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Clique, c'est présenté par Mouloud Achour, tous les jours à 19h45 en clair sur CANAL+ !
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00:00 - Qu'est-ce qu'il fait ton papa ? - Il fait du cinéma.
00:02 - C'est quoi faire du cinéma ? - On filme quelqu'un avec une caméra.
00:05 Je me suis mis dans le cirque parce que c'était une manière de rentrer sur scène par une porte détournée.
00:16 - Ta gueule ! - T'es malin vache, t'es malin vache.
00:28 - Le premier... - De nos deux qui rira...
00:30 - ...aura une... - ...tapette.
00:32 Admettez tous les deux que je suis le meilleur et je vous révélerai mon secret.
00:42 Je t'ai apporté du lait.
00:47 Moi j'aime bien l'ambiguïté en fait, tu vois. J'aime bien quand on sait pas trop ce qu'on veut.
00:55 J'ai besoin de vivre sans avoir besoin
01:05 - Ça va te fou les poils. - Ah bah moi pareil.
01:07 Le type il a tout dit, il a tout compris.
01:12 Cette vie que vous m'offrez, je la perdrai volontiers à nouveau pour vous Sire.
01:20 Mon père me disait "un jour faudra quand même que tu rentres dans la cour des grands"
01:23 et je lui répondais "t'as pas compris, la cour elle reste, les grands ils passent".
01:27 - Bonsoir. Comment ça va ? - Ça va très bien et toi Broud ?
01:36 - Ça va. La cour elle reste, les grands ils passent.
01:39 - Ouais. - Est-ce que t'as l'impression d'être devenu un grand artiste ?
01:42 - Non, je suis pas un grand artiste. - Ah bon ?
01:44 - Non, je suis pas un grand artiste. - Ah bon ?
01:46 - Non, je suis pas un grand artiste. - Ah bon ?
01:48 - Ouais. - Est-ce que t'as l'impression d'être devenu un grand ?
01:51 - Non. Je pense que c'était un truc de provocation pour remettre mon père à sa place
01:56 qui ne comprenait pas la valeur et l'importance que je mettais de travailler avec des gens de ma génération.
02:01 Parce que j'étais un peu bloqué là-dessus sûrement parce que je venais d'une famille qui faisait déjà ça.
02:07 Pour moi le seul moyen d'avoir une certaine légitimité c'était de travailler avec des gens de mon âge.
02:11 Et du coup je me suis focalisé vraiment sur des gens de mon âge
02:16 pendant tout le début de ma carrière, vraiment.
02:19 Parce que j'avais l'impression qu'en faisant ça j'étais inattaquable.
02:22 Et ce qui est très étrange c'est que c'est au moment où il a décédé que j'ai travaillé avec des gens plus vieux.
02:26 C'est-à-dire que l'année où mon père est mort, je me suis retrouvé à travailler avec Jean-Jacques Hannault
02:31 et David Cronenberg.
02:35 Et j'ai pas fait exprès.
02:37 - Qu'est-ce que tu as appris le plus de ton père ?
02:44 - Le goût du travail.
02:45 Il m'a toujours dit "il faut bosser pour y arriver".
02:47 Et du coup cet espèce de truc comme quoi il fallait répéter...
02:51 Tu vois j'ai passé beaucoup beaucoup de temps en cours.
02:55 - Là t'as l'affiche du deuxième volet des Trois Mousquetaires
02:58 et ton père Jean-Pierre Cassel a aussi joué dans les Trois Mousquetaires.
03:00 - Certes.
03:01 - Richard Lester, il a incarné le roi.
03:03 On regarde un extrait, c'est lui qui doublait.
03:06 - Hum hum hum.
03:07 - Maintenant il en aura un des miens.
03:09 - Ah il en a pris un.
03:11 - Oui, il le mange.
03:13 - Hum hum.
03:15 - Il m'a quand même touché.
03:17 - Sa Majesté m'a paru d'une pâleur exquise, sire.
03:21 - Hum hum.
03:23 - Est-ce que votre Majesté deignerait prêter une seconde d'attention aux bonbons de cette boîte ?
03:27 Je pense que vous m'accorderez que c'est une friandise royale.
03:32 - Qu'est-ce que cela veut dire ?
03:34 - Rien. Seulement, si la reine porte sa parure, ce qui me surprendrait beaucoup,
03:38 comptez les pierres, sire.
03:40 Et si vous n'en trouvez que dix, alors demandez à Sa Majesté ce qui a pu arriver aux deux autres.
03:45 - Beaucoup de ressemblances.
03:54 - Physiquement ?
03:55 - Oui.
03:56 - On n'échappe pas à ses parents.
03:58 - On n'échappe pas à ses parents. Et en plus, il y a un truc que j'ai remarqué, c'est que...
04:02 C'est qu'en fait, j'ai l'impression que le moment où les parents disparaissent,
04:07 on arrête de lutter un peu contre eux et finalement, c'est là où...
04:10 Ce que je dis toujours, c'est qu'en fait, le secret d'éternité, c'est l'ADN.
04:15 - Est-ce que toi, t'as été en lutte, vraiment, avec tes parents ?
04:19 - Ouais. Quand même.
04:21 - Pourquoi ?
04:22 - Je ne sais pas. Enfin, si je sais, mais pour plein de raisons personnelles, je dirais...
04:28 Mais c'est bien d'être en lutte avec ses parents, en fait.
04:31 Je pense qu'il y a ce truc de tuer le père, c'est un passage important dans la vie de chacun.
04:36 Et je pense que c'est aussi une manière de dépasser ses modèles,
04:40 c'est une manière de prendre son indépendance, tous ces trucs-là.
04:45 - Ça fait aussi penser, l'interprétation de ton père, à celle de Louis Garel.
04:49 - Bien sûr. Louis a fait un Louis complètement différent dans le film,
04:54 mais c'est le même rôle, oui.
04:56 Je me rappelle bien de ce tournage.
04:58 Donc, 73, j'avais... Moi, je suis né en 66, donc j'étais vraiment pas vieux.
05:01 Et je me rappelle de ce tournage, de ce casque.
05:04 Je me rappelle des décors. Il y avait un truc démesuré.
05:07 C'est sûrement un des trucs qui m'a donné envie de faire du cinéma, d'ailleurs.
05:10 George Wilson, derrière, il y avait un casting de fou.
05:13 De fou, de fou, de fou.
05:14 - À quel âge t'as su que tu voulais faire ça ?
05:16 - Je crois que j'ai su que je voulais le faire avant de le comprendre.
05:21 C'était une manière pour moi de m'échapper, de me projeter, de m'imaginer.
05:28 J'ai aussi découvert un truc avec le temps, c'est que...
05:32 Finalement, les tracteurs, c'est un truc assez futile quand tu y penses bien,
05:35 parce que c'est un truc de l'instant, avant tout.
05:37 Donc, les acteurs, c'est avec l'époque, puis après, ça passe.
05:40 Et puis, tu demandes aujourd'hui à des gens de 20 ans qui est...
05:44 Pour certains, Marlène Brando, ils savent pas qui c'est.
05:47 Paul Muni, on n'en parle même pas.
05:49 Carette, Louis Jouvet, alors là, carrément, on est dans le...
05:53 Faut prendre un dictionnaire.
05:55 Donc, c'est vraiment un truc de l'instant.
05:57 Et je me suis rendu compte avec le temps que finalement,
06:00 quand on est acteur, quand on est vraiment acteur,
06:03 enfin, qu'on a décidé que ça serait ça qu'on ferait,
06:05 c'est ce que j'ai fait,
06:06 en fait, c'est quand même une manière de garder toujours une distance avec le réel.
06:10 Parce qu'en fait, quand on est acteur, on recycle ses propres émotions, j'ai l'impression.
06:14 C'est-à-dire que t'arrives à un truc terrible,
06:17 et au moment où t'es en train de le vivre, tu te dis "Putain !"
06:20 Il y a des choses terribles, la mort, la naissance,
06:24 des moments aussi décisifs comme ça de nos vies,
06:27 et tu te dis "Putain !"
06:29 Regarde bien comment ça passe à travers toi, parce que ça va te servir un jour.
06:34 - Est-ce que toi, t'as fait des choix de films pour adresser des messages à tes proches, par exemple ?
06:38 Ou pour exprimer des choses, pour régler des choses ?
06:41 - Alors, pas pour des trucs par rapport à mes proches,
06:43 mais je me suis rendu compte que quand tu acceptes tel ou tel film,
06:48 j'allais dire avec le cœur, mais c'est un peu des grands mots,
06:50 mais en tout cas avec une vraie envie, ce qui est déjà pas mal,
06:53 et pas juste parce que c'est cool de le faire dans le métier,
06:56 parce que c'est du blé, etc.
06:58 Quand tu choisis tes films parce que tout d'un coup ça te parle à ce moment-là,
07:01 même si des fois ton entourage ne le comprend pas forcément bien,
07:04 j'en vois quelques-uns qui passent,
07:06 en fait, tu te rends compte que ça correspond,
07:10 je me rends-suis rendu compte que ça correspondait souvent à un questionnement
07:14 que j'avais à ce moment-là de ma vie.
07:16 La violence, l'envie d'être autre chose,
07:20 le rapport amoureux, la trahison.
07:22 Bon, après, je te dis pas que tous les films ont été choisis de manière aussi subtile,
07:28 mais ça correspond souvent à quelque chose
07:31 de là où j'en étais à ce moment-là dans ma vie.
07:34 - La fragilité aussi.
07:35 - Fragilité, bien sûr, ouais.
07:38 J'ai fait beaucoup plus de films où j'étais violent, agressif,
07:41 sur la défensive, dans mes jeunes années.
07:44 Après, je me suis un peu calmé, tu vois.
07:45 Non, je me suis dis "Ah !"
07:47 - Et là, t'es à l'affiche des "Trois Mousquetaires",
07:50 "Mille et dix" de Martin Bourbon, ça sort le 13 décembre au cinéma,
07:52 c'est l'événement au cinéma français avec Eva Green, François Civil,
07:55 Pio Marmaille, Romain Duris, Louis Garrel,
07:57 et l'incroyable Lina Koudri,
08:00 qu'on embrasse et qu'on aime d'amour.
08:01 Bonne annonce.
08:06 - Tu me diras où elle est ou je jure de le tuer.
08:08 - Prends garde, Artagnan, cette femme te fera envoûter.
08:10 - Nous sommes des tueurs, d'Artagnan, que ça la vous plaise ou non.
08:13 - Que chaque hérétique du royaume sache ce qu'il en coûte de défier le roi.
08:19 - Mousquetaires !
08:20 Vous êtes soldats pour mourir ?
08:24 Je vous emmène là-haut, même.
08:27 - C'est lui le traître !
08:34 - Je ne suis pas l'homme que vous croyez.
08:35 - Un seul geste et je vous tue !
08:46 - Si vous me tuez, vous ne serez jamais OÉ Constance.
08:48 - Les 3 Mousquetaires, ça sort le 13 décembre au cinéma.
09:03 Derrière ce film, il y a un homme, c'est Jérôme Sédoux,
09:06 qui a décidé de se dire que le cinéma français, il faut le sauver en faisant des gros films.
09:11 C'est à lui qu'on doit le presser dans Astérix, les deux épisodes des 3 Mousquetaires.
09:14 Quelle ambition il a ? Est-ce que vous échangez là-dessus ?
09:17 À quoi va ressembler le cinéma ?
09:19 Pourquoi est-ce que le cinéma français doit produire du grand spectacle
09:23 et se réapproprier des grandes histoires comme les 3 Mousquetaires ?
09:25 - Je crois que tu ne te trompes pas en disant que c'est sa démarche.
09:31 J'en ai pas beaucoup parlé avec lui, mais on l'a tous compris pourquoi il disait ça.
09:35 Je pense qu'il a en partie raison.
09:38 D'ailleurs, la preuve, c'est que ça fait des succès en salles français
09:42 et que c'est important pour toute l'industrie française du cinéma.
09:47 Oui, c'est ça.
09:51 D'ailleurs, la preuve en est que les 3 Mousquetaires n'ont pas été faits
09:55 depuis plus de 60 ans en France par des Français.
09:59 Parce qu'en fait, on ne s'est jamais vraiment donné les moyens
10:02 de faire une espèce de fresque avec les moyens que ça demande.
10:05 Parce que quand tu vois l'image, tu vois qu'il y a des moyens,
10:07 que ça se veut grandiose, qu'il y a des chevaux, il y a des bagarres, il y a des décors.
10:11 Donc, pour se donner les moyens de ça, c'est assez difficile
10:15 dans l'état actuel du cinéma français.
10:17 Et pour ça, il faut quelqu'un qui accepte de mettre une partie de ce qu'il a sur la table.
10:22 Et c'est ce qu'il a fait.
10:23 - Tu as une relation particulière avec cet interproducteur.
10:25 On vient de parler de Jérôme Sédoux.
10:26 Un autre, c'est Thomas Langman.
10:27 J'aimerais que l'on regarde un extrait des Césars, où tu les hommages.
10:30 - Le César du meilleur acteur est attribué à...
10:34 Vincent Cassero.
10:41 - Bon, je vais faire comme tout le monde.
10:44 Je vais commencer par...
10:46 Par remercier Monsieur Claude Béry.
10:49 Mais pas pour la même raison que les autres.
10:52 Parce que grâce à lui, il y a Thomas Langman.
10:56 (Applaudissements)
11:00 Et il faut dire ce qu'il y a.
11:02 Il n'y en a pas beaucoup comme lui.
11:03 Il n'y a plus Claude.
11:05 Maintenant, il y a toi.
11:08 J'espère qu'on a encore plein de trucs à faire ensemble.
11:10 En tout cas, sur ce coup-là, tu as été assez incroyable.
11:14 On va se reprendre, je suis maestrine quand même.
11:17 Merde !
11:18 - On va se reprendre, je suis maestrine quand même.
11:23 - Oui, Thomas, c'est un peu...
11:26 Je ne vais pas en faire toute une tartine,
11:29 mais c'est un peu un survivant de sa propre famille.
11:32 Donc, il a un peu comme...
11:34 D'ailleurs, je vais très vite facilement faire la transition avec Dimitri.
11:38 - Dimitri Rassam, qui est derrière les 3 mousquetaires.
11:40 - Et ce sont des mecs qui ont grandi avec des exemples.
11:45 Et quelque part dans l'ombre de parents extrêmement imposants.
11:51 Parce que Claude Berry et Jean-Pierre Rassam,
11:53 pour les gens qui ne connaissent pas,
11:56 c'est les deux plus grands producteurs français de l'époque passée.
12:02 Donc, c'est toute la nouvelle vague,
12:04 c'est tout ce qui s'est fait de plus important au cinéma
12:06 pendant toutes ces dernières années.
12:07 En tout cas, une grande partie de ce qui s'est fait.
12:09 Donc, c'est des mecs qui ont été obligés de se sortir de l'ombre
12:14 en étant un peu plus grand que nature.
12:17 Et c'est fou parce que les deux ont cette propension à faire,
12:21 justement, cette volonté de faire des gros films.
12:24 Ils ne font pas des films.
12:26 Aujourd'hui, disons la vérité,
12:27 la plupart des producteurs cherchent à faire des films pas chers
12:29 qui rapportent beaucoup.
12:30 Et on a des films dont ça ne vaut pas la peine de parler, d'ailleurs, bien souvent,
12:34 qui sont un peu des films faciles, sur un principe,
12:38 et on fait rigoler, mais il ne reste pas grand-chose.
12:41 Moi, ce n'est pas pour ça que j'ai commencé à faire du cinéma.
12:43 Si j'avais fait ces films par la suite,
12:46 j'aurais l'impression de m'être un peu perdu.
12:48 D'ailleurs, je peux le dire, aujourd'hui, je m'en fous un peu du cinéma.
12:52 Ça ne fait pas partie de ma vie plus que ça.
12:54 Il y a des choses beaucoup plus importantes pour moi dans la vie.
12:56 - Le surf. - En revanche,
12:57 toutes mes expériences, la vie, les enfants, l'amour, les amitiés, etc.
13:01 - C'était une blague, Vincent.
13:02 - Non, mais il y a aussi ça, parce que je ne sais pas.
13:05 Du coup, j'ai besoin d'apprendre, et pour moi, c'est intéressant.
13:07 Mais ce que je dis par là, je provoque un peu en disant que je m'en fous du cinéma,
13:12 mais disons que pour que j'aie envie de regarder un film,
13:15 pour que j'ai envie de faire un film, il faut que j'ai un peu envie de rêver.
13:18 Alors, des fois, je fais des films qui me font moins rêver,
13:22 mais je rêve encore de faire des films qui me font rêver,
13:25 de faire des films qui soient...
13:26 Quand on les voit, on y pense une semaine encore après le visionnage.
13:30 C'est important de faire des films comme ça,
13:32 parce que sinon, ça perd beaucoup de son intérêt.
13:35 - Il y a un film que tu as fait qui a l'air de te faire rêver,
13:38 c'est le dernier David Cronenberg, qui s'appelle "The Shrewd".
13:40 Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus ?
13:42 - Alors, je ne l'ai pas encore vu.
13:45 Mais oui, c'est un film qui est en partie autobiographique
13:49 de la part de David Cronenberg.
13:51 Donc, c'est suite au décès de sa femme.
13:55 Le personnage que j'interprète, qui est un peu David Cronenberg aussi,
13:58 disons la vérité, se retrouve...
14:00 Il ne peut pas abandonner sa femme dans une tombe.
14:04 Et donc, il crée un élément, un objet de haute technologie,
14:09 parce que ça, c'est toujours aussi...
14:10 Ça fait partie des films de David,
14:12 qui permet d'accompagner le défunt après sa mort.
14:17 Je ne vous en dirai pas plus.
14:19 C'est un film sur la mort,
14:21 mais avec la légèreté, en tout cas, l'esprit taquin de David Cronenberg.
14:29 - Il dit l'avoir tourné comme si c'était le dernier.
14:31 - Il a dit ça ? - Oui.
14:33 - J'espère que non.
14:34 Franchement, j'espère que non.
14:36 Mais en tout cas, c'est un film sûrement un peu testamentaire, oui.
14:39 Ça, je pense.
14:41 Mais bon, il est quand même très en forme.
14:44 - Tu dis aussi un truc intéressant.
14:47 Si tu dis "moi, je ne suis pas un acteur, je suis une actrice".
14:49 - Voilà.
14:50 C'est toujours un peu des phrases de provocation,
14:54 mais parce que je pense que...
14:56 Je dis souvent aux metteurs en scène,
14:58 qu'ils s'occupent beaucoup des actrices,
14:59 et là, ces acteurs disent "non, non, j'ai besoin qu'on s'occupe de moi aussi,
15:02 comme si j'étais une actrice".
15:03 C'est-à-dire que, oui, il y a un truc, je pense, dans le jeu,
15:11 dans le jeu, il y a quelque chose de féminin.
15:13 Il y a quelque chose qui n'est pas...
15:16 C'est-à-dire que, comme on dit toujours,
15:18 les gangsters ne font pas de cinéma.
15:20 Ils ont autre chose à foutre, tu vois ce que je veux dire ?
15:22 C'est un truc où tu fais semblant,
15:24 où tu es sur la sensibilité,
15:26 où il faut savoir être...
15:29 où se révéler, laisser sortir des choses de soi
15:32 qui sont peut-être plus...
15:34 Comment te dire ?
15:36 Oui, c'est ça, sensibles, vulnérables.
15:38 Il y a quelque chose, je pense, dans le jeu de l'acteur,
15:40 où il faut faire appel à son côté féminin.
15:43 Et c'est ni un compliment, ni quelque chose de péjoratif.
15:48 Je crois que c'est juste un fait.
15:49 - T'es un acteur ou une actrice
15:52 qui a pour réputation de dire très facilement "non"
15:55 et de bien choisir ses films.
15:57 Ça t'a amené à devenir un acteur culte,
15:59 parce que tu as joué dans ces films cultes.
16:01 Et on s'est posé la question,
16:02 qu'est-ce qui fait qu'un film devienne culte ?
16:04 Regardez.
16:05 - Il y a certains films qui marquent des générations,
16:08 que ce soit à travers des répliques devenues cultes...
16:10 - Jusqu'ici, tout va bien.
16:11 Mais ce qui compte, c'est pas la chute,
16:13 c'est l'atterrissage.
16:14 - Des scènes d'amour qui nous ont fait fondre
16:16 ou des interprétations mémorables...
16:18 - C'est important, ça, c'est très important.
16:20 On ne sent pas le cul quand on connaît pas.
16:22 D'accord ?
16:25 - Oui.
16:26 - Des pas de danse qui nous ont donné la fièvre...
16:28 - It was a teenage wedding
16:30 and the old folks wished him well.
16:32 - Des scènes qui nous ont tenus en haleine
16:34 ou des effets de surprise comme on n'en fait plus...
16:36 C'est finalement difficile de dire ce qui fait un film culte.
16:46 Premièrement, parce qu'il dépasse les genres.
16:48 Ils sont de tous les registres,
16:49 ce qui les rend universels par essence.
16:51 - C'est vrai ?
16:52 Ah, putain ! Super !
16:55 - Et il faut bien l'avouer, même si on les adore,
16:57 il y a des films cultes qui ne sont pas forcément des chefs-d'œuvre.
16:59 Mais ils ont ce petit quelque chose en plus.
17:03 Alors, est-ce que ça tient à l'écriture, aux acteurs,
17:05 à la mise en scène ou tout simplement à l'art
17:07 d'arriver au bon endroit au bon moment ?
17:09 Difficile à dire.
17:10 Mais c'est la question aux millions d'entrées
17:12 que tout le monde du cinéma se pose.
17:14 - Elle est sympathe.
17:15 - Oui, sympathe.
17:16 - C'est l'héritage.
17:17 Un succès tel qu'il peut devenir parfois un poids pour certains acteurs.
17:20 - Les premiers rôles que j'ai faits,
17:22 c'était avec des auteurs.
17:24 Et puis, les Bronzés sont sortis.
17:26 Et là, Silence Radio, ils ne m'ont plus appelé.
17:28 Ils ont dû se dire, mais si on le met dans un film,
17:30 les gens vont dire,
17:31 "Ah tiens, il y a Jean-Claude Duss dans le film."
17:33 - Alors, même si on sait qu'il n'y a pas de recette miracle,
17:35 à quoi ça tient, un film culte ?
17:37 - On a vu Pierre Richard et tu as réagi sur Pierre Richard.
17:41 - Non, j'ai croisé Pierre Richard pour la première fois,
17:44 en vrai, il n'y a pas longtemps.
17:46 Et j'étais voir Kaïtan Ovélozo, qui jouait au Grand Rex.
17:49 Il était assis à côté de moi.
17:51 J'étais ravi de le voir.
17:53 Et j'ai commencé à parler avec lui.
17:55 Il avait l'œil vif, machin, etc.
17:57 Après, il a dit, "Je ne peux pas venir manger avec vous.
17:59 J'ai une fête." Il est parti tout seul avec ses baskets.
18:01 Et en fait, j'ai appris qu'il avait 89 ans.
18:03 Je me suis dit, "Putain, mais c'est fantastique."
18:06 - Tu te vois où à 89 ans ?
18:08 - J'aimerais bien être comme Pierre Richard.
18:11 Encore très mobile, encore capable de vivre une vie...
18:15 Oui, c'est ça, libre.
18:17 - Il y a plein de gens qui t'associent au film culte.
18:21 Pour moi, ton film culte, c'est "Mérine".
18:23 C'est ton rôle dans "Mérine".
18:25 Ça a été un rôle très, très intense à préparer,
18:27 qui t'a pris énormément de temps de ta vie.
18:29 Et j'ai eu la chance, à l'époque, de te voir avant
18:32 et de te voir après.
18:33 Et après, tu étais dans une forme de redescente.
18:35 - Dans une forme de ?
18:37 - De redescente.
18:38 Quand tu es sorti du rôle, il y avait une décompression.
18:41 - Même sans parler de rôle, il y a quelque chose d'extrêmement...
18:45 C'est long, en fait.
18:47 J'ai mis du temps à me décider à le faire.
18:49 Je me suis barré.
18:50 J'avais peur. C'était 9 mois de tournage.
18:52 C'était très long. J'étais tout le temps là.
18:54 Il y avait la prise de poids au milieu.
18:56 Il y avait...
18:58 Enfin, bon, c'est...
19:00 Donc, c'était juste de reprendre un peu
19:03 possession de mon quotidien.
19:05 J'avais déjà un enfant à l'époque et tout.
19:07 Mais juste pour revenir à ce petit magnéto
19:10 que vous avez passé avant,
19:11 qu'est-ce qui fait qu'un film est culte ?
19:13 D'abord, dans le cinéma,
19:15 vous savez qu'en fait, souvent, on dit...
19:17 Un film culte, c'est pas forcément un film qui marche.
19:20 Donc, les gens préfèrent avoir un gros succès
19:22 qu'un film culte.
19:23 Et moi, je me suis rendu compte avec le temps
19:25 que finalement, la seule chose qui importait vraiment...
19:27 Tu vois, les critiques, tout ça...
19:28 Aujourd'hui, moi, je lis plus du tout, du tout.
19:30 Avant, j'étais super intrigué. Je voulais savoir.
19:32 Je voulais...
19:33 Aujourd'hui, vraiment, je suis désintéressé
19:35 de ce que les gens peuvent dire du film.
19:37 Je m'en fous.
19:39 Je suis pas pour dire. J'ai autre chose à faire.
19:41 Le moment où ça sort,
19:42 je suis déjà en train de faire autre chose quelque part.
19:44 Quelque part ailleurs.
19:46 Le seul truc qui compte,
19:49 pour moi, aujourd'hui,
19:50 c'est est-ce qu'on s'en souvient ?
19:53 On voit tellement de films, putain.
19:55 On a tellement d'images entre les plateformes,
19:57 les machins, ton TikTok, ton Néostat, ton machin, tes trucs.
20:00 On en reprend des petits bouts, ton émission
20:02 qui va finir dans un truc, etc.
20:04 On n'a pas l'espace mental pour pouvoir se rappeler de tout.
20:07 Et de temps en temps,
20:09 il y a un truc.
20:11 C'est même pas forcément un film entier.
20:12 Effectivement, c'est une réplique.
20:14 C'est une actrice qui se retourne,
20:16 qui fait un regard.
20:17 Et tout d'un coup, ça...
20:19 - On s'en souvient.
20:20 - Tu t'en souviens.
20:21 Ça marque ton inconscient.
20:23 Ça devient presque une référence dans ta pensée,
20:25 des fois, un fantasme, je sais pas.
20:28 Et en fait, finalement, il n'y a que ça.
20:30 - C'est quoi le moment de cinéma qui t'a le plus marqué, toi ?
20:33 Ou une scène culte ou un film culte ?
20:35 - Le premier qui m'est venu à l'esprit,
20:38 quand tu m'as posé la question,
20:39 c'est quand même ce truc d'Orphée au négro.
20:41 Donc ce film français tourné au Brésil,
20:44 l'histoire de la descente d'Orphée,
20:46 du mythe de la descente d'Orphée aux Enfers,
20:48 transposé au Brésil.
20:49 Je le vois quand j'ai 7 ans.
20:50 Et puis je reste bloqué sur ce truc du Brésil.
20:52 Et puis aujourd'hui, tu vois,
20:53 le Brésil a pris une place énorme dans ma vie.
20:55 J'y vais.
20:56 Et je sens que j'ai pas fini, en plus.
20:59 Donc ça, par exemple, tu vois.
21:03 Mais...
21:04 Mastroianni qui danse avec Anita Eichberg,
21:08 où il est en train de lui dire...
21:09 Il est complètement dingue d'elle.
21:12 Et elle, elle fait...
21:13 Là, là, là.
21:14 On n'a rien à foutre.
21:15 C'est pour moi aussi une cristallisation
21:18 du rapport amoureux.
21:19 Enfin, il y a plein de trucs comme ça.
21:22 Il y a beaucoup, beaucoup de choses
21:23 qui me sont restées du cinéma.
21:26 Parce que je pense qu'il y a de certains films...
21:29 Non.
21:31 Je crois même que les films que tu vois jeune
21:33 sont importants.
21:34 Parce que t'as pas ton vécu encore.
21:37 Donc tu vois des films,
21:39 et c'est une fenêtre sur ta vie future.
21:42 Après, en vieillissant,
21:45 les films, ça devient...
21:47 Il faut vraiment que ça soit très bon
21:48 pour que ça te marque.
21:49 Tu vois, t'as plus...
21:50 T'as autre chose à foutre.
21:51 Effectivement, ta vie, après...
21:53 T'es mature, d'une certaine manière.
21:55 Donc tu te laisses moins impressionné
21:57 par un travail de fiction.
21:59 -José, on a parlé de plusieurs de tes rôles
22:01 du côté sensible,
22:02 mais je sais qu'en toi,
22:03 sommeille quelqu'un qui adore la comédie.
22:05 Que t'as très envie,
22:07 que t'adores jouer dans des comédies.
22:08 -J'en ai fait plein, en fait.
22:09 -Shetan est une comédie.
22:11 La haine est une comédie.
22:12 -C'est pas vraiment.
22:14 -Le monde est à toi, de Romain Gabrasse.
22:16 -Il est une comédie.
22:17 -Il est une comédie.
22:18 -Pour Norme, d'une certaine manière,
22:19 on est une aussi.
22:20 -Et pendant le confinement,
22:21 t'as joué dans une comédie, un court-métrage.
22:22 Moi, j'ai adoré où t'as endossé le rôle d'un DJ
22:26 qui s'appelle Scorpex.
22:27 C'était dans la série
22:29 "6 fois confinés" sur Canal+.
22:30 J'aimerais qu'on regarde un extrait
22:32 de ce court-métrage réalisé par
22:34 le talentueux Bertrand Delangegon-Sommy.
22:36 Regardez.
22:37 -Non, non, non, non.
22:45 Déjà vu.
22:46 C'est pas du Scorpex.
22:47 -OK.
22:49 -J'ai ça.
22:50 -Ah ouais ?
22:51 -Ah ouais, elle a pas mal, Romain.
22:55 Attends.
22:56 -C'est bien, ça.
23:04 -Non, non, non, non.
23:05 -Alors, c'est qui, Scorpex ?
23:08 Est-ce qu'on le reverra ?
23:09 Parce que c'est un rôle incroyable.
23:10 -Alors, oui, Scorpex, c'est un...
23:12 En fait, Sommy a grandi avec...
23:15 Il faisait même partie
23:16 de tout le mouvement de la French Touch.
23:18 -Ed Bunger.
23:20 -Ed Bunger et tout ça,
23:21 donc il connaissait bien son sujet.
23:22 Et en fait, on a fait une espèce d'ersatz
23:26 de cette génération de DJ
23:28 qui aurait un peu mal tourné,
23:30 avec l'âge, en fait.
23:31 C'est un DJ has-been, en fait, Scorpex.
23:33 Et moi, j'aime bien ces personnages
23:36 un peu pathétiques.
23:37 Pathétiques dans le sens...
23:40 Où il y a quelque chose de touchant
23:42 et d'un peu drôle
23:44 et même un peu triste chez eux.
23:47 Et donc là, oui, c'est un mec
23:48 qui est dépassé par son époque
23:49 et qui...
23:50 Et on en a vu,
23:51 pendant le confinement, il y en avait.
23:52 C'est des musiques...
23:54 C'est difficile de vieillir
23:55 dans une musique de jeunes, en fait.
23:57 Je me rends compte.
23:58 Et à un moment, il faut...
24:00 Il faut lâcher, peut-être, prise.
24:02 En tout cas, oui, on va le revoir,
24:03 puisqu'on va faire un unitaire
24:05 avec Bertrand.
24:08 On suit un peu les aventures de Scorpex
24:10 pour Netflix,
24:11 qu'on va tourner là en 2024.
24:13 C'est lâché, Scorpex reviendra.
24:15 On a fait un tour sur les réseaux
24:17 de Vincent Cassel.
24:18 C'est le clic, tu vois.
24:20 Ah ouais ?
24:21 Attendez, attendez, attendez !
24:26 Cette musique, ça me dit un truc.
24:27 Vous êtes chauds ?
24:28 Bah oui, bien sûr !
24:31 Chez Tannes, où vous avez côtoyé
24:32 les plus grands.
24:33 Joyeux Noël, les Parégo !
24:34 On a cliqué sur vous, Vincent Cassel !
24:35 Et franchement,
24:36 en plein mois de décembre glacial,
24:37 avec une actu bien badante,
24:39 c'était un peu déprimant pour nous.
24:40 Pour continuer dans notre déprime,
24:43 on vous a vu défiler
24:44 et pratiquer le foil
24:45 comme un professionnel
24:46 qui surfe sur notre somme.
24:47 Une pratique qui vous a valu
24:48 quelques problèmes, cependant.
24:49 Et même quand vous jouez à la pétanque,
24:51 là aussi, vous faites mouche.
24:52 En fouillant vos réseaux,
24:54 on a découvert votre clic,
24:55 composé de potes,
24:56 de robots, bon, très bien,
24:57 et de mecs pas rassurants,
24:58 avec des flèches.
24:59 Des potes que vous n'hésitez pas
25:00 à appeler en cas de souci,
25:01 même si vous le dites en vous marrant.
25:02 À qui vous pouvez demander conseil
25:03 ou de lettre quand ça va pas ?
25:04 Des fois, je t'appelle.
25:05 En cliquant sur vous,
25:08 on a vu l'homme de cinéma.
25:09 Tu en connais un rayon.
25:10 J'ai tout vu.
25:11 L'après-midi, Titi et Gaminé,
25:12 le soir, les Monty Python,
25:13 et Suce ma grosse bite, aussi.
25:16 Parce qu'à minuit,
25:17 y avait les films pornos.
25:18 L'acteur parfait.
25:19 Limite faillot.
25:20 Je sais que je suis un atout
25:21 pour un metteur en scène,
25:22 c'est-à-dire que je fais
25:23 y a ni eu temps,
25:24 je suis toujours à l'heure,
25:25 et si je connais pas mon texte,
25:26 c'est parce que je sais
25:27 que je vais improviser mieux.
25:28 Un acteur qui a commencé
25:29 par des pubs
25:30 et qui a représenté le français
25:31 pour une boisson à l'orange
25:32 au Japon.
25:33 Même la Tour Eiffel
25:34 se demande ce qu'est Foulain.
25:35 Mais il y a un rôle qui restera,
25:36 c'est celui de Vince dans La Haine,
25:37 avec une scène mythique
25:38 reprise de nombreuses fois
25:39 sur les réseaux.
25:40 Même Jul s'y a essayé.
25:41 Bon, pas sûr qu'il soit pris
25:42 s'il y a un remake.
25:43 - Tu parles moins à la copine.
25:44 - Tu le fais bien, hein ?
25:45 - Bon, bah du coup,
25:46 si Jul le fait,
25:47 y a pas de raison.
25:48 Moi, j'en ai toujours rêvé.
25:49 - C'est à moi que tu parles ?
25:50 C'est à moi que tu parles, mec ?
25:51 - Bon, en fait,
25:53 Vincent Castel,
25:54 interview top chrono.
25:55 On va mettre un chronomètre,
25:56 une minute, un maximum de questions
25:57 pour un maximum de réponses.
25:58 C'est parti.
26:00 De quoi as-tu le plus peur
26:01 dans la vie ?
26:02 - De m'ennuyer.
26:04 - Est-ce qu'il y a un cauchemar
26:05 dont tu te souviens toujours ?
26:06 - Je veux me défendre,
26:09 mais mes coups ne portent pas.
26:10 - Qu'est-ce que tu adores faire
26:11 après une engueulade ?
26:12 - Me réconcilier.
26:13 - C'est quoi les premières
26:14 paroles de chanson
26:15 qui te viennent en tête ?
26:16 - Nessa vidu ogi
26:19 tenka proveta.
26:21 - Est-ce qu'il faut donner
26:22 le code de son téléphone
26:23 à la personne qu'on aime
26:24 ou le garder pour soi ?
26:25 - Moi, je l'ai donné
26:26 pendant longtemps.
26:27 Après, j'ai arrêté
26:29 et je leur donnerai.
26:30 - Quelle est ton addiction
26:31 la plus tenace ?
26:32 - Je ne sais pas.
26:37 Le sport.
26:38 - C'est quand la dernière fois
26:39 où tu as pleuré ?
26:40 - Je pleure souvent.
26:42 - Si tu rencontres
26:43 un extraterrestre,
26:44 quel est le premier truc
26:45 que tu lui dis sur les humains ?
26:46 - Ici, c'est pas mal.
26:50 Chez toi, c'est mieux.
26:51 - À quoi ça ressemble
26:53 une journée parfaite ?
26:54 - Une journée parfaite,
26:55 c'est une journée
26:56 où on est avec des amis,
26:59 des enfants.
27:00 Le frigo, il pleint.
27:02 Il y a de la musique.
27:04 Il fait beau.
27:05 [SILENCE]