Matthieu Ladagnous au micro de Cyclism'Actu ! Le 2 octobre dernier, Matthieu Ladagnous mettait un terme à sa carrière. Après 18 ans de bons et loyaux services, le Palois a tiré sa révérence. 18 années qu'il aura toutes effectuées au sein de Groupama-FDJ, fidèle à son patron Marc Madiot et à son leader Thibaut Pinot. Au cours de sa carrière, Ladagnous aura participé à 14 Grands Tours, dont 8 Tour de France et a également été chercher 11 victoires. Désormais jeune retraité, le capitaine de route nous a acceuilli chez lui, dans le Béarn, et est revenu sur ses 18 années en tant que cycliste professionnel au micro de Cyclism'Actu.
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00:00 Bonjour Mathieu, on vous avait quitté sur la Coupe Abermoquie début octobre.
00:06 Déjà comment ça va et qu'est ce qui s'est passé depuis ?
00:10 Ça va bien, c'est vrai que j'ai fini début octobre et ça fait un peu plus de deux mois que je suis retraité du vélo.
00:18 Pour l'instant j'essaie de profiter un peu parce que j'essaie de faire des choses que j'ai pas fait durant ma carrière
00:25 parce qu'il faut faire un peu plus attention mais je profite et je prépare ma reconversion tout doucement.
00:33 Dites nous comment vous avez vécu cette dernière année en tant que professionnel, cette saison 2023, comment elle était ?
00:42 Déjà j'ai eu la chance de pouvoir programmer ma sortie, je savais que depuis de longues dates que c'était ma dernière année professionnelle.
00:52 Donc je l'ai vu venir, j'ai essayé que ce soit une saison normale, je voulais pas que ce soit une saison où je me dis que c'est la dernière course.
00:59 J'avais envie de faire une saison normale jusqu'à la fin.
01:03 C'est ce qui s'est fait et je suis content que ça se soit déroulé pareil.
01:08 J'ai pris du plaisir cette dernière année, c'est le principal aussi.
01:12 Je n'avais pas envie de finir ma carrière en étant écœuré du vélo et en n'ayant plus envie de vendre mon vélo.
01:18 Comment cette décision s'est prise d'arrêter la carrière et quand est-ce que c'est prise ?
01:25 Ça s'est pris il y a un peu plus de deux ans.
01:28 C'est moi, c'est ma famille, j'ai deux enfants dont un qui va faire 15 ans l'année prochaine.
01:34 J'ai envie de le voir grandir un peu, même s'il est plus près de la majorité qu'il est en pleine adolescence.
01:43 Déjà 18 ans, c'est une belle carrière, mais rester un peu plus à la maison avec mes enfants,
01:51 c'est ce qu'il y a de plus cher au monde, la famille.
01:54 Pour continuer, ce n'était pas le but.
01:57 À un moment donné, il faut savoir s'arrêter.
01:59 J'avais aussi envie de m'arrêter avant d'être écœuré du vélo.
02:02 Je pense que j'ai arrêté vraiment au bon moment.
02:06 À l'arrivée de votre dernière course, quel était le sentiment ?
02:09 C'était de la joie, un peu de tristesse, du soulagement ?
02:13 Qu'est-ce que ça fait dans la tête qu'après 18 ans, on arrête ?
02:16 Déjà la dernière course, je ne l'ai pas terminée parce que c'était une course dure.
02:19 J'ai envie de l'avoir terminée, mais il y a eu tellement de courses qu'il y a eu beaucoup d'abandons.
02:23 Donc je n'ai pas terminé.
02:25 Mais quand j'ai terminé, je me suis senti presque libéré.
02:29 Parce que mine de rien, c'est un poids.
02:31 Quand tu es un cycliste professionnel, ou un sportif de haut niveau, ou un sportif professionnel,
02:36 tu penses sur 24 à ton sport.
02:41 Tout ce que tu fais, tu penses à ton sport.
02:44 Tu prends des risques quand même, parce qu'en vélo, on prend des risques.
02:47 Ce que j'avais peur aussi, c'était de tomber sur une des dernières courses et me faire vraiment mal.
02:54 Et quand j'ai fini, je me suis senti libéré d'un poids.
02:58 Donc super content.
03:00 Encore une fois, la chance de pouvoir programmer ta sortie.
03:05 Et quand ça a été fini, je me suis senti libéré.
03:08 Vous avez commencé en 2006, ce qu'on appelait à l'époque la Française des Jeux,
03:13 qui est devenue au fil du temps Groupama FDJ.
03:16 Depuis, vous avez fait 18 saisons en pro.
03:19 Vous avez participé à 14 grands tours, dont 8 tours de France.
03:22 Il y a aussi 11 victoires parmi elles.
03:25 On a 4 jours de Dunkerque, les Boucles de Lonne ou encore la Polynormande.
03:29 Si vous deviez retenir qu'une seule course, que ce soit une victoire ou non, laquelle ce serait ?
03:34 Paris-Roubaix.
03:36 Parce que Paris-Roubaix, c'était la course que j'adorais.
03:39 C'était ma course préférée.
03:41 J'ai dû la faire 12 fois, je pense.
03:43 Et j'ai eu des bons moments comme des mauvais moments sur Paris-Roubaix.
03:47 C'est la seule des classiques où je n'ai pas fait un top 10.
03:50 C'est la course que je préférais.
03:52 Une année, j'aurais dû faire podium.
03:54 J'étais en passe d'arriver pour la deuxième place.
03:57 Je crève à 10 ou 12 kilomètres de l'arrivée.
04:01 Donc, grosse déception.
04:03 Mais c'est une course qui m'a toujours plu.
04:05 Au long de votre carrière, vous avez connu en 20 ans presque, plusieurs périodes du cyclisme.
04:11 La fin des années 2000, début des années 2010, etc.
04:15 Comment est-ce que le cyclisme a évolué ?
04:20 Quels sont les changements majeurs qu'il y a eu au cours de ces 20 années ?
04:24 Il y a eu beaucoup de changements.
04:27 Rien que je peux me rappeler de mon équipe,
04:30 quand je suis arrivé, on était une petite vingtaine de coureurs.
04:34 Maintenant, on est 30 coureurs.
04:37 Plus la continentale, 12 coureurs.
04:39 Donc, ça fait quasiment 45 coureurs.
04:42 On devait être dans l'équipe, on devait être 40 employés.
04:46 Maintenant, il y a plus de 100 employés dans l'équipe.
04:49 Donc, à tous les niveaux, ça a changé.
04:52 Tous les ans, il y a des nouveaux personnages qui arrivent, des nouveaux métiers dans le vélo.
04:57 Et ça évolue.
05:00 On est passé d'une petite équipe à une équipe énorme.
05:04 La FDJ ou la Groupe Amalédie, mais comme d'autres équipes.
05:08 Tout le monde a su évoluer. Tout a changé dans le vélo.
05:12 Tout a grandit.
05:14 Tout a énormément grandit.
05:16 Le vélo a évolué et votre rôle aussi.
05:19 Vous étiez plus un sprinter, un classic man.
05:22 Vous vous débrouillez sur des terrains un peu ballonnés.
05:25 Puis, vous êtes devenu, au fur et à mesure de votre carrière, un vrai capitaine de route.
05:30 Expliquez-nous ce changement, comment ça s'est fait ?
05:35 J'étais plus un coureur de la piste avant mes premières années pro.
05:40 Notamment, j'ai fait les JO.
05:43 Après, j'ai mis les classiques.
05:45 Bétaud-des-Flandres, Paris-Roubaix, tous les classiques flandriennes du Nord.
05:50 Au bout de 12 ans, j'en avais marre de faire toujours les mêmes courses.
05:55 Même 10 ans.
05:57 Parce que tu fais toujours le même programme.
05:59 L'entraînement, c'est le même. Tu te prépares toujours pareil.
06:02 Donc, j'avais envie d'un peu de changement.
06:04 J'ai demandé à l'équipe d'accompagner un peu plus les coureurs de Grand Tour ou les grimpeurs
06:10 pour faire le boulot au pied des cols ou sur le plat.
06:14 Ça s'est fait progressionnellement avec Thibaut.
06:16 Après, j'ai complètement changé de métier dans mon sport.
06:22 Je me suis consacré à 100% pour aider les leaders, faire le boulot dans les courses.
06:28 Pour des mecs, j'ai laissé tomber les classiques.
06:31 J'ai parti un peu plus sur ces courses-là.
06:34 Je ne regrette pas parce que c'est pour ça que j'ai fait une longue carrière.
06:37 Le fait d'avoir changé, la latitude et la routine s'est cassée.
06:43 J'ai pu continuer un peu plus longtemps.
06:47 Il y a bien sûr quelque chose qui est marquant dans votre carrière.
06:49 C'est que vous avez resté les 18 années avec France SDG et Poupon MaFDJ.
06:55 En 2023, vous serez le deuxième coureur avec la plus grosse longévité dans une seule équipe.
07:00 Vous avez fait partie de la team de Movistar qui était à 19 saisons.
07:04 Pourquoi ce choix d'être resté chez Poupon MaFDJ ?
07:08 Tout simplement, j'étais bien.
07:11 Je faisais confiance à l'équipe.
07:13 L'équipe me faisait confiance.
07:15 Je me suis demandé pourquoi aller voir ailleurs quand j'étais bien.
07:19 Je pense que dans ma carrière, ça aurait été bien de partir.
07:24 Peut-être que 10 ans, quand la routine s'est installée, j'aurais pu partir.
07:29 J'ai toujours fait le choix de rester.
07:31 Je suis assez familier.
07:33 L'équipe, c'est une famille.
07:35 Marc Madiou dit souvent qu'on n'est pas une équipe comme les autres.
07:38 C'est vrai.
07:40 Marc, c'est un père pour les coureurs.
07:43 On n'est pas des pions pour lui.
07:46 J'ai toujours apprécié ça.
07:48 Par rapport au renouvellement de contrat, ça s'est fait toujours assez tôt.
07:51 J'ai eu des contacts avec d'autres équipes.
07:53 Ça a été tellement vite avec Marc.
07:57 Je n'ai jamais voulu partir.
07:59 Je ne regrette pas.
08:01 Il n'y a jamais eu cette envie de voir ce qui se passe ailleurs, notamment à l'étranger ?
08:06 Toujours, on a envie d'aller voir ailleurs.
08:09 Mais quand tu réfléchis, je me posais à chaque fois.
08:13 Je posais les pour et les contre.
08:16 J'ai toujours préféré rester.
08:18 En France, on a l'impression que les coureurs préfèrent rester dans leur équipe
08:24 ou changer d'équipe, comme il y a beaucoup d'équipes françaises.
08:28 On a souvent vu que les coureurs qui partaient à l'étranger,
08:32 comme Christophe Laporte, Jules Durand et Philippe récemment,
08:35 ça marchait bien pour eux.
08:37 Comment est-ce que ça se fait pour vous qu'on pense qu'on aime bien rester dans ces équipes françaises ?
08:43 Je crois que là, ça commence à changer.
08:45 On voit de plus en plus de coureurs français qui partent dans les équipes étrangères.
08:49 J'ai l'impression que les Français, on est assez casaniers.
08:54 On aime bien rester dans notre routine.
08:57 On voit le changement du vélo, ça change progressivement.
09:01 Il y en a de plus en plus qui partent.
09:03 Des Kenny Lissonde, Laporte, Sénéchal.
09:06 Il y a pas mal d'exemples.
09:09 Mais c'est vrai que nous, on a tendance à rester.
09:13 Après, on a quand même une chance en France.
09:16 On est le pays avec le plus d'équipes World Tour.
09:19 Il y a 4 ans World Tour.
09:20 Et les Continental Pro, il y a pas mal d'équipes.
09:23 C'est quand même un avantage.
09:25 Quand tu peux rester dans ton pays d'origine, c'est quand même le plus facile.
09:30 Vous avez un peu évoqué déjà votre relation avec Marc Madiot.
09:34 Comment elle était ?
09:36 Décrivez-nous un peu cette relation et comment elle a évolué au fur et à mesure des années.
09:41 Avec Marc, ça a toujours été une relation saine.
09:44 Ça a toujours été facile à discuter avec lui.
09:47 Marc, c'est pas quelqu'un qui parle beaucoup.
09:50 Mais moi, ça s'est toujours bien passé.
09:52 Quand il a des choses à dire, il les dit.
09:54 Quand c'est bien, c'est bien.
09:55 Quand c'est pas bien, il le dit aussi.
09:57 Ça s'est toujours passé simplement.
10:00 C'est ça aussi qui m'a donné envie de rester avec lui.
10:04 Il m'a toujours fait confiance.
10:06 Je lui ai toujours fait confiance.
10:08 Et encore là, je suis en fin de contrat.
10:10 On était quand même encore dans l'équipe pour la soirée des supporters avec Thibaut.
10:15 On y a été la semaine dernière.
10:17 Ça prouve qu'on est bien dans l'équipe quand même.
10:20 J'espère continuer à aller voir l'équipe de temps en temps.
10:24 Thibaut Pinault, lui aussi, a été un peu marquant dans votre carrière.
10:29 Vous avez tout connu avec lui.
10:31 Ses grands succès comme au Tour de Lombardie 2018 ou son podium sur le Tour de France 2014.
10:36 Vous étiez à chaque fois à ses côtés.
10:38 Il y a eu aussi des moments durs qui sont nombreux.
10:43 Quelle était votre relation avec Thibaut ?
10:47 Thibaut, c'est quelqu'un qui est humain aussi.
10:52 C'est pas un leader.
10:54 Oui, c'est un leader, mais c'est quelqu'un qui a besoin d'avoir autour de lui des gens qu'il aime,
11:02 des gens qu'il apprécie.
11:04 Il cherchait pas à avoir les plus forts autour de lui.
11:08 Il cherchait à avoir une équipe familiale.
11:13 Des gens avec qui il s'entend et avec qui il a des super relations.
11:19 Il fallait rigoler en dehors du vélo.
11:23 Il a des objectifs, mais il reste pas 100% focus sur ses objectifs.
11:33 Avec Thibaut, ça s'est toujours bien passé.
11:35 On a connu des très bons moments, des très mauvais moments.
11:38 Très mauvais, mais ça fait partie du sport.
11:40 C'est aussi ça qui a fait aimer Thibaut au grand public.
11:43 S'il avait été tout le temps bon, je suis pas sûr que Thibaut aurait eu autant de fans.
11:48 En France, surtout.
11:50 Thibaut, c'est un être humain normal.
11:54 C'est un champion parce qu'il a quand même prouvé que ce qu'il a fait, c'est pas donné à tout le monde.
12:00 Mais il a tout le temps su rester simple et rester autour de nous.
12:07 C'est un ami. Thibaut, c'est un ami.
12:11 On a déjà dû vous poser la question de nombreuses fois, mais je suis obligé de la poser.
12:15 Est-ce que sur le Tour de France 2019, vu de l'intérieur, vous avez vraiment cru à sa victoire finale ?
12:22 Oui, forcément.
12:24 Quand il gagne au Tour Malay, c'était le plus fort dans les Pyrénées.
12:31 On n'en parlait pas parce que Thibaut, on n'avait pas envie de lui mettre plus de pression.
12:36 Mais lui, intérieurement, je pense, et nous, entre coéquipiers, on pensait qu'on était en passe de gagner le Tour.
12:43 Après, on sait ce que c'est le Tour de France aussi.
12:45 À tout moment, ça peut s'arrêter.
12:47 Une chute, il peut y avoir n'importe quoi.
12:49 C'était le plus fort, mais il a eu un problème.
12:52 Clairement, c'était le plus fort.
12:55 Bernal l'a clairement dit, si Thibaut n'avait pas eu son problème, c'est lui qui gagne le Tour.
13:00 Mais il n'a pas gagné.
13:01 Ça fait partie aussi de ces moments qui l'ont fait être apprécié du public.
13:05 Cette année, il y a une véritable page qui se tourne chez Groupama FDJ.
13:10 C'est la fin d'une ère avec votre départ, mais aussi celui de Thibaut, d'Arnaud, en cours d'année.
13:17 Qu'est-ce que vous retenez de cette génération dorée chez Groupama FDJ ?
13:22 Il y a eu de gros résultats, avec deux monuments, mais aussi des belles victoires sur les grands tours, en podium du Tour.
13:28 Déjà, qu'est-ce que vous retenez ?
13:31 Et est-ce qu'il n'y a pas quelques regrets de ne pas avoir été un peu plus loin ?
13:36 En fait, l'équipe, c'est vrai que là, c'est un gros tournant.
13:39 L'équipe va changer clairement de tête.
13:42 Quant à les Arnaud Demare, Thibaut Pinot, les anciens, en 3-4 ans, il y a beaucoup de monde qui est parti.
13:50 Mais ce qui est bien, c'est que je pense que les dernières années, on a su faire évoluer nos jeunes.
13:56 Il y a beaucoup de jeunes qui ont du talent.
13:59 Je pense qu'ils vont garder la barre.
14:02 C'est comme ça, il faut aller avec son temps, il faut évoluer.
14:06 C'est cette année 2023, clairement, le gros tournant de l'équipe.
14:14 C'est vrai que ça va changer complètement, mais je pense qu'ils vont s'en sortir.
14:19 On a confiance en eux.
14:22 On a eu Marc Madjou il y a quelques semaines de ça.
14:25 Il nous l'a dit, c'est un peu la fin de l'ère Pinot-Demare.
14:28 Maintenant, on rentre dans l'ère Godumadouas qui arrive dans la Force de l'âge.
14:35 Est-ce qu'ils peuvent, à votre avis, accomplir autant que ce que vous avez fait ?
14:41 Oui, ils peuvent.
14:43 Après, il y a Godu, il y a Madouas, mais il y a aussi Martinez.
14:49 C'est encore la génération.
14:51 Il y en a encore qui ont du talent.
14:53 Il y a Romain Grégoire.
14:55 Finalement, il y a pas mal de jeunes qui ont beaucoup de talent.
14:58 Je leur souhaite de faire aussi bien que Thibaut.
15:00 Avoir autant d'autorité que Thibaut, ça sera compliqué.
15:04 Parce que Thibaut, c'est Thibaut.
15:06 Je pense que dans le vélo, en français, il n'y en a pas beaucoup qui ont eu autant d'autorité.
15:10 Même à la Philippe, je pense que c'est différent encore que Thibaut.
15:13 Mais oui, il y a eu du Virenque à l'époque.
15:17 Mais ces dernières années, ça fait longtemps qu'on n'a pas vu quelqu'un avec autant d'autorité.
15:22 Donc, ça sera difficile pour eux d'avoir la même autorité.
15:25 J'espère qu'ils auront au moins le même palmarès que Thibaut.
15:28 Vous avez couru justement un peu avec eux, les tout jeunes de la groupe MAP DJ.
15:33 Romain Grégoire, Lenny Martinez ou Paul Penoé.
15:37 Qui viennent juste d'arriver, c'était leur première saison.
15:40 Est-ce qu'ils vous ont un peu impressionné ?
15:43 Et jusqu'où ils peuvent aller ?
15:46 Les jeunes, il n'y a pas que eux qui m'impressionnent.
15:51 Il y a tous les jeunes qui arrivent dans toutes les équipes.
15:53 Qui sont quand même sacrément impressionnants.
15:55 Ils ont 18, 19 ans, 20 ans.
15:57 Et c'est des mecs qui sont capables de gagner en World Tour dès les premières années.
16:01 Ils n'ont pas gagné en World Tour, mais ils ont gagné des belles courses.
16:04 Et je pense que dès l'année prochaine, ils ont le potentiel de gagner sur des grands tours, sur des belles courses.
16:11 Mais c'est vrai que les jeunes...
16:13 Moi, je suis arrivé dans une génération où les jeunes ont te freiné.
16:16 Ils te disaient que la force de l'âge c'est à 28 ans.
16:18 Tu as 7 ou 8 ans pour arriver au plus haut niveau.
16:21 Maintenant, les jeunes sont au plus haut niveau direct.
16:24 Après, je ne pense pas qu'ils feront des carrières aussi longues que nous.
16:29 Mais ils gagneront des courses d'emblée.
16:32 Et ils l'ont fait. Ils ont tous gagné des courses.
16:35 Pas des World Tour encore, mais ils ont quand même gagné des belles courses.
16:40 Et je pense que ces jeunes, ils ont tous du talent.
16:43 C'est des Venopool qui ont amené ça.
16:48 Vendairpool.
16:50 Ce sont des mecs qui sont arrivés jeunes et qui ont gagné d'entrée.
16:55 Le cyclisme évolue.
16:57 Avant, on disait que la force de l'âge c'était 28 ans.
16:59 Maintenant, il faut que tu gagnes.
17:02 Ils ont du talent.
17:04 Je pense que certains ne sont pas encore assez matures mentalement.
17:09 Il faut qu'ils évoluent mentalement.
17:11 Après, c'est leur âge.
17:13 Tu as 18 ans, mais tu es encore jeune dans la tête.
17:17 Il y a encore une évolution à faire à ce niveau-là pour certains.
17:21 Mais certains, par exemple Romain Grégoire, mentalement il est déjà prêt.
17:26 C'est impressionnant de voir des jeunes arriver et évoluer si vite.
17:32 Il y a vraiment un grand changement par rapport à vos débuts.
17:36 Quand tu gagnais une course de tandem, c'était bien quand tu étais jeune.
17:41 Mais on n'arrivait pas aussi près.
17:45 Comme tout, tout a évolué.
17:48 On a fait un petit retour sur votre carrière.
17:51 Expliquez-nous maintenant quels sont vos projets de jeune retraité sportif.
17:58 Comme je l'ai dit, je profite un peu.
18:00 Ça fait 18 ans que je suis professionnel.
18:02 Le 12 décembre, c'était mon anniversaire.
18:05 C'est la première fois en 19 ans que j'étais chez moi.
18:07 D'habitude, j'étais tout le temps en stage.
18:09 C'est nouveau.
18:11 Je profite un peu.
18:14 J'ai passé des permis.
18:16 Un permis super lourd, le permis de transport en commun, que je vais passer prochainement.
18:21 J'aimerais être pompier professionnel.
18:24 Je n'ai fait aucune démarche encore.
18:27 Je me laisse jusqu'en début d'année 2024.
18:30 Je sais profiter un peu.
18:33 C'est un peu ce dont j'aimerais arriver.
18:38 Être pompier professionnel.
18:40 C'était un rêve de gamin.
18:42 J'ai eu la chance de passer professionnel en vélo.
18:44 Ça a duré longtemps.
18:46 Pourquoi pas revenir au métier que j'ai espéré depuis tout petit.
18:50 - Prendant le sujet de ce projet,
18:52 est-ce que vous voyez rester dans le monde du vélo ?
18:56 Pourquoi pas directeur sportif et la groupe AMA FDJ ?
18:59 Est-ce que c'est dans les petits papiers ou pas du tout ?
19:01 - Non, pour l'instant, non.
19:03 Si j'ai arrêté ma carrière, c'est pour être un peu plus avec ma famille.
19:08 Quand tu es directeur sportif ou quand tu travailles dans une équipe,
19:11 tu es peut-être même plus sportif que les coureurs.
19:14 Pour l'instant, non, ce n'est vraiment pas dans ma tête.
19:19 Peut-être venir dans l'équipe de temps en temps,
19:23 pour faire des piges ou des trucs comme ça,
19:26 pour garder un pied dans le milieu, ça j'ai envie.
19:29 Mais que ce soit occasionnel et pas partir sur un grand tour.
19:33 Mais garder un pied dans le milieu, c'est ma passion.
19:37 Ça a été mon métier, mais c'est avant tout ma passion.
19:39 L'équipe, c'est ma famille.
19:41 J'ai envie de garder un pied dans l'équipe, mais pas toute l'année.
19:47 - Pour finir, qu'est-ce qu'on peut vous souhaiter pour la suite, ces prochains mois ?
19:51 - Le meilleur, que tout aille bien. La santé surtout, c'est principal.
19:56 J'espère que mentalement, ça va bien se passer.
20:01 On sait que là, tout se passe bien.
20:03 Mais on sait que pour les sportifs de haut niveau,
20:05 c'est pas si facile l'arrêt d'une carrière.
20:07 Si tu l'as préparée, même si t'avais envie d'arrêter,
20:11 à un moment donné, on fait un truc exceptionnel.
20:14 C'est pas un métier comme les autres.
20:17 J'espère que mentalement, ça va super bien se passer.
20:20 Comme maintenant, que je sois toujours heureux.
20:23 Et que j'arrive à accomplir mon rêve de sapeur-pompier professionnel.
20:29 - Merci beaucoup d'avoir accordé cette interview à Cycliste Maxu.
20:32 - Merci. Avec plaisir.
20:34 Merci à vous.