Harcèlement, contenus radicaux, fausses informations… Les réseaux sociaux sont aujourd’hui propices aux dérives. Mais ces plateformes font partie de notre quotidien et peuvent aussi s’avérer utiles. Comment se prémunir des risques et profiter du meilleur de notre vie sur les RS ? On en parle avec Véronique Reille-Soult, auteur de « L'ultime pouvoir - La vérité sur l’impact des réseaux sociaux » aux éditions du Cerf.
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00:06 Les réseaux sociaux, l'ultime pouvoir, la vérité sur leur impact, c'est le sujet d'un ouvrage qui a été publié par mon invité aujourd'hui, c'est la grande interview de Véronique Reil-South.
00:16 Bonjour, merci d'être avec nous. Vous êtes la cofondatrice et présidente du cabinet Backbone Consulting, vous êtes enseignante au Celsa Sorbonne, maître de conférence à Sciences Po Paris,
00:26 une experte en stratégie de l'opinion. C'est un sujet de l'opinion, de la réputation, tous ces sujets de communication qu'on connaît bien aujourd'hui,
00:34 mais vous c'est un sujet que vous traitez depuis de longues années. Vous avez vu ces réseaux sociaux émerger, grandir et qui ont profondément finalement changé la manière dont on communique aujourd'hui ?
00:44 Oui, fondamentalement changé. Alors d'abord parce que maintenant on peut s'exprimer, parce que votre voix peut compter, que vous n'êtes pas obligé d'être un influenceur très connu
00:53 pour pouvoir faire en sorte que les choses bougent. Et puis le nombre des réseaux sociaux a grandi, le nombre des personnes qui sont présentes dessus aussi,
01:02 le nombre de réseaux sur lesquels on est présent aussi d'ailleurs. Et donc globalement aujourd'hui vous avez près de 80% de la population qui est sur les réseaux sociaux.
01:10 Tout le monde ne s'exprime pas tout le temps, mais tout le monde, en tout cas 80%.
01:13 Et est-ce qu'on les maîtrise ces réseaux sociaux ? Parce que l'objet de votre livre aussi c'est de dire il faut qu'on explique un petit peu de quoi il s'agit, quel est leur pouvoir, leur puissance.
01:22 Comment maîtriser en fait ces nouvelles plateformes d'expression ?
01:25 Alors on va dire qu'on ne peut pas vraiment maîtriser, mais on peut essayer de comprendre. Et si globalement on est dans une logique de bon sens, si on s'exprime de façon à peu près claire et transparente et cohérente,
01:38 on peut à peu près arriver à s'en sortir. Mais le meilleur et le pire se côtoient sur les réseaux sociaux.
01:43 Le meilleur parce que ça a été un moyen de libération de la parole sur plein de sujets, à commencer par MeToo par exemple, mais il y a eu beaucoup de sujets.
01:51 Et puis après le pire parce que c'est aussi des sujets de harcèlement, de cyberharcèlement, des sujets de haine et d'expression en meute, en ligne, qui sont plus que désagréables.
02:01 Et effectivement, je pense que l'une des solutions, elle passe par la transparence et par la transparence et la transparence entre autres sur des algorithmes.
02:08 Pourquoi je parle des algorithmes ? C'est que vous avez besoin d'algorithmes. Pourquoi ? Parce qu'il y a tellement de volume qu'il faut bien avoir une logique de tri.
02:16 Ce qui est compliqué, c'est qu'on ne sait pas toujours quel est le critère et quel est l'algorithme qui est utilisé pour vous pousser des contenus.
02:22 Donc déjà, la première des choses serait de pouvoir savoir quels sont les critères.
02:26 Est-ce qu'on vous pousse plutôt des contenus de gens que vous connaissez ou plutôt de gens qui ont les mêmes avis que vous ou des gens qui utilisent les mêmes mots clés ?
02:35 Il y a plein de raisons.
02:37 Alors ça, ce serait dans l'idéal parce qu'aujourd'hui, ce n'est pas vraiment le cas.
02:40 Non, non.
02:41 Mais pour autant, on pressent effectivement la puissance que ça représente. Certains groupes savent très bien s'en emparer, mieux que d'autres.
02:50 Mais donc, il y a une façon de les appréhender qui fonctionne. Vous en parlez comme d'un cinquième pouvoir.
02:56 Oui, parce que c'est le pouvoir de l'opinion. Alors l'opinion a toujours été un pouvoir, mais c'était un pouvoir souvent silencieux ou qui avait du mal à se faire entendre.
03:03 Là, aujourd'hui, les réseaux sociaux, c'est une forme de porte-voix. Donc l'opinion peut s'exprimer. On est obligé de l'entendre et de l'écouter.
03:11 L'opinion peut s'organiser, peut faire en sorte qu'elle sorte des réseaux pour se retrouver dans la rue.
03:16 On a vu ce que ça a pu donner en France sur certains mouvements sociaux, par exemple. On a vu ce que ça peut donner aussi à l'étranger, en Afrique.
03:23 Dans certains pays, les peuples se sont organisés et l'opinion s'est exprimée et est descendue dans la rue.
03:31 Est-ce que c'est vraiment l'opinion publique ? Tout le monde n'est pas sur l'ensemble des plateformes sociales aujourd'hui.
03:36 Non, mais vous avez 80% des gens qui y sont, en moyenne, sur l'ensemble des pays. Et sur ces gens qui sont sur les réseaux, il y a une petite partie qui s'exprime.
03:44 Mais une très grande partie qui écoute, regarde, s'informe sur les réseaux sociaux.
03:50 Donc on va dire que l'opinion, même si c'est une petite partie de la population, elle compte.
03:55 Elle compte parce qu'on appelle ça les "lurkers". Ce sont les gens qui rodent, les gens qui regardent et qui s'informent sur ces espaces.
04:02 Donc oui, l'opinion, même quand c'est un petit nombre, et un petit nombre, ça reste quand même un grand nombre,
04:09 mais si ça n'est pas représentatif, c'est toujours significatif. Et en tout cas, ça a une influence certaine sur l'opinion.
04:16 Alors on voit la couverture de votre ouvrage, là, qui s'affichait juste avant, une petite fille avec un casque de réalité virtuelle.
04:23 C'est pour nous montrer à quel point on peut être immergé, voire submergé même parfois, par ces réseaux sociaux.
04:30 Et y compris la nouvelle génération, c'est la nouvelle génération qui vous préoccupe davantage ?
04:36 C'est ceux qui sont les plus préoccupants, parce qu'on part souvent d'un principe qu'ils sont réseaux sociaux natifs.
04:41 C'est ce que j'allais dire finalement. Eux, ils connaissent peut-être un peu mieux les règles du jeu.
04:45 Ils ne connaissent pas forcément les règles du jeu. Ils ont des nouvelles règles qu'ils ne maîtrisent pas toujours.
04:49 Il y a une règle, par exemple, qui est sur Instagram. C'est un bon exemple de ce qu'on appelle l'extimité.
04:55 C'est que vous mettez votre intimité en scène et vous racontez une vie rêvée. Mais cette vie rêvée, elle est rêvée.
05:01 Tout le monde ne se réveille pas, pim-pam, avec un décor incroyable et une vie incroyable.
05:07 Donc il y a une espèce de décalage. On voit que ça fait beaucoup de dégâts, en particulier sur les adolescents et les jeunes adolescentes.
05:13 Parce que vous avez aussi un sujet de votre image qui vous est renvoyé constamment.
05:17 Des sujets sur les critères de beauté et sur ce qu'il faut faire pour être bien.
05:22 Et puis on voit que la réputation, ça a toujours été un sujet. Mais chez les jeunes, c'est un vrai sujet.
05:27 En particulier chez les jeunes adolescents. Donc oui, ils sont natifs.
05:31 Oui, la popularité, c'est extrêmement important. Si personne ne vous suit, si vous dites quelque chose et que personne ne like, c'est un sujet.
05:39 Donc oui, ils savent s'en servir. Disons qu'ils s'en servent beaucoup. Est-ce qu'ils savent vraiment s'en servir ? Pas évident.
05:46 Et puis la transparence dont on parlait, ils n'en bénéficient pas plus que nous. Donc ce n'est pas si simple que ça.
05:51 Je voulais vous entendre sur ces sujets de réglementation, puisqu'en Europe, on est en train de légiférer, de resserrer la vis autour des plateformes.
05:59 Quel est votre regard sur le DSA ? Juste avant, on a parlé de la partie consommateur, le droit à la consommation.
06:06 Comment ce DSA va protéger davantage les consommateurs ? Mais sur la partie plus sociétale, qu'en pensez-vous ?
06:12 Alors on va dire droit au consommateur, c'est très bien. Et il faut, il y a des choses nouvelles et intéressantes sur les produits
06:18 qui sont vendus de façon illégitime ou les arnaques. Par contre, sur le droit social, on va dire que c'est toujours bien d'avoir une intention
06:27 et d'avoir un propos clair et ferme et de démontrer qu'on a envie de réguler. Pour autant, est-ce que c'est si simple que ça ?
06:35 Non, c'est beaucoup plus compliqué que ça. D'abord parce qu'il va falloir s'appuyer sur l'intelligence artificielle.
06:40 Qui dit intelligence artificielle dit artificielle. Et dit, on va devoir partir sur un certain nombre de mots clés,
06:46 sur un certain nombre de paramètres que l'on va poser. Ces paramètres ne sont pas si simples que ça.
06:52 Par exemple, les propos, quand ce sont des propos, l'incitation à la haine ou du terrorisme, on peut les identifier.
06:59 Mais quand ce sont des insultes et des insultes qui sont utilisées avec des mots où finalement tout le monde les utilise.
07:07 Je ne vais pas les dire là parce que ce sont des gros mots. Ce n'est pas nécessaire.
07:10 Mais on voit bien que c'est compliqué. Ce n'est pas si simple que ça. Savoir qui a commencé, qui est l'agresseur, qui est l'agressé.
07:15 C'est compliqué. Il y a des promesses de boutons, de mode de signalement. Mais là aussi, le signalement, c'est plus complexe que ça dans l'alerte.
07:25 Parce que signaler, il faut savoir pourquoi vous signalez, pouvoir suivre le signalement, pouvoir comprendre ce qu'il en est.
07:32 Vous avez signalé un contenu, il n'est pas retiré, essayez de comprendre pourquoi. Vous avez un contenu qui a été signalé et on le retire.
07:40 Il faut aussi qu'on puisse vous en informer parce qu'il y a souvent des gens qui vont le faire en toute bonne foi,
07:44 sans forcément se rendre compte que ce qu'ils sont en train de faire contrevient à la réalité du bon sens.
07:50 Bref, ce n'est pas si simple que ça. Donc l'intention, elle est bonne. La réalisation, elle est un peu plus complexe que ça.
07:55 Alors, quelles seraient les pistes selon vous pour assainir, peut-être calmer même un petit peu, les propos sur les réseaux sociaux ?
08:03 Je ne sais pas si c'est parce que je suis une éternelle utopiste, ou en tout cas, quelqu'un qui essaye de rester positif dans un monde compliqué.
08:12 Mais je pense que si on fait confiance à l'intelligence collective, c'est-à-dire si on se dit qu'on donne les moyens aux internautes
08:19 de pouvoir signaler, de pouvoir contrôler, de pouvoir réguler, de pouvoir modérer, non pas censurer, on peut avoir sans doute une solution.
08:27 C'est ce modèle de modération qu'essaye d'intégrer Elon Musk dans son nouveau Twitter, la plateforme X, par exemple.
08:34 Ça vous semble intéressant ?
08:35 Oui, on va dire que c'est l'esprit qu'il raconte. La réalité, elle est un peu plus complexe. Je prendrais plus comme exemple Reddit.
08:41 Reddit est un réseau social qui fonctionne très bien aux Etats-Unis, moins connu en France, et qui fonctionne sur ce modèle.
08:46 Il a pas mal de vertus. Le premier, c'est qu'effectivement, les règles, elles sont posées. Vous les respectez ou vous ne les respectez pas.
08:52 Que vous avez des internautes qui sont sur ces espaces et qui essayent de modérer. Et puis, les choses sont claires.
08:58 Vous avez des chambres, enfin, des espèces de forums, parce que ça fonctionne ainsi, où vous savez où vous êtes en train de mettre les pieds.
09:05 Ce ne sont pas forcément des endroits qui sont formidablement ouverts et positifs, mais vous savez où vous mettez les pieds,
09:11 ou en tout cas les doigts ou vos yeux. Mais c'est une réalité qui est plus claire, plus simple, plus transparente.
09:18 Vous ne pouvez pas empêcher les gens de s'exprimer. En revanche, c'est intéressant de savoir où ils s'expriment, comment ils s'expriment,
09:24 de poser quelques règles et de savoir exactement la réalité de ce que vous êtes en train de lire.
09:29 Alors, je voulais qu'on parle aussi un petit peu du monde politique. Vous intéressez beaucoup à la manière dont Donald Trump s'est emparé des réseaux sociaux.
09:37 On attaque souvent la classe politique en disant qu'elle est déconnectée complètement de la réalité, des préoccupations des citoyens.
09:44 Pourtant, ils sont quand même très présents sur les réseaux sociaux.
09:47 Alors, ils sont très présents, mais ça ne veut pas dire qu'ils savent forcément s'en servir. Ils sont très présents parce qu'ils sont dans une logique
09:52 assez habituelle pour les politiques, qui est "je vous donne ma parole, écoutez ma parole, je vais vous convaincre, ce que je vous dis, c'est pour votre bien".
09:59 Et d'ailleurs, on a souvent, et on entend souvent les politiques qui disent "je ne comprends pas, il faut qu'on fasse plus de pédagogie
10:05 ou qu'on explique mieux parce que les gens ne comprennent pas". Non, c'est que peut-être ça ne les intéresse pas, ou que les arguments ne sont pas les bons,
10:11 ou que ce n'est pas ainsi qu'ils ont envie d'être convaincus. Donc en fait, ils sont toujours dans une logique descendante.
10:16 Et puis, l'une des caractéristiques quand même des réseaux sociaux, c'est le lâcher-prise, parce que vous ne pouvez pas tout maîtriser.
10:22 Et les politiques et le lâcher-prise, ce n'est pas toujours si simple que ça. Et pourquoi est-ce que je parle, enfin, je prends souvent comme exemple Donald Trump,
10:30 c'est que d'abord, c'est assez intemporel finalement, et l'idée était quand même de rester un peu intemporel.
10:36 Et l'autre chose, c'est que c'est sans doute un des politiques qui a utilisé le mieux les réseaux sociaux,
10:42 même si Barack Obama les a très bien utilisés en son temps pour convaincre, pour aller, pour utiliser la réalité du ciblage,
10:49 pour parler là où étaient les gens et parler des sujets qui les intéressaient. Mais Donald Trump, ce qu'il a fait, lui,
10:54 et que maintenant à peu près tous les politiques américains font, c'est qu'il écoute. C'est-à-dire que les réseaux sociaux,
10:59 c'est donc là où s'exprime l'opinion. La première des choses, c'est écouter ce qu'ils disent, essayer de comprendre leurs préoccupations,
11:04 quels sont les sujets qui sont importants pour eux. Donc par exemple, Donald Trump, ce qu'il faisait quand il faisait ses meetings,
11:09 admettons qu'il avait prévu dans une ville de parler, je ne sais pas moi, de santé, il regardait de quoi parlaient les uns et les autres sur les réseaux,
11:17 dans le lieu où il allait faire sa conférence, dans son meeting. Et si le sujet était, je ne sais pas, l'éducation,
11:25 eh bien il allait changer son discours pour parler éducation. Ce qui donnait l'impression aux gens qu'effectivement, il les comprenait,
11:31 qu'il parlait des sujets qui les préoccupaient. Donc ce n'est pas forcément être dans la démagogie, c'est se dire "je vais parler des sujets qui intéressent les gens
11:38 et je vais m'adapter à la réalité de ce qui les concerne". Donc le premier des points intéressants sur les réseaux sociaux pour un politique,
11:45 c'est déjà écouter et comprendre comment l'opinion se positionne.
11:49 C'est un conseil qui fonctionne aussi dans la communication plus institutionnelle des entreprises sur les réseaux sociaux ?
11:55 Bien sûr. Alors on oppose souvent l'analyse de l'opinion par les réseaux et les sondages. Ce sont deux choses qui sont parfaitement complémentaires.
12:02 Il y a d'un côté effectivement une représentativité et on pose des questions. Et de l'autre côté c'est de l'observation.
12:07 Et l'observation, ça permet de savoir peut-être que ce sont des sujets qui n'intéressent pas l'opinion,
12:11 si vous leur posez des questions, ils vont se positionner, mais qu'ils ne les intéressent pas forcément.
12:15 Et donc pour une entreprise, pour un dirigeant, c'est intéressant de regarder quels sont les sujets de vos publics.
12:21 Et par public, j'entends tous les publics, parce que souvent on dit "Ah bah oui, mais moi je suis une entreprise B2B, donc je ne suis pas concernée".
12:28 Tous les publics s'expriment. Pas dans les mêmes proportions, pas sur les mêmes volumes, mais les chefs d'entreprise s'expriment,
12:35 vos fournisseurs s'expriment, vos clients B2B s'expriment aussi.
12:40 Ce n'est pas sur les mêmes réseaux sociaux que le grand public, ou en tout cas pas de la même façon, mais ils s'expriment.
12:45 Donc vous pouvez les écouter, vous pouvez essayer de comprendre ce qu'ils veulent, vous pouvez essayer de comprendre la réalité de leurs attentes,
12:51 leur compréhension de votre communication, est-ce que vos messages passent, est-ce que vous êtes en phase ?
12:56 C'est toujours extrêmement important et instructif.
12:59 Véronique Raissoud, je voudrais qu'on joue ensemble au jeu de l'interview express.
13:03 Ce sont des questions très binaires. Les réponses sont libres.
13:06 Alors, vrai ou faux, les réseaux sociaux sont représentatifs de l'opinion publique ?
13:10 Significatifs.
13:12 Pas exactement pareil ?
13:13 Non.
13:14 Est-ce que c'est un rêve ou un cauchemar, les réseaux sociaux, pour la démocratie ?
13:18 On va dire que c'est un rêve qui peut se transformer en cauchemar.
13:25 Et on va dire que quand on ferme les yeux, donc lorsqu'on est en train de dormir, c'est un cauchemar, mais ne fermons pas les yeux, ça sera un rêve.
13:32 Oui ou non, on devrait imposer l'anonymat, la fin du pseudonymat sur les réseaux sociaux ?
13:37 Vous répondre en deux mots, c'est compliqué, mais on va dire que...
13:40 Non, vous pouvez dire que vous le faites.
13:42 Oui et non. C'est-à-dire qu'en fait, on pense souvent que c'est l'anonymat qui fait que les gens se sentent protégés.
13:47 Oui, c'est vrai, mais c'est plus l'impression de protection, parce que vous êtes à travers un écran et que vous ne voyez pas la personne.
13:54 Vous ne vous exprimeriez pas de la même façon si vous aviez la personne en face.
13:57 Quand on regarde les expressions par exemple sur Facebook, où là il y a moins d'anonymat,
14:01 souvent parce que vous avez commencé à prendre une position radicale, vous allez aller très loin pour expliquer et pour justifier votre position.
14:08 Donc l'anonymat et la levée de l'anonymat n'est pas...
14:11 On n'a pas la preuve en tout cas, ça fonctionne, c'est ça que vous nous dites, voire même l'inverse peut-être.
14:14 Oui, ce n'est pas si simple que ça.
14:16 Intéressant. J'aime ou j'aime pas ceux qui achètent de la visibilité pour doper leur communication ?
14:21 J'aime pas. Disons que le maître mot c'est quand même la sincérité, la transparence, la cohérence et l'alignement.
14:30 C'est d'ailleurs pour ça qu'on s'appelle Backbone.
14:33 Il y a quand même très peu d'entreprises qui n'achètent pas de visibilité.
14:36 Oui, il y en a. Je trouve que l'engagement sincère par vos consommateurs et vos clients, c'est plus intéressant que de la visibilité achetée.
14:44 C'est ce que vous recommandez. J'y crois ou j'y crois pas, c'est nécessaire de communiquer en temps de crise sur les réseaux sociaux ?
14:50 C'est indispensable. Il y a quelque chose qui a changé dans la gestion de crise, c'est qu'on ne peut plus ne pas parler.
14:59 On ne peut pas rester dans le silence. Après, on peut ne pas tout dire, on peut expliquer les choses,
15:04 mais c'est indispensable de s'exprimer. Si vous ne vous exprimez pas, quelqu'un d'autre va le faire à votre place.
15:08 Et donc vous avez plutôt intérêt à communiquer et plutôt sur les réseaux sociaux.
15:12 Maintenant, en fonction des sujets et du type de crise, on ne va pas le faire de la même façon, mais oui, bien sûr, il faut s'exprimer.
15:19 Le réseau social X, c'est mieux ou moins bien que Twitter ?
15:22 C'est décevant. C'est décevant parce qu'on aurait pu imaginer qu'il y avait des tas de choses qui auraient pu être faites.
15:26 Pour le moment, c'est compliqué. Il y a une sorte de versatilité dans les décisions qui est complexe à suivre.
15:33 Mais on va dire qu'il y a quelques petites innovations qui sont intéressantes et qui peuvent dire qu'il y a un petit espoir.
15:40 Je prendrais par exemple les fameux...
15:41 Vous ne faites pas partie des gens qui s'inquiètent de ce que fait Elon Musk sur la plateforme X ?
15:46 Ce qui est inquiétant, c'est que globalement, on a des plateformes qui sont extrêmement puissantes et qui ne sont pas détenues par des gens qui sont très raisonnables.
15:54 Mais pas plus X que d'autres en soi.
15:58 Allez, une dernière question. Non, ce n'est pas vrai. J'en ai encore un petit peu.
16:01 Pour ou contre la réalité mixte qui va, on nous dit, modifier la manière dont on interagit entre nous ?
16:08 Déjà, on interagit à travers des réseaux sociaux, mais demain, dans une réalité qui mélange plus le virtuel et le réel ?
16:13 Il y a deux visions qui s'opposent, celle de Musk et celle de Zuckerberg.
16:17 Dans tous les cas, ils ont en commun quelque chose qui est assez inquiétant, qui est que notre monde va mal et ça ne va pas bien se terminer.
16:24 Dans un cas, il faut partir dans l'espace et aller conquérir d'autres planètes.
16:28 Dans l'autre cas, il faut se résoudre à un monde virtuel.
16:31 On va dire que ce n'est pas forcément toujours réjouissant et que le virtuel, s'il est fait avec une réalité, une connexion avec le monde réel,
16:40 si ce n'est que du virtuel, je trouve ça assez angoissant.
16:43 Donc le mixe, pourquoi pas ? Je termine avec une dernière question, mais très rapidement.
16:46 Est-ce que vous êtes accro aux réseaux sociaux ?
16:48 Oui et non. Je suis sur les réseaux sociaux, bien sûr, mais je m'exprime peu sur les réseaux sociaux et en tout cas très mal,
16:56 parce que je m'occupe plus des autres.
16:59 Et comme j'ai des outils de massification pour se rendre compte de ce qui se dit et comment on le dit,
17:04 oui, je suis accro sur une chose, c'est que j'aime bien aller regarder comment l'opinion s'exprime, ce qu'il dit, ce qu'il pense,
17:10 et je le fais de façon professionnelle, mais aussi finalement à titre personnel.
17:14 Merci beaucoup. C'était la grande interview de Véronique Reissout.
17:17 Vous êtes l'autrice de L'Ultime Pouvoir, parue aux éditions du Serre et la fondatrice de Backbone Consulting.
17:25 A suivre dans Smartech, on part un peu dans la nature. Regardez ce qui se passe du côté du biomimétisme.