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Samedi 9 décembre 2023, SMART @WORK reçoit Antoine Compin (Directeur Général, Manutan France) , Martin Besnier (Cofondateur et CEO, Holis) et Caroline Lutinier (Directrice RSE & Communication, Groupe HERIGE)

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Transcription
00:00 Smart at Work vous est présenté par Manu Tan.
00:03 Bonjour à tous et bienvenue dans votre émission mensuelle Smart at Work.
00:19 J'ai le plaisir de vous retrouver aujourd'hui pour parler de data et de RSE.
00:23 Comment est-ce que la data peut se mettre au service de la RSE ?
00:27 Et ça ce sera notre grande question du jour. Avec des exigences réglementaires qui sont de plus en plus fortes,
00:32 il devient impératif de mesurer son impact, de faire des reportings, d'essayer aussi de remonter toute la chaîne de valeur.
00:39 Et c'est un travail considérable pour lequel la remontée de la data est un outil clé.
00:44 Mais quel type de data est-ce qu'on doit regarder exactement ?
00:47 Quels outils de scoring on peut mettre en place ?
00:49 La CSRD peut-elle être une opportunité pour accélérer sur ces sujets ?
00:53 Comment embarquer l'ensemble des équipes dans la mise en place de ces nouveaux process ?
00:57 Autant de questions auxquelles on va tenter de répondre aujourd'hui avec mes invités dans Smart at Work.
01:02 Et pour commencer cette émission, j'ai le plaisir de recevoir Martin Beignet. Bonjour.
01:12 Bonjour.
01:12 Vous êtes cofondateur et CEO d'Olys. Alors avant qu'on en vienne à comprendre ce que fait Olys,
01:17 moi je voudrais savoir si avoir une stratégie RSE selon vous, ça commence par comprendre le cycle de vie de ces produits.
01:24 Est-ce que finalement c'est ça la base aujourd'hui d'une stratégie RSE ?
01:28 Alors dans une stratégie RSE, il y a plusieurs volets. Il y a déjà le volet entreprise, celui dont on parle depuis quelques années maintenant,
01:35 avec la NFRD, la CSRD maintenant, où on va regarder les actions qui sont portées au niveau environnemental,
01:41 au niveau sociétal aussi par l'entreprise, et souvent d'un point de vue calculatoire, d'un point de vue de données,
01:45 ça va se supplier sur un bilan carbone.
01:47 D'accord.
01:48 De plus en plus maintenant, on a un deuxième volet qui est en train d'émerger, au niveau français en particulier, qui est le volet produit.
01:55 Et là, effectivement, l'objectif va être de pouvoir calculer un score environnemental par produit,
02:00 et pour faire ça, il faut être capable de remonter le cycle de vie des matières premières jusqu'à la fin de vie de chaque produit.
02:05 Et pourquoi c'est particulièrement le cas en France ?
02:08 Alors la France est un petit peu pionnière dans ce domaine. La norme d'analyse de cycle de vie a été une norme AFNOR avant de passer normiso,
02:15 et depuis, on est resté dans un peu le haut du panier sur ces thématiques-là, avec l'ADEME notamment,
02:24 et les premières réglementations qui portent sur ce sujet, il y a eu la loi AJEC qui demande l'information du consommateur,
02:29 qui préébauche une analyse de cycle de vie, et puis maintenant l'affichage environnemental, donc décret,
02:34 devrait paraître dans les prochaines semaines normalement, qui lui, va vraiment appeler une analyse de cycle de vie complète.
02:40 C'est compliqué de faire cette analyse de cycle de vie, il faut remonter assez loin finalement dans le sourcil.
02:45 Comment est-ce qu'on fait quand on a des centaines, des milliers de produits en référence par exemple,
02:50 ou quand on dépend soi-même de fournisseurs ?
02:54 Effectivement, c'est tout l'enjeu, c'est ça qui fait la richesse de l'analyse de cycle de vie, et qui fait aussi sa complexité.
03:00 Jusqu'à maintenant, on avait beaucoup de consultants, c'était le métier principal,
03:04 qui travaillaient avec des logiciels peut-être un peu moins adaptés à une massification de la pratique,
03:11 qui étaient plus là pour vraiment rentrer dans le détail, pour avoir des projets un peu emblématiques.
03:15 Et maintenant que les réglementations sont en train de pousser,
03:17 maintenant que les consommateurs veulent de plus en plus d'informations,
03:20 que les investisseurs aussi demandent plus d'informations qui soient fiables,
03:24 pour qu'ils puissent juger là où ils mettent leur argent,
03:27 on a besoin d'être capable de scorer sur des milliers, des dizaines de milliers, voire des centaines de milliers de produits.
03:32 Et pour faire ça, on commence à utiliser des outils, outils qui vont à la fois interpeller des données génériques,
03:38 donc des données moyennes pour chaque étape,
03:41 et qui vont être capables d'aller chercher de l'information dans les logiciels internes de l'entreprise,
03:46 et puis aussi au niveau de chaque fournisseur, avec une traceabilité qui est récursive.
03:50 C'est ça que fait Olysse exactement ?
03:52 C'est ça que fait Olysse exactement.
03:54 Nous, on s'est appuyés vraiment entre ces deux mondes,
03:57 c'est-à-dire qu'on est à la fois capable d'automatiser, de permettre à des entreprises qui ont des milliers,
04:03 dizaines de milliers de références, de venir en quelques minutes charger leurs données,
04:07 et avoir déjà des premiers scores, et ensuite de faire la démarche de traceabilité,
04:10 mais aussi pour celles qui veulent pousser, pour faire de l'éco-conception sur des produits qui peuvent être assez complexes,
04:15 je pense à des clients dans l'électroménager, dans le secteur minier par exemple,
04:18 être vraiment en capacité de creuser la donnée, de descendre dans les flux élémentaires, les flux de la technosphère,
04:23 tout ce jargonnage un peu technique, mais qui est important pour certains projets,
04:27 et de le faire aussi bien que des logiciels qui auparavant étaient uniquement destinés aux experts.
04:33 Il y a des moments où vous n'arrivez pas à trouver la data, où la data n'existe pas tout simplement ?
04:38 Oui, effectivement, il y a deux types de données. Il y a les données qu'on appelle "background" et les données "foreground".
04:43 Les données "background" c'est celles qui vont dire, pour un kilogramme de telle matière,
04:48 voilà les impacts en CO2, en pollution de l'air, de l'eau, de la terre, avec d'autres mots barbares,
04:53 autrophisation, appauvrissement de la couche de zone, etc.
04:55 Mais dans l'idée, c'est des données qui associent des impacts à des kilogrammes de matière.
04:59 Ça c'est les données "background". Et celle-ci, il y a une très grande base de données dans le monde qui s'appelle "EcoInVein",
05:04 qui est celle qui est majoritairement utilisée, et d'autres bases qui ont été construites,
05:08 notamment celle de l'ADEME qui s'appelle la base-empreinte.
05:10 Et puis à côté de ça, on a les données "foreground".
05:12 Les données "foreground" c'est de dire, pour mon produit, moi j'utilise, peut-être par un kilo,
05:16 peut-être 500 grammes de telle matière, 200 grammes d'une autre,
05:19 et puis c'est transporté depuis telle zone géographique, par tel moyen de transport,
05:23 et en fait c'est toutes les données qu'on va utiliser pour réassocier "foreground" et "background"
05:27 et être capable de scorer l'impact d'un produit.
05:30 Quand on a son score à la fin, quelle est l'utilité ?
05:34 C'est-à-dire, est-ce que c'est juste un peu comme le NutriScore, quelque chose d'affiché,
05:38 et au final, voilà, c'est au consommateur de faire son libre choix,
05:42 ou est-ce que ça engage l'entreprise à peut-être faire des efforts ?
05:45 Alors il y a peut-être deux, trois éléments à regarder.
05:49 Effectivement, le principe de l'ACV, c'est déjà de quantifier.
05:52 C'est la première étape.
05:53 Analyse du cycle de vie.
05:54 Analyse du cycle de vie, effectivement, ACV pour son acronyme.
05:57 Cette analyse du cycle de vie, quand on quantifie, on permet d'être en conformité déjà avec les réglementations
06:02 qui imposent tout ou partie de cette méthodologie.
06:05 Et puis, une fois qu'on présente ce score au consommateur,
06:09 on donne un nouveau volet sur lequel on va être comparé.
06:12 Avant, il y avait le prix, il y avait la qualité qui jouait beaucoup,
06:15 et puis maintenant on commence de plus en plus à avoir ce volet environnemental,
06:18 et donc charge à chaque entreprise d'améliorer son produit
06:21 pour ne pas être vu comme étant le moins bien-disant parmi ses concurrents.
06:26 Donc, effectivement, il y a besoin de s'améliorer.
06:28 On peut le faire en interne, on peut le faire en externe avec des consultants.
06:32 Ça dépend un petit peu sur quel volume on souhaite avoir ce type de pratique
06:36 et avec quel niveau d'intensité.
06:38 Merci beaucoup, Martin.
06:39 Vous restez avec nous.
06:40 On va continuer cette discussion avec deux chefs d'entreprise dans un instant.
06:43 On poursuit cette discussion toujours en compagnie de Martin Beignet, cofondateur d'Olis.
06:55 Nous avons rejoint Caroline Lutigny qui est à distance avec nous,
06:58 directrice de la communication et RSE du groupe Erige,
07:01 un groupe familial actif dans les matériaux de construction.
07:04 Antoine Compin également, directeur général de Manut en France
07:07 et partenaire de cette émission.
07:08 Bonjour à tous les deux.
07:09 Antoine, je me tourne vers vous.
07:11 J'entendais ce que disait Martin tout à l'heure.
07:13 Il me disait, voilà, la RSE, la data, il faut aller la chercher partout
07:17 pour faire progresser des outils de scoring.
07:19 J'ai l'impression que cette data,
07:21 elle est finalement disséminée un peu partout dans l'entreprise,
07:25 déjà, pour commencer.
07:26 Est-ce que vous, vous arrivez à mobiliser l'ensemble de vos collaborateurs
07:30 sur cette importance de la data et de la faire remonter surtout ?
07:34 Bonjour, bonjour Oli, bonjour à tous.
07:37 Alors oui, bien sûr, et je pense que Martin l'a très bien expliqué,
07:41 la donnée est clé.
07:43 Nous, ce qu'on met avant tout en avant,
07:45 avant la donnée et son utilisation,
07:47 c'est la stratégie RSE que l'entreprise a établie et a affirmée.
07:51 Et on va ensuite effectivement collecter de la data
07:54 avec différents moyens pour soutenir cette stratégie RSE.
07:58 Cette donnée, elle n'est pas au même endroit, partout, au même moment.
08:02 ManuTemps est un distributeur de matériel,
08:04 ce qui signifie qu'on s'appuie sur des fournisseurs-fabricants
08:07 qui ont dans les mains une partie de l'histoire.
08:09 On va s'appuyer aussi sur des partenaires
08:11 qui vont s'occuper du transport de marchandises,
08:13 qui ont également une partie de l'histoire.
08:15 Donc on collecte l'ensemble de ces informations
08:17 pour en avoir une lecture la plus proche possible
08:20 qui va venir soutenir cette stratégie RSE.
08:22 Par exemple, lorsque l'on dit que l'on va baisser de 5%
08:25 l'empreinte carbone sur les trois scopes,
08:27 le scope 1, le scope 2 et le scope 3,
08:30 lorsque l'on sait que le scope 3,
08:32 c'est déjà 80% en moyenne de l'ensemble de ces trois scopes
08:35 et que ce scope 3, c'est majoritairement les produits
08:38 qui sont achetés, donc commercialisés par ManuTemps,
08:40 on a effectivement tout intérêt à collecter les bonnes données
08:43 pour soutenir à la fois notre propre stratégie RSE
08:46 mais aussi celle de nos clients qui comptent effectivement pour ManuTemps.
08:49 Caroline Métigné, cet éclatement de la donnée
08:52 qui est finalement présente un peu partout,
08:54 j'imagine que vous y êtes confrontés de la même façon chez Erich.
08:56 Comment est-ce que vous traitez cette problématique ?
08:58 Oui, effectivement, nous on est chez Erich
09:02 à la fois un groupe industriel et distributeur,
09:04 donc on est confrontés aux mêmes problématiques que ManuTemps
09:08 sur la partie distribution.
09:09 Sur la partie industrie, évidemment,
09:11 on est plus en maîtrise de nos données,
09:12 mais on relève les mêmes écueils aujourd'hui
09:15 sur cette faible disponibilité et accessibilité à la donnée
09:19 et surtout l'absence d'automatisation de la chaîne de traitement.
09:23 Donc cette donnée, parfois elle est présente,
09:25 parfois elle est existante mais pas collectée
09:28 et elle est absolument nécessaire pour pouvoir animer,
09:32 piloter et dialoguer aussi au sein de l'entreprise
09:34 pour pouvoir faire émerger de manière très claire
09:37 auprès de nos collaborateurs cette stratégie RSE
09:39 et toutes les initiatives que l'on met en œuvre.
09:41 J'ai l'impression que c'est un sujet, Martin Beignet,
09:44 dont on parle de plus en plus aujourd'hui, probablement,
09:47 mais peut-être que vous allez me dire que ce n'est pas corrélé, j'en sais rien,
09:49 parce qu'il y a l'arrivée de la CSRD aussi,
09:52 qui pousse aussi les entreprises peut-être à s'engager davantage
09:55 et où elles vont avoir finalement ce besoin de données
09:57 encore plus prégnant demain.
09:59 Effectivement, la CSRD joue.
10:02 Parce que la CSRD, même si elle est au niveau entreprise,
10:05 comme l'a très justement rappelé Antoine,
10:06 les produits représentent peut-être autour de 75% de cet impact.
10:10 Et prendre des données génériques pour une entreprise
10:13 qui sont disponibles dans des bases de données publiques,
10:16 c'est certes un moyen de quantifier cet impact,
10:19 mais c'est un moyen qui va être un petit peu majorant
10:21 pour éviter du greenwashing notamment.
10:23 Et donc, pour elles, être capable d'aller creuser,
10:25 d'aller faire le lien entre les données qu'elles ont,
10:27 les données qu'elles vont aller chercher au niveau de leurs fournisseurs,
10:30 ça va leur permettre d'avoir un score qui est plus représentatif
10:33 et ce gain en représentativité, déjà juste ça,
10:36 ça permet d'éviter les données majorantes.
10:38 Et ensuite, quand on initie des démarches d'éco-conception,
10:40 encore plus s'améliorer et donc être mieux disant
10:43 sur la NFRD qui est en train d'arriver.
10:45 Antoine, est-ce que vous avez mis des outils spécifiques
10:47 pour agréger cette donnée en place chez Manutan ?
10:50 Alors oui, nécessaire, obligatoire même.
10:54 On sait qu'il y a une échelle de temps,
10:56 ça va démarrer en janvier 2024, ça va s'échelonner.
10:59 Pour Manutan, ce sera en 2025.
11:02 Nous, ce qu'on a fait en 2023,
11:05 c'est qu'on a sorti notre score d'impact environnemental produit.
11:08 Je reprends un peu l'exemple que Martin a donné tout à l'heure,
11:11 mais nous, on fait partie de ces entreprises
11:13 qui gèrent plus de centaines de milliers de références,
11:17 on a 800 000 références aujourd'hui.
11:19 Donc on a aussi non seulement des contraintes légales
11:22 qui flèchent et qui orientent les entreprises dans les bonnes directions,
11:24 c'est une très bonne chose,
11:25 et puis il y a le besoin de rendre cette méthodologie
11:28 et l'utilisation de ces données reproductibles,
11:30 parce que l'idée, effectivement, est de mesurer
11:32 le score d'impact environnemental d'un produit une fois
11:36 et de le faire 800 000 fois.
11:38 Donc on s'appuie aujourd'hui sur deux référentiels,
11:40 le premier qui s'appelle PEF, Product Environmental Footprint,
11:45 donc l'empreinte environnementale produit en français,
11:47 qui a été retenue par l'Union européenne,
11:50 pour tout ce qui va concerner les produits EPI,
11:52 les produits de protection individuelle,
11:55 et puis, bien sûr, l'ADEME,
11:57 notamment sur tous les produits mobiliers de bureau.
12:00 Et ces deux référentiels permettent, sur des critères,
12:03 il y en a entre 12 et 16,
12:05 de déterminer des scores d'impact environnemental produit.
12:09 Dans ces critères-là, on va retrouver,
12:11 certains que Martin a cités,
12:13 l'impact sur la santé humaine,
12:14 l'impact sur l'émission de particules fines,
12:17 des impacts de changements climatiques,
12:20 et tous ces critères-là permettent de donner un score,
12:23 ça reprend un petit peu le Nutri-Score,
12:25 qu'on connaît un peu plus en tant que consommateur,
12:27 on va être en capacité de produire et de fournir à nos clients
12:30 des données par des scores,
12:32 des lettres qui vont de A à E,
12:34 et qui vont à la fois donner un éclaircissement
12:36 sur la mesure de l'impact environnemental des produits à nos clients,
12:39 mais en plus de ça, vous l'avez cité tout à l'heure,
12:41 la possibilité de comparer des produits et des utilisations entre elles.
12:45 C'est ça qui est important aujourd'hui.
12:46 - Caroline, même question,
12:48 est-ce que vous avez mis en place des outils particuliers
12:50 pour pouvoir mesurer les scores de vos produits
12:54 utilisés dans votre industrie ?
12:56 - Alors, de manière plus globale,
12:59 nous effectivement on assure la mesure de nos enjeux ESG,
13:03 à la fois sur la dimension environnementale,
13:05 mais aussi d'un point de vue social.
13:07 Sur la dimension environnementale,
13:08 on a mis en place une trajectoire carbone
13:11 qui a été validée au niveau SBTI, au niveau international.
13:14 Donc on la suit effectivement sur notre Scope 1 et 2,
13:18 donc tout ce qui touche à l'énergie
13:20 et à ce qui touche à l'intérieur de l'entreprise.
13:23 Le Scope 3, comme on l'expliquait,
13:25 qui est plus lié à tout ce qui se passe en amont
13:28 et en aval de l'entreprise,
13:29 est plus complexe à déterminer.
13:32 En revanche, pour pouvoir accompagner cette démarche,
13:34 on a mis en place des systèmes d'information dédiés.
13:37 Donc sur la partie extra-financière,
13:39 on est en cours de déploiement.
13:41 Sur la partie plus sociale,
13:42 on a d'ores et déjà bien avancé le dispositif,
13:47 sur lequel on a d'autres une stratégie data
13:49 pour pouvoir ensuite accélérer effectivement
13:52 l'automatisation et la remontée des informations,
13:55 la structuration des ratios de manière automatique,
13:58 pour à la fois répondre aux enjeux réglementaires
14:00 qui vont s'imposer au niveau de la CSRD,
14:02 mais au-delà de ça,
14:03 ce qui est très important pour nous,
14:04 c'est de pouvoir améliorer notre pilotage
14:06 et puis au quotidien donner du sens
14:09 par la mise en place notamment de budgets extra-financiers,
14:12 de systèmes qui nous permettent d'aborder
14:16 notre pilotage et notre stratégie de manière plus globale.
14:19 Justement Caroline, vous parliez de pilotage.
14:21 Qui est-ce qui pilote ça chez vous ?
14:23 Est-ce que c'est la direction de la RSE
14:24 ou est-ce que ça relève de la DSI puisqu'on parle de data ?
14:28 Alors, le programme data,
14:30 il est directement impulsé par le président du directoire de groupe.
14:33 Ça fait partie vraiment de sa feuille de route
14:36 qui est basée effectivement sur des projets forts,
14:39 structurants pour nos différentes activités,
14:41 sur une politique RSE particulièrement engagée,
14:44 le progrès humain,
14:45 mais aussi sur la dimension data et intelligence artificielle.
14:49 Donc, il en est le premier promoteur.
14:52 Moi, j'en assure en fait le sponsoring au niveau du comité de direction groupe
14:56 et à ce titre, je fais plutôt œuvre de passerelle
14:58 entre nos départements informatiques,
15:00 nos DSI effectivement dans nos différentes activités
15:03 et les dirigeants métiers pour assurer la bonne cohérence du projet
15:07 et du pilotage de l'ensemble de ce programme data.
15:11 Je suis accompagnée par des prestataires extérieurs
15:16 qui s'assurent effectivement de toute la partie architecture,
15:19 planning, cohérence, gouvernance, etc.
15:22 Et en interne, les équipes SI ont cadencé des pilotes
15:28 pour pouvoir avancer sur nos différentes activités,
15:31 cartographier les datas, les sources,
15:33 identifier les usages que l'on souhaite déployer le plus rapidement possible
15:37 et puis surtout assurer la qualité de la data qui va être remontée.
15:41 Comment s'assure de la qualité de la data, Martin Bénier ?
15:44 Il y a plusieurs moyens de le faire.
15:47 Déjà sur chaque donnée environnementale qui sont dans les bases de données,
15:50 il y a un score de qualité qui est associé.
15:54 Donc ça permet déjà de savoir si cette donnée a été élaborée
15:57 par la base il y a peut-être 10 ans, 5 ans, 15 ans, 20 ans.
16:01 Ça peut être assez variable.
16:03 Et puis après, il y a le niveau de qualité de la donnée qu'on collecte.
16:06 Est-ce qu'on a juste dit voilà, on prend une donnée générique,
16:09 on pense qu'en moyenne notre produit fait telle masse,
16:12 est-ce qu'on est allé la collecter, est-ce qu'on a collecté
16:15 un premier niveau d'information, est-ce qu'on est rentré dans le détail
16:17 de savoir peut-être entre différents types de plastique,
16:19 la manière de le produire.
16:21 Pour chaque matériau, pour chaque processus,
16:23 on a une granularité qui peut être très très fine.
16:25 L'idée étant qu'il faut chercher évidemment à avoir de la qualité,
16:29 mais il ne faut pas non plus oublier que l'enjeu est surtout déjà
16:32 de mettre un score sur l'ensemble de ces produits
16:34 et que vouloir à tout prix faire du 100% super pointilleux,
16:38 ça va se faire au dépend de l'énergie, des ressources
16:41 qu'on peut exploiter pour tous ces autres gammes de produits.
16:44 Donc nous typiquement avec notre outil, ce qu'on identifie,
16:48 et j'entendais Caroline parler d'intelligence artificielle,
16:51 ça fait partie des outils qu'on exploite activement sur la plateforme
16:54 pour permettre d'identifier quels sont les leviers d'action
16:57 et comment est-ce qu'avec quelques actions très simples
16:59 qui sont valables sur le plan environnemental
17:02 et sur le plan économique, on va être capable de réduire
17:06 l'impact d'un produit ou en tout cas d'augmenter la qualité de ces données.
17:10 Ça dépend un petit peu de la démarche qu'on souhaite faire
17:12 sans être obligé systématiquement de devoir tout collecter.
17:15 Antoine, dans quelle mesure cette data, une fois collectée,
17:18 elle sert, elle éclaire en tout cas la stratégie future d'un groupe comme le vôtre ?
17:22 Elle l'éclaire dans le sens où, comme pour Caroline,
17:26 notre directrice de l'ARSE qui a été nommée il y a trois ans
17:29 est rattachée directement au président de l'entreprise.
17:32 Donc ça montre bien qu'il n'y a pas d'un côté une stratégie produit,
17:36 de l'autre une stratégie commerciale ou encore une stratégie data
17:39 et que la stratégie RSE viendrait comme ça, sur le côté,
17:43 doublé un petit peu par la gauche ou par la droite.
17:45 C'est véritablement la stratégie de l'entreprise.
17:47 Quand ManuTan fixe sa mission comme étant entreprendre pour un monde meilleur,
17:51 ça montre bien l'impact qu'on a envie d'avoir sur la société
17:54 au sens très large, dont l'environnement.
17:56 Et donc c'est cette stratégie qui fait en sorte de driver ensuite
17:59 toutes les autres actions qui sont entreprises par nos collaborateurs.
18:03 Bien sûr, on l'explique, on donne beaucoup de sens
18:06 à la mission que l'on donne à l'entreprise.
18:08 Et puis surtout, on va aller chercher aussi nos fournisseurs
18:12 qui sont nos partenaires, où on va ensemble définir la meilleure façon
18:17 de lire les données que parfois ils possèdent,
18:20 parfois ils ne possèdent pas en totalité, pour faire en sorte de traduire ça
18:23 dans un score qui soit entendable par nos clients,
18:26 puisqu'on souhaite dans un premier temps le mesurer,
18:28 dans un deuxième temps améliorer la mesure.
18:31 Donc c'est à la fois une sorte de course vers le nombre de références,
18:35 encore une fois 800 000 références dans un catalogue,
18:37 ça nécessite d'y consacrer du temps, c'est très important.
18:41 Et puis bien sûr, l'amélioration de ce score est dans les achats
18:45 qui sont la manière dont nos clients vont également mesurer
18:48 leur propre performance.
18:49 Donc on travaille à co-construire avec eux,
18:51 via une méthodologie qu'on appelle "Save Inside",
18:54 qui leur permet d'optimiser leurs achats.
18:56 On va par exemple dire à nos clients,
18:58 le produit que vous recherchez est là,
19:00 et vous avez la possibilité de commander une alternative,
19:02 qui est une alternative permettant la même utilisation de produit,
19:05 sur lequel le score d'impact environnemental produit est meilleur.
19:08 Et à partir du moment où on a réussi à faire ça, je dirais, ensemble,
19:11 nos fournisseurs, nos clients et nos collaborateurs,
19:14 on a tout gagné.
19:15 Caroline Lutinier, comment est-ce que vous, de la même façon,
19:18 vous engagez à la fois vos collaborateurs,
19:20 mais aussi peut-être vos clients, vos fournisseurs,
19:22 sur ces sujets-là ?
19:24 Alors nous, depuis l'arrivée de notre président il y a trois ans,
19:28 effectivement on a mis un grand programme
19:30 au niveau de la stratégie d'entreprise,
19:32 de manière à ce qu'elle soit pleinement incarnée
19:34 à tous les niveaux du groupe, à travers la gouvernance,
19:38 ou d'abord avec la mise en place d'un comité RSE,
19:43 du conseil de surveillance,
19:44 une formation de l'ensemble des acteurs de la direction,
19:48 et derrière aussi des plans d'objectifs et d'intéressement
19:52 pour les collaborateurs basés directement sur la stratégie RSE du groupe,
19:56 qui est évidemment alignée avec la stratégie globale de l'entreprise.
19:59 Et on décline ensuite par comité RSE
20:02 et tous les niveaux d'entreprise,
20:04 que ce soit au niveau du groupe, au niveau des activités,
20:06 y compris au niveau des collaborateurs à titre individuel,
20:10 on a développé des collectifs qui permettent à chacun de pouvoir agir
20:13 et de prendre des initiatives sur ces thématiques.
20:17 Maintenant, ça nous permet aussi de les engager en comprenant mieux.
20:25 On estime qu'effectivement la formation est un fort levier
20:28 nous permettant de les engager.
20:30 C'est pourquoi on a mis en place des formations à la fresque du climat
20:33 sur l'ensemble des collaborateurs.
20:34 Aujourd'hui, on est à peu près à un tiers du groupe formé sur ces enjeux-là,
20:39 de manière à ce qu'ils comprennent mieux notre engagement
20:41 en matière d'environnement.
20:43 Sur nos activités industrielles,
20:45 on a travaillé beaucoup en termes de R&D
20:48 pour déployer à la fois des gammes de produits dans notre activité béton
20:53 au travers d'une démarche qu'on a appelée Vitalis,
20:55 qui dispose elle-même d'un vitascore
20:57 qui permet aussi de disposer de différents produits à empreinte carbone réduite
21:02 et d'avoir des solutions béton différentes selon les usages
21:06 et avoir le bon béton pour le bon usage avec une empreinte réduite.
21:10 D'autre part, sur la partie menuiserie,
21:13 on travaille également très fortement sur les enjeux
21:16 tournant autour des ressources et des matières premières
21:19 avec la mise en place d'un dispositif
21:22 qui permet de récupérer les menuiseries en fin de vie
21:25 pour les réintégrer, les trier, recycler et réintégrer ensuite dans les process.
21:29 Martin, Béni, tout à l'heure vous disiez
21:32 que la donnée peut être plus ou moins fiable
21:34 selon du moment duquel elle date.
21:37 Je me demandais à partir de quel moment on doit réactualiser son score.
21:41 Une fois qu'on l'a, très bien,
21:42 mais si le fournisseur change x ou y composants,
21:45 ça peut faire changer le score.
21:47 Est-ce que c'est du temps réel ?
21:49 Comment est-ce que vous fonctionnez ?
21:50 Effectivement, si le fournisseur change de fournisseur,
21:54 déjà pour commencer, ce qui serait peut-être le cas le plus fréquent,
21:56 ou qu'il fait une amélioration ou une dégradation
21:59 de ses procédés de production,
22:01 ça va changer l'impact réel du produit.
22:04 Aujourd'hui, dans la réglementation, il n'y a pas encore de consensus
22:07 sur le niveau de rafraîchissement ou le rythme de rafraîchissement de ces scores.
22:11 Il faut quand même avoir en tête que c'est un exercice
22:14 qui est très très lourd pour les entreprises
22:16 quand bien même elles utilisent des outils d'automatisation.
22:18 Donc pour le moment, l'idée est plus d'être sur un rythme annuel de mise à jour.
22:23 Ça marche bien pour certaines gammes de produits,
22:26 je pense notamment aux textiles qui ont des collections biannuelles,
22:29 d'ailleurs très souvent, qui vont avoir un rafraîchissement.
22:33 Et puis pour les autres produits, ça peut être aussi,
22:35 au lieu de refaire tout l'exercice de collecte,
22:38 de simplement aller demander à ses fournisseurs
22:40 « Est-ce que pour le moment, vous jugez qu'il y a eu un changement ? »
22:43 Quand c'est des changements positifs, souvent les fournisseurs sont assez…
22:46 Ils le disent d'eux-mêmes.
22:47 Voilà, ils sont assez proactifs sur le sujet.
22:49 Et puis d'avancer comme ça pour le pilotage.
22:52 Mais il n'y a pas encore de consensus sur à quel rythme il faudrait le faire.
22:55 Dans un monde idéal, il faudrait le faire en temps réel.
22:58 Aujourd'hui, ce n'est peut-être pas non plus un enjeu encore aussi crucial
23:02 pour les fournisseurs, pour les entreprises et puis pour leur client.
23:05 Antoine, est-ce que ces nouveaux outils de scoring que vous avez mis en place
23:09 vous amènent à penser à de nouveaux produits, à de nouveaux services ?
23:12 Alors…
23:13 Termes d'offres.
23:14 Clairement.
23:15 Je pense notamment à ce que nos clients nous disent.
23:19 Nos clients sont des entreprises, des collectivités, des artisans.
23:22 Ce sont des professionnels.
23:23 Et ils ont, nos clients, cette envie d'avoir à la fois la possibilité de mieux consommer,
23:29 d'avoir un score environnemental des produits qu'ils consomment qui s'améliorent,
23:34 qui se mesurent, on l'a vu, qui s'améliorent aussi.
23:36 Et ils ont également envie, ce n'est pas un mais,
23:38 c'est un « et » d'avoir une performance économique qui soit au rendez-vous
23:41 de leurs objectifs de notamment maîtrise en tout cas de leurs coûts et de leurs dépenses.
23:46 Et une des solutions sur laquelle Manu Tan travaille déjà depuis quelques années,
23:51 c'est l'économie circulaire.
23:53 L'économie circulaire, c'est comment faire rentrer des produits dans un second cycle de vie.
23:58 Donc on n'est pas en train de parler de produits neufs,
24:00 mais de produits de seconde main qui ont déjà vécu, qui ont pu être réparés,
24:03 qui ont pu être réutilisés, en tout cas qui rentrent dans un deuxième cycle de vie.
24:08 Ces produits ne faisant pas l'objet de l'extraction en matière première,
24:11 d'une nouvelle industrialisation, ni même souvent d'un acheminement,
24:14 ont un score d'impact environnemental produit bien meilleur.
24:18 Et par définition, bien souvent, un produit de seconde main est également plus économique.
24:22 Donc en mettant à disposition de nos clients à la fois la possibilité de collecter
24:26 du matériel informatique et du matériel de bureau,
24:29 mais aussi de proposer des produits de seconde main dans notre offre,
24:32 nous permettons à nos clients de garantir à la fois un meilleur score environnemental
24:36 des produits qu'ils consomment et aussi de meilleure performance économique.
24:39 Caroline Lutini, sur cette question de la performance économique,
24:43 est-ce que ça se mesure, le fait d'avoir une politique RSE très data-centric,
24:47 est-ce que ça se mesure en termes de performance aujourd'hui ou est-ce que c'est trop tôt ?
24:52 Aujourd'hui, la mesure de la performance de manière multi-capito,
24:58 en prenant en compte à la fois les enjeux environnementaux, économiques et sociaux,
25:04 on commence à mettre en place quelques éléments, quelques réflexions,
25:10 mais j'avoue qu'au niveau de l'entreprise, on est plutôt sur des pilotes
25:14 que sur un déploiement large de l'analyse de cette performance globale.
25:18 L'enjeu pour nous, c'est que la data et l'analyse de la performance à partir de cette data,
25:25 elle se déploie au sein de chacun de nos métiers et qu'effectivement,
25:28 l'approche quand on vise le développement d'un nouveau service, d'un nouveau produit
25:32 ou d'un nouvel investissement, soit non plus uniquement sous l'angle financier ou économique,
25:39 mais aussi sous l'angle extra-financier, on commence à le mettre en place
25:43 dans le cadre de nos réflexions sur des investissements, investissements machines,
25:49 sur le développement de nouveaux produits, de manière aussi à pouvoir avoir
25:53 une lecture transparente de nos développements sur l'ensemble de la chaîne de valeur
25:59 et c'est vraiment ce que l'on souhaite faire avec le développement de cette stratégie data
26:04 pour l'ensemble de nos métiers.
26:06 Martin Vainier, vous qui êtes au cœur de cette récolte de la data,
26:09 est-ce qu'il y a des secteurs qui aujourd'hui ne sont pas encore suffisamment matures
26:13 pour pouvoir afficher des scores ou est-ce que demain, au contraire,
26:16 on va se retrouver avec des petites étiquettes rouge jaune verte,
26:19 pour faire simple, sur à peu près tous les produits qui nous entourent ?
26:22 Alors, il y a effectivement un phasage qui est en cours sur les secteurs
26:27 qui vont déployer ce type de dispositif d'affichage.
26:30 Caroline parlait tout à l'heure des produits de construction,
26:33 même si on ne va pas avoir les étiquettes sur notre béton, nos portes-fenêtres,
26:37 puisque c'est surtout à la destination des clients professionnels,
26:41 mais il y a d'ores et déjà avec l'ARE 2020 une base de données
26:44 qui recueille ces fiches de déclaration environnementale et sanitaire, les FDES,
26:48 qui elles vont vraiment avoir cette cartographie, cet impact pour chacun de leurs produits.
26:53 Donc ce secteur est assez avancé. Dans le textile et dans l'alimentaire,
26:57 c'est pour le moment, dans le cadre de ce que dit le commissariat général
27:01 de développement durable récemment, c'est les deux secteurs prioritaires
27:04 pour avoir un score pour nous tous consommateurs, donc textile et alimentaire.
27:08 Et puis ensuite, petit à petit, avec des initiatives comme celle portée par Manutent,
27:12 par exemple, on va avoir de plus en plus de scores sur de plus en plus de produits,
27:16 sachant que nous, on voit déjà chez nos clients des secteurs
27:19 qui ne sont absolument pas contraints par la réglementation,
27:22 mais qui mènent déjà de front ces sujets, parce que c'est aussi
27:25 des transformations assez lourdes pour l'entreprise.
27:28 Caroline parlait tout à l'heure de le faire rentrer dans chacun des métiers.
27:32 C'est vraiment ça qui compte. Il faut avoir bien en tête que la majorité
27:35 de l'impact d'un produit, il se décide au moment de la conception
27:39 pour les entreprises qui la font ou de la sélection des achats.
27:43 Donc ce n'est pas une idée de dire on a choisi, c'est dans le catalogue,
27:46 c'est déjà dans les rayons et puis maintenant on va quantifier,
27:49 puisque à ce moment-là, de toute façon, il n'est plus possible de s'améliorer.
27:52 Donc voilà, il y a vraiment cet enjeu aussi de diffuser la pratique
27:55 et que des designers, des ingénieurs, des chargés de logistique,
27:58 de sourcing et évidemment de RSE soient capables de parler de ces scores
28:03 et de le faire avec une volonté d'amélioration.
28:06 Merci beaucoup à tous les trois de nous avoir apporté votre expertise aujourd'hui.
28:09 Martin Beignec au fondateur d'OLIS, Caroline Lutinier, directrice communication et RSE
28:13 du groupe ERIJ et Antoine Compin, directeur général de Manutan France.
28:17 A très bientôt.
28:19 Smart at Work. Vous a été présenté par Manutan.
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