Sofiane Chalal dénonce la grossophobie dans un solo entre danse et stand-up

  • l’année dernière
Formé à la danse hip-hop, Sofiane Chalal crée le buzz avec son spectacle Ma part d'ombre, actuellement à l'affiche aux Bernardines, où il joue à guichets fermés pendant dix jours. Dans ce solo, le danseur livre sa "part d'ombre", à savoir sa difficulté à s'affirmer comme danseur corpulent, confronté à chaque étape de sa vie aux préjugés et à la grossophobie : "On m'imagine chef dans un restaurant, pas danseur", raconte-t-il.

Danseur, il l'est et le démontre avec son art du "locking", lorsque monte en lui une vague d'énergie sur une musique funk. Ouvert à toutes les influences, il passe de la danse contemporaine au mime et au burlesque, voire au transformisme à la Arturo Brachetti lorsque, dans un passage hilarant, il tente de rentrer dans un t-shirt trop petit pour lui. Un complexe du vêtement trop serré qui parlera à beaucoup de spectateurs.

Sofiane Chalal nous balade ainsi à travers divers registres, du plus grave au plus léger ; la pièce est une libération. Elle s'ouvre sur "une prise de tête" au sens propre, ses jeux de mains étant mis en valeur par l'éclairage. Puis, elle va crescendo dans l'énergie positive.
Transcript
00:00 Je pense que pour moi c'était important de parler de ça, de moi en tout cas, du corps, de mon corps.
00:04 "Mets tes gros premiers pas sur scène, mets tes gros premiers pas sur scène"
00:06 Je mets le premier pas sur scène et j'entends...
00:09 *bruit de pas*
00:10 Hein ?
00:10 *bruit de pas*
00:11 Mais il est gros, il peut pas danser lui !
00:13 *musique*
00:36 Malgré les regards, malgré les moqueries par lesquelles je suis passé,
00:41 ce spectacle-là, j'appelle ça ma part d'ombre, mais quelque part c'est ma part de lumière en fin de compte.
00:45 C'est aller dans l'intime, chercher des choses un peu profondes,
00:48 et puis pour aller vers quelque chose de très généreux, très dans la joie, très dans le sourire,
00:51 c'est de partir vraiment tout ce qui est intérieur, vraiment dans la tête,
00:54 et puis après de l'exprimer avec le corps, et de trouver cette ouverture,
00:57 et cet espace, et cette envie de grandir, et de bousculer un peu tous ces clichés,
01:01 tous ces préjugés, toutes ces portes-là qui sont là, et puis les exposer,
01:04 et puis d'aller vers une ouverture, et aller de l'avant.
01:06 Donc on peut dire que c'est une certaine liberté, ouais.
01:08 [Musique]
01:11 On peut retrouver plusieurs techniques de danse,
01:13 notamment qu'on retrouve dans la danse hip-hop, dans la culture hip-hop,
01:15 parce que je viens vraiment de la culture hip-hop aussi.
01:17 On retrouve les techniques du pop-in.
01:19 Le pop-in, c'est un style qui est basé vraiment sur les contractions musculaires,
01:23 notamment du cou, des bras, des jambes, du bassin, du buste,
01:27 et l'idée c'est de contracter et décontracter le muscle sur la musique,
01:31 et du coup ça crée des impacts, d'où le pop.
01:33 Et ensuite, on a aussi également du locking,
01:35 vraiment dans un style plus dans la choix, plus dans le fun, dans le dessin animé.
01:40 C'est un style qui est beaucoup dans la danse.
01:42 Et puis on trouve également aussi un peu de krump,
01:44 où vraiment là c'est dans l'énergie profonde du krump,
01:46 dans la maîtrise du corps, dans ce qu'on veut dénoncer.
01:48 [Musique]
01:51 C'est vrai que c'est pratiquement complet à chaque fois,
01:53 et j'en suis ravi.
01:55 Et ce qui est cool, c'est que justement, il y a une vraie envie de découvrir ce spectacle-là,
01:58 parce que voilà, la thématique aussi, je pense, questionne.
02:01 On a envie de découvrir aussi, justement, l'artiste qui est derrière ça,
02:04 et qui est derrière cette thématique-là.
02:06 Et je trouve que voilà, le rapport avec le public, il est super cool,
02:08 surtout dans cette salle ici, là, où le rapport scène-salle est très intime.
02:12 Et je trouve ça génial, parce qu'en fait, il est question aussi d'intimité dans mon spectacle.
02:15 Et du coup, d'avoir les gens proches, et de leur parler,
02:17 qu'ils soient prêts de voir les visages, de voir les réactions,
02:20 permet une certaine connexion, une certaine intimité,
02:23 qui permet aussi justement aux spectateurs de plonger à fond dans mon univers,
02:28 et surtout de vivre les choses pleinement à travers tout ce que j'essaie d'apporter.
02:31 Donc très content de la réaction des gens.
02:33 Ils sont surpris, ils sont touchés, ça leur parle en tout cas.
02:35 Moi, ce que j'aime, en tout cas, ce que j'ai voulu faire dans ce spectacle,
02:39 c'est de partir de l'intime, du perso, pour essayer de diffuser un message universel,
02:44 et que chacun s'y retrouve dans tout ce que je raconte.
02:46 J'ai vraiment envie de créer une nouvelle pièce, un nouveau solo.
02:51 J'y ai pris goût. Au début, ça m'a fait peur, parce que voilà,
02:54 de monter sur scène, seul, de faire une heure de spectacle, seul, de tenir un propos.
02:59 C'est un challenge pour moi, vraiment.
03:01 Et ça me donne envie de recréer, de refaire d'autres spectacles,
03:04 partir sur vraiment d'autres thématiques.
03:06 Je pense que pour moi, c'est important de parler de ça, de moi en tout cas,
03:09 du corps, de mon corps, et après, pour justement aller vers d'autres aventures
03:14 et d'autres thématiques qui me tiennent à cœur.

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