Fernand Gontier, ancien directeur central de la police aux frontières, à propos de l'Allemagne qui a mis en place des contrôles aux frontières : «C'est une mesure d'abord politique à destination des populations étrangères».
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00:00Contrôle aux frontières, ça veut dire qu'on arrête les véhicules,
00:03on fouille dans les bus, on fouille dans les voitures,
00:05on fouille dans les camping-cars.
00:06Est-ce que c'est en fouillant dans un bus qui passe la frontière
00:09qu'on arrête l'immigration clandestine ?
00:13Je pense que cette mesure est une mesure d'abord politique,
00:18à la destination des populations étrangères.
00:21Maintenant, pour répondre très franchement à votre question,
00:25le contrôle est efficace,
00:27mais il n'est pas efficace à 100% bien évidemment.
00:30Et je pense que les autorités allemandes ont justifié ce rétablissement
00:36par des menaces, par des risques,
00:38et qu'elles vont mettre en place un dispositif dynamique, aléatoire,
00:42qui est basé sur cette analyse du risque,
00:44pour pouvoir intercepter, interpeller des migrants,
00:48mais surtout des passeurs.
00:49Je pense que c'est surtout ça qui intéresse les autorités allemandes,
00:52c'est de détecter, de neutraliser tous ceux
00:55qui facilitent la circulation de ces migrants.
00:58C'est là que ça m'intéresse.
01:00Pardonnez-moi de vous interrompre, monsieur Gontier,
01:02mais c'est là que ça m'intéresse, parce que les illégaux,
01:04et vous avez une réponse que je n'ai pas, bien sûr,
01:07et c'est pour ça que je me tourne vers vous.
01:09Les illégaux, ils ne passent pas par les frontières officielles.
01:13Ils passent par des brèches, par des endroits moins surveillés.
01:17Donc moi, ce que je me dis, c'est que les passeurs que vous évoquez,
01:19ils ne sont pas du tout inquiétés puisqu'ils n'utilisent pas
01:21les voies de frontière communes habituelles de monsieur et madame Tout-le-Monde.
01:25J'ai envie de dire.
01:27Alors, vous avez deux cas de figure.
01:28Vous avez tous ceux qui franchissent les frontières
01:32sur des points massifs de circulation, des déflux.
01:36Je veux dire, on se noie dans la masse, sur des autoroutes, dans les grandes gares.
01:39Donc, on essaie de se dissimuler par différentes techniques.
01:43Et puis, vous avez une autre partie des migrants qui ont recours à des passeurs
01:48quand il s'agit de franchir les Pyrénées ou les Alpes
01:51avec des conditions un peu particulières.
01:54Donc, vous avez les deux cas de figure, en fait.
01:58Et donc, tout ça repose sur…
02:00Et ces contrôles permettent d'alimenter cette analyse du risque
02:04pour savoir quels sont les modes opératoires.
02:06Est-ce qu'on est plutôt sur des franchissements dans des bus ?
02:09C'est souvent le cas.
02:10Ou dans des trains, c'est souvent le cas aussi.
02:12Mais aussi dans les camions.
02:14Et c'est vrai que fouiller un camion, c'est particulièrement complexe à faire
02:18sur une frontière intérieure où il y a des dizaines de milliers de passages,
02:22que ce soit au pont de Kehl ou au Pertus ou encore à Biriatou.
02:26Et donc, c'est toute cette difficulté, finalement, sans gêner l'activité économique,
02:33c'est-à-dire le franchissement des marchandises, des travailleurs frontaliers, etc.
02:38Et donc, si on voulait véritablement faire du contrôle aux frontières,
02:43il faudrait plusieurs choses.
02:44Bien évidemment, faire du contrôle systématique.
02:48Sommes-nous prêts ?
02:49Est-ce que la population est prête à accepter ce type de mesures, premièrement ?
02:53Deuxièmement, il faudrait avoir des moyens, des moyens humains,
02:56des moyens logistiques pour mettre en place ces contrôles.
02:59Et surtout, j'insiste sur ce point, des moyens juridiques.