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BFMTV propose ce jeudi une émission spéciale “Crépol: une France qui bascule?” consacrée à la mort de Thomas, 16 ans, dans un bal de village, et à ses suites. Patricia Perez, mère d'Adrien Perez, tué à l'arme blanche sur le parking d'une boîte de nuit à Meylan (Isère) en 2018, évoque les similitudes entre les deux affaires.

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Transcription
00:00 avec la maman d'Adrien Perez.
00:02 Merci beaucoup d'avoir accepté notre invitation.
00:05 La mort de Thomas à Crépole vous a, j'imagine,
00:09 tout de suite renvoyé à votre drame à ce mois de juillet 2018.
00:14 - Bonsoir à tous et merci de votre invitation.
00:17 Oui, la mort de Thomas nous a ramenés à Adrien.
00:20 Oui, parce que Thomas est mort dans les mêmes conditions qu'Adrien.
00:24 Je voulais juste faire un petit rappel à ce qu'a dit M. Rizet.
00:28 Les assassins de mon fils ne les attendaient pas
00:30 à la sortie de la boîte de nuit.
00:33 Ils sont venus les agresser eux-mêmes.
00:35 Voilà, c'est une petite nuance qui fait beaucoup.
00:39 Oui, la mort de Thomas nous ramène à un meurtre de notre Adrien.
00:44 Et avant toute chose, je voudrais, par la voix de votre chaîne,
00:48 apporter toutes nos condoléances aux parents, aux frères et à la famille
00:54 et surtout notre soutien du plus fond de notre bleur à nous
00:58 et de notre cœur.
01:00 Et nous pleurons notre fils et nous osons pleurer aussi Thomas.
01:06 - On vous voit et on vous entend bouleverser, madame, ce soir.
01:09 Et encore une fois, on vous remercie d'avoir accepté de nous répondre.
01:13 Je dis bouleverser, c'est parce qu'il y a aussi de la colère derrière tout ça ?
01:18 - Oh, il y a de la colère.
01:19 Bien sûr qu'il y a de la colère, monsieur,
01:21 mais vous croyez qu'on ne peut pas avoir de colère ?
01:25 Comment vous expliquer ?
01:28 Notre pays a sombré dans la violence.
01:30 Notre pays, ça fait tant qu'il a été gouverné par des politiques de droite, de gauche,
01:37 qui ont laissé sciemment installer cette violence.
01:41 Et personne n'a jamais rien fait jusqu'à présent.
01:43 Alors, on entend tout, des blablas par-ci, des blablas par-là,
01:47 mais en attendant, il y a eu des violences et des morts avant mon fils Adrien.
01:54 Il y en a eu après Adrien.
01:56 Et croyez-moi, ce n'est pas fini.
01:58 Je pense qu'après Thomas, il y aura encore des drames.
02:02 Encore des enfants de France qu'ils vont couper sous ces coups de cette violence gratuite.
02:07 - Vous aviez écrit une lettre à l'époque à Emmanuel Macron, restée sans réponse, je crois.
02:13 C'était donc en 2018.
02:14 Cette lettre-là, si vous la réécriviez aujourd'hui, qu'est-ce que vous lui diriez à Emmanuel Macron ?
02:20 Qu'est-ce que vous lui demanderiez concrètement ?
02:23 - Je lui réécrirais la même lettre.
02:26 Parce que tout ce que je lui ai écrit sur cette lettre, ça n'a jamais cessé.
02:32 C'est exactement ce que l'on fait encore maintenant.
02:35 Rien n'a changé.
02:37 Depuis 5 ans et demi que mon fils a été assassiné, rien n'a changé. Rien.
02:43 Alors, on peut entendre qu'ils mettent des policiers en place, que ci, que là.
02:49 Excusez-moi, mais au vu de l'actualité, rien ne change. Rien. Strictement rien. Rien.
02:58 - Mais qu'est-ce que vous lui demandiez dans cette lettre ?
03:01 - Je ne lui demandais pas quelque chose.
03:06 Je lui décrivais la situation de notre pays.
03:10 Je lui décrivais la violence de notre pays.
03:13 Les actes que les Français et les enfants de France doivent subir par cette violence gratuite.
03:19 Je ne suis pas, moi, plus que les autres, à devoir lui dire "faites ci, faites ça". Pas du tout.
03:25 Je veux simplement... C'était une constatation.
03:28 Une constatation depuis 40 ans que rien ne change. Rien. Strictement rien.
03:33 Vous êtes comme moi. Vous êtes journaliste, vous entendez tout, vous voyez tout.
03:37 Je ne sais pas si vous-même vous trouvez que dans notre pays, les situations changent. Non. Non.
03:42 On s'en va sur la violence. Pour rien. Pour un regard, pour une cigarette, pour un nom.
03:48 - Et qu'est-ce que vous aimeriez que le gouvernement mette en place pour que ça change ?
03:53 - Des actes. Des actes répréhensibles. Des actes de punition que la justice, quand elle condamne,
04:00 parce qu'elle condamne, elle fait des jugements quand on arrête des faits criminels ou autres,
04:04 on les juge, mais il faut des peines plus sévères.
04:09 Je peux vous dire une chose. On s'est tellement investi dans le dossier des meurtriers de notre fils.
04:16 Nous avons lu toutes les conversations téléphoniques qu'ils avaient en prison.
04:23 Vous voulez que je vous dise ce qu'ils parlaient en prison entre eux ?
04:26 Parce qu'il faut savoir qu'en prison, ils se parlent. Il y a des téléphones, ils te parlent.
04:29 Ils se parlent même avec maman au téléphone.
04:32 Et bien pour eux, ils savaient déjà qu'ils ne seraient pas condamnés à plus de 8 ans.
04:37 Vous vous rendez compte ? Même ceux qui tuent nos enfants,
04:39 ça, ils ne seront pas condamnés à plus de 8 ans, 10 ans de réclusion criminelle. Vous vous rendez compte ?
04:48 Donc moi, je demande à ce que notre pays, nos gouvernants, notre justice soient fermes définitives,
04:56 que le quantum d'une peine soit exécuté de A jusqu'à Z.
05:01 Pas des lois que parce qu'ils se comportent bien en prison, parce qu'ils travaillent, parce qu'ils étudient,
05:06 qu'on les relâche. Alors pas dans les 3 ans.
05:09 Mais les assassins de mon fils, ne croyez pas, ils ne vont pas faire leur 15 ans plein.
05:14 Non, non, les assassins de mon fils, je me dis encore dans 5 ans, ils vont être dehors.
05:20 C'est ça que nous, parents d'enfants, partit sous ces coups de couteau.
05:24 Parce que souvent, par coup de couteau, Thomas, un coup de couteau, ça vient les donner, les coups de couteau.
05:29 Il les donne en plein cœur, les coups de couteau.
05:30 Madame Pérez, c'est vrai que vous avez raison, parce que les meurtriers de votre fils ont été condamnés en 2021,
05:37 interpellés en 2018 aussitôt les faits, donc 15 ans de prison.
05:41 Ça veut dire, même si le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, a supprimé à son arrivée,
05:45 les remises de peine systématiques, c'est à peu près 2 mois par an.
05:48 Il a supprimé ça. Mais malgré ça, ils sortiront en 2028.
05:53 Vous avez raison, c'est-à-dire qu'ils auront fait 10 ans sur les 15, parce qu'ils vont se tenir correctement.
05:57 Ils auront fait 10 ans sur les 15.
05:59 Vous êtes papa, est-ce que vous trouvez que c'est normal, monsieur ?
06:02 Non, je ne trouve pas que c'est normal, mais je suis d'accord avec vous.
06:05 Parce que vous avez perdu un fils.
06:07 Il y a des lois en France qu'il va falloir qu'elles changent.
06:09 C'est-à-dire que les victimes, les victimes premières n'est plus là.
06:13 Et puis les victimes collatérales, nous, ce qu'on appelle les parents, les familles,
06:17 il va falloir qu'on nous entende, qu'on nous considère un petit peu plus.
06:21 C'est-à-dire que lorsqu'il y a une condamnation, un judgement, un quantum, il faut que cette loi cesse.
06:26 Il faut qu'ils aillent jusqu'au bout de leur peine.
06:29 C'est trop facile.
06:31 Vous savez, monsieur, ce qu'a lait notre vie à nous,
06:33 parents d'enfants partis sous des coups de violence gratuite ?
06:37 C'est tous les jours, monsieur.
06:38 Tous les jours, deux fois par jour, je vais embrasser du marbre, monsieur.
06:41 Moi, mon fils, il ne rentre plus chez moi.
06:44 Il ne me dit plus maman.
06:45 Il ne nous appelle plus, papa.
06:46 Je ne l'écoute plus au téléphone.
06:48 Je ne l'embrasse plus.
06:49 Eux, en prison, ils voient leurs parents.
06:51 Et vous savez ce qu'elle a fait la justice pour nous, monsieur ?
06:54 C'est deux meurtriers.
06:56 Ils ne sont pas loin de Grenoble.
06:57 Il y en a un qui est à Saint-Quentin-Falavier et l'autre qui est à Rouen.
07:04 Vous voyez, monsieur ?
07:05 C'est-à-dire que monsieur et madame, les géniteurs de ces assassins,
07:09 parce qu'ils n'ont pas d'autres mots pour les définir,
07:12 ils ont à faire à peine deux heures de route pour aller voir leur fils.
07:15 Vous vous rendez compte ce que la justice nous impose ?
07:17 Au lieu de...
07:17 Vous voyez, on parle de punir les parents s'ils ne font pas leur rôle de parents.
07:21 Là, j'ai écouté vaguement M. Évran.
07:23 Mais aussi, ça fait partie d'une condamnation.
07:27 Ils ont eu des enfants qui sont meurtriers.
07:30 On leur laisse encore la possibilité de faire à peine deux heures de route
07:34 pour aller profiter pleinement de leurs enfants quand ils vont les voir.
07:37 Mais moi, je les aurais envoyés à l'autre côté de la France.
07:42 Vous voyez, c'est plein de petites choses comme ça que les victimes doivent supporter.
07:47 Voilà, en plus de la mort de votre enfant.
07:49 On imagine à quel point ça doit être dur.
07:51 On vous remercie beaucoup d'avoir accepté de témoigner ce soir sur BFM TV.

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