Le Figaro dévoile l'avant-projet de loi sur la fin de vie, le texte avant les arbitrages de l'Élysée.
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00:00 parler de l'aide à mourir. Le texte est sur le bureau du président de la République, le Figaro révèle ce matin d'ailleurs ce que
00:06 contient ce qu'on appelle l'avant-projet de loi du gouvernement sur la fin de vie.
00:10 Oui alors disons-le tout de suite, c'est bien un avant-projet de loi, il est, vous l'avez dit Christophe, sur le bureau du président de la République.
00:16 Autrement dit, ça n'est pas encore tranché, j'y reviendrai. Mais d'abord, que propose ce texte ?
00:20 Rien de moins que d'instaurer un droit d'avoir une fin de vie digne et accompagnée du meilleur apaisement possible de la souffrance.
00:26 Concrètement, ça se traduirait par ce qu'on appelle une aide à mourir. Qui ça concernerait ? Deux cas de figure.
00:32 D'abord des Français majeurs, soit atteints d'une affection grave et incurable qui engage le pronostic vital à court ou moyen terme, c'est-à-dire 6 à 12 mois,
00:41 ou atteints d'une souffrance physique réfractaire ou insupportable, à l'exclusion toutefois des souffrances exclusivement liées à des troubles psychiques ou psychologiques.
00:49 Donc c'est assez encadré, mais c'est une révolution. Je rappelle qu'actuellement, la loi de 2005 dispose que les actes médicaux ne doivent pas être poursuivis par une obstination déraisonnable,
00:58 ça veut dire qu'on ne fait pas d'acharnement thérapeutique, que celle de 2016 autorise à la demande du patient une sédation profonde et continue dans certains cas,
01:06 mais il n'y a pas de geste létal qui soit autorisé en France.
01:09 Et donc, comment se déroulerait cette aide à mourir ?
01:12 C'est le nœud du problème. Selon le Figaro, l'avant-projet prévoit qu'un médecin d'abord donne son accord,
01:16 que cela se fasse en présence d'un soignant avant le geste final, que ça pourrait se faire à domicile ou ailleurs.
01:22 Par principe, le geste devrait être administré par la personne elle-même, c'est ce qu'on appelle le suicide assisté.
01:27 Mais il y a des cas d'incapacité, vous vous souvenez de l'affaire Vincent Imbert, ce jeune homme qui était tétraplégique, aveugle et muet, il ne pouvait évidemment pas le faire tout seul.
01:35 Et dans ces cas de figure, le geste pourrait être effectué par un tiers, un proche, un soignant peut-être dans certains cas,
01:42 ce qui va évidemment poser des problèmes à de nombreux médecins qui considèrent que leur job, c'est de sauver des vies et non pas de donner la mort.
01:50 Mais on sait que ça se passe parfois dans le secret des chambres des malades, dans l'intimité des patients en fin de vie.
01:56 Mais en tout cas, ça fera évidemment débat parce qu'il s'agit d'une forme d'euthanasie, même si l'avant-projet de loi ne le dit pas explicitement, tant le mot est chargé symboliquement.
02:05 Le texte sera discuté quand ?
02:06 Il faut d'abord que le président tranche. Or, il a beaucoup de mal à se décider.
02:10 Je rappelle qu'il avait promis, il avait pris l'engagement en septembre 2002, puis devant une convention citoyenne qu'il avait installée,
02:17 il avait dit qu'il y aurait un projet de loi l'été dernier, puis en novembre, puis en décembre, maintenant on parle de février, alors qu'on sait que beaucoup de choses ont changé.
02:25 Le comité consultatif national d'éthique a montré qu'il existait une voie pour une application éthique d'une aide active à mourir.
02:31 La convention citoyenne, j'en parlais, s'était prononcée à 76% pour l'instauration d'une aide active à mourir.
02:36 Le conseil économique, social et environnemental, aussi même l'académie de médecine s'était ralliée à l'idée d'un droit à l'assistance au suicide.
02:43 Mais le président redoute sur ce sujet très complexe, qui touche à l'intime, au-delà des clivages, au-delà des convictions, c'est en fait la vie de chacun qui est en jeu.
02:52 Il redoute de fracturer la société, Emmanuel Macron.
02:54 D'autres autour de lui arguent que le contexte politique n'est pas franchement apaisé pour un sujet aussi compliqué.
03:02 Mais enfin, c'est un sujet de société qui est demandé par de très nombreux Français, parce qu'en attendant, les malades en fin de vie attendent une décision.
03:11 Merci Mathieu. Culturez-vous, Lorraine.