujourd'hui, on trouve que plus ou moins les 70%
27:01 de tout l'argent qui va à la protection de la nature
27:04 finit en 5 grandes ONG.
27:07 Il ne va plus aux États africains, il va directement aux ONG qui gèrent les parcs naturels.
27:10 Et ils le font avec l'idée de l'économie du marché.
27:13 L'idée, c'était de créer des exemples
27:16 de réussite économique et ouvrir ces aires protégées au tourisme.
27:19 de réussite économique et ouvrir ces aires protégées au tourisme.
27:22 Les massacres polluent ces endroits,
27:25 ils les détruisent, mais ils détruisent aussi la vie des personnes qui y habitaient avant.
27:28 Ils sont expulsés, comme je vous l'expliquais.
27:31 Les Maasai, aujourd'hui, risquent leur expulsion après l'Orient,
27:34 donc ils ont été expulsés.
27:37 Les Maasai ont gagné un appel dans la Cour de justice,
27:40 je ne suis pas sûre qu'ils vont pouvoir retourner dans leur terre,
27:43 mais ils ont un risque d'expulsion
27:46 d'un autre endroit qui s'appelle Ngorongoro Conservation Area.
27:49 C'est l'endroit le plus visité en Afrique,
27:52 si je ne me trompe pas,
27:55 au niveau de concentration des personnes.
27:58 Chaque jour, il y a 250 voitures
28:01 à l'intérieur du cratère qui passent avant et arrière.
28:04 Les Maasai, par contre, risquent l'expulsion
28:07 parce que leurs vaches sont accusées
28:10 de détruire l'environnement.
28:13 On a, d'un côté, un tourisme de masse
28:16 de 250 voitures par jour dans un cratère.
28:19 Vous pouvez vous imaginer l'impact que ça a sur les sols,
28:22 sur la pollution de l'air.
28:25 On a un modèle de protection de la nature qui ne marche pas pour la nature.
28:28 On le sait très bien.
28:31 On sait aussi qu'aujourd'hui, on a 17% d'air protégé dans le monde
28:34 et la biodiversité est en train de collapser comme jamais dans l'histoire.
28:37 On voit très bien qu'isoler un endroit,
28:40 ça ne sert absolument à rien.
28:43 C'est pourquoi on s'entretient sur ce type de modèle
28:46 à la place d'essayer d'imaginer d'autres types de modèles
28:49 de protection qui pourraient être plus en lien
28:52 avec la population locale.
28:55 C'est une image que nous avons faite.
28:58 Il y a récemment eu une enquête, qui est beaucoup mieux que ça.
29:01 Je pense que la semaine dernière, elle était dans les courries internationales.
29:04 C'est un analyse qui a été fait par des journalistes
29:07 qui démontre que la moitié des conseils d'administration
29:10 des 4 plus grands ONG de protection de la nature,
29:13 y compris le WWF et la WCS,
29:16 la moitié des conseils, ce sont des personnes qui viennent du monde de la finance.
29:19 Goldman Sachs, BlackRock.
29:22 Nous avons fait cette graphique
29:25 qui montre comment la majorité des directeurs,
29:28 ce n'est pas les conseils d'administration, c'est beaucoup pire,
29:31 ce sont les gens qui travaillent là-bas, qui sont employés,
29:34 des directeurs, des chefs de cette organisation,
29:37 ils ont travaillé avant, où ils ont des liens profonds
29:40 avec les compagnies les plus loin de la planète.
29:43 Le WWF, aujourd'hui, son président
29:46 est l'ancien PDG de Coca-Cola.
29:49 Et dans les années 80, c'était l'ancien PDG d'Echelles.
29:52 Donc on voit très bien
29:55 que derrière ce type de protection de la nature
29:58 qui consiste à créer des espaces
30:01 qui sont beaux pour nous en tant que touristes,
30:04 il y a en fait une tentative de ne pas mettre en discussion
30:07 la vraie cause de la perte de la biodiversité,
30:10 que c'est l'exploitation des ressources pour le profit et notre surconsommation.
30:13 L'idée des BASC, depuis le début,
30:16 ça n'a jamais été de mettre en discussion
30:19 un modèle industriel et de croissance infinie
30:22 qui détruit la planète. C'était de créer des endroits
30:25 où on peut continuer, nous, les personnes qui pouvons payer,
30:28 à jouir de la nature, une nature qui est dans notre imaginaire.
30:31 Mais ce n'est pas le rôle de ce type de protection de la nature
30:34 d'adresser la cause de la perte de la biodiversité.
30:37 C'est l'opposé.
30:40 C'est d'éviter que ça arrive. Et ça, on le voit très bien.
30:43 Il y a un modèle économique derrière
30:46 qui soutient ce type de conservation de la nature.
30:49 Aujourd'hui, on se réveille le matin et on voit que Jeff Bezos,
30:52 qui est le plus grand,
30:55 un des milliardaires très connus,
30:58 a créé Amazon. Amazon, c'est une des entreprises
31:01 les plus polluantes de la planète.
31:04 Par contre, lui, il donne 5 millions d'euros, comme ça,
31:07 en un jour, à WWF pour protéger les bassins du Congo.
31:10 On trouve une totale privatisation du secteur de la protection
31:13 de la nature qui vise à créer des images,
31:16 à faire du greenwashing à des entreprises multinationales
31:19 sans remettre en cause.
31:22 C'est ça, le modèle dominant.
31:25 Jeff Bezos a 5 millions d'euros à donner d'un jour à l'autre.
31:28 Du coup, ça mettra en discussion la redistribution des ressources
31:31 et notre modèle économique.
31:34 On arrive à aujourd'hui
31:37 à ce modèle de protection de la nature
31:40 qui dit qu'il faut travailler avec les grandes entreprises polluantes
31:43 parce qu'on va les aider à devenir mieux
31:46 et qui ne critique pas ces grandes entreprises polluantes.
31:49 On arrive à cette proposition,
31:52 la grande proposition pour sauver notre planète
31:55 du gouvernement Macron.
31:58 Elle était vraiment poussée par le gouvernement Macron
32:01 qui est la financiarisation de la nature.
32:04 On va transformer tout en un capital
32:07 parce que ça a l'air de bien marcher pour lui.
32:10 L'idée est que si on met de la valeur économique
32:13 à la nature, on va la sauver.
32:16 C'est un peu l'idée derrière transformer
32:19 les 30% de la planète en eau protégée.
32:22 Dans l'autre 70%, on continue à faire comme si rien ne se passe.
32:25 Et aussi cette idée avec ce nom génial
32:28 qui s'appelle "solution basée sur la nature".
32:31 Ça veut dire vraiment une nouvelle forme de colonisation
32:34 pour les pays qui ont encore de la nature à défendre.
32:37 Ça, aujourd'hui, est en train de se discuter.
32:40 Les très connus ont une partie de ces solutions basées sur la nature.
32:43 Ça ne veut dire absolument rien, mais c'est les crédits de carbone.
32:46 Aujourd'hui, on est dans la COP28
32:51 qui se passe aujourd'hui dans les Emirats Arabes Unis.
32:54 La grande discussion de la COP, c'est de mettre tous les pays d'accord
32:57 pour créer un grand marché des crédits de carbone.
33:00 Pour l'instant, je vous explique quels sont les problèmes.
33:04 J'imagine que vous connaissez ce que veut dire
33:07 la sequestration de carbone.
33:10 Je vais vous dire très simplement.
33:13 Total ne doit pas réduire ses émissions
33:16 parce qu'il peut simplement acheter des crédits de carbone dans les marchés.
33:20 Et ces crédits de carbone sont produits
33:23 par des forêts qui sont protégées
33:26 et qui évitent que les carbones ne vivent dans l'atmosphère
33:29 ou par la plantation des arbres qui absorbe les carbones.
33:32 Donc, Total, il se dit "moi, je vais continuer à polluer la planète
33:36 et après, j'achète des crédits de carbone.
33:39 J'ai aidé à protéger mon forêt ou j'ai planté des arbres".
33:42 Et ça concerne particulièrement les pêcheurs
33:45 parce qu'il y a un grand débat.
33:48 Tout est bien, tout a un valeur.
33:50 Nos arbres ont un valeur qui peut être coté dans la bourse,
33:54 nos océans aussi,
33:56 notre mangrove et d'autres choses.
33:59 Quels sont les problèmes avec ça ?
34:02 Les problèmes, c'est cette conception du monde
34:05 qui est cette personne qui veut tout transformer en merchandise.
34:08 L'idée des bases, c'est que nous, d'un côté,
34:11 on parle en discussion de notre modèle de vie
34:13 et de l'autre côté, on crée...
34:15 et tout le monde doit vivre comme nous, bien sûr.
34:17 Et de l'autre côté, on crée une nature
34:19 dans laquelle il n'y a pas de personnes
34:21 et nous, on peut faire notre projet de crédit de carbone.
34:23 Les problèmes, c'est toujours à qui appartient la terre.
34:26 Où ses projets de crédit de carbone,
34:28 où ses serfs protégés, ils vont être faits.
34:30 Ils ne vont pas être faits dans les champs et lycées, bien sûr.
34:33 Ils vont être créés où il y a encore de l'espace,
34:36 où il y a encore de la nature.
34:38 Ce qu'on voit, c'est qu'on est en train de faire des plantations de masse,
34:43 comme ça, des monocultures, des arbres,
34:46 qui vont être coupés quelques années après qu'ils soient plantés,
34:49 donc tout le carbone va aller dans l'atmosphère.
34:52 Ça, c'est un projet de compensation de carbone
34:55 dans lequel les paysans qui habitaient dans cette terre
34:58 ont été expulsés en masse,
35:00 pour faire aussi compenser leur émission
35:02 à des entreprises les plus loin de la planète.
35:04 Ce type de monoculture, il détruit les sols,
35:07 il absorbe une quantité énorme d'eau,
35:09 il détruit la biodiversité et il prend feu très facilement.
35:13 Et donc, tout le carbone, comme je l'ai dit,
35:15 et en plus, il est censé être coupé après.
35:17 Ce sont des arbres pour fabriquer des choses,
35:19 donc ce ne sont pas des arbres, des plantes médicinales,
35:22 des choses comme ça.
35:24 Et nous, on s'est concentrés sur un projet de crédit de carbone au Kenya.
35:27 Je vous en parlerai en seconde,
35:29 parce que pour moi, ça, c'est l'exemple maximal
35:31 de ce qui peut arriver, comme je l'ai dit, si à la COP 28,
35:33 on se met d'accord sur un marché global, mondial,
35:36 des crédits de carbone, ça veut dire que tous les pays,
35:39 ils vont être capables de commercier en très hausse
35:41 des crédits de carbone.
35:42 Et donc, la France, par exemple,
35:44 peut continuer à polluer à travers ses entreprises
35:47 et simplement acheter ses crédits de carbone dans les marchés.
35:50 Et les cas du Kenya, pour moi,
35:52 c'est un peu la synthèse de tout ce que je vous ai dit,
35:55 donc des serfs protégés, du colonialisme.
35:57 Et donc, je vais passer très vite sur ça.
36:00 Je vais vous parler de ces projets de crédit de carbone
36:02 qui étaient créés par une organisation de protection de la nature
36:06 qui s'appelle NRT, Northern Rangeland Trust,
36:10 et qui a été créée, la ONG,
36:12 par cet homme qui a reçu le prix du prince Williams,
36:15 qui s'appelle Ian Craig.
36:17 Ian Craig a reçu la terre, il habite au Kenya,
36:22 de ses grands-parents,
36:24 qui l'ont volée aux pauvres autochtones
36:26 pendant la colonisation.
36:27 Donc, il occupe une terre qui n'est pas la sienne,
36:29 et il a créé un ranch, donc avec des vaches.
36:33 Mais comme ça ne marchait pas,
36:35 il l'a transformé dans un sanctuaire pour rhinocéros.
36:38 Et donc, les touristes, ils payent beaucoup, beaucoup d'argent
36:42 pour aller faire un safari touristique chez lui, dans sa maison.
36:46 Donc, lui, il a décidé que cette idée, c'est génial,
36:48 parce qu'il apporte de l'argent.
36:49 Donc, il a essayé de convaincre tous les élèves pastoraux
36:53 qui habitent au nord du Kenya.
36:55 Alors, le nord du Kenya, c'est une région super sèche,
36:58 donc les célibats, ils sont obligés de bouger
37:01 avec leurs bétails pour trouver la pluie
37:04 et pour trouver de l'air pour manger,
37:07 pour leurs bétails.
37:09 Donc, il a essayé de convaincre les borts,
37:11 en les disant, pourquoi vous aussi,
37:13 vous ne créez pas des lodges pour les touristes dans votre terre
37:16 et vous mettez des animaux sauvages,
37:19 comme ça les gens vont venir vous voir
37:21 et ils vont vous donner de l'argent.
37:23 Pour faire ça, il faut par contre
37:25 que vous arrêtez de faire boucher votre vache,
37:28 parce que les vaches, selon Ian Craig,
37:30 elles ont un impact sur le sol et abîment la nature.
37:33 Le problème, c'est qu'il y a plein de personnes
37:35 qui n'étaient pas d'accord avec lui,
37:37 parce que vous imaginez, les célibats pastoraux,
37:39 ils ne veulent pas des touristes dans leur terre,
37:41 ils veulent juste faire pâtrer leurs bétails.
37:44 Et lui, il a répondu avec de la violence, comme ça.
37:47 Donc, il y a plein de personnes qui sont,
37:49 qui continuent à être tuées,
37:51 leurs doigts continuent à être violés par Ennardé.
37:54 Chaque fois qu'il se pose,
37:56 ou qu'il décide de simplement aller avec leur vache
37:59 dans un endroit,
38:01 Ennardé a décidé que c'était une aire protégée.
38:04 Et le projet maximum,
38:06 la folie maximum de ce type de modèle,
38:08 donc on a un modèle dans lequel un ex-colon,
38:11 une personne qui vient d'une famille de colons anglais,
38:13 qui sont allés là-bas pendant la colonisation,
38:16 il essaie d'expliquer aux élèves pastoraux
38:18 qui habitent dans leur terre depuis des générations,
38:21 qu'est-ce qu'il faut faire pour protéger la nature.
38:23 Mais à tout ça, Yann Craig a dit,
38:25 pourquoi pas on fait un projet de crédit de carbone,
38:27 parce que ça va super bien dans ce moment.
38:29 Or, pour faire un projet de crédit de carbone,
38:32 il faut montrer qu'il y a quelque chose
38:35 qui absorbe les carbones de l'atmosphère
38:37 ou qui les protège.
38:39 On est dans les dents de Kenya,
38:41 il n'y a pas beaucoup d'arbres.
38:43 Et donc comment il a fait pour montrer ça ?
38:45 Du coup, il nous explique,
38:47 je trouve que ça ne vient pas de l'époque de la colonisation,
38:50 mais c'est vraiment...
38:52 Il explique qu'ici,
38:54 "continuous grazing", ça veut dire
38:56 c'est comme ça, selon lui,
38:58 que les élèves pastoraux font leur pâturage.
39:01 Donc ils ne comprennent absolument rien,
39:03 ils font ça depuis des générations,
39:05 ils ne sont pas trop intelligents.
39:07 Donc ils font comme ça,
39:09 ils vont d'un côté à l'autre très désorganisés.
39:11 Mais grâce au projet de Yann Craig,
39:14 ils vont apprendre à faire du pâturage,
39:17 ils vont le faire de manière circulaire.
39:20 Donc on passe d'un côté à l'autre.
39:22 Chose que bien sûr, les élèves pastoraux,
39:24 ils font depuis des générations
39:26 parce qu'ils savent très bien comment les faire.
39:28 Grâce au fait qu'Henarté et Yann Craig
39:31 expliquent aux populations comment faire le pâturage,
39:34 l'herbe, elle va pousser,
39:36 elle va absorber du crédit de carbone dans le sol.
39:39 C'est vraiment de la science-fiction.
39:42 Par contre, ces science-fiction
39:44 sont vendues dans les marchés des crédits de carbone
39:47 et achetées par les plus grandes compagnies.
39:50 Par exemple, Netflix,
39:52 Meta c'est Facebook, Instagram, Whatsapp,
39:54 et Kering, c'est les prochaines marchés que vous connaissez,
39:57 c'est Gucci et d'autres brandes italiennes.
39:59 Et cette compagnie,
40:01 elle dit qu'on est en train de compenser nos émissions.
40:05 Donc l'idée de base,
40:07 c'est qu'on met un valeur économique à tout,
40:09 même à l'herbe qui pousse,
40:11 même si ça c'est de la science-fiction,
40:13 on met un prix à un arbre, un rivier,
40:16 et on le vende dans les marchés.
40:18 Et donc quelqu'un peut dire,
40:19 "Moi, j'ai planté des arbres,
40:21 je n'ai pas besoin de réduire mes émissions."
40:23 Sauf que ce sont des solutions totalement fausses
40:27 pour différents motifs et raisons.
40:29 Dans ces cas-là,
40:30 les projets même,
40:31 c'est basé sur l'idée que les célèbres pastoraux,
40:33 ils font des choses qu'ils ne font pas.
40:36 Donc les projets, en soi-même,
40:38 sont tous comme ça,
40:39 et ce sont des projets un peu, c'est la folie.
40:41 Et tous ces projets, par contre,
40:43 ils vendent des réels.
40:44 Ce sont des crédits de carbone qui n'existent pas,
40:47 mais qui sont vendus réellement dans les marchés,
40:50 avec un impact énorme sur la vie des personnes,
40:52 et nous tous,
40:53 parce que d'un côté,
40:54 on n'est pas en train de réduire nos émissions,
40:57 on a l'illusion qu'on est en train de les réduire,
40:59 et parce que ça, c'est la proposition la plus importante
41:02 du gouvernement aussi français,
41:04 il y a plein de gouvernements
41:05 pour faire face à la crise climatique.
41:07 C'est les capitales naturelles.
41:09 Donc on peut faire de l'argent avec la nature.
41:12 Et le pire, c'est que le gouvernement Macron
41:14 veut faire la même chose pour la biodiversité.
41:16 Donc il veut créer un marché des crédits biodiversité.
41:19 Donc moi, je suis tout un gorille,
41:22 mais je peux acheter un crédit biodiversité dans les marchés
41:25 pour avoir sauvé, je ne sais pas,
41:28 un papillon à l'Afrique du Sud.
41:30 Donc c'est vraiment,
41:32 on est arrivé à un point de folie extrême
41:34 dans lequel la nature elle-même
41:36 est là, a un valeur économique.
41:38 Comme si l'économie des marchés,
41:40 elle n'aurait jamais su résoudre un problème,
41:43 que ce soit un, de notre vie.
41:45 Ce type de projet pour nous sauver
41:50 de la crise climatique et environnementale
41:52 est poussé par les plus grandes compagnies,
41:54 et comme je le disais aussi,
41:56 par les gouvernements français,
41:57 un très haut parmi d'autres,
41:58 et ce n'est pas seulement Macron.
42:00 Par contre, toutes les vidéos scientifiques
42:03 nous démontrent
42:04 que où les populations locales,
42:06 ils ont leurs droits reconnus,
42:08 on a moins de déforestation
42:10 et plus de biodiversité.
42:12 Déjà les 80% de la biodiversité
42:14 se trouve dans le territoire des peuples autochtones.
42:17 Et ça, ce n'est pas par hasard,
42:18 ce n'est pas parce que Dieu l'a mis là,
42:20 c'est parce que les peuples autochtones,
42:22 ils gèrent, ils interagissent avec leur environnement,
42:25 ils font des choses,
42:26 ils créent ces écosystèmes.
42:28 Donc, et c'est la même chose,
42:30 donc ce n'est pas seulement qu'on a des données
42:31 sur les peuples autochtones,
42:32 mais on a aussi des données
42:33 sur ces projets de protection de la nature
42:35 qui impliquent la population locale.
42:37 Et ces personnes-là,
42:38 elles ont vécu pendant des années dans ces endroits,
42:40 bien sûr, elles les connaissent mieux
42:42 que quelqu'un qui est assis à Washington
42:44 ou à New York ou à Paris.
42:47 Donc, ce que nous faisons,
42:49 c'est faire, comme je vous le disais,
42:50 des campagnes publiques
42:52 pour essayer de changer tout ça,
42:53 ce type de modèle de protection de la nature
42:55 qui voit les personnes dans les terrains
42:57 comme ignorantes, comme sous-particules.
43:00 C'est un modèle qui ne marche pas.
43:02 Les modèles qui envisagent
43:04 de mettre un prix sur la nature
43:05 et de résoudre tous nos problèmes
43:07 à travers l'argent, ça ne marche pas.
43:09 On est ici aujourd'hui
43:10 à parler des crises de biodiversité
43:11 parce qu'on a marchandisé la nature,
43:14 parce qu'on a mis un prix à la nature
43:16 et parce qu'on la consomme pour les profits.
43:18 Et donc, les mêmes modèles
43:19 qu'ils nous ont amenés ici,
43:20 elles ne vont pas nous sauver.
43:21 Et donc, c'est ce que nous essayons de faire.
43:23 Nous faisons des campagnes,
43:24 nous menons des enquêtes,
43:25 nous dénonçons ce qui se passe
43:27 pour changer ce type d'ambition de la nature.
43:31 Donc, ça, c'est les vassins du Congo.
43:33 Ça, c'est une femme qui pratique la pêche au barrage,
43:35 on l'appelle les vacas.
43:36 Donc, elle fait des barrages
43:37 des terres dans des petits fleuves.
43:40 Et comme ça, on peut impressionner les poissons
43:43 et prendre ce dont ils ont besoin.
43:46 Elle ne prend pas tous les poissons,
43:47 elle prend ce dont ils ont besoin à la journée.
43:50 Donc, il faut vraiment essayer
43:51 de changer nos imaginaires.
43:53 Et je trouve que ça, c'est urgent.
43:55 Et ce n'est pas seulement pour les peuples autochtones.
43:57 Donc, c'est ça, c'est seulement la raison
43:59 pour laquelle moi aussi, j'ai fait ce travail.
44:01 Parce que ce type de modèle de protection de l'environnement,
44:05 ce type aussi de mentalité arrogante
44:07 envers les gens qui sont par contre allaités,
44:10 c'est aussi ici chez nous, c'est financé par nous.
44:13 Et donc, c'est à nous aussi d'essayer de l'arrêter.
44:17 (Applaudissements)
44:27 Il n'y a pas de questions.
44:29 Donc, la grande convention sur les droits des peuples autochtones,
44:31 c'est la convention de l'Organisation mondiale du travail, 169.
44:35 Et on a la déclaration des droits des peuples autochtones des Nations Unies.
44:38 Mais c'est une déclaration,
44:40 la déclaration n'a aucun pouvoir législatif.
44:42 La convention, par contre,
44:44 elle n'était pas signée par la France.
44:46 Donc, si la convention n'est pas signée,
44:48 ratifiée, elle ne peut pas être appliquée.
44:51 Donc, la France,
44:52 elle ne reconnaît pas l'existence des peuples autochtones.
44:55 Parce qu'il existe un seul peuple,
44:57 les peuples français.
44:58 Donc, j'imagine que vous les savez bien,
45:00 parce que vous êtes bretons.
45:01 Et donc, ça a une complète violation avec plein de choses.
45:04 Parce que la France, elle a aussi la Guyane,
45:06 et des autres endroits où les gens se reconnaissent comme peuples autochtones.
45:10 Il existe toutes les populations.
45:12 Donc, pour la France, il n'existe pas les peuples autochtones dans son territoire.
45:15 Donc, déjà, c'est problématique.
45:17 Par contre, la dernière chose, c'est qu'il existe une loi.
45:20 C'est un projet de loi.
45:21 C'est le premier projet au monde
45:23 qui parle de violation des droits humains et de protection de la nature.
45:27 Et c'est fait aux États-Unis.
45:28 C'est un projet de loi qui a été voté par l'Assemblée,
45:31 mais pas par le Sénat.
45:33 Donc, on attend cette discussion.
45:35 Et c'est un projet qui dit clairement
45:37 qu'il n'y a aucun projet de protection de la nature
45:39 pour violer les droits des personnes
45:41 et qu'il doit demander le consentement de la population
45:44 qui habite dans ces endroits avant de procéder.
45:46 Sinon, ils vont pas recevoir de l'argent du gouvernement.
45:48 C'est très clair.
45:49 Mais malheureusement, il y a une lobbying énorme
45:52 des grandes organisations de protection de la nature pour l'arrêter.
45:55 La question des lobbyings, c'est très important
45:57 pour les plans législatifs
45:59 parce qu'on a aussi un phénomène
46:01 qui s'appelle "revolving doors" en anglais.
46:04 Donc, des gens qui sortent de la politique
46:07 et entrent dans les ONG.
46:08 Donc, par exemple, Pascal Canfin,
46:10 que j'imagine que vous savez qui il est.
46:12 C'était un ministre français.
46:13 Et aujourd'hui, c'est eurodéputé pour la République En Marche.
46:16 Et lui, il était l'ancien directeur du WWF.
46:20 Donc, il a laissé la place pour devenir eurodéputé.
46:22 Donc, ce type de connexion politique rend très difficile
46:26 les agendas environnementaux.
46:28 Et les lois environnementales sont écrites
46:30 à Bruxelles ou à Paris par des gens
46:32 qui ne connaissent pas du tout ce qu'il se passe dans les terrains
46:34 et qui sont ce type d'alliés entre politiques
46:37 et ONG de protection de la nature.
46:38 Donc, ça c'est très difficile de faire avancer malheureusement.
46:40 Quand je parle des "pause-solutions",
46:42 le problème, c'est pas seulement pour moi
46:44 qu'ils ne sont pas en train de compter en français
46:47 et qu'ils nous mentent.
46:48 C'est l'effet qu'ils nous donnent l'illusion
46:51 d'agir.
46:52 Je me rappelle quelqu'un qui m'a dit
46:54 "il y a au moins ça, c'est mieux que rien".
46:56 Et moi j'ai dit "non, c'est pire que rien".
46:58 Parce que s'il n'y a rien,
46:59 on est obligé de penser des alternatives.
47:01 On se dit "bah non, on n'a rien,
47:03 il faut faire quelque chose".
47:04 Mais s'ils nous donnent quelque chose,
47:06 nous on a l'illusion que ça marche.
47:08 Et c'est une illusion très, très claire
47:11 parce que c'est facile.
47:13 C'est une solution qui ne demande rien de nous.
47:15 Nous, on ne doit rien faire,
47:17 on doit juste payer.
47:19 Et donc on ne va pas réduire,
47:21 on ne va pas changer notre mode de vie.
47:22 Et donc c'est normal aussi que c'est une chose facile,
47:24 elle est là, c'est une solution facile.
47:26 C'est comme les solutions,
47:27 il y a beaucoup de conversations aujourd'hui
47:29 sur les technologies qui vont absorber
47:31 du carbone de l'atmosphère.
47:32 Toutes ces choses-là,
47:33 ça n'implique aucun sacrifice pour nous.
47:35 Et donc c'est ça la chose que je trouve
47:37 la plus dangereuse.
47:39 Ce n'est pas seulement qu'ils ne sont pas,
47:40 techniquement, ils ne servent à rien.
47:42 Je pourrais passer toute la journée
47:43 à vous expliquer comment la majorité
47:45 de ces arbres,
47:46 ils sont, comme je vous disais, coupés
47:48 12 ans après,
47:49 donc ça ne sert absolument à rien.
47:50 Il n'y a aucune compensation.
47:52 Une analyse des Guardian,
47:54 un journal anglais,
47:55 a démontré que les 94,
47:57 je répète,
47:58 les 94 des crédits de carbone
48:00 qui sont faits certifiés
48:03 des projets de forêt,
48:05 ils ne sont pas en train de compenser rien.
48:08 Ils ne servent à rien.
48:09 94%, c'est une analyse indépendante.
48:12 Donc ça, on le sait, ça ne sert à rien.
48:14 Mais pour moi, c'est encore pire que ça.
48:16 C'est cette illusion qui nous crée.
48:17 Ah, on a trouvé une solution.
48:19 La solution, ça ne va pas être très facile
48:21 parce que, comme on le disait,
48:22 c'est des problèmes extrêmement complexes.
48:24 C'est lié à notre modèle économique,
48:26 à notre vision de la nature.
48:28 Et ça ne va pas avoir un jour
48:30 une personne qui va venir nous dire
48:32 « Ah, ça va, j'ai trouvé la solution. »
48:34 La solution à notre problème,
48:35 ça va être très complexe,
48:36 ça va être très local.
48:37 Il va y avoir beaucoup de solutions.
48:39 Et donc, il faut toujours s'en méfier
48:40 parce que cette idée,
48:42 c'est très dangereux.
48:43 L'illusion qu'il nous donne
48:44 qu'il y a une chose très facile à faire,
48:46 c'est la chose la plus dangereuse qu'il y a.
48:48 Moi, je ne préfère rien.
48:49 Je ne préfère aucune solution
48:50 à une solution qui est une fausse solution.
48:52 Je vois une évolution des discours.
48:54 Parce qu'aujourd'hui,
48:55 on va expulser les Maasai,
48:56 ce n'est pas trop bien,
48:57 sauf, on l'a vu l'année dernière.
48:59 Et donc, les plans des ONG,
49:02 ils mettent dans leur site web
49:03 « On travaille avec les communautés ».
49:05 Mon analyse, c'est que
49:07 pour travailler avec les communautés,
49:08 ça veut dire les transformer
49:11 dans une économie de marché.
49:12 Donc, on a une évolution vers cette idée.
49:14 On vous inclut,
49:16 mais c'est pour vous donner
49:17 des moyens alternatifs de vie,
49:20 comme si la vie qui était avant
49:22 n'était pas bien.
49:23 On va vous inclure dans des projets
49:25 de crédit de carbone
49:26 et vous donner de l'argent pour vos terres.
49:28 Et moi, je ne vois pas ça
49:31 comme une évolution.
49:32 Et aussi, il faut considérer
49:34 qu'il y a quasiment l'opposé
49:35 qu'une évolution.
49:36 Parce qu'on a,
49:37 à cause de la crise de biodiversité,
49:40 crise climatique,
49:41 que c'est évident,
49:42 l'opinion publique européenne
49:44 met beaucoup de pression
49:45 sur les gouvernements
49:46 pour faire quelque chose.
49:47 Et à la place de faire quelque chose,
49:49 les gouvernements font
49:50 ce projet de crédit de carbone
49:51 et ça représente un attaque massive.
49:53 Là, les terres des pauvres autochtones
49:55 sont plus que jamais sur attaque.
49:57 Et donc, pour moi, c'est l'opposé.
50:01 Je viens de rentrer de Cargorge,
50:03 où les pays entiers étaient transformés
50:05 et nous n'avons rien protégé
50:06 pour vendre des crédits de carbone.
50:07 Les pays entiers.
50:08 Et ces crédits de carbone,
50:09 ils sont censés être faits
50:11 par ces grands ONG
50:12 dont je vais vous parler,
50:13 en collaboration avec la population.
50:16 La majorité d'eux ne comprend pas
50:17 ce qu'est un crédit de carbone.
50:19 Et donc, au moins,
50:20 il n'y a pas de consentement.
50:21 Donc, il y a une fièvre,
50:23 donc un rouer vers les terres
50:25 qui sont encore des arbres
50:26 à cause de ces crédits de carbone.
50:28 C'est fait, impossible vraiment,
50:30 qu'on ait une dynamique d'inclusion,
50:31 parce que l'inclusion
50:32 demande beaucoup de temps.
50:34 Et donc, au Cambodge,
50:36 j'ai étudié un projet
50:38 dans lequel les gens,
50:39 ils reçoivent de l'argent
50:41 de ces crédits de carbone,
50:42 mais ils ne comprennent pas
50:43 ce qu'est la compensation.
50:45 Ils pensent, nous,
50:46 on protège notre forêt,
50:47 et ils nous donnent de l'argent.
50:49 Mais ils ne savent pas
50:50 ce que ça veut dire
50:51 qu'il y a une forêt
50:52 de l'autre côté du monde
50:53 qu'ils étaient en train de détruire.
50:54 Même si beaucoup des ONG
50:55 parlent de mettre
50:56 des personnes autour de la table,
50:57 quand on parle des acteurs
50:59 qui sont tellement différents
51:00 de nous culturellement,
51:02 il faut mettre beaucoup d'efforts.
51:03 La question du consentement
51:04 se pose énormément.
51:06 Qu'est-ce que c'est le consentement ?
51:08 Il doit être informé,
51:09 il doit être créable.
51:10 Il faut dépendre beaucoup d'argent
51:12 et beaucoup de temps
51:13 pour travailler avec les gens.
51:14 Ça ne suffit pas
51:15 de se mettre autour de la table.
51:16 Et ces efforts ne sont pas faits.
51:18 Merci beaucoup.
51:20 Merci à vous de l'inviter.
51:21 Merci à vous de l'inviter.
51:23 Merci à tous.
51:25 Merci à tous.
51:26 ♪ Piano ♪
51:55 ♪ Piano ♪
51:58 [Bruit de tambour]

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