Les 4 vérités - François Bayrou

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Dans les 4 vérités ce matin, Thomas Sotto reçoit François Bayrou, le président du Modem

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Transcript
00:00 [Générique]
00:03 Bonjour et bienvenue dans les 4V, François Bayrou.
00:05 Bonjour.
00:05 Il vaut mieux perdre une élection que perdre son âme,
00:08 avait dite en son temps Michel Noir.
00:09 Pendant toute votre vie politique,
00:11 vous avez mis les extrêmes à distance
00:12 sans jamais vous compromettre, François Bayrou.
00:14 En mettant le sort du projet de loi immigration
00:16 entre les mains de Marine Le Pen,
00:18 est-ce que ce gouvernement a perdu son âme ?
00:20 C'est le contraire.
00:23 Ce que le gouvernement a dit hier soir,
00:25 et a fait hier soir, a prouvé hier soir,
00:27 c'est que si le texte était passé
00:33 par les voies de l'extrême droite,
00:36 le gouvernement aurait retiré le texte.
00:38 Mais il est passé par les voies de l'extrême droite ?
00:39 Non, il a été adopté
00:42 en dehors des voies de l'extrême droite
00:44 et assez largement,
00:46 avec une marge de sécurité qui montre bien
00:49 que ce n'est pas le Rassemblement National
00:52 qui avait la clé de ce vote.
00:54 Sauf que si le Rassemblement National,
00:55 on ne va pas faire des calculs pendant deux heures,
00:57 mais si le Rassemblement National avait voté contre,
01:00 le texte aurait été rejeté.
01:02 Donc le gouvernement avait besoin des voies du RN.
01:04 Non, je répète,
01:07 alors ce n'est pas la peine de faire des polémiques
01:10 parce qu'il y a des choses assez graves en effet
01:12 qui se sont passées hier,
01:14 mais non, le texte a été adopté
01:17 en dehors des voies du Rassemblement National
01:19 et s'il avait dépendu de ces voies,
01:22 il aurait été retiré par le gouvernement.
01:24 Mais ce texte, vous en demandiez le retrait,
01:26 à l'institut de la Catalie Saint-Cricq tout à l'heure,
01:28 à 7h15.
01:29 Donc même s'il a été adopté sans les voies du RN,
01:31 ça reste le même texte.
01:32 Non, je n'ai jamais demandé le retrait du texte.
01:35 J'ai demandé que le texte respecte
01:38 les deux principes essentiels.
01:40 Un, qu'on ait de la rigueur,
01:43 c'est-à-dire que les Français sachent
01:46 qu'on ne fait pas n'importe quoi en France,
01:49 que le séjour irrégulier,
01:52 eh bien, il est repéré, sanctionné,
01:55 mais qu'on peut s'intégrer par le travail.
01:58 Il existe une voie d'intégration,
02:00 une voie pour être régulier dans notre pays
02:05 et c'est le travail.
02:06 Et c'est exactement ce qui a été imposé
02:09 dans le texte d'hier.
02:10 Mais par exemple, vous étiez hostile à la caution
02:12 pour les étudiants étrangers qui viendront en France.
02:14 Eh bien, il n'y aura pas de caution,
02:16 au moins pour les étudiants boursiers,
02:18 ce qui lève cette hypothèque.
02:21 Pour les autres, oui.
02:22 Il n'aurait pas été normal que l'inscription
02:25 dans une université française
02:27 dépende des moyens de l'étudiant ou de la famille.
02:32 Et donc, de ce point de vue-là,
02:35 cette affaire a été réunie,
02:36 comme à peu près toutes les autres.
02:38 Donc ce texte, il vous va ?
02:39 La situation vous convient ?
02:41 Non, la situation ne me convient pas.
02:44 Parce qu'on vit une période de désordre
02:48 et il faut se méfier extrêmement du désordre
02:52 quand, dans une démocratie ou une société de liberté,
02:56 le désordre s'introduit dans les esprits.
02:59 Alors, le risque est très grand
03:01 parce qu'évidemment, on peut se trouver
03:04 avec des peuples qui choisissent la servitude, on va dire.
03:09 Je voudrais vous montrer la ligne de libération ce matin.
03:11 Ce que disait Emmanuel Macron le 24 avril 2022,
03:13 après sa réélection,
03:14 "Vous m'avez élu pour faire barrage à l'extrême droite,
03:16 ce vote m'oblige."
03:17 Et ce que disait Marine Le Pen hier,
03:19 dans les couloirs de l'Assemblée,
03:20 "Pour l'ERN, la loi immigration signe une victoire idéologique."
03:24 Oui, Marine Le Pen, elle a fait une manœuvre
03:27 assez réussie du point de vue du jeu parlementaire.
03:33 Elle a voté contre ce texte d'un bout à l'autre.
03:36 Ils ont voté contre ce texte au Sénat,
03:38 ils ont voté contre les dispositions principales de ce texte.
03:42 Mais ils ont approuvé le texte qui sortait de la commission Mixparité.
03:45 Et lorsqu'il est sorti,
03:47 alors ils ont fait une manœuvre en disant,
03:48 "Ce texte est le nôtre."
03:50 Hier matin, le responsable du Front National,
03:53 M. Bardella, disait,
03:54 "S'il y a régularisation, jamais on ne votera ce texte."
03:58 Il y a régularisation.
04:00 Il y a cette voie ouverte à la régularisation par le travail.
04:04 Mais je ne suis pas du tout satisfait de la situation.
04:07 Et qu'est-ce qui vous dérange le plus ?
04:08 Parce que je n'arrive pas à comprendre ce qui vous dérange le plus.
04:10 C'est le contenu du texte, c'est le calendrier,
04:12 c'est la façon dont il a été adopté.
04:13 Qu'est-ce qui vous dérange le plus ?
04:15 Tout, dans cette période, a été désordonné.
04:21 La chose la plus importante,
04:25 il y a eu au départ une stratégie du gouvernement
04:30 qui consistait à s'entendre avec le Sénat.
04:35 Et notamment avec le groupe LR au Sénat,
04:39 et autrement dit, de faire dépendre le texte de ce groupe-là.
04:43 Puis après, il y a eu quelque chose que, j'avoue, je n'aurais jamais imaginé.
04:48 L'Assemblée nationale a dit,
04:51 a dit par une alliance des extrêmes,
04:56 "Nous n'examinerons pas ce texte."
04:59 Et je ne sais pas si vous voyez la gravité de cette chose.
05:03 Un, pourquoi êtes-vous élu si, devant un texte
05:07 que tous vous déclarez essentiel,
05:10 ceux qui sont contre et ceux qui sont pour disent "c'est grave, c'est lourd"
05:14 et puis vous décidez de ne pas l'examiner,
05:17 ce qui a complètement déséquilibré le rapport de force ?
05:19 Oui mais pardon, au final, François Bayron, au final,
05:21 hier soir, quand on regarde les votes,
05:23 il y a 59 voix qui manquent dans la majorité,
05:25 et sur 251 voix.
05:26 Le président du groupe Modem, de votre groupe, Jean-Paul Matéi, s'est abstenu.
05:30 Parlons clairement, parce que je vous trouve d'une loyauté sans faille,
05:33 mais quand même un peu embarrassé sur le fond, si je peux me permettre.
05:36 Je vous en prie.
05:38 C'est bien que vous me trouviez loyal, parce que c'est ce que je suis.
05:41 Ça n'a pas l'air d'être facile.
05:43 Non, ce n'est pas ce que je dis.
05:45 Je dis que la situation dans laquelle on s'est mis,
05:48 est une situation qui a créé des désordres très importants dans les esprits.
05:52 Il y a des gens, j'en connais beaucoup,
05:55 que cette séquence a profondément attristé.
05:59 Est-ce que ça a abîmé la majorité ?
06:01 Oui, en partie.
06:02 Est-ce que le Modem fait toujours partie de la majorité ce matin ?
06:04 Oui, le Modem fait partie de la majorité.
06:06 Est-ce que les ministres du Modem vont rester au gouvernement ?
06:08 Le Modem fait partie de la majorité,
06:10 et l'idée qu'on se livrerait à des pouces au crime, ce n'est pas du tout la mienne.
06:16 Mais je suis très insatisfait de la manière dont les choses ont été conduites.
06:22 Gouvernement, majorité, opposition.
06:25 On va prendre les responsables imparts.
06:27 Gouvernement, c'est Elisabeth Borne, c'est Gérald Darmanin, c'est quoi le problème ?
06:30 Ne me mettez pas dans le rôle de procureur, ce n'est pas du tout le mien.
06:34 Et je sais que ces femmes et ces hommes ont déployé beaucoup d'efforts
06:41 pour trouver un texte qui soit équilibré.
06:43 Elisabeth Borne s'est battue pied à pied pour que ce texte existe
06:48 et ne soit pas déséquilibré.
06:50 Et le ministre de l'Intérieur aussi.
06:52 Je ne suis pas là pour dire que c'est la faute des hommes.
06:55 D'un point de vue politique, pardon,
06:57 pour redonner du souffle à la majorité, est-ce qu'il faut un changement ?
07:00 Est-ce qu'il faut un remaniement ?
07:01 Est-ce qu'il faut un gouvernement qui assume plus clairement son ancrage à droite ?
07:04 Je ne crois pas du tout que ce soit d'un côté ou de l'autre
07:09 que se trouve la solution du pays.
07:11 La solution du pays, elle est dans l'équilibre du Bloc central.
07:15 Donc il n'y a pas besoin de remaniement, pardon, c'est pour essayer de comprendre.
07:19 Je ne suis pas président de la République.
07:23 Mais vous lui parlez, vous le conseillez et vous faites partie des rares personnes qui l'écoutent.
07:28 Pour l'instant, cette décision, elle est entre les mains du président de la République
07:35 et de la première ministre.
07:37 Qu'est-ce que vous lui conseillez ? Est-ce qu'il faut redonner du souffle à cette majorité ?
07:40 Moi, je conseille de changer de méthode et de pratique.
07:43 Je pense qu'on ne peut pas vivre les temps si difficiles qui sont les nôtres
07:50 en se livrant à des surenchères d'un côté ou de l'autre.
07:54 Il faut affirmer, réaffirmer s'il le faut, en tout cas défendre pied à pied
08:01 une vision qui soit une vision équilibrée de l'avenir.
08:05 On vient de le voir sur ce texte-là.
08:08 Vous croyez qu'on peut avancer dans le pays en désignant comme adversaire ou comme ennemi
08:16 une partie de la population qui est sur notre sol ?
08:19 Je ne le ferai jamais.
08:21 Je sais que la loi la plus importante, c'est celle que j'énonce, on va devoir vivre ensemble.
08:28 Ça c'est le constat, mais moi, pardon, je vois que vous nous apportiez des propositions, des solutions.
08:31 Aurélien Rousseau, le ministre de la Santé, qui présente sa démission à Isabelle Lebrun,
08:35 est-ce que vous le comprenez ? Est-ce que la première ministre doit accepter cette démission ce matin ?
08:39 Je comprends très bien les émotions qui se sont exprimées hier.
08:43 Je les comprends et je les partage et je les ai partagées.
08:47 La manœuvre habile du Rassemblement national a troublé beaucoup d'esprits.
08:53 Vous êtes tombé les deux pieds dedans quand même, visiblement, dans la manœuvre du RN.
08:56 Oui, tout le monde est tombé parce que, vous comprenez, vous l'avez rappelé,
09:03 toute la vie politique, toute ma vie politique, toute la vie politique de la famille que je représente,
09:10 du courant que je représente, toute sa vie politique,
09:14 elle a eu un marqueur, c'est ne pas se compromettre ou ne pas compromettre avec l'extrémisme,
09:20 et notamment avec l'extrême droite.
09:23 Toute ma vie politique et toute la leur.
09:27 Donc hier, quand ils ont découvert que le RN plantait un drapeau sur un texte auquel ils s'étaient opposés jusque-là,
09:36 très grand trouble dans les esprits.
09:39 Et je les comprends.
09:40 Très grande tristesse pour une partie d'entre eux.
09:42 Il y a le trouble d'un côté et il y a le besoin de clarté de l'autre.
09:44 Est-ce qu'Emmanuel Macron doit remanier son équipe gouvernementale ?
09:47 Il me semble que les décisions qui sont à prendre aujourd'hui par le Président de la République
09:53 à propos du gouvernement sont en effet une relance nécessaire.
09:59 Donc la réponse est oui.
10:01 Je pense que forcément il va se poser la question du gouvernement
10:06 et la majorité doit se poser la question de sa solidarité.
10:09 Vous allez à Bastignon demain ou dans quelques mois, est-ce que vous écouteriez la question ?
10:13 Vous savez bien que je suis pour l'instant en dehors complètement de ce type de responsabilité
10:19 parce qu'il faut que s'achève la période judiciaire qui s'était ouverte.
10:26 Mais vous comprenez, si l'on ne rappelle pas nos principes,
10:32 et je pense que le Président de la République va s'exprimer ce soir sur votre chaîne,
10:38 sur France 5, je pense qu'il est absolument nécessaire de remettre d'aplomb la majorité,
10:48 ses idées et le gouvernement.
10:50 Et rendre la parole aux Français, la dissolution, appeler les Français aux urnes ?
10:53 Si vous voulez ajouter du désordre au désordre, allez dans ce sens-là.
10:57 Je vous ai dit que le pire des risques dans une démocratie, ou un des pires risques,
11:02 le virus le plus dangereux, c'est le désordre.
11:05 Quand les gens ont l'impression que c'est le bazar,
11:08 et ils emploient même des mots parfois un peu plus vifs que ça,
11:12 que c'est le bazar, qu'on ne s'y reconnaît pas, mais qu'est-ce qui se passe, comment on fait ?
11:16 Alors il faut remettre de l'ordre, remettre d'aplomb.
11:20 Et je pense que c'est une responsabilité que le Président de la République doit maintenant assumer.
11:25 Merci beaucoup François Bayrou d'être venu dans les 4V. Bonne journée à vous.
11:28 Merci.

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