Comment l'assaillant de l'attentat de Paris pouvait circuler librement? BFMTV répond à vos questions

  • l’année dernière
Comme tous les jours de la semaine, BFMTV répond à vos questions

Category

🗞
News
Transcript
00:00 Comme Sarah par exemple, on peut se demander Alexis, pourquoi ce type d'individu peut se retrouver en liberté ?
00:05 Vous entendiez à l'instant Jordan Bardala, le président du Rassemblement National,
00:09 il redit en fait que cette rétention de sûreté telle qu'elle existe aujourd'hui,
00:13 elle est trop complexe selon lui et qu'il faudrait la rendre plus systématique
00:18 pour des personnes qui présentent des critères de dangerosité à l'issue de leur peine.
00:24 Il y a la volonté pour le président du Rassemblement National d'en faire une rétention systématique,
00:29 dans certains cas, lorsqu'il est interrogé sur la question d'une forme de peine de prison à vie,
00:35 il dit qu'il ne l'exclut pas complètement pour des personnalités qui ont pu menacer par exemple
00:40 les intérêts de la France, notamment dans des dossiers de terrorisme.
00:45 Donc on voit qu'il y a ici un sujet de polémique politique qui est en train de monter.
00:50 Très rapidement, c'était le cas dès hier, dans les heures qui ont suivi cet attentat.
00:55 C'est vrai que même certaines personnalités de la classe politique très éloignées de la droite ou de l'extrême droite,
01:00 je pense par exemple à François Ruffin, le député de la France Insoumise,
01:03 se sont interrogées sur les raisons pour lesquelles une personne comme le suspect de l'attentat du pont de Bir Hakeim,
01:11 qui est donc fragile psychologiquement, qui a déjà été condamné pour des faits liés au terrorisme,
01:16 peut être en liberté, Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur, a proposé lui une réponse
01:23 sur un autre terrain d'une certaine façon, plutôt sur le terrain des soins psychiatriques.
01:28 Il faut une injonction de soins, dit-il, et le ministre de l'Intérieur dit y réfléchir
01:34 en partenariat avec le président de la République et la première ministre.
01:37 Donc on le comprend, c'est vrai que c'est crucial.
01:41 L'aspect psychiatrique est crucial, quand on dit ça.
01:43 Oui, tout à fait, il en a été question, on parlait de Gérald Darmanin à l'instant.
01:46 C'est vrai que cet assaillant, il a fait de la prison en sortant.
01:49 Il avait une lourde obligation de suivi médicale, qu'il a respectée.
01:52 Il a suivi tous ses rendez-vous avec son psychiatre, son traitement également,
01:56 avant que son médecin ne l'en dispense, assez récemment.
01:59 Mais ce sont les médecins qu'a chargés ce matin le ministre de l'Intérieur.
02:03 Sur notre antenne, il était face à Apolline de Malherbe.
02:06 Nous avons fait le maximum dans le cadre de la loi actuelle.
02:09 En tout cas, les services du ministère de l'Intérieur ont fait le maximum.
02:12 Voilà quelqu'un qu'on a arrêté en 2016, qui s'est converti en islam en 2015, très jeune,
02:18 qui a fait 4 ans de prison, il a fait l'intégralité à quelques jours près de sa peine de prison,
02:22 qui a été suivi judiciairement.
02:24 Et grâce à ce suivi judiciaire, le médecin psychiatre a pu de nouveau faire une injonction de soins,
02:29 parce qu'il a une maladie mentale manifestement très prononcée.
02:32 Et une fois qu'on a terminé cela, la peine de prison, le suivi judiciaire et psychiatrique,
02:37 il y a manifestement eu un ratage, non pas dans le suivi des services de renseignement,
02:41 mais il y a eu un ratage manifestement psychiatrique,
02:44 puisque les médecins, à plusieurs reprises, ont considéré qu'il allait mieux,
02:48 qu'il était plus normal et qu'il pouvait vivre, si j'ose dire, librement.
02:52 Alors ratage psychiatrique, les mots sont durs, compte tenu de l'état de la psychiatrie en France.
02:58 Les propos de Gérald Darmanin ont évidemment fait réagir les psychiatres.
03:02 Margot de Fouville.
03:04 Je ne savais pas que Gérald Darmanin était compétent en médecine,
03:06 voilà ce que me disait le docteur Marie-Josée Cortès,
03:09 qui est présidente du syndicat des psychiatres des hôpitaux.
03:12 "La qualité de la situation n'est pas évaluée par la justice,
03:15 la question de l'imputabilité reste pleine et entière", voilà ce qu'elle disait.
03:20 Les troubles psychiatriques concernent plus de 12 millions de Français,
03:23 que ce soit la dépression, les troubles bipolaires, l'autisme, la schizophrénie
03:26 ou encore les troubles obsessionnels compulsifs.
03:28 Il y en a 3 millions qui souffrent de troubles sévères.
03:30 Ça concerne en fait une personne sur 4 au cours de sa vie, selon l'OMS.
03:34 Sauf que dans le même temps, la psychiatrie subit les mêmes problèmes,
03:37 le manque d'attractivité, le perdre de sens que subit l'hôpital public.
03:41 En septembre dernier, la Fédération hospitalière de France
03:44 a publié son enquête sur la psychiatrie.
03:46 Elle révélait notamment qu'entre un quart et trois quarts des postes de médecins
03:50 étaient vacants dans un peu moins de la moitié des hôpitaux.
03:52 Et le docteur Marie-Josée Cortès que je vous ai cité me disait
03:55 qu'il y avait 35% des postes, donc quasiment plus d'un poste sur trois
03:59 qui étaient vacants dans la psychiatrie au niveau national.
04:02 En fait, il y a plus de psychiatres rapportés au nombre d'habitants en France
04:05 que dans la moyenne des pays de l'ECDE, sauf que c'est très mal réparti
04:08 et qu'il y a un énorme problème d'attractivité à l'hôpital.
04:11 On regardait juste en 2018, donc à cinq ans ça remonte déjà,
04:15 on avait un peu moins de 32 000 lits d'hospitalisation à un temps plein en psychiatrie.
04:19 C'est 60% de moins que dans les années 70 et ça a encore baissé
04:22 depuis sans qu'on puisse le mesurer très précisément.
04:25 C'est vraiment très compliqué.
04:27 Il faut savoir que pour avoir un suivi en ambulatoire,
04:29 c'est-à-dire sans hospitalisation pour la psychiatrie adulte,
04:32 le délai moyen selon la Fédération hospitalière de France
04:34 c'est entre un et quatre mois.
04:36 C'est vraiment très criant et c'est encore pire même
04:38 quand on regarde pour les enfants, pour la pédopsychiatrie.
04:41 Il y avait un rapport de la Cour des comptes qui montrait
04:43 que sur 1 600 000 enfants et ados qui ont des troubles psy,
04:47 seuls 700 à 800 000 bénéficieraient actuellement de soins
04:51 par des professionnels spécialisés.
04:53 Encore des disparités régionales énormes, à tel point qu'en 2021,
04:56 il y avait huit départements qui n'avaient aucun lit d'hospitalisation
05:00 pour les moins de 18 ans.
05:02 - Et Pauline Revna, la chef du service Police et Justice,
05:05 nous a rejoint sur ce plateau.
05:07 Il faut préciser quand même, Pauline, que la maire de La Sayane
05:09 avait quand même signalé à la police son inquiétude fin octobre
05:12 parce qu'il lui avait semblé que son fils se repliait sur lui-même.
05:16 Elle a pourtant été prise au sérieux par la police.
05:18 - Oui, elle était très inquiète quand elle s'est rendue dans ce commissariat
05:21 en disant que le comportement de son fils était en train de changer
05:23 et quelques jours plus tard, la DGSI l'a recontactée.
05:26 Et à ce moment-là, il lui explique qu'il y a trois options qui existent
05:29 et qui sont sur la table.
05:30 Première option, une hospitalisation d'office décidée par une autorité administrative,
05:35 le maire, le préfet.
05:36 Dans ces cas-là, un médecin généraliste aurait vu l'homme
05:39 valider une hospitalisation et dans les 24 heures,
05:42 il aurait vu un psychiatre à l'hôpital qui aurait fixé un cadre
05:44 et une durée d'hospitalisation.
05:46 Sauf que pour ça, les critères légaux sont extrêmement précis.
05:49 Il aurait fallu qu'il commette un trouble à l'ordre public
05:52 et les critères à ce moment-là ne semblaient pas remplis.
05:54 Deuxième option sur la table, une hospitalisation par tiers
05:57 que la mère a refusé de faire par peur des représailles de son fils.
06:01 Elle avait peur de se faire égorger.
06:02 Et effectivement, c'était une menace réelle.
06:05 Son fils avait tenu des propos similaires en détention en 2019.
06:09 Dernière option qui s'offrait à elle, se rapprocher d'un médecin traitant.
06:12 Et c'est ce qu'elle va faire avec son médecin de famille qui connaît bien son fils.
06:16 Ce médecin va alors rassurer la mère en lui disant
06:18 qu'Armand, ce jeune homme, vient de déménager dans son appartement,
06:21 que son repli sur lui-même n'est pas inquiétant
06:23 mais plutôt dû à un changement de vie, que ça va passer.
06:26 Le médecin se voulait rassurant.
06:28 On sait ce qu'il est devenu par la suite.

Recommandée