Eric de Riedmatten reçoit chaque week-end un invité dans #LHebdoDeLEco pour approfondir un sujet économique.
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00:00 Merci d'être avec nous, on va parler aéronautique avec Loïc Pochet, qui est président de Pochet Aerospace.
00:06 Il fabrique des hydravions, mais est-ce qu'on peut relancer les hydravions en France parce que le pays a quitté ce marché ? C'est possible ?
00:13 Oui, j'espère que c'est possible. En tout cas, on fait tout pour.
00:17 Ça fait maintenant depuis 2016 que le projet a été lancé. Il a évolué, il a grandi, il a mûri.
00:24 Et maintenant, nous sommes sur la phase de lever de fond pour pouvoir justement continuer d'avancer et de progresser.
00:30 Alors, il faut préciser, on le voit sur les images, c'est un hydravion d'un nouveau type, c'est-à-dire avec des foils, c'est ça ? Et qui volent sur l'eau.
00:37 Tout à fait. Alors, on est en rupture technologique avec tout ce qui existe parce que déjà, là, dans moins d'un an, on va faire voler le Proto à l'échelle 1/3.
00:45 On le fait voler avec une pile à combustible, à l'hydrogène. Donc ça, c'est la première des choses.
00:51 La deuxième chose, c'est qu'effectivement, c'est un hydravion qui utilise des briques technologiques qui ont toujours existé depuis très longtemps, mais qui n'ont jamais été assemblées ensemble.
01:00 C'est mon parcours de navigateur de course au large qui m'a sensibilisé à cela.
01:06 Et au fur et à mesure de mes périples aéronautiques en hydravion, ça m'a permis de pouvoir d'incarner de voyages.
01:14 Vous avez étudié cela quand vous étiez skipper. Vous voyez comment le bateau...
01:17 Oui, j'ai toujours été passionné. J'ai toujours eu les pieds dans l'eau et la tête dans les nuages.
01:21 C'est joli. La réalité du terrain, quelle est-elle ? Parce qu'il faut bien trouver de l'argent pour développer ces projets.
01:26 Un projet comme celui-ci au complet, c'est 30 millions d'euros.
01:30 30 millions. Et personne ne peut vous aider, même des grandes firmes comme Dassault ?
01:34 Ils ne sont pas intéressés, a priori. Si, Dassault, ils sont intéressés pour me vendre leur logiciel Catia.
01:40 Mais pour l'instant, non, je n'ai pas réussi à les sensibiliser. Mais bon, aussi, peut-être que je n'ai pas eu les relations qui allaient bien pour pouvoir le faire.
01:48 Si on peut vous aider, garder les bons projets en France, comment faire ?
01:53 Déjà, si on pouvait faciliter au niveau économique, défiscaliser par exemple, d'une façon beaucoup plus importante,
02:02 les gens qui investissent et qui croient dans des projets comme le mien, parce que j'en ai un certain nombre quand même, ça aiderait énormément.
02:10 Et malheureusement, ce n'est pas le cas.
02:12 Vous voyez, c'est du gâchis de laisser filer des bonnes idées comme ça.
02:15 Là, moi, de toute façon, effectivement, je suis sur le point de partir à l'étranger parce que ça fait de nombreuses années que j'essaye de trouver des investisseurs pour la France.
02:24 Et non, c'est les Américains qui viennent ou c'est les Canadiens ou c'est les autres qui viennent.
02:29 Mais est-ce qu'il y a un marché pour les hydravions ?
02:31 Un marché mondial, bien entendu, oui, bien sûr.
02:33 Et la France aussi, qui est un pays maritime ?
02:35 Vous savez quand même que notre président, l'autre jour, il redisait qu'il était très fier qu'on ait la plus grande surface maritime au monde.
02:44 Au début du siècle, il y avait 20% de la population qui vivait sur la frange du littoral.
02:49 C'est moins de 200 kilomètres.
02:51 À l'heure actuelle, il y a 50% de la population.
02:54 Et vous dites les hydravions ont 40 ans d'âge en moyenne ?
02:57 Oui, tout à fait.
02:58 Tout à fait, oui, tout à fait.
03:00 Et là, ils cherchent à les remettre en état.
03:02 Il y a des sociétés américaines, d'ailleurs, qui font évoluer ces hydravions qui ont 40, 50 ans.
03:08 Et qu'est-ce qu'ils font ?
03:09 Et bien, ils leur mettent soit des piles à combustible, soit des moteurs électriques, mais il n'y a pas d'autre chose.
03:14 On peut dire l'hydravion est de retour si ça marche pour vous ?
03:17 Oui, je pense.
03:19 On a un très gros marché.
03:21 Il y a des personnes du monde entier qui me contactent et qui n'attendent qu'une seule chose,
03:27 c'est de pouvoir commander une fois que l'hydravion volera.
03:30 Donc il y a quatre places à bord, c'est ça ?
03:32 Quatre places, il y a 1000 km d'autonomie.
03:34 1000 km ?
03:35 Oui, 60 kg de bagages embarqués.
03:39 La vitesse de croisière, c'est 110 nœuds.
03:41 Ça fait 220 km/h à peu près.
03:45 On a les ailes qui se replient, ce qui fait que, par exemple, on décolle de Lognes
03:50 et on va se poser à l'entrée du port de Sète et on rentre dans le port de Sète avec les ailes repliées.
03:55 On accoste comme n'importe quel petit bateau.
03:57 D'ailleurs, il peut décoller d'une piste normale ?
04:00 Oui, bien sûr, il est amphibie.
04:03 Et Airbus n'est pas intéressé ? Pourtant, ils ont les moyens.
04:06 Oui, mais il faut qu'ils en aient envie.
04:08 Le problème, c'est qu'il faut qu'ils en aient envie et ça, c'est un autre souci.
04:13 Donc vous lancez un appel ?
04:15 Oui, entre autres.
04:17 De toute façon, c'est...
04:18 Aidez-nous.
04:19 Oui, surtout, c'est le "Madame France", tout le monde cherche à le remettre en avant.
04:26 C'est ce que nous disait Bruno Le Maire.
04:28 Il disait que c'était facile de trouver de l'argent en France.
04:32 Ça fait six mois que je l'ai vu et je n'ai pas eu de retour.
04:35 Merci beaucoup d'être venu depuis Sète, Loïc Pocher.
04:38 Restez avec nous sur CNews.
04:40 Merci à vous.
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