• l’année dernière
Adrien Perez, avait été tué en 2018 sur le parking d’une boîte de nuit, alors qu’il fêtait son 26e anniversaire. Sa mère, Patricia Perez, témoigne sur CNEWS, quelques jours après la mort de Thomas, tué à Crépol à l'occasion d'un bal de village. 

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Transcription
00:00 Oui, on ne ment pas dans cette tragédie qui touche les parents, la famille du petit Thomas,
00:09 qui est mort dans les mêmes conditions qu'Adrien.
00:13 Voilà, donc je leur redis toutes nos condoléances,
00:17 tout notre soutien avec notre douleur à nous de parents meurtris à jamais.
00:22 Voilà, et oui, il faut que ça s'arrête.
00:25 Alors j'ai un peu entendu que l'État commence un petit peu à se réveiller pour ces actes innommables, voilà.
00:34 Et j'aimerais poser des questions à nos gouvernants.
00:41 S'ils avaient Adrien, s'ils avaient Thomas, s'ils avaient Lola, s'ils avaient Enzo en face d'eux, que leur dirait-il ?
00:53 Comment ils expliqueraient à nos enfants disparus à jamais le pourquoi ?
00:59 Pourquoi en a-t-on arrivé à cette situation-là ?
01:04 En 2018, nous avons été reçus par Gérard Collomb lors de sa visite à Grenoble, dont il a fait un très beau discours.
01:15 Gérard Collomb proposait beaucoup de choses, il voulait remettre beaucoup de policiers en place,
01:24 il voulait travailler avec tous les élus de tous les bancs qui ont conduit.
01:29 Je pense que le premier des actes, c'est de le faire.
01:35 Il faut que tous nos élus, tous nos politiques, que nos présidents, que nos ministres travaillent ensemble.
01:42 Il faut qu'ils se mettent la main dans la main pour...
01:45 Alors l'abrégné, la violence, ce ne sera jamais possible.
01:49 Mais voilà, faire déjà un grand, grand, grand pas pour que tous ces drames s'arrêtent.
01:57 Vous savez, la liberté, pour moi, elle disparaît lorsque l'État s'avère incapable d'assurer la sécurité de chacun.
02:06 L'égalité, elle disparaît lorsque l'État consent à ce qu'une moitié de meurtriers
02:12 passerait mieux la terreur.
02:14 Fraternité, elle disparaît lorsque l'État laisse la violence et dénigre les relations sociales.
02:22 Je suis en train de vous relire ce que j'avais écrit à M. Macron en août 2018 et qui concluait ma lettre.
02:33 Depuis, rien ne change.
02:35 Tout continue.
02:37 Pourquoi ?
02:39 Pourquoi ?
02:42 Patricia, quand on vous écoute et vous expliquez que vous avez été reçue par Gérard Collomb,
02:47 il s'avère que ce drame qui vous a touché, c'était en juillet 2018
02:51 et Gérard Collomb a quitté ses fonctions de ministre de l'Intérieur en octobre 2018.
02:57 Avec cette phrase que tout le monde a pu relayer ces derniers jours, côte à côte et face à face.
03:07 Qu'est-ce que vous dites aux parents de Thomas ce matin ?
03:10 Parce qu'on entend les propos que vous avez pu avoir et cet appel que vous adressez au Premier Président de la République.
03:18 Mais aux parents de Thomas, vous leur dites quoi aujourd'hui ?
03:24 Je suis de tout cœur avec eux, qui veulent vraiment qu'ils aient beaucoup, beaucoup de courage pour la suite.
03:32 Parce que ça va être très, très compliqué.
03:36 Très, très compliqué.
03:38 Ce n'est pas fini en fait.
03:40 Thomas, il est sorti.
03:42 Thomas, il ne rentre plus chez lui comme lui a fait tous ses enfants petits sous ses couteaux.
03:50 Parce qu'en fait, cette violence, elle est munie d'armes.
03:54 Ce ne sont pas des poings, ce sont des armes, des couteaux.
03:58 Et ces individus meurtriers, ils savent s'en servir de ces couteaux.
04:04 Ils plantent en plein cœur.
04:07 Vous vous rendez compte ?
04:08 Vous ne rentrez plus.
04:09 On a planté vos fils.
04:13 Vous vous rendez compte ?
04:15 Non, Patricia, malheureusement, je suis incapable de me rendre compte de ce qui peut se passer dans cette situation-là,
04:21 si ce n'est que de partager votre douleur et votre peine.
04:25 Mais c'est impossible de se mettre à votre place et de se mettre à la place des familles qui,
04:32 aujourd'hui, ont pris en quelque sorte de perpétuité et vivent un enfer depuis ces drames-là.
04:46 Pourquoi vous avez décidé aujourd'hui de prendre la parole ?
04:49 Est-ce que vous avez l'impression qu'on ne donne pas suffisamment la parole aux familles de victimes ?
04:56 Non, on est les oubliés.
04:59 Alors, il y a des jugements, il y a des condamnations.
05:05 Les condamnations ne sont jamais faites à 100%.
05:10 Puisque quand nos chers meurtriers se tiennent bien en prison, la loi française va leur permettre de sortir.
05:23 Pour les meurtriers d'Adrien, ils ne font pas leurs 15 ans, je le sais pertinemment, nous le savons pertinemment.
05:29 D'ici 5 ans, ils seront dehors.
05:33 Ils profitent de leurs parents.
05:37 Nous, on n'a plus notre fils, nous on pleure, nos enfants, on embrasse du mal.
05:44 Voilà, on ne les entend plus nous appeler maman, papa.
05:48 Je n'entends plus Adrien rire avec sa soeur.
05:51 Leur déclat de rire, je ne les entends plus.
05:54 Je vois souffrir ma fille parce qu'ils m'ont tué mon fils, mais ils m'ont tué ma fille aussi.
06:01 Et oui, il faut que tout change, ces lois.
06:06 Il faut vraiment que ces lois soient réellement punitives, expéditives.
06:10 Il faut qu'on arrête de...
06:14 Je comprends qu'il va falloir réinsérer ces gens dans la vie du TAF,
06:18 mais la majeure partie du temps, vous croyez quoi, quand ils vont ressortir ?
06:24 Comment ça va se passer ?
06:27 Peut-être que moi un jour, je vais un jour dans les postes nobles, être confrontée à eux ?
06:35 Voilà.
06:37 Écoutez, c'est vrai que votre témoignage ce matin nous laisse sans voix,
06:44 si ce n'est qu'on pense évidemment tendrement à vous, qu'on salue votre courage,
06:50 que cette parole-là, elle doit être, vous avez entièrement raison,
06:54 beaucoup plus entendue, bien plus que les petites politiques politiciennes
06:59 et les débats qui alimentent l'actualité ces derniers jours.
07:03 Et vraiment, Patricia, je tenais à vous remercier pour ce cri du cœur,
07:08 pour cette colère-là, qui doit être relayée.
07:12 Et vous aurez toujours une place sur ce plateau,
07:15 où en tous les cas, vous serez toujours la bienvenue pour témoigner et pour échanger avec nous.
07:20 On pense chaleureusement à vous, Patricia.
07:22 Merci beaucoup. Ce que je retiens, au-delà de l'émotion,
07:25 et j'imagine que vous êtes tous partagés par cette émotion,
07:30 c'est que justice soit rendue.
07:32 [Musique]
07:35 [SILENCE]

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