Hier soir, Emmanuel Macron est revenu sur la cérémonie de Hanoukka qui s’est tenue en sa présence à l’Élysée début décembre.
Retrouvez "En toute subjectivité" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/anne-rosencher-en-toute-subjectivite
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00:00 En toute subjectivité ce matin avec la directrice déléguée de la rédaction de l'Express,
00:05 Anne Rosencher, bonjour !
00:06 Bonjour Nicolas, bonjour à tous !
00:07 Hier soir, Emmanuel Macron est revenu, Anne, sur la cérémonie de Hanouka, qui s'est
00:13 tenue en sa présence à l'Elysée début décembre.
00:16 Oui, et comme il y a 15 jours, le président est passé rapidement sur ce qu'il considère
00:20 comme une polémique vaine.
00:22 Le 7 décembre dernier, dans le palais de l'Elysée, le grand rabbin Chaim Korsia a allumé la
00:28 première bougie de Hanouka.
00:30 Cet accroc à la laïcité dans son principe et dans sa lettre a suscité un grand témoin
00:36 que le président de la République dit ne pas comprendre.
00:38 Et hier soir, après avoir rappelé quelques éléments de contexte, il a évacué le geste
00:44 cultuel du rabbin par un « oh, il a juste allumé quelques bougies ». On ne pourra
00:48 pas lui reprocher d'avoir changé d'avis par rapport au roulant de main de la cérémonie.
00:52 Face aux caméras, Emmanuel Macron avait argué de la même façon que parfois le pays s'embrasse
00:57 pour rien et que face à l'explosion des actes antisémites, les Français juifs avaient
01:02 besoin de bienveillance.
01:04 La bienveillance ? Mais qu'est-ce que c'est que la bienveillance ? Dans la vie de tous
01:08 les jours, je vois, oui bien sûr, mais politiquement, non je ne vois pas.
01:12 Face à l'essor de l'antisémitisme, les Français juifs n'ont pas à s'en remettre
01:16 à la bienveillance du plus grand nombre, mais à la fermeté de la République qui
01:21 fait de tous les citoyens ses enfants sans distinction de culte ni d'origine.
01:26 Qui fait de tous les citoyens des frères dans la nation.
01:29 C'est cela que construit la laïcité notamment.
01:33 Trahissez les principes même un peu et voilà le poison du deux poids deux mesures, les
01:38 circonvolutions du 8 mai qui salissent tout sur leur passage.
01:42 Les accommodements ne protègent pas, au contraire, ils affaiblissent tout.
01:46 C'est pourquoi il y a peu de choses plus importantes que les principes et nous devrions
01:50 collectivement être plus humbles face aux lègues de notre modèle français.
01:55 Qu'est-ce qui fait que Voltaire un jour se dit que le chevalier de la Barre n'aurait
02:00 pas dû mourir pour avoir blasphémé ? Qu'est-ce qui fait Diderot, l'abbé Grégoire, Olympe
02:05 de Gouges ? Je ne sais pas.
02:06 Mais c'est cet héritage avec d'autres façonnés au fil des siècles qui fait notre
02:11 modèle.
02:12 L'universalisme plutôt que les identités particulières, la raison plutôt que la
02:17 croyance, la laïcité plutôt que la loi des cultes.
02:20 Bien entendu, il est et sera toujours du devoir des vivants d'améliorer cet héritage
02:25 pour plus de justice.
02:27 Mais la passion contemporaine pour le mea culpa a fini par nous faire confondre esprit
02:31 critique et haine de soi, désir de mieux faire et volonté de tout déconstruire.
02:37 C'est pourquoi, oui, je crois qu'il faut être plus humble.
02:40 Le modèle français ne s'envisage pas avec l'orgueil tout puissant d'un propriétaire.
02:45 Il est au contraire un motif d'humilité face à la puissance des principes dont nous
02:50 héritons et face au génie de ceux qui nous ont précédés et à qui l'on doit beaucoup.
02:55 Anne Rozancher, merci.