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Mathilde Panot, députée du Val-de-Marne et présidente du groupe LFI à l'Assemblée nationale était l'invitée du 8h30 de franceinfo mercredi 20 décembre 2023.

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Transcription
00:00 *Musique*
00:06 Bonjour Mathilde Panot.
00:07 Bonjour.
00:08 La loi immigration a donc été votée hier soir par le Parlement.
00:12 349 voix pour, 186 contre à l'Assemblée Nationale.
00:16 Le gouvernement est fier d'expliquer que le texte est passé sans les voix du RN.
00:21 Vous avez perdu ?
00:23 Alors déjà il faut quand même pointer le fait que le gouvernement ment sur cette question.
00:27 Et je comprends qu'ils mentent, puisqu'ils sont extrêmement gênés d'avoir eu besoin des voix du RN
00:33 pour faire adopter le pire texte raciste et xénophobe depuis au moins 40 ans dans notre pays.
00:39 Je vous explique pourquoi.
00:40 Dans les chiffres sans le RN, la loi passait quand même.
00:42 Oui, alors ils avaient donc besoin que le RN ne vote pas contre.
00:47 Donc ils ont besoin, ils ont eu besoin des voix du RN pour faire passer ce texte.
00:51 Et je vais vous donner deux chiffres pour que vous compreniez ce qui est en train de se passer.
00:56 25% de la majorité, si on prend les trois groupes de la majorité minorité présidentielle,
01:02 n'ont pas voté le texte.
01:03 Par contre, 100% des députés du RN, eux, ont voté pour le texte.
01:08 Donc c'est un texte le pénis qui est passé hier à l'Assemblée Nationale.
01:12 Et je crois qu'il faut que chacun et chacune comprenne la gravité du moment de ce que nous sommes en train de vivre
01:18 et jusqu'à où la Macronie peut aller alors qu'elle est en situation de faiblesse.
01:22 Ça veut dire que pour vous, Mathilde Panot, Emmanuel Macron qui a promis hier de ne pas promulguer la loi
01:28 si elle était votée avec les voix du RN, doit faire procéder à une nouvelle délibération ?
01:35 Moi, j'aimerais le retrait pur et simple du texte, notamment parce que le vote à l'Assemblée Nationale la semaine dernière
01:42 avait rejeté le texte. Et donc quand une représentation nationale rejette un texte,
01:47 généralement dans une démocratie, on retire le texte.
01:50 Et puis, généralement, en démocratie, quand on garde en intimité aussi le ministre qui a porté et qui a engagé sa responsabilité sur le texte,
01:58 généralement on part avec son texte sous le bras. Donc moi, j'aimerais le retrait du texte.
02:02 Mais à minima, puisque la promesse a été faite, oui, il ne peut pas promulguer cette loi puisque mathématiquement,
02:09 la loi est passée avec les voix du RN. Mais c'est pire que ça, je vais vous dire.
02:15 Parce qu'avec les voix du RN, national c'est une chose. Mais surtout avec dedans le programme, ligne par ligne, du Front National depuis maintenant 50 ans.
02:24 Notamment sur la déchéance de nationalité, la remise en cause du droit du sol, la préférence nationale pour les prestations sociales.
02:31 Mais aussi les régularisations, c'est ce que met en avant la majorité.
02:36 Oui, les régularisations sont réduites à peau de chagrin.
02:38 On va revenir sur le fond, Mathilde Panot. Pendant le vote hier, la majorité s'est fissurée.
02:42 Au moins six ministres ont envisagé de démissionner hier soir. Pour vous, le macronisme est mort hier soir ?
02:50 Je crois que la Macronie qui se disait "ni de droite, ni de gauche", quand elle a besoin de faire un texte aussi dur, il faut comprendre,
02:58 ils n'ont pas fait un texte aussi dur juste pour aller chercher les voix du LR, des LR. Ils avaient besoin des voix du RN.
03:05 Donc quand la Macronie...
03:06 Dans les chiffres, Mathilde Panot, quand même, soyons précis, sans les voix du RN...
03:11 Le RN jusqu'alors votait contre, vous êtes d'accord ? Donc ils avaient besoin que le RN ne vote pas contre.
03:17 C'est la raison pour laquelle ils ont eu besoin de ces voix-là.
03:21 Je vais vous dire, le macronisme est mort à partir du moment où ils sont obligés d'aller non seulement chercher les voix des LR pour refaire le vieux monde politique,
03:32 mais en plus de ça, de faire en sorte que le Rassemblement National ne vote pas contre la loi.
03:37 C'est la première fois dans notre République française qu'une loi inscrit la préférence nationale.
03:42 Je ne sais pas si vous vous rendez compte de la gravité de ce que ça veut dire pour notre pays, de ce que ça veut dire pour la suite.
03:49 Et moi, je salue celles et ceux qui ont compris que ce n'était pas seulement une question partisane qui se jouait,
03:55 mais l'enjeu, c'était la question de la France et de la République.
03:59 Elisabeth Borne, qui est actuellement l'invitée de nos confrères de France Inter, elle parle du sentiment du devoir accompli.
04:06 Elle peut rester à Matignon ?
04:07 Moi, je pense que Mme Borne devrait partir.
04:10 Et d'ailleurs, Emmanuel Macron a annoncé un remaniement d'urgence, un remaniement qui aurait lieu en janvier probablement, d'ampleur pardon.
04:19 Bon, on va voir. Est-ce que dans son remaniement, il va mettre des ministres des Républicains ?
04:24 Est-ce qu'il va mettre directement un ministre du Rassemblement National ? Pourquoi pas, vu ce qu'ils sont en train de faire ?
04:29 Sur ce mot "devoir" qui est employé ce matin par Elisabeth Borne, puis par d'autres membres de la majorité,
04:34 ça peut tenir longtemps un gouvernement sur le sentiment du devoir ?
04:38 Ben non, regardez, vous avez le président de la République, le plus mal élu de la Ve République, lorsqu'il a été réélu en 2022.
04:45 Et il avait dit à ce moment-là, rappelez-vous-en,
04:48 "Je sais qu'un certain nombre de gens n'ont pas voté pour mes idées, mais pour contrer les idées d'extrême droite et ce vote m'oblige."
04:54 Vous avez ensuite une première ministre qui, fait rare en démocratie, n'a pas demandé la confiance au Parlement.
05:00 Puis un gouvernement qui ne cesse de gouverner à coup de 49-3, 23-49-3, et on le voit avec la loi Immigration,
05:07 s'ils ne vont pas chercher les voix du Rassemblement National, ils ne sont rien sans le 49-3.
05:12 Donc on sait que ça ne va pas pouvoir durer comme ça. Et moi, je voudrais juste dire quelque chose à celles et ceux qui nous écoutent.
05:18 Ce texte ne va leur donner aucun droit supplémentaire à l'heure où pourtant la faim disloque le pays,
05:24 à l'heure où le nombre d'enfants à la rue qui dorment à la rue est en train d'exploser,
05:27 à l'heure où les gens ont peur de la solitude dans les fêtes de fin d'année.
05:30 Ce texte n'est qu'une régression sur les droits fondamentaux.
05:34 Et quand on s'en prend aux droits des étrangers, à la fin, généralement, ça attaque les droits du peuple tout entier.
05:39 "On va aborder le texte dans le fond dans un instant, mais d'abord sur votre rôle à vous,
05:43 sur le rôle de la gauche pendant toute cette procédure législative.
05:47 Hier dans l'après-midi, Marine Le Pen a pris la parole pour annoncer qu'elle voterait le texte donc,
05:52 et en plus, elle a eu un message pour vous. Écoutez."
05:55 "La gauche qui vient d'opérer un suicide en direct, puisqu'ils ont contribué, je les en remercie d'ailleurs,
06:03 à permettre que cette loi qui, encore une fois, prévoyait au départ une nouvelle filière d'immigration massive,
06:10 eh bien termine en une loi qui durcit, oh certes, un peu, un petit pas,
06:18 mais un peu tout de même, les conditions d'immigration dans notre pays.
06:23 Pour une fois que la gauche est utile à quelque chose."
06:27 "Je remercie la gauche", dit Marine Le Pen aujourd'hui.
06:31 Vous avez fait une grosse erreur stratégique avec cette motion de rejet ?
06:33 "Pas du tout, alors déjà je voudrais moi aussi remercier Madame Le Pen pour la clarification politique
06:38 qui montre que le seul rempart aujourd'hui à l'extrême droite,
06:42 c'est la force que nous représentons, nous du côté de la NUPES qui portons en l'humanisme."
06:46 "Bah elle dit que vous avez servi de marche-pieds là."
06:47 "Ensuite, ah non, ceux qui servent de marche-pieds s'appellent les macronistes.
06:51 Parce que regardez la situation, lorsque la motion de rejet est adoptée,
06:54 c'est-à-dire que la représentation nationale vote contre le texte,
06:58 dans une démocratie normale, ce que je disais tout à l'heure,
07:01 on retire le texte, c'est ce qui se passe normalement.
07:03 Qu'ont fait les macronistes ? Ils ont décidé de passer en force.
07:08 C'est eux à ce moment-là, attendez, c'est eux à ce moment-là qui servent de marche-pieds à l'extrême droite."
07:14 "La motion de rejet, techniquement, a envoyé le texte au Sénat ou à une CMP."
07:17 "Oui, mais regardez, si le texte avait été examiné à l'Assemblée,
07:20 avec les pires paroles racistes et xénophobes, il y aurait eu aussi une CMP,
07:24 puisque le travail en commission qui lui a eu lieu,
07:26 écoutez-moi, le travail en commission qui lui a eu lieu dans l'Assemblée,
07:32 donnait un texte déjà différent de celui du Sénat.
07:34 Donc quel est le problème ? C'est de ne pas avoir respecté les règles démocratiques.
07:38 Parce que dans une CMP, pour que tout le monde comprenne, il y a une...
07:42 Ah bah je pense qu'il y a des gros problèmes démocratiques en effet.
07:44 Il y a 7 députés, 7 sénateurs qui doivent négocier entre la version du Sénat et la version de l'Assemblée.
07:49 Il n'y avait pas de version de l'Assemblée.
07:51 Donc quel était le mandat donné aux députés de cette Assemblée ?
07:54 Le mandat, c'était de dire "nous ne voulons pas de ce texte".
07:57 Voilà le mandat qui était donné à ces députés.
07:58 Non, c'était discuté sur la base du texte du Sénat.
08:00 Et je vais vous dire le problème.
08:01 Le problème, c'est que vous savez très bien que ces négociations ne se sont pas tenues dans cette CMP,
08:05 Commission Mixe Paritaire.
08:07 Elles se sont tenues dans une Commission Mixe Parallèle, directement à Matignon.
08:10 Dans quelle démocratie voit-on directement la Première Ministre mener des négociations avec certains députés seulement et pas les autres ?
08:18 Eh bien oui, je le dis, c'est un problème démocratique et nous avons fait notre rôle d'opposant sur le fait de rejeter ce texte.
08:24 Mathilde Pannot, la présidente du groupe La France Insoumise, est avec nous jusqu'à 9h sur France Info.
08:28 On vous retrouve juste après le fil info, 8h41.
08:30 Maureen Swiniard.
08:31 "J'ai le sentiment du devoir accompli", affirme ce matin la Première Ministre Elisabeth Borne.
08:38 Elle s'exprime après l'adoption du projet de loi immigration hier par le Sénat et l'Assemblée nationale.
08:43 A l'Assemblée, les Républicains ont voté pour le Rassemblement national aussi.
08:47 Elisabeth Borne affirme que l'aide médicale d'État ne sera pas supprimée pour les sans-papiers.
08:52 Elle dit par ailleurs qu'Emmanuel Macron n'a pas reçu la démission du ministre de la Santé.
08:57 Ce soir, le président va donner une interview.
08:59 Il sera sur France 5 dans l'émission, c'est à vous.
09:02 Quelle sera la décision du tribunal dans l'affaire du Mediator ?
09:05 Près de 8000 victimes attendent la décision en appel de la justice aujourd'hui.
09:10 Les laboratoires serviers jugés pour tromperie aggravée, homicide et blessure involontaire
09:15 pour avoir vendu cet antidiabétique, souvent présenté comme un coupe-fin,
09:19 le Mediator responsable de graves lésions cardiovasculaires.
09:22 Des discussions autour d'une trêve.
09:24 Le chef du Hamas est aujourd'hui en Égypte pour avancer sur la question.
09:28 Il sera aussi question de la libération des otages,
09:30 alors que 129 personnes sont toujours retenues dans le territoire palestinien, selon l'État hébreu.
09:35 Toujours avec Mathilde Panot, la chef de file du groupe La France Insoumise, à l'Assemblée Nationale.
09:50 On va parler du fond, maintenant du texte.
09:52 Les Français veulent de la fermeté sur l'immigration, c'est ce que dit Gérald Darmanin,
09:56 le ministre de l'Intérieur.
09:57 Il dit "ce texte est une arme anti-Le Pen".
10:00 Votre réaction ?
10:01 Alors pas du tout, justement.
10:03 Et d'ailleurs, vous voyez que le Rassemblement National ne cesse de jubiler
10:07 et d'expliquer partout que la Macronie, et c'est vrai,
10:10 leur a offert sur un plateau d'argent une victoire idéologique,
10:13 notamment sur la question de la préférence nationale.
10:17 Donc non, ce n'est pas une arme anti-Le Pen,
10:19 c'est une arme de projection de Le Pen qui a été faite.
10:22 Et je vais vous dire, parce qu'on utilise souvent les sondages sur cette loi immigration,
10:26 le dernier sondage IFOP qui parle des priorités des Français.
10:30 En première priorité, à 83% arrive la question de la santé,
10:34 alors que des millions de nos concitoyens renoncent aux soins.
10:37 En deuxième priorité, à 80%, arrive la question de la vie chère,
10:41 sur laquelle on nous a encore refusé à l'Assemblée Nationale,
10:44 il y a quelques semaines, l'encadrement des marges,
10:46 et donc un prix plancher pour les paysans qui permettait aux gens
10:50 de re-réflirer sur cette question et d'arrêter que certains se gavent sur le malheur du peuple français.
10:55 Si on parle de ce texte, et notamment sur la question de la préférence nationale
10:58 que vous abordez tout à l'heure, sur les allocations,
11:01 les allocations sociales conditionnées à la nationalité ou à une durée de présence sur le territoire,
11:05 un certain nombre d'analyses disent que ça existe déjà.
11:08 D'ailleurs, Gérald Darmanin lui-même donne, pour exemple, le RSA,
11:11 vous ne le touchez, dit-il, en France, que cinq ans après votre arrivée.
11:15 La prime d'activité, c'est cinq ans après.
11:17 L'allocation de solidarité aux personnes âgées, cinq ans après.
11:20 Voilà, si on écoute le ministre de l'Intérieur, il ne s'agit pas d'une rupture, ce qui s'est passé hier.
11:24 Alors si, il s'agit d'une rupture, et je vais vous dire,
11:27 lorsque l'on touche à l'universalité de certains droits,
11:30 c'est aussi ensuite derrière la manière de les détricoter, de mettre des conditions plus dures.
11:36 On connaît ça par cœur, c'est ce qui s'est passé à chaque moment.
11:38 Je vais vous prendre un exemple très précis.
11:40 La question des allocations familiales.
11:42 Les allocations familiales, elles ont été inventées, non pas, et je vais peut-être vous choquer,
11:47 mais non pas pour les parents.
11:48 Elles ont été faites parce que, dans la Convention internationale des droits de l'enfant
11:52 que la France a signée, il est noté dedans
11:56 que l'enfant doit avoir le droit à ce qui permet une existence digne à chacun des enfants.
12:02 Donc c'est fait pour les enfants.
12:04 Et donc, faire une préférence nationale, en quelque sorte, triant des enfants les uns des autres,
12:10 selon la nationalité de leurs parents, est une chose qui est inadmissible pour nous,
12:15 et qui, je crois, remet en cause profondément le droit des enfants.
12:18 C'est ce dont se défend le gouvernement.
12:20 Le gouvernement dit "on fait la différence entre ceux qui travaillent et ceux qui ne travaillent pas".
12:23 L'exemple que donnait Olivier Dussopt, le ministre du Travail, il disait
12:26 "de toute manière, le temps de faire le regroupement familial, ça prend deux ans,
12:30 et puis après, pour les personnes qui travaillent, ça nous amène à deux ans et demi".
12:34 Et donc, on retombe sur nos pattes.
12:35 - Et donc, pourquoi font-ils cette mesure-là ?
12:37 - Par rapport au délai. Pour ceux qui travaillent, c'est plutôt.
12:39 - Bah donc, pourquoi ils font cette mesure-là, alors ?
12:40 - Vous dites que ça ne servirait à rien.
12:42 - En fait, il dit concrètement "ça ne change rien".
12:44 - En fait, je vais vous expliquer. Cette loi... Donc si ça ne change rien, ne faites pas cette loi.
12:46 Enfin, je veux dire, c'est quand même simple.
12:48 - C'est pas nous qui la faisons, c'est...
12:49 - Non mais je veux dire...
12:49 - Non mais c'est le gouvernement.
12:50 - C'est pour m'adresser à eux par cette antenne.
12:53 Non mais, enfin, il faut quand même comprendre.
12:56 Toute cette loi est basée sur les fantasmes de l'extrême droite.
12:59 Vous savez à quel point le regroupement familial s'est effondré ces dernières années,
13:03 au point qu'il représente 10% de l'immigration de ce pays.
13:07 Je veux dire, quand les gens se posent et réfléchissent un peu,
13:10 ils comprennent très rapidement que non, nous n'avons pas de submersion migratoire en France,
13:14 que la plupart des migrations sont des migrations sud-sud,
13:17 et que lorsque l'on prend des mesures aussi absurdes que celles de l'aide médicale d'État,
13:22 sur lequel ils se sont engagés, non pas dans ce texte, mais bientôt, au premier trimestre,
13:26 à le réduire encore, ils comprennent très bien que les microbes, les épidémies, les maladies,
13:31 ne regardent pas les papiers des gens avant de faire leur œuvre.
13:34 Et donc que c'est un problème de santé publique.
13:36 L'aide médicale d'État, c'est 0,4% des dépenses de santé.
13:40 La fraude à l'aide médicale d'État, examinée en 2019,
13:43 500 000 euros, soit 0,06% de 0,4%.
13:48 Et l'Espagne, qui l'avait supprimée, a dû le rétablir devant,
13:52 1) la hausse du taux de mortalité des exilés, et surtout le retour d'épidémies et de maladies.
13:57 Donc tout est absurde dans cette loi, nous n'en avons pas besoin.
14:00 Le parti socialiste, tout comme Emmanuel Macron, a décidé de saisir le Conseil constitutionnel.
14:05 Gérald Darmanin lui-même disait qu'il y avait sans doute des mesures
14:08 qui seraient manifestement contraires à la Constitution.
14:12 Ça vous donne un espoir que certaines mesures sortent de ce texte ?
14:16 Évidemment. Alors nous, nous saisirons le Conseil constitutionnel, je le dis.
14:19 Nous demandons à Emmanuel Macron de ne pas le promulguer
14:22 conformément à la promesse qui a été faite.
14:24 Je précise d'ailleurs qu'Elisabeth Borne, à l'instant, reconnaît elle-même
14:28 que des mesures sont anti-constitutionnelles.
14:29 Oui, enfin c'est quand même incroyable.
14:30 On a rarement vu ça, quand même, un ministre qui porte une loi
14:32 qui explique lui-même ce qu'il est en train de porter, anti-constitutionnel.
14:35 Donc vous voyez jusqu'à quel point leur magouille les portes.
14:38 Donc nous savons que nous allons gagner sur des points, mais je le dis.
14:41 Quel que soit le résultat du Conseil constitutionnel,
14:44 nous demandons à Emmanuel Macron de ne pas promulguer cette loi.
14:46 Et surtout, nous, au pouvoir, nous l'annulerons.
14:49 Parce que cette loi, et je veux vraiment qu'on comprenne ce qui est en train de se passer,
14:54 c'est une attaque en règle aux droits fondamentaux
14:57 qu'on n'a jamais vue dans ce pays depuis au moins 50 ans.
15:01 Hier, Manuel Bompard, chef de file de la France Insoumise,
15:05 a appelé à une réunion en urgence de la NUPES.
15:09 Ça veut dire que ce type d'événement est susceptible de ressouder la gauche ?
15:14 Écoutez, je pense que Manuel Bompard a eu raison de faire cet appel
15:19 au groupe de la NUPES au nom du mouvement de la France Insoumise.
15:22 Elle va avoir lieu, cette réunion ?
15:23 J'espère, on attend les réponses des uns et des autres.
15:27 Mais lorsque vous avez une situation aussi grave que celle
15:30 que nous sommes en train de vivre dans le pays,
15:32 et que vous avez des élections européennes qui disent que la seule liste
15:36 qui pourrait arriver avant celle du Rassemblement National,
15:39 c'est celle de la NUPES Unie,
15:41 je crois que plus que jamais, il faut se reposer la question
15:44 de dire, est-ce qu'avec ce qui vient de se passer,
15:46 c'est-à-dire une loi qui reprend directement des mesures
15:50 du programme de Jean-Marie Le Pen et de Marine Le Pen,
15:52 est-ce qu'on veut qu'au soir des européennes,
15:53 ce soit le Rassemblement National qui soit la première force du pays,
15:57 ou est-ce qu'on veut que ce soit l'alternative politique qui soit en tête ?
16:00 C'est la possibilité que nous avons si nous allons ensemble aux élections européennes.
16:04 – Et justement sur les européennes, sauf erreur de notre part,
16:07 on ne sait pas si c'est Manon Aubry qui va à nouveau conduire la liste,
16:12 ou pas, la décision, elle est prise ?
16:14 – Eh bien justement, c'est parce que nous sommes force de proposition
16:18 à la France Insoumise que nous n'avons pas…
16:20 alors Manon Aubry est chef pour l'instant de notre liste,
16:24 mais que nous avons dit que nous étions prêts, par exemple,
16:27 à proposer la tête de liste aux écologistes.
16:29 C'est pour ça que nous n'avons pas dit…
16:30 – Ils ont déjà leur candidat qui s'appelle Marie Toussaint,
16:33 vous pourriez vous ranger derrière eux ?
16:34 – Nous n'avons pas dit formellement que Manon Aubry serait notre tête de liste,
16:37 puisque nous espérons encore que les autres parties de la NUPES
16:41 reviennent à la raison et à la responsabilité,
16:44 vu ce qui s'est en train de se passer dans le pays,
16:46 et donc nos propositions sont toujours ouvertes.
16:48 – La France Insoumise pourrait se ranger derrière les écologistes,
16:52 derrière la candidature de Marie Toussaint ?
16:53 – On l'a dit 150 fois, je ne sais pas combien de fois il faut le dire,
16:57 pour expliquer que nous n'avons pas demandé la tête de liste.
17:00 – Et ce qui s'est passé hier est susceptible selon vous
17:02 de faire bouger les lignes ?
17:03 – J'espère que chacun comprendra le danger qui guette le pays.
17:06 – Mathilde Panot, la présidente du groupe La France Insoumise à l'Assemblée,
17:09 vous êtes encore avec nous pour quelques minutes jusqu'à 9h sur France Info.
17:12 On vous retrouve juste après le Fil info 8h50.
17:15 Maureen Swiniard.
17:16 – Je ne juge pas les députés de la majorité qui n'ont pas voté ce texte,
17:21 dit Elisabeth Borne ce matin.
17:23 Un quart des députés macronistes ont voté contre le projet de loi immigration,
17:27 un projet durci en commission, qui rallonge par exemple les délais
17:31 pour que les étrangers puissent toucher des prestations sociales.
17:34 La Première ministre affirme ce matin avoir le sentiment du devoir accompli
17:38 et indique qu'il n'est pas question de supprimer l'aide médicale d'État
17:42 pour les sans-papiers.
17:43 Sur France Info, Mathilde Panot, la présidente du groupe La France Insoumise
17:46 à l'Assemblée, demande le retrait du texte.
17:49 L'ex-femme de Michel Fourniret, Monique Olivier, restera en prison
17:53 au moins jusqu'en 2035.
17:54 Elle a été condamnée à la prison à perpétuité hier,
17:57 avec une période de sûreté de 20 ans.
17:59 Elle est reconnue coupable de complicité dans l'enlèvement
18:02 et le meurtre de trois jeunes filles.
18:04 Le père d'Estelle Mouzin fait part sur France Info de son soulagement.
18:08 Mieux éclairer les lycéens et réduire le stress,
18:10 voici l'objectif du ministère de l'Enseignement supérieur.
18:14 Parcoursup ouvre pour la première fois en avance une phase d'information.
18:18 Dès la seconde, les élèves vont pouvoir créer leur profil
18:20 et se renseigner sur les 23 000 formations disponibles.
18:28 Le 8/30 France Info, Jérôme Chapuis, Salia Braklia.
18:33 Mathilde Panot, la ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna,
18:36 est revenue d'un déplacement au Proche-Orient où elle a souligné, je cite,
18:39 "la divergence de point de vue de la France avec Israël
18:42 dans son droit à se défendre".
18:44 Elle appelle aussi à "une nouvelle trêve immédiate et durable".
18:48 C'est le discours qu'il fallait y tenir ?
18:50 Elle a d'ailleurs rajouté aussi qu'il fallait qu'Israël
18:53 mette fin à la politique de colonisation, notamment en parlant des
18:56 300 Palestiniens qui ont été tués par des colons en Cisjordanie.
19:01 Je veux pour une fois saluer la prise de parole qui a été faite
19:05 par le gouvernement qui, je crois, est la première fois que
19:10 des paroles aussi claires sont tenues vis-à-vis d'Israël.
19:14 Alors nous, nous ne sommes pas favorables à une trêve puisque
19:16 nous avons vu ce que créait une trêve, c'est-à-dire qu'une trêve permet
19:19 ensuite à Israël de nouveau de continuer à bombarder
19:23 la population palestinienne.
19:24 Donc nous, nous sommes les partisans du cessez-le-feu immédiat
19:27 et inconditionnel.
19:29 Et je crois que maintenant, la France doit passer des paroles,
19:32 des paroles qui ont été tenues aux actes.
19:34 Et notamment dans les actes, nous demandons qu'il y ait des sanctions
19:37 qui soient prises contre Israël pour forcer, exiger que ce cessez-le-feu
19:43 puisse arriver. Il faut augmenter la pression sur le gouvernement
19:46 d'extrême droite de Netanyahou.
19:47 Mais sur quelles sanctions ?
19:49 Des sanctions économiques, par exemple.
19:52 On a déjà fait ça à d'autres moments, dans d'autres guerres,
19:56 lorsqu'il y avait des violations du droit international.
19:59 Mais vous voyez la France aller toute seule sur ce type de sanctions
20:02 vis-à-vis d'Israël ?
20:03 Vous savez, la France n'est pas toute seule.
20:05 Il y a d'ores et déjà des pays dans le monde qui ont pris des sanctions.
20:08 Il se trouve que l'Assemblée générale des Nations unies a voté
20:12 à une immense majorité la question du cessez-le-feu immédiat en Palestine,
20:17 puisqu'il n'y avait que dix États, dont Israël et les États-Unis,
20:21 dans le monde, qui ont voté contre ce cessez-le-feu.
20:23 Mais du coup, ce n'est pas passé.
20:23 Donc, si à l'Assemblée générale, alors ce n'est pas contraignant,
20:27 mais à l'Assemblée générale, il n'y a pas de droit du veto
20:29 des Nations unies, contrairement au Conseil de sécurité.
20:32 Au Conseil de sécurité, effectivement, il y a toujours un blocage des États-Unis,
20:35 auquel la France pourrait, par exemple, aller discuter.
20:39 Parce que là où il faut faire très attention,
20:41 ce qui est en train de se passer en Palestine,
20:43 non seulement ça fout droit à notre humanité commune,
20:46 sur le nombre de morts qui ne cessent d'exploser,
20:49 sur les gens qui se retrouvent à être assoiffés, affamés,
20:53 qui se retrouvent aux prises avec des maladies,
20:56 avec un système de santé qui est en train de s'effondrer.
20:59 Mais il faut comprendre que c'est en train d'enterrer définitivement
21:02 la possibilité d'une solution politique pour le retour à la paix,
21:06 et notamment, ce qui vient des résolutions de l'ONU,
21:08 sur la solution à deux États.
21:10 Voilà la voile à France qui doit être tenue aujourd'hui.
21:13 C'est ce que dit Emmanuel Macron en parlant de sanctions.
21:16 La France va prendre des sanctions contre certains colons israéliens
21:19 extrémistes de Cisjordanie.
21:21 Interdiction du territoire français, gêle de leur avoir.
21:24 Là aussi, vous applaudissez ?
21:26 Alors, ça fait plusieurs États, j'ai appris, de telles mesures.
21:29 D'accord, c'est bien.
21:30 Mais moi, je demande des sanctions contre l'État d'Israël.
21:33 Je veux qu'on comprenne.
21:35 Je demande des sanctions contre le gouvernement israélien.
21:38 Sinon, comment pouvons-nous faire arrêter
21:41 ce qui se passe, les crimes de guerre ?
21:42 Vous pensez que c'est les sanctions qui vont arrêter Benyamin Netanyahou ?
21:45 Écoutez, vous savez, moi, je crois à la voie diplomatique.
21:49 Je crois au fait que lorsque la communauté internationale,
21:53 des voix comme la France mettent tout leur poids
21:55 sur le fait d'arrêter des crimes de guerre,
21:57 en tout cas, je ne connais pas d'autre manière de faire.
22:00 Parce que si vous voulez aller dans une escalade guerrière à Touva,
22:03 je crois que ce n'est pas ça qui va arrêter les massacres des Palestiniens.
22:05 Le temps urge sur cette question.
22:07 Mathilde Panot, il y a des sénateurs français autour de Gérard Larcher
22:10 qui ont décidé de se rendre en Israël aujourd'hui.
22:12 D'abord, est-ce que c'est leur place ?
22:13 Et est-ce que LFI pourrait s'associer à ce type d'initiative ?
22:17 Alors malheureusement, nous n'avons pas de sénateurs.
22:19 Ça ne vous a pas échappé.
22:22 En fait, nous n'irons pas à côté, par exemple,
22:27 de ce qu'a fait la présidente de l'Assemblée nationale avec d'autres députés.
22:30 Nous n'irons pas à côté d'une armée ou d'un gouvernement
22:33 qui aujourd'hui commet des crimes de guerre.
22:35 Mais ça veut dire qu'il ne faut pas parler selon vous avec des élus,
22:39 avec la société israélienne ?
22:41 Mais bien sûr que si.
22:41 D'ailleurs, nous avons fait une visio juste après le 7 octobre
22:46 avec des élus de gauche, y compris d'ailleurs qui ont été censurés de la Knesset,
22:50 c'est-à-dire qui ont été écartés pendant deux mois de la Knesset,
22:53 parce qu'ils avaient tenu des paroles pour la paix.
22:55 Donc nous, nous continuons à parler,
22:57 avec que ce soit les associations israéliennes,
23:00 avec des députés de gauche israéliens, pour continuer à porter aussi...
23:04 Vous dites qu'il ne faut pas parler aux autorités israéliennes
23:06 parce que là, les sénateurs qui vont sur place,
23:08 ils vont voir à la fois le gouvernement israélien,
23:11 le chiem, voilà.
23:11 Je n'irai pas me mettre en scène avec une armée qui commet des crimes de guerre,
23:15 c'est ça que j'ai dit.
23:16 Mais parler, évidemment qu'il faut parler.
23:18 Si je vous dis que je crois à la diplomatie,
23:20 c'est justement parce que je pense qu'il faut faire cesser ça immédiatement.
23:23 Et je vais juste alerter sur un point,
23:25 parce que je ne sais pas ce que va faire M. Larcher là-bas,
23:28 mais il faut quand même se rendre compte du zigzag
23:30 qu'a fait la France sur sa position pendant des semaines et des semaines.
23:33 Et notamment quand vous aviez pour la première fois,
23:36 Emmanuel Macron qui prononce le mot "cessez le feu",
23:38 le lendemain, le ministre de la Défense
23:41 et avec son homologue de la Défense israélien
23:43 qui organise justement les massacres qui ont cours à Gaza,
23:47 en lui disant qu'il soutient sans équivoque
23:50 le gouvernement d'extrême droite israélien.
23:52 La voie de la France ne peut pas zigzaguer comme ça,
23:54 elle doit être claire et elle doit porter la langue de la paix
23:57 et du droit international.
23:58 Mathilde Panot, dans cette actualité très chargée,
24:00 il y a aussi l'Ukraine, on a peu de temps,
24:02 donc on ne va pas aller au fond des choses,
24:03 mais il faut avoir votre position sur ce qui s'est passé
24:05 il y a quelques jours, les 27.
24:07 On dit oui à l'ouverture des négociations d'adhésion
24:10 de l'Ukraine dans l'Union européenne,
24:11 est-ce que c'est une bonne chose ?
24:12 Alors pour nous, nous souhaitons qu'il y ait de l'aide,
24:17 évidemment, qui soit poursuivie pour aider les Ukrainiens
24:21 face à la guerre que mène la Russie.
24:24 Par contre, nous ne sommes pas favorables,
24:25 ce n'est pas juste pour l'Ukraine,
24:27 nous l'avons dit plusieurs fois,
24:28 à l'élargissement de l'Union européenne,
24:30 tant qu'il n'y aura pas une harmonisation par le haut
24:32 des salaires, donc des conditions sociales,
24:35 environnementales au sein de l'Union européenne.
24:38 Et je crois que...
24:38 C'est la même position que le RN,
24:39 c'est ce que s'est expliqué Jordane Bardella hier.
24:42 Eh bien écoutez, on a des positions qui,
24:46 peut-être, peuvent être les mêmes sur des choses,
24:48 mais qui ne sont pas du tout pour les mêmes raisons.
24:50 Je ne crois pas que le Rassemblement...
24:52 Non, parce que le Rassemblement national,
24:54 quand vous regardez ce qu'il vote au niveau de l'Union européenne,
24:57 par exemple, il vote contre un impôt de solidarité
24:59 sur la fortune au niveau de l'Union européenne,
25:01 alors que nous, nous votons pour...
25:02 Non, mais sur l'Ukraine, c'est ce que je disais.
25:04 Ah non, enfin, c'est pas parce que...
25:06 C'est pas parce qu'on est contre un élargissement.
25:08 Oui, on est contre un élargissement.
25:10 Et voilà, vous pourriez dire aussi que le RN a la même position que l'FI,
25:14 mais je crois que ce ne sont absolument pas pour les mêmes raisons.
25:17 Mathilde Panot, merci beaucoup d'avoir été l'invité de France Info ce matin,
25:20 présidente du groupe La France Insoumise à l'Assemblée.
25:24 Je vous dis à demain et je vous laisse en compagnie de Salia Brakhlia,
25:26 le programme des informés dans quelques minutes.
25:28 Salia ?
25:29 Cette question, le macronisme est-il mort hier avec l'adoption
25:33 par une grosse partie de la majorité du texte Immigration ?
25:36 Qu'est-ce que ce texte va changer dans le fond ?
25:38 S'agit-il d'un vrai tournant ?
25:40 On répond à toutes ces questions dans un instant avec Renaud Delis
25:43 et ses informés.
25:44 A tout de suite sur France Info.

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